Archive pour la Catégorie 'La contre marche du pingouin'

Page 2 sur 3

Lumières d’hier et d’aujourd’hui

frontières

***

« (…) le rôle que joue la nature en tant qu’objet dans les différents milieux est contradictoire (…) si l’on voulait rassembler ses caractères objectifs, on serait devant un chaos (…) [mais] tous ces milieux sont portés et conservés par la totalité qui transcende chaque milieu particulier : la nature ». Jakob von Uexküll

Si nous cherchions à définir le développement durable, on pourrait dire que celui-ci vise à intégrer dans nos prises de décisions ce que pourrait-être le terreau nécessaire à un continuum de croissance socio-économique. Soit les soubassements où conditions sur lesquelles reposent une certaine idée du progrès (en ce qu’il serait continu par exemple).
L’écologie des sols étant une chose très complexe, le DD simplifie grandement l’affaire en se référant à la notion de cadre et à son synonyme d’environnement. Cadre de vie, cadre de production, environnement de croissance, etc. Dans un cadre dont j’imagine des frontières fixes, je peux en effet segmenter et rendre visible certaines des composantes révélatrices des conditions de reproduction de ce même cadre.
L’une des conclusions est alors qu’un environnement sain est, dans le temps long, l’une des conditions nécessaires au continuum d’un progrès (économique, social, etc.)
Dans un cadre, je compile donc une somme de catégories de pensée (plus et/ou non questionnées) pour aide à la prise de décision. J’ajoute donc de nouvelles variables à l’équation coût-avantage standard, mais le mode de résolution du problème reste sensiblement le même.

Monde complexe → simplification des variables et segmentation par ensemble → analyse comptable par ensemble → synthèse des comptes ou bilan statique consolidé → analyse des risques et analyse coût-avantage de solutions d’équilibre.

Au-delà du caractère directement opérationnel de la chose, difficile d’y voir de véritable révolution dans la pensée. L’homme demeure le plus souvent hors-cadre, le travail centré sur du connu faisant encore une belle part à la mécanique classique.
En résulte une activité à orientation prescriptive qui n’a pas réellement besoin d’un individu attentif au monde, et donc mature, du fait de la diffusion d’attendus institutionnels.

En écho, nous pourrions définir une certaine pratique de l’écologie comme la science et l’art de révéler des relations incertaines et inévidentes. Non perceptibles ou non encore perceptibles du fait de l’échelle spatiale ou temporelles des phénomènes étudiés.
Ici pas de cadre « photographique », mais bien plus l’art du montage cinématographique dans le traitement des points et frontières mobiles et l’accès à la connaissance.
Pas d’environnement-cadre, mais des écosystèmes ouverts les un sur les autres, l’homme dedans entant que producteur et produit. La segmentation standard (économie, environnement, social, etc.) n’est plus ici opérationnelle. D’où le renouvellement nécessaire du mode de penser les problèmes, et l’appel à des résolutions beaucoup plus systémiques.

Monde complexe → modélisation systémique et intégration de l’observateur → analyse dynamique des déséquilibres → réponse à la question existe-t-il un intérêt à agir ? (principe d’attention et de précaution).

En résulte une activité à but informatif (sur les réponses incertaines du monde à nos actions) qui a réellement besoin d’un individu attentif au monde, et donc mature face à l’émergence d’inattendus.

De là notre question : le développement durable réactualise-t-il véritablement l’idée de progrès ? Si oui laquelle et en quoi ?
Ou alors vise-t-il plus simplement à la construction d’un continuum historique artificiel ?
Un petit retour en arrière semble utile. Le progrès, mais lequel ? De quoi, et à partir de quoi parlons-nous ?

***

http://www.dailymotion.com/video/x8vpvr

***

« Qu’est-ce que les Lumières ? »
Emmanuel Kant, 1784, traduction Jules Barni, source

« Les lumières sont ce qui fait sortir l’homme de la minorité qu’il doit s’imputer à lui-même. La minorité consiste dans l’incapacité où il est de se servir de son intelligence sans être dirigé par autrui. Il doit s’imputer à lui-même cette minorité, quand elle n’a pas pour cause le manque d’intelligence, mais l’absence de la résolution et du courage nécessaires pour user de son esprit sans être guidé par un autre. Sapere aude, aie le courage de te servir de ta propre intelligence ! Voilà donc la devise des lumières.

La paresse et la lâcheté sont les causes qui font qu’une si grande partie des hommes, après avoir été depuis longtemps affranchis par la nature de toute direction étrangère (naturaliter majorennes), restent volontiers mineurs toute leur vie, et qu’il est si facile aux autres de s’ériger en tuteurs. Il est si commode d’être mineur ! J’ai un livre qui a de l’esprit pour moi, un directeur qui a de la conscience pour moi, un médecin qui juge pour moi du régime qui me convient, etc. ; pourquoi me donnerais-je de la peine ? Je n’ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront pour moi de cette ennuyeuse occupation. Que la plus grande partie des hommes (et avec eux le beau sexe tout entier) tiennent pour difficile, même pour très-dangereux, le passage de la minorité à la majorité ; c’est à quoi visent avant tout ces tuteurs qui se sont chargés avec tant de bonté de la haute surveillance de leurs semblables. Après les avoir d’abord abêtis en les traitant comme des animaux domestiques, et avoir pris toutes leurs précautions pour que ces paisibles créatures ne puissent tenter un seul pas hors de la charrette où ils les tiennent enfermés, ils leur montrent ensuite le danger qui les menace, s’ils essayent de marcher seuls. Or ce danger n’est pas sans doute aussi grand qu’ils veulent bien le dire, car, au prix de quelques chutes, on finirait bien par apprendre à marcher ; mais un exemple de ce genre rend timide et dégoûte ordinairement de toute tentative ultérieure.

Il est donc difficile pour chaque individu en particulier de travailler à sortir de la minorité qui lui est presque devenue une seconde nature. Il en est même arrivé à l’aimer, et provisoirement il est tout à fait incapable de se servir de sa propre intelligence, parce qu’on ne lui permet jamais d’en faire l’essai. Les règles et les formules, ces instruments mécaniques de l’usage rationnel, ou plutôt de l’abus de nos facultés naturelles, sont les fers qui nous retiennent dans une éternelle minorité. Qui parviendrait à s’en débarrasser, ne franchirait encore que d’un saut mal assuré les fossés les plus étroits, car il n’est pas accoutumé à d’aussi libres mouvementé. Aussi n’arrive-t-il qu’à bien peu d’hommes de s’affranchir de leur minorité par le travail de leur propre esprit, pour marcher ensuite d’un pas sûr.

Mais que le public s’éclaire lui-même, c’est ce qui est plutôt possible ; cela même est presque inévitable, pourvu qu’on lui laisse la liberté. Car alors il se trouvera toujours quelques libres penseurs, même parmi les tuteurs officiels de la foule, qui, après avoir secoué eux-mêmes le joug de la minorité, répandront autour d’eux cet esprit qui fait estimer au poids de la raison la vocation de chaque homme à penser par lui-même et la valeur personnelle qu’il en retire. Mais il est curieux de voir le public, auquel ses tuteurs avaient d’abord imposé un tel joug, les contraindre ensuite eux-mêmes de continuer à le subir, quand il y est poussé par ceux d’entre eux qui sont incapables de toute lumière. Tant il est dangereux de semer des préjugés ! Car ils finissent par retomber sur leurs auteurs ou sur les successeurs de leurs auteurs. Le public ne peut donc arriver que lentement aux lumières. Une révolution peut bien amener la chute du despotisme d’un individu et de l’oppression d’un maître cupide ou ambitieux, mais jamais une véritable réforme dans la façon de penser ; de nouveaux préjugés serviront, tout aussi bien que les anciens, à conduire les masses aveugles.

La diffusion des lumières n’exige autre chose que la liberté, et encore la plus inoffensive de toutes les libertés, celle de faire publiquement usage de sa raison en toutes choses. Mais j’entends crier de toutes parts : ne raisonnez pas. L’officier dit : ne raisonnez pas, mais exécutez ; le financier : ne raisonnez pas, mais payez ; le prêtre : ne raisonnez pas, mais croyez. (Il n’y a qu’un seul maître dans le monde qui dise : raisonnez tant que vous voudrez et sur tout ce que vous voudrez, mais obéissez.) Là est en général la limite de la liberté. Mais quelle limite est un obstacle pour les lumières ? Quelle limite, loin de les entraver, les favorise ? Je réponds : l’usage public de sa raison doit toujours être libre, et seul il peut répandre les lumières parmi les hommes ; mais l’usage privé peut souvent être très-étroitement limité, sans nuire beaucoup pour cela aux progrès des lumières. J’entends par usage public de sa raison celui qu’en fait quelqu’un, à titre de savant, devant le public entier des lecteurs. J’appelle au contraire usage privé celui qu’il peut faire de sa raison dans un certain poste civil ou une certaine fonction qui lui est confiée. Or il y a beaucoup de choses, intéressant la chose publique, qui veulent un certain mécanisme, ou qui exigent que quelques membres de la société se conduisent d’une manière purement passive, afin de concourir, en entrant pour leur part dans la savante harmonie du gouvernement, à certaines fins publiques, ou du moins pour ne pas les contrarier. Ici sans doute il n’est pas permis de raisonner, il faut obéir. Mais, en tant qu’ils se considèrent comme membres de toute une société, et même de la société générale des hommes, par conséquent en qualité de savants, s’adressant par des écrits à un public dans le sens propre du mot, ces mêmes hommes, qui font partie de la machine, peuvent raisonner, sans porter atteinte par là aux affaires auxquelles ils sont en partie dévolus, comme membres passifs. Il serait fort déplorable qu’un officier, ayant reçu un ordre de son supérieur, voulût raisonner tout haut, pendant son service, sur la convenance ou l’utilité de cet ordre ; il doit obéir. Mais on ne peut équitablement lui défendre, comme savant, de faire ses remarques sur les fautes commises dans le service de la guerre, et de les soumettre au jugement de son public. Un citoyen ne peut refuser de payer les impôts dont il est frappé ; on peut même punir comme un scandale (qui pourrait occasionner des résistances générales) un blâme intempestif des droits qui doivent être acquittés par lui. Mais pourtant il ne manque pas à son devoir de citoyen en publiant, à titre de savant, sa façon de penser sur l’inconvenance ou même l’iniquité de ces impositions. De même un ecclésiastique est obligé de suivre, en s’adressant aux élèves auxquels il enseigne le catéchisme, ou à ses paroissiens, le symbole de l’Église qu’il sert ; car il n’a été nommé qu’à cette condition. Mais, comme savant, il a toute liberté, et c’est même sa vocation, de communiquer au public toutes les pensées qu’un examen sévère et consciencieux lui a suggérées sur les vices de ce symbole, ainsi que ses projets d’amélioration touchant les choses de la religion et de l’Église. Il n’y a rien là d’ailleurs qui puisse être un fardeau pour sa conscience. Car ce qu’il enseigne en vertu de sa charge, comme fonctionnaire de l’Église, il ne le présente pas comme quelque chose sur quoi il ait la libre faculté d’enseigner ce qui lui paraît bon, mais comme ce qu’il a la mission d’exposer d’après l’ordre et au nom d’autrui. Il dira : notre Église enseigne ceci ou cela ; voilà les preuves dont elle se sert. Il montrera alors toute l’utilité pratique que ses paroissiens peuvent retirer d’institutions auxquelles il ne souscrirait pas lui-même avec une entière conviction, mais qu’il peut néanmoins s’engager à exposer, parce qu’il n’est pas du tout impossible qu’il n’y ait là quelque vérité cachée, et que dans tous les cas du moins on n’y trouve rien de contraire à la religion intérieure. Car, s’il croyait y trouver quelque chose de pareil, il ne pourrait remplir ses fonctions en conscience ; il devrait les déposer. L’usage qu’un homme chargé d’enseigner fait de sa raison devant ses paroissiens est donc simplement un usage privé ; car ceux-ci ne forment jamais qu’une assemblée domestique, si grande qu’elle puisse être, et sous ce rapport, comme prêtre, il n’est pas libre et ne peut pas l’être, puisqu’il exécute un ordre étranger. Au contraire, comme savant, s’adressant par des écrits au public proprement dit, c’est-à-dire au monde, ou dans l’usage public de sa raison, l’ecclésiastique jouit d’une liberté illimitée de se servir de sa propre raison et de parler en son propre nom. Car vouloir que les tuteurs du peuple (dans les choses spirituelles) restent eux-mêmes toujours mineurs, c’est une absurdité qui tend à éterniser les absurdités.

Mais une société de prêtres, telle qu’une assemblée ecclésiastique, ou une classe vénérable (comme elle s’appelle elle-même chez les Hollandais), n’aurait-elle donc pas le droit de s’engager par serment à rester fidèle à un certain symbole immuable, afin d’exercer ainsi sur chacun de ses membres, et, par leur intermédiaire, sur le peuple, une tutelle supérieure qui ne discontinuât point, et qui même fût éternelle ? Je dis que cela est tout à fait impossible. Un pareil contrat, qui aurait pour but d’écarter à jamais de l’espèce humaine toute lumière ultérieure, serait nul et de nul effet, fût-il confirmé par le souverain pouvoir, par les diètes du royaume et par les traités de paix les plus solennels. Un siècle ne peut s’engager, sous la foi du serment, à transmettre au siècle suivant un état de choses qui interdise à celui-ci d’étendre ses connaissances (surtout quand elles sont si pressantes), de se débarrasser de ses erreurs, et en général d’avancer dans la voie des lumières. Ce serait un crime contre la nature humaine, dont la destination originelle consiste précisément dans ce progrès ; et par conséquent les générations suivantes auraient parfaitement le droit de rejeter ces sortes de traités comme arbitraires et impies. La pierre de touche de tout ce que l’on peut ériger en loi pour un peuple est dans cette question : ce peuple pourrait-il bien s’imposer à lui-même une pareille loi ? Or, en attendant en quelque sorte une loi meilleure, il pourrait bien adopter pour un temps court et déterminé une loi analogue à celle dont nous venons de parler, afin d’établir un certain ordre ; encore faudrait-il que, pendant toute la durée de l’ordre établi, il laissât à chacun des citoyens, particulièrement aux ecclésiastiques, la liberté de faire publiquement, en qualité de savants, c’est-à-dire dans des écrits, leurs remarques sur les vices des institutions actuelles, jusqu’à ce que ces sortes d’idées eussent fait de tels progrès dans le public que l’on pût, en réunissant les suffrages (quand même ils ne seraient pas unanimes), soumettre à la couronne le projet de prendre sous sa protection, sans gêner en rien tous ceux qui voudraient s’en tenir à l’ancienne constitution religieuse, tous ceux qui s’accorderaient dans l’idée de la réformer. Mais se concerter, ne fût-ce que pour la durée de la vie d’un homme, afin d’établir une constitution religieuse immuable que personne ne puisse mettre publiquement en doute, et enlever par là en quelque sorte un espace de temps au progrès de l’humanité dans la voie des améliorations, le rendre stérile et même funeste pour la postérité, c’est ce qui est absolument illégitime. Un homme peut bien différer quelque temps de s’éclairer personnellement sur ce qu’il est obligé de savoir ; mais renoncer aux lumières, soit pour soi-même, soit surtout pour la postérité, c’est violer et fouler aux pieds les droits sacrés de l’humanité. Or ce qu’un peuple ne peut pas décider pour lui-même, un monarque le peut encore moins pour le peuple, car son autorité législative repose justement sur ce qu’il réunit dans sa volonté toute la volonté du peuple. Pourvu qu’il veille à ce qu’aucune amélioration véritable ou supposée ne trouble l’ordre civil, il peut d’ailleurs laisser ses sujets libres de faire eux-mêmes ce qu’ils croient nécessaire pour le salut de leur âme. Cela ne le regarde en rien, et la seule chose qui le doive occuper, c’est que les uns ne puissent empêcher violemment les autres de travailler de tout leur pouvoir à déterminer et à répandre leurs idées sur ces matières. Il fait même tort à sa majesté en se mêlant de ces sortes de choses, c’est-à-dire en jugeant dignes de ses augustes regards les écrits où ses sujets cherchent à mettre leurs connaissances en lumière, soit qu’il invoque en cela l’autorité souveraine de son propre esprit, auquel cas il s’expose à cette objection : Cæsar non est supra grammaticos, soit surtout qu’il ravale sa puissance suprême jusqu’à protéger dans son État, contre le reste de ses sujets, le despotisme ecclésiastique de quelques tyrans.

Si donc on demande : vivons-nous aujourd’hui dans un siècle éclairé ? je réponds : non, mais bien dans un siècle de lumières. Il s’en faut de beaucoup encore que, dans le cours actuel des choses, les hommes, pris en général, soient déjà en état ou même puissent être mis en état de se servir sûrement et bien, sans être dirigés par autrui, de leur propre intelligence dans les choses de religion ; mais qu’ils aient aujourd’hui le champ ouvert devant eux pour travailler librement à cette œuvre, et que les obstacles, qui empêchent la diffusion générale des lumières ou retiennent encore les esprits dans un état de minorité qu’ils doivent s’imputer à eux-mêmes, diminuent insensiblement, c’est ce dont nous voyons des signes manifestes. Sous ce rapport, ce siècle est le siècle des lumières ; c’est le siècle de Frédéric.

Un prince qui ne croit pas indigne de lui de dire qu’il regarde comme un devoir de ne rien prescrire aux hommes dans les choses de religion, mais de leur laisser à cet égard une pleine liberté, et qui par conséquent ne repousse pas le noble mot de tolérance, est lui-même éclairé et mérite d’être loué par le monde et la postérité reconnaissante, comme celui qui le premier, du moins du côté du gouvernement, a affranchi l’espèce humaine de son état de minorité, et a laissé chacun libre de se servir de sa propre raison dans tout ce qui est affaire de conscience. Sous son règne, de vénérables ecclésiastiques, sans nuire aux devoirs de leur profession, et, à plus forte raison, tous les autres qui ne sont gênés par aucun devoir de ce genre, peuvent, en qualité de savants, soumettre librement et publiquement à l’examen du monde leurs jugements et leurs vues, bien qu’ils s’écartent sur tel ou tel point du symbole reçu. Cet esprit de liberté se répand aussi hors de chez nous, là même où il a à lutter contre les obstacles extérieurs d’un gouvernement qui entend mal son devoir ; car le nôtre offre une preuve éclatante qu’il n’y a absolument rien à craindre de la liberté pour la paix publique et l’harmonie des citoyens. Les hommes travaillent d’eux-mêmes à sortir peu à peu de la barbarie, pourvu qu’on ne s’applique pas à les y retenir.

J’ai placé dans les choses de religion le point important des lumières, qui font sortir les hommes de l’état de minorité qu’ils se doivent à eux-mêmes, parce que, quant aux arts et aux sciences, notre souverain n’a aucun intérêt à exercer une tutelle sur ses sujets, et surtout parce que cet état de minorité est non-seulement le plus funeste, mais encore le plus avilissant de tous. Mais la façon de penser d’un chef d’État, qui favorise les arts et sciences, va plus loin encore : il voit que, même pour sa législation, il n’y a aucun danger à permettre à ses sujets de faire publiquement usage de leur propre raison et de publier leurs pensées sur les améliorations qu’on y pourrait introduire, même de faire librement la critique des lois déjà promulguées ; nous en avons aussi un éclatant exemple dans le monarque auquel nous rendons hommage, et qui ne s’est laissé devancer en cela par aucun autre.

Mais aussi celui-là seul, qui, en même temps qu’il est lui-même éclairé et n’a pas peur de son ombre, a sous la main pour garant de la paix publique une armée nombreuse et parfaitement disciplinée, celui-là peut dire ce que n’oserait pas dire une république : raisonnez tant que vous voudrez et sur tout ce que vous voudrez, seulement obéissez. Les choses humaines suivent ici un cours étrange et inattendu, comme on le voit souvent d’ailleurs, quand on les envisage en grand, car presque tout y est paradoxal. Un degré supérieur de liberté civile semble favorable à la liberté de l’esprit du peuple, et pourtant lui oppose des bornes infranchissables ; un degré inférieur, au contraire, lui ouvre un libre champ où il peut se développer tout à son aise. Lorsque la nature a développé, sous sa dure enveloppe, le germe sur lequel elle veille si tendrement, à savoir le penchant et la vocation de l’homme pour la liberté de penser, alors ce penchant réagit insensiblement sur les sentiments du peuple (qu’il rend peu à peu plus capable de la liberté d’agir), et enfin sur les principes mêmes du gouvernement, lequel trouve son propre avantage à traiter l’homme, qui n’est plus alors une machine, conformément à sa dignité. »

La figure de Gaïa, Isabelle Stengers.

Gaïa et les satyres 

L’art de faire attention ? Voila qui demande de la pensée, de l’imagination … un art avec lequel il s’agit de renouer. Praxis pour une réflexion propre.
La figure de Gaïa ? Une fiction instauratrice pour nous donner matière à penser.

***

(…) Ce que je nomme Gaïa fut baptisé ainsi par James Lovelock et Lynn Margulis au début des années 70. Ils tiraient les leçons de recherches qui concourent à mettre à jour l’ensemble dense de relations couplant ce que les disciplines scientifiques avaient l’habitude de traiter séparément – les vivants, les océans, l’atmosphère, le climat, les sols plus ou moins fertiles. Donner un nom, Gaïa, à cet agencement de relations, c’était insister sur deux conséquences de ces recherches. Ce dont nous dépendons, et qui a si souvent été défini comme le « donné », le cadre globalement stable de nos histoires et de nos calculs, est le produit d’une histoire de co-évolution, dont les premiers artisans, et les véritables auteurs en continu, furent les peuples innombrables des microorganismes. Et Gaïa, « planète vivante », doit être reconnue comme un « être » et non pas assimilée à une somme de processus, au même sens où nous reconnaissons qu’un rat, par exemple, est un être : elle est dotée non seulement d’une histoire mais aussi d’un régime d’activité propre issu de la manière dont les processus qui la constituent sont couplés les uns aux autres de façons multiples et enchevêtrées, la variation de l’un ayant des répercussions multiples qui affectent les autres. Interroger Gaïa, alors, c’est interroger quelque chose qui tient ensemble, et les questions adressées à un processus particulier peuvent mettre en jeu une réponse, parfois inattendue, de l’ensemble (…)

Que Gaïa ne nous demande rien traduit la spécificité de ce qui est en train d’arriver, de ce qu’il s’agit de réussir à penser, l’événement d’une intrusion unilatérale, qui impose une question sans être intéressée à la réponse. Car Gaïa elle-même n’est pas menacée, à la différence des très nombreuses espèces vivantes qui seront balayées par le changement de leur milieu, d’une rapidité sans précédent, qui s’annonce. Les vivants innombrables que sont les micro-organismes continueront en effet à participer à son régime d’existence, celui d’une « planète vivante ». Et c’est précisément parce qu’elle n’est pas menacée qu’elle donne un coup de vieux aux versions épiques de l’histoire humaine, lorsque l’Homme, dressé sur ses deux pattes et apprenant à déchiffrer les « lois de la nature », a compris qu’il était maître de son destin, libre de toute transcendance. Gaïa est le nom d’une forme inédite, ou alors oubliée, de transcendance : une transcendance dépourvue des hautes qualités qui permettraient de l’invoquer comme arbitre ou comme garant ou comme ressource ; un agencement chatouilleux de forces indifférentes à nos raisons et à nos projets.

L’intrusion du type de transcendance que je nomme Gaïa fait exister au sein de nos vies une inconnue majeure, et qui est là pour rester. C’est ce qui est d’ailleurs peut-être le plus difficile à concevoir : il n’existe pas d’avenir prévisible où elle nous restituera la liberté de l’ignorer ; il ne s’agit pas d’un « mauvais moment à passer », suivi d’une forme quelconque de happy end au sens pauvrelet de « problème réglé ». Nous ne serons plus autorisés à l’oublier (…)

Extrait de Au temps des catastrophes, Ed. Empêcheurs de penser en rond/La découverte. Plus sur le blog de Jean Clet Martin.

***

Réinventer la ville ? Le choix de la complexité. Isabelle Stengers. Préface d’Alain Berestetsky et Thierry Kübler. Edité à l’occasion d’ »Urbanités » rencontres pour réinventer la ville, une initiative du Département de la Seine Saint-Denis organisée par la Fondation 93 dans le cadre de citésplanète, réalisée en collaboration avec l’ASTS.

***

Extraits audios d’après : Terre à terre, France Culture, émission du samedi 2 mai 2009: Crise écologique avec Isablle Stengers.

http://www.dailymotion.com/video/x9lddo Des figures instauratrices …

***

http://www.dailymotion.com/video/x9ldtu Suite … des montages …

***

http://www.dailymotion.com/video/x9lexb Fin.

Mots pour le dire, fictions pour le sentir

Mots pour le dire, fictions pour le sentir dans Entendu-lu-web mythe 

Ici et là, naviguant dans nos fragments nous avons pu constater des incohérences ou des impensées gravitant autour de la perspective écologique. De celle que nous appelons moyenne pour le dire vite.
Derrière les slogans « sauver la terre et combattre cela », manque la question de l’homme alors même que c’est bien de l’intrusion des effets (des effets) de ses propres actions dont il est question au présent. Manque des mots pour le dire (l’intrusion),
de la fonction artistique pour donner à sentir, manque de circulation des affects, des productions désirantes et des occasions d’expérimentations collectives, etc. Alors comment donner à nos savoirs une puissance d’agir ?

Semblant interférer avec ces lignes, quelques fragments de paroles d’Isabelle Stengers, Yves Citton et Fréderic Neyrat issus de l’émission Les vendredis de la philosophie : « Vivons-nous une époque catastrophique ? », France Culture, le 27 Février 2009.

***

Petite capture
(synthèse d’ecoute subjective) 

Du manque des mots pour le dire à l‘intérêt de pouvoir nommer. Certains de nos mots les plus lourds (risque, prévention) procèdent d’un devenir inaudible, en ce qu’ils participent à coaguler un continuum temporel artificiel qui nous fait manquer le présent, l’irruption. Du jaillissement d’une nouveauté radicale, leur usage, manière de désigner encombrée, ne relèvent que d’une stratégie d’accommodation visant à produire une continuité historique, outil dans lequel nous pouvons continuer de puiser les sources de nos prévisions, business as usual, d’alimenter des grilles de risques, de produire des dangerosités, de (re)édifier les mêmes politiques de préventions.
Ce faisant, nous pouvons toujours continuer à vivre de la même manière, à faire l’économie – par l’économie – de penser un rapport (une attention) au monde nouveau (nouvelle). Ou comment parler du changement (mon message concerne le changement) sans que rien ne change (le métamessage est que ceci n’est pas un changement).

Pour en sortir (de cette double contrainte), il conviendrait de pouvoir fabriquer les mots nous permettant de penser ce qui nous arrive (changement climatique, prise de conscience des boucles d’interactions qui passe entre les choses). Or dans cet entre-deux (épistémès ?) étrange, où toute formulation nouvelle est bien difficile, voilà le temps où fiction et imagination, en tant que créatrices de figures nouvelles, peuvent susciter ce dont nous avons besoin, et que nous ne faisons tout juste que pressentir.
Donner à sentir, donner à penser autrement. Sortir de ce qui est déjà donné, des catégorisations inattentives come inopérantes qui prétendent non seulement ne pas avoir participé au processus catastrophique, pire, à le guérir.

On ne protège pas sans transformer. Mais transformer quoi ? La catastrophe est moins située dans l’environnement que dans les esprits, la façon dont ils pensent et dont ils ne pensent pas au (le) présent. La fiction ouvre sur des choses qu’on ne peut pas constater dans le donné, fraie des possibles. Le dehors nous arrive, ses changements, mais qu’est-ce que nous en faisons ? La fiction ou la fabrique de figures instauratrices pour nous forcer à l’imaginer autrement. Figures ou fictions qui ne disent pas le vrai mais provoquent le sentir et le penser.
Ainsi, prendre en considération l’aspect transitoire des choses, transformer nos manières d’être et de vivre, nécessite de nouvelles fictions instauratrices. Se libérer des déluges et autres figures de la culpabilité pour avancer, produire du commun et activer les savoirs à travers les nouvelles formes d’expérimentations collective qu’elles permettent.

Ce petit blog s’arrête donc ici pour s’orienter autrement, vers ces nouvelles figures et fictions d’un principe d’attention dont nous n’avons finalement fait, en tournant sur nous-même, que pressentir la pleine et entière nécessité.

***

Palabre2 dans Isabelle Stengers

Fragments de paroles
(dans l’ordre de l’émission, retranscription partielle par mots-clés)

- (Y. Citton) La vraie catastrophe c’est le processus qui mène à la catastrophe.

- (F. Neyrat) Nous sommes dans le fourre-tout. Les phénomènes que l’on peut penser disjoints se mettent en communication entre eux.
(…) Est-ce bien la question de la nature ? L’intrusion à laquelle on a à faire ça serait plutôt l’intrusion de l’homme, de l’humanité. De l’humanité vis-à-vis d’elle-même (co-intrusion avec Gaïa). Pas de nature pure. Un nuage radioactif, c’est-à-dire un mélange de technique et de nature. Ce à quoi on a à faire ce sont aux effets de nos propres actions. On ne s’attaque pas au changement climatique, on s’attaque aux causes, c’est-à-dire ce que nous produisons. Nous assistons à la montée sur scène de ce que nous faisons nous-mêmes.

- (I. Stengers) Le point nouveau ce n’est pas qu’il y ait des catastrophes, mais bien qu’il y ait une mise en communication des différents facteurs. Instabilité radicale, transition vers un nouveau régime de l’ensemble des processus, jamais maîtrisables, mais dont nous tirions profit.
(…)
 Qu’avons-nous fait ? Nous = culpabilité ? Gémissement du nous devrions tous payer. Mais la question que je voudrais poser, c’est qu’est-ce qu’on nous a fait ? Qui est-ce nous ? Qu’est-ce qui fait que l’art de faire attention ait été dévasté ? Qu’est-ce qui fait que nous avons appris à ne pas faire attention ?

- (Y. Citton) Que faisons-nous ? La catastrophe c’est aussi ce qu’on fait maintenant tous les jours. Ce qui ne se voit pas.

- (I. Stengers) Pharmacone. Drogue ou remède en fonction de la manière dont on l’utilise, une forme de l’art de faire attention qui consiste à ne pas demander de garantie à ce qui pourrait être important pour nous. Qu’avons-nous fait ? Au sens de généralisation culpabilisante qui ne communique pas beaucoup avec l’action.

- (F. Neyrat) Inscrire la catastrophe dans une continuité c’est rater la spécificité du présent (déjà vu, religiosité). Cohorte de concepts associés qui rendent insensibles à ce qui arrive. Rendre impossible de faire attention. Comprendre ce que nous n’avons pas fait (histoire négative pour sortir de la culpabilité).
(…)
Lacan. Ce n’est pas de notre faute, c’est de notre fait. Obsession de la protection. Double contrainte. Superposition des phénomènes, inextricabilité. Il faut distinguer différents type d’usage de la catastrophe. Prévention, dangerosité, risque et potentialité versus atteintes réelle dans le tissu de nos vies : les dommages.

- (I. Stengers) Sentiment d’impuissance, panique froide. Nous écoutons sans y croire. Pour en sortir, nommer les choses. Ce qui m’inquiète, me fait penser, c’est ce moment de panique froide. Alors que des choses devraient se produire, rien ne se produit que du cosmétique. Et on le sait, tout le monde le sait, le savoir est là. Parfaitement présent, le savoir est impuissant. Alors comment donne-t-on à ce savoir une puissance ? Avant qu’il ne soit trop tard, avant que le capitalisme ne soit réorganise la situation à son mode ? (…)
Gaïa célèbre le tenir ensemble actif, donc instable, de ce qui fait de la terre une planète vivante. Gaïa revenant parmi nous est revenue par les scientifiques. Ils ont ainsi crée au-delà de Prométhée une nouvelle figure qui peut nous forcer à imaginer autrement. Figure ou fiction, nommer Gaïa est une opération (fabrique) qui ne dit pas le vrai mais provoque le sentir et le penser. Nous ne pouvons rien sur Gaïa, mais Gaïa peut changer de régime, et c’est ce qui nous menace.

- (Y. Citton) Il est question de la fiction comme condition de survie, la fiction en ce sens où la fiction fraie des possibles, où la fiction ouvre des choses qu’on ne peut pas constater dans le donné, ouvre des possible. La catastrophe est dans le processus et non dont l’évènement. La catastrophe est moins située dans l’environnement (notion ?) que dans les esprits (la façon dont on pense et dont on ne pense pas maintenant) où se coagule le chemin de la catastrophe. De plus, la catastrophe est dans un certain réalisme. Celui des experts, de l’administration du désastre et de la soumission durable qui ne se base que sur du donné.

- (I. Stengers) Ce réalisme j’ai décidé de l’appeler bêtise. Les formules comme « les gens ne sont pas capables de », « ce serait la porte ouverte à » … La catastrophe de ce réalisme c’est l’impuissance. Quand est-ce nous seront capables de la faire balbutier cette bêtise ?

- (F. Neyrat) Il ne suffit pas de protéger. On ne protège pas sans transformer. La prise en considération d’une vulnérabilité (les choses tiennent à peu de choses) nécessite un changement radical, pas de vivre sous la menace. Pas plus qu’elle ne repose sur l’humilité, en rajouter sur les problèmes, ou la sacralité, façons de se rendre insensible à nous-mêmes. Mettre de l’intouchable alors que l’intouchable c’est nous.  Prendre en considération l’aspect transitoire des choses, transformer nos manières d’être et de vivre, nécessite de nouvelles fictions instauratrices (produire du commun).

- (I. Stengers) La question n’est pas « nous avons été arrogants soyons humbles à présent ». La question c’est qu’est-ce qui nous est arrivé ? Qu’est-ce qu’on nous a fait (pour perdre l’attention) ?

- (Y. Citton) Deux communautés. Premièrement, une communauté d’affections (air, eau, nous sommes tous affectés). Il y a du radicalement nouveau, on sait qu’on est sensible, on sait qu’on est exposé, mais on réfléchit aussi à la manière dont les affects passent dans cette mise en communication des différents facteurs (communauté d’affects, quelle modalités de transmission des affects, des motivations ? Quelle structure médiatique ?). Deuxièmement, une communauté d’expérimentation collective, l’appel à la fabrication d’expériences collectives. Que pouvons-nous faire. Communiquer, faire circuler.

- (I. Stengers) Il faut faire avec, l’intrusion, ça nous arrive, alors qu’est-ce qu’un fait avec. On accompagne ceux des mots qu’on a tenté de fabriquer. Fabriquer des mots qui nous permettent de penser ce qui nous arrive. Un moment bizarre où c’est seulement la fiction et l’imagination qui peut susciter ce dont nous avons besoin.

- (F. Neyrat) Comment on intervient là-dedans, la catastrophe, dans ce mot qui est donné, dans la circulation des discours courant ? Quelque chose nous oblige à penser. L’intérêt d’intervenir là où ça parle.

***

diapo_catastrophe10 dans La contre marche du pingouin

-> Entendre, voir :

 ***

« Le prix Nobel d’économie Amartya Sen a consacré à cette question son dernier livre : Identité et violence. L’illusion d’une destinée. Nous sommes tous, rappelle-t-il, faits d’identités multiples et changeantes : familiale, culturelle, professionnelle, biologique, religieuse, philosophique, géographique, etc., dont la conjugaison fonde à la fois notre singularité et notre universalité. Enfermer une personne ou un groupe de personnes dans l’une de ces identités comme si c’était la seule est pour lui la source essentielle de discrimination, d’exclusion et de violence dans le monde. »
Propos de Jean-Claude Ameisen, exprimées lors de l’entretien mené avec Aliocha Wald Lasowski, intitulé : « Du vivant à l’éthique », in Pensées pour le nouveau siècle (sous la direction d’Aliocha Wald Lasowski), Ed. Fayard, 2008, pp. 282-283.

Dans ses rails et ses sillons …

« Le réalisme qui nous domine, le réalisme qui croit a priori pouvoir fabriquer la différence entre le possible et l’impossible, et qui nous voue, à mon sens, à ce que j’appelle ‘‘la catastrophe », c’est-à-dire aussi à l’impuissance, c’est un réalisme que j’ai personnellement décidé d’appeler ‘‘bêtise ». »
Propos d’Isabelle Stengers, formulées lors de l’émission radiophonique : « Vivons-nous une époque catastrophique » (avec Y. Citton, F. Neyrat et I. Stengers), in Les vendredis de la philosophie (animé par François Noudelmann), sur France Culture, le 27 Février 2009.

Dans ses rails et ses sillons ... dans La contre marche du pingouin machine-expresso-professionnel-jaune 

Un environnementaliste parlant de Spinoza touche évidemment à la pointe de ses limites. Capture de code très partielle, expérimentation baroque d’un rapport ou d’un pli. On tâtonne, on voit si un truc tiens dans une mise en rapport qui produirait du sens en elle-même, sans avoir à apporter de réponse ou conclusion finalisée.

Pas concret du tout, chante en cœur la profession.

Petites réaction à cela :

Prenons par exemple la lecture de la formule suivante : « c’est la dose qui fait le poison ». Dose ? C’est-à-dire un certain rapport. Il n’y a donc pas de pollution dans les choses en elles-mêmes mais bien dans les rapports entre les choses. La pollution est un rapport. Un rapport que nous percevons en ce qu’il  décompose directement (poison pour notre corps) ou indirectement les rapports du corps humain (poison pour une nourriture de notre corps). La pollution n’est donc pas un mal, mais un excès qui par ses effets produira des manques par décompositions successives de certains des corps. Et comme ceux-ci sont tous liés entre eux dans des chaines de causalité complexes …

Et on voit bien qu’une telle perspective, que nous qualifierons par facilité de spinoziste, que celle-ci change fondamentalement notre manière d’aborder les problèmes. Ici, il y a ignorance des rapports entre les corps. C’est-à-dire que la cause première de nos pollutions trouve son origine dans les idées inadéquates qui impuissantent notre esprit et sont source de passion (excès). Ceci est une perspective possible, mais elle n’épuise surement pas les autres. Elle a vertu pédagogique et méthodologique en tant qu’elle donne à voir que d’autres représentations sont possibles, et que de la nature de celles-ci découlent d’autres fondements à nos actions dites écologiques. D’autres questions, d’autres objectifs, d’autres champs d’étude.

Plus généralement, l’environnementaliste ou l’écologiste ne fait pas exception à la règle : il capture des codes extérieurs faute de quoi il tombe dans la consanguinité. Faute de quoi, pris dans la boucle normative des propres normes qu’il érige comme fin, sa grille de lecture du monde aura tôt fait d’épuiser ce-dernier, de le conduire lui et ses disciples aux mêmes erreurs que les précédentes. 

Mais capturant des codes extérieurs, il invite également et peut-être surtout l’extérieur à en faire de même avec les siens. Je te capture un Spinoza, alors viens me capturer le cycle de l’eau. Soit les captures ou métissages nécessaires. Alors ici on doit se demander pourquoi l’extérieur s’intéresse si peu à nos chants écolos en dehors des coups médiatiques et des campagnes électorales. Mais peut-être et surtout, pourquoi les connaissances de base sont encore si peu relayées dans le grand publique.

Une note sur « l’état de l’opinion sur l’effet de serre et le changement climatique » de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie relevait fin 2005 la méconnaissance générale de l’effet de serre. 50% des interviewés reliaient l’effet de serre à la couche d’ozone ou à une mauvaise gestion des déchets, seulement 14% aux CO2. On peut raisonnablement imaginer que ces chiffres ont évolué favorablement depuis. Mais alors depuis seulement hier, et le chemin reste bien long.

Il reste d’autant plus long qu’on peut encore lire aujourd’hui dans les notes des services de l’Etat la formule suivante : « Le projet de ferme solaire XXX consiste en la construction et l’exploitation d’une centrale photovoltaïque installée en plein champ. Composée de trois groupes d’éléments – modules photovoltaïques, structures porteuses et réseau électrique -, une telle centrale produit de l’électricité propre et renouvelable à partir de l’énergie radiative du Soleil. »

Propre ? Une fois évacuée la question de l’extraction du silicium nécessaire à la construction des modules. Propre ? Une fois évacuée la question de la fabrication de ces-mêmes modules. Propre ? Une fois évacuée la question du recyclage ou de l’élimination des modules en fin de vie.
Propre ? Mais avec quelles énergies non propres tout cela est-il extrait, assemblé, mis en service et éliminé ?

Au lieu de présenter l’énergie solaire comme plus propre que, c’est-à-dire de parler de rapport, nous préférons parler dans l’absolu et l’abstrait. C’est propre, point. Mais propre ça veut dire quoi au juste ? Nous continuons à utiliser un langage abstrait qui ne correspond en rien à ce dont nous voulons parler. C’est-à-dire d’écologie, c’est-à-dire de rapport entre les choses. Mais non, cette chose est propre, autrement dit cette chose est bien pour et par elle-même. Amen. Nous restons donc dans l’atomisme et les jugements qui en découlent, les auditeurs avec. Or contrairement à ce que nous croyons communément, ceux-ci sont lucides en ce qu’ils cherchent de nouvelles configurations dans lesquelles déployer leurs désirs. Quand ils n’entendent ou ne percoivent rien de nouveau, leurs oreilles se bouchent.

Rien ne change beaucoup. Sur son versant politique, l’écologie n’est encore qu’un nouvel avatar du vendeur de sens, mais qui n’en produit pas de nouveau. Elle consiste pour beaucoup en un simple commerce de fuite où se réactualisent des arrières mondes toujours habités de figurines anthropomorphes chantant le bien, le mal sur fond de valse à deux temps. Pour d’autre, à la marge, c’est l’initialisation d’une ligne de fuite à construire sur les frontières du système. L’occasion d’une construction de soi, plus anarchique que politique tant les matériaux institutionnels et les pratiques sociales à même de les soutenir sont rares. Au final, on dira donc de l’écologie vécue que celle-ci remplace avantageusement, désir de modernité de ses discours, la question de Dieu dans les apéritifs dinatoires bio-urbains.

***

http://www.dailymotion.com/video/x2gjky Whitehead, le concept de société.

***

Au milieu de tous ces propres qu’on n’a jamais besoin de laver, on ne touche pas s’il vous plait, nous avons l’appel au concret des professionnels de l’environnement.
Petite bande creusant tous un même sillon, souhaitant avant tout convertir les codes extérieurs plutôt que d’en capturer certains afin d’aérer leurs grilles de lecture. Pas de besoin, celles-ci sont propres par nature. Une corporation à laquelle appartient donc l’auteur de ces quelques lignes. Celui qui tente non de penser contre les siens, mais avant tout contre lui-même, considérant cela comme une simple preuve de santé ordinaire.

Alors ce concret ? Celui-ci repose sur des abstraits non questionnés, à commencer par lui-même. C’est-à-dire qu’il est avant tout une certaine idée de l’efficacité. De celle qui permet de justifier la fiche de paie d’un travail urgent, imaginé au nom d’un collectif pourvu que celui-ci reste à sa place. Au nom de quoi l’ecological singer loupe complètement toute diversité. Dans le fond comme dans la forme de discours portant sur la diversité, but not in my backyard comme dit la chanson qu’on prête aux autres. De la question centrale du désir, désirer agir comme ceci plutôt que comme cela, produire du désir d’écologie et du rôle des singularités, n’en parlons pas.

Faute d’avoir un chant propre, l’ecological singer s’adapte. En entreprise il parle de coût économique, en collectivité il parle de coût sociaux, et en dehors des frontières institutionnelles, il traite globalement autrui de cochon pour son bien. L’adaptation est certes une qualité indispensable à celui qui pense arriver avec un langage et des idées nouvelles. Et après tout, nous avons sans doute quelques raisons de croire qu’autrui vit et pense comme un porc selon la proposition d’un Gilles Châtelet par exemple. Mais voilà, celui-ci propose une démonstration structurée quand d’autres ne nous proposent qu’une même image répétée de sacs plastics qui s’accumulent à l’infinie. Image sous-titrée par un language qui aurait fait fureur dans les années 50′. Cette basse consommation du cortex ne nécessite en réalité aucune adapation particulière. L’adaptation et son principe de concrétude n’est ici qu’un masque qui cache bien difficilement l’absence de discours réel. Nos ramassons donc nos sacs de la même manière que nous les avions jeté. Action hautement substituable, seulement c’est très concret.

Au nom de ce concret, l’ecological band ne questionne déjà plus les fondements, pire, le champ de ses actions et de ses études. Car ceci n’a pas sa place ici. La nature d’un côte, la technique de l’autre, si les individus désirent la technique, c’est sans doute qu’ils sont conditionnés. Alors nous les reconditionnerons. Angoisse d’abord, culpabilité ensuite. Vers le désert de l’affectivité, on parle de planter des puits à carbone. Bientôt nous aurons détruit le mot arbre, et seule résistera la poésie d’un Francis Cabrel, son échelle sur la bande FM.

Alors un exemple concret de tout cela parmi beaucoup d’autres ? Surtout ne jamais questionner l’émergence des réseaux sociaux numériques, leurs pratiques et leurs impacts sur l’écologie urbaine : productions de liens sociaux, modifications des territoires de vie, des flux de personnes comme des matières et énergies qui vont avec. Non, tout cela n’est pas concret, n’a pas sa place dans l’ordre. Ca produit des liens et des rapports, des accélérations, mais cette machinerie là nous fait du mal à l’avance. 
L’ecological band procède à trop de désertions morales sur trop de territoires pour pouvoir prétendre à une juste analyse des phénomènes de son monde. Sans parler d’une quelconque prospective … et l’humanité disparaîtra, bon débarras.

Alors vous souhaiteriez apprendre à lire des territoires ? Percevoir un peu de ces machines avec lesquelles nous nous combinons ? Un conseil, passez votre chemin, ne comptez pas sur nous. Aller directement au rayon poésie, l’écologie dans ses pratiques et ses discours n’a malheureusement que trop peu à vous apprendre de nouveau sous sa forme actuelle. Trop rare en sont les littérateurs. Alors comme le disait Mao, l’eau coule, comme nous l’ajoutons, le soleil brille. Vous savez tout. Le reste n’est affaire que des intégrations comptables nécessaires, mais sans doute pas suffisantes à intéresser autre chose qu’une administration verte, frontières dures, ampoules basses tension.

***

http://www.dailymotion.com/video/k3fUMQwsJLziytkEqq Bergson, propos sur la technique.

***

Peu rares ont été ceux qui déclaraient vouloir sauver le monde au cours de ses histoires. Au nom de Dieu, au nom de l’homme, … au nom de la terre. Plus rare aura été le manque de réflexion quasi volontaire qui accompagne pour l’heure le dernier de ces slogans. Mais notre manière de penser l’ecologie n’est pas non plus un empire dans un empire. Elle n’est aussi que le symptôme d’un terreau de pensée où poussent des libres décrets invasifs sécrètant de la nouveauté dans l’urgence.

Entendu sur CNN : face à la crise financière, les experts s’accordent tous à dire qu’une nouvelle approche est nécessaire. Mais que peut bien être cette nouvelle approche ? Peu importe, il s’agit dès maintenant d’agir concrètement. Côté environnement, vous pouvez ainsi passer directement aux conclusions du rapport du GIEC. Et si vous ne savez pas lire, on vous les lira. Car savoir pourquoi et comment des puissances scientifiques individuelles se sont agencées au fil du temps de sorte à produire des savoirs, mettre en lumière des relations nouvelles dans la nature, ce qu’est la notion de climat et les variations de cette notion dans l’histoire, de tout cela nous n’avons plus le temps. Dommage pour nous que la nouveauté soit sans doute plus dans les processus eux-mêmes que dans leurs conclusions. Des conclusions que nous ne regardons encore qu’à l’aide de nos anciens modèles.
La crise financière est une crise du crédit privé dans sa réponse à la contraction des salaires, elle-même conséquence d’une exigence de rentabilité financière des entreprises portée à un 15% annuel. Nous avons la solution ! Remplaçons dans le réservoir de la machine le manque du privé par du crédit public ! Le tour est joué jusqu’à la prochaine panne, le temps d’imaginer une nouvelle approche, une nouvelle substitution. 

Lire des conclusions ou étudier les seuls effets ne suffit pas à compendre les processus à l’oeuvre. Et nos capacités d’analyse et de prospective s’en trouvent largement limitées. Or si nous sommes environnementaliste, c’est bien pour comprendre ou essayer de mettre en lumière du commun dans les multiples processus affectant nos différentes sphères d’action. Mettre en rapport en déplacant les frontières et les standards.

La chanson de l’urgence, bien que faisant l’économie de toute analyse des processus, celle-ci a néanmoins valeur de symptôme partiel de ceux-ci, mais sûrement pas de réponse. Entendez urgence, traduisez accélération.
De l’environnement physique où nous accélérons les flux des matières et des énergies, l’écoulement des eaux, à l’environnement biologique où nous accéléront les processus de sélection naturelle (OGM), à l’environnement social où nous accélérons la mise en réseau des informations, à l’environnement financier où nous accélérons la vitesse d’échange des créances, à l’environnement économique où nous accélérons la vitesse de circulation des marchandises, se posent aujourd’hui de mêmes questions du fait d’un même modèle : n
ous ne créons de la valeur qu’en jouant sur le levier de vitesse des machines qui nous englobent. Et comme nous confondons le plus souvent notre trajectoire avec celle de la création de richesses, la progression possible avec le carburant, comme notre désir est privé en nous-même comme en dehors de supports autres que celui de la seule consommation d’objet, et bien nous gardons tous la main bien ferme sur le levier de vitesse. Une action réflexe de notre main plus qu’une action de contrôle, celui-ci ne pouvant-être que partiel. 

Alors certains nous disent que le volant doit bien être l’outil du changement. Qu’il conviendrait de s’arrêter pour faire marche arrière. Quand bien même cela serait possible, et nous douton beaucoup d’un tel degré de liberté, il semble de toute façon que nos traces se soient déjà effacées derrière nous. Par ailleurs, la mise en réseau est plus que l’accélération qu’elle permet, elle permet aussi d’en sortir en conservant la puissance nécéssaire à l’humanité. Alors sans doute qu’il existe un autre instrument du changement : les amortisseurs. C’est à dire la souplesse.

***

«  La souplesse sociale est une ressource aussi précieuse que le pétrole ou le titane. Elle doit faire l’objet d’une budgétisation appropriée de manière à être dépensée (comme la graisse)  uniquement pour les changements nécessaires (…)
Tout système biologique peut-être décrit en fonction des maxima et des minima autorisés pour chacune de ses variables interdépendantes : au-delà et en deçà de ces seuils de tolérance, apparaissent inévitablement des malaises, des phénomènes pathologiques et, finalement la mort. A l’intérieur de ces limites, la variable peut se mouvoir afin de permettre l’adaptation. Lorsque, sous l’effet de certaines tensions, une variable doit prendre une valeur proche du seuil supérieur ou inférieur, nous dirons, en employant une expression familière, que le système est « coincé » par rapport à cette variable, ou que le système manque de souplesse par rapport à celle-ci.
Etant donné que les variables sont interdépendantes, être « guindé » à l’égard de l’une d’entre elles signifie généralement pour le système, que les autres variables ne pourront pas changer sans modifier la variable « coincées ». Ainsi la perte de souplesse se propage dans le système entier. Dans des cas extrêmes, le système n’acceptera plus que les changements qui changent les limites de tolérance de la variable « coincée ». Ainsi une société surpeuplée recherchera les changements (augmentation de nourriture, nouvelles routes, maisons supplémentaire etc.) susceptibles de rendre les conditions pathologiques et pathogènes de la surpopulation plus acceptables. Mais ces changements ad hoc sont, précisément, ceux qui risquent de provoquer, à la longue, une pathologie écologique plus profonde encore (…)
Il faut noter que la souplesse est à la spécialisation ce que l’entropie est à la néguentropie. La souplesse peut donc être définie comme une potentialité non engagée de changement. L’opération qui a cours dans le budget de la souplesse est la division, et non la soustraction, comme dans le cas de l’argent et de l’énergie. « 
 

Grégory Bateson, « écologie et souplesse dans la civilisation urbaine », vers une écologie de l’esprit, tome2, Ed. du Seuil, 1980.

***

A suivre Bateson, et pour finir sur une note constructive à destination de l’ecological singer – dont les faiblesses (analyse et prospective) sont aussi à l’image de l’ensemble qu’il habite -, on pourrait donc dire que l’analyste de l’écologie commence par recommander aux hommes des institutions en charge tout ce qui peut donner au système étudié un budget de souplesse positif. Cependant:  » comme ces interlocuteurs ont une propension quasi naturelle à épuiser rapidement toute souplesse disponible, il devra donc à la fois créer de la souplesse et prévenir la civilisation contre une usure immédiate de celle-ci. «  L’analyste de l’écologie exercera donc également une autorité afin de préserver la souplesse qui existe déjà, ou celle qui peut être crée. Mais également lui même, en tant que sous-système en coévolution, devra veiller à sa propre souplesse, à celle de ses idées.

***

http://www.dailymotion.com/video/k2Lv01Yaw7ZgpPkAeo Deleuze, sur la bêtise.

Faire de l’écologie à la manière des Zorba’s

Zorba
Zorba ? Une force de liaison comme de déliaison ?

Deleuze disait à ses élèves quelque chose du genre : « j’aimerai faire de la philosophie à la manière des vaches ». A savoir qu’elles ruminent et ruminent leurs herbes.
Echo certain au processus de digestion nietzschéen, à ce drôle bonhomme qui prétendait que les nuages étaient comme les vaches du ciel.

En rigolant, restons lucide, on pourrait se demander comment nous aimerions faire de l’écologie, de l’environnement et toutes ces choses. Peut-être là aussi à la manière des vaches ? Seulement celles-ci ne dégagent-elles pas dans leurs pets trop de méthane ? Ce CH4 qui risque d’altérer dangereusement le bilan carbone d’une telle proposition ?

***

D’après Wikipédia :

 » L’équivalent CO2 est aussi appelé potentiel de réchauffement global (PRG). Il vaut 1 pour le dioxyde de carbone qui sert de référence. Le potentiel de réchauffement global d’un gaz est le facteur par lequel il faut multiplier sa masse pour obtenir une masse de CO2 qui produirait un impact équivalent sur l’effet de serre. Par exemple, le méthane a un PRG de 23, ce qui signifie qu’il a un pouvoir de réchauffement 23 fois supérieur au dioxyde de carbone. « 

***

Non, impossible d’accentuer plus en avant les rejets carboniques de nos propos en fonctionnant à la manière de ces vaches qui libèrent un carbone, pourtant hautement séquestré dans les herbes, et tout ça pour nous faire boire et nous nourrir. Malthus n’aimait pas les vaches non plus, sauf sans doute à connaître ce facteur 23. Cherchons donc une autre figure.

Puisque tout est matériellement dégradé et perdu dans la Nature, ceci incluant également cette bonne folie qui fait danser nos antennes, et bien proposons nous de faire de l’écologie à la manière d’un Grec. Mais pas n’importe lequel, un certain Zorba.

Image de prévisualisation YouTube From 3’08 »
« You’ve got everything except one thing, madness. A man needs a little madness, or else, he never dares to cut the rope and be free … »
« Teach me to dance. Will you ? »
« Dance ? Did you say … dance? Come on my boy ! »

Cette madness, elle est peut-être par là, dans l’invention. Et celle-ci passerait par cette drôle de danse chaotique d’avec le monde des choses. Liaison et déliaison d’avec ses forces qui viennent dépoussiérer nos yeux comme nos oreilles, avant de retomber dans nos filets former une idée.

http://www.dailymotion.com/video/k5VgvBmYNBV5YQBWKD

Mais cette madness, autant qu’on pourrait la dire « active », celle-ci reste surtout à définir au singulier. Pour chacun au-delà de ses grilles, diagrammes, méthodologie passives, et tout autre outil dont il use et abuse afin de recopier/recoller le monde des choses à l’avance. Passer à côté.

Faute de quoi, nous continuons avec les mêmes schémas de pensée. Et sur cette ligne là, on ne fait que remplacer les poulets par d’autres artefacts. Et derrière, demeure toujours le même type de machine. Mais peut-être sommes nous déjà tous de trop vieux donneurs pour distribuer de nouvelles cartes à ce Descartes que nous imaginons là.

http://www.dailymotion.com/video/k7vJFogShKA1Rto78U

Nous aurons toujours besoin d’outils et de grilles de lecture. C’est-à-dire de produire des images du monde.
Or nous ne pouvons à l’heure actuelle visiblement que peu repenser ce monde. Nous n’arrivons pas à y intégrer ces nouvelles perceptions de la complexité, quelqu’en soit d’ailleurs les avatars (écologie, globalisation financière, développement urbain, etc.).

Alors dans l’intervalle, permettons-nous quelques danses joyeuses pour déplier les esprits. Invitons ce Zorba à notre table de travail, remède de l’excès à l’adaptation perpétuelle. Invitation l’espace d’un instant, et laisser retomber sur nos pieds.
Car le conformisme, qui consiste à évacuer des différences comme à se soumettre à certaines apparences, quand celui-ci se réfère à des catégories de pensées devenues inopérantes dans le réel, celui-ci devient alors une grande source de normopathie.

Dansons un peu pour donner de l’air. Le feu de la pensée y trouvera peut-être dans cet espace le combustible, les agencements dansant propres à forger ces nouvelles grilles de lectures, outils et images du monde dont nous avons aujourd’hui cruellement besoin.

You(r)Tube digestif est bien (con)stipé …

You(r)Tube digestif est bien (con)stipé ... dans -> ACTUS lievre

Comme on l’aura noté, la plupart des billets de ce blog se trouvent accompagnés – outre les fautes d’orthographe – de vidéos interférant plus où moins directement avec les textes proposés.
Celles-ci ont pour vocation de donner à voir autrement, multiplier ou agencer les perspectives possibles, car c’est un fait, on ne sait jamais à l’avance comment chaque individu dans toutes ses singularités va pouvoir aborder telle ou telle question. L’angle d’incidence propre à chacun, ou comment il rencontre ceci et cela, par quel média il comprend où devient conscient d’une certaine relation entre les choses.

Qui plus est, pour un blog souhaitant parler d’écologie, et par là-même tournant autour de notions aussi floues que celle de biodiversité, comment ne pas au moins tenter de diversifier contenu et contenant des messages. Respect de l’hétérogénéité des désirs, comme de l’éco-éthologie  …. de chacun.

Ces vidéos, à la production anonyme, composées d’extraits courts toujours sourcés, n’ayant aucune vocation à la reproduction et servant uniquement de support pédagogique, celles-ci viennent donc d’être entièrement supprimées par YouTube, sans avertissement aucun pour atteinte au droit d’auteur.

Peu importe dirons nous, aucune œuvre n’est ici en péril. Seulement, et c’est bien là le problème qui se pose au-delà d’une qualification pédagogique de ces petites vidéos, qualification toujours très subjective et questionnable, car au final c’est bien d’un nouvel empêchement dont il est question.

Il est ainsi une nouvelle fois proclamé l’interdiction pour tout un chacun de digérer ses impressions en réunion. Etre bombardé des images extérieures, oui, mais pouvoir les digérer ou en « photo-synthétiser » les traces autrement, voilà qui est donc impossible. Non, il n’y a qu’un montage possible, non, il n’y a qu’un sens possible que vous altérez dans vos recombinaison, etc, etc. Alors faites le si ça vous amuse, mais faites le tout seul dans votre cave.

La banque sociale des images est ainsi verrouillée, pas plus de crédit ici, et nous sommes tous à court de liquidité. Recyclage des herbes, oui car après tout ça ne fait de mal à personne même si nous aurons toujours moins de talent que les vaches, mais recyclage des images, non, et peu importe la destination !

Nous voilà donc privés d’une certaine technique digestive ou de méditation sur nos propres affects, c’est-à-dire du travail sur les traces ou impressions que laissent les images sur nos corps comme nos esprits. Alors vive les images étrangères qu’on bourre dans des natures incompatibles tout en les privant de certaines de leurs capacités d’incorporation les plus immédiates. Vivre la vie de tout le monde, la surpopulation qui va avec. Mais si, si, faite vos montages, rien ne l’interdit, mais que personne n’en sache rien. Monsieur, coupez votre connexion.

Un jour peut-être comprendrons-nous qu’il existe sans doute une écologie des idées (que celles-ci soit véhiculée par des images, des sons, des textes …) à respecter tout autant qu’une autre. Nous commençons de le comprendre dans la Nature, ses transferts de flux, de matières, et donc d’énergies, mais nous en sommes encore très loin en terme d’information, c’est-à-dire en terme d’énergie pliées dans des images, sons, textes, etc. 
Car là aussi existe des producteurs primaires, des producteurs secondaires, des consommateurs, des décomposeurs, etc., dans un cycle qui fait que chaque niveau nourrit le suivant. Et ainsi de suite dans la boucle, chacun se devant d’être rémunérer comme tel, c’est-à-dire de voir ses conditions de reproduction assurées.

On pourrait d’ailleurs se demander quelle place occupe les hommes dans ce cycle. Après tout les pingouins ne sont pas rémunérés en tant que freegurants du spectacle, ni ne nous attaquent pour diffamation dans les propos que nous leur prêtons. Dans la même idée, et plus sérieusement, suivons G. Bateson : «  [...] le système écomental appelé lac Erié est une partie de votre système écomental plus vaste, et que, si ce lac devient malade, sa maladie sera inoculée au système plus vaste de votre pensée et de votre expérience » Vers une écologie de l’esprit, tome2 

Notre hypothèse est ici la suivante, l’homme est un producteur primaire qui transforme dans et à partir des gratuités des images écomentales du monde. C’est-à-dire qu’il est capable, au sein de ce système écomental plus vaste, de plier celui-ci dans des récits qui sont autant de symptômes de l’histoire de ses rencontres avec. Pour ce faire, il produit des images, des sons que d’autres pourront déplier ultérieurement comme autant de matière première à leur propre production. Se faisant, l’homme dépense donc une certaine énergie de « pliage » dans cette activité que nous dirons « photo-synthétique ».

http://www.dailymotion.com/video/k3IvOzPgYl3oOEymWu Transformation, images et biodiversité …

D’un point de vue de l’équilibre, cette dépense d’énergie se doit d’être « compensée » par les recettes énergétiques qui permettent la reproduction ou la continuité de cette activité. Activité de transformation qui appartient peut-être à sa nature même, de sorte que l’en priver consisterait simplement à l’éliminer. Il est donc plus que nécessaire de pouvoir assurer la continuité de cette fonction. La rémunération énergétique pouvant ici être vue comme la création de liaisons sociales.
Tout comme, et parallèlement, il convient de pouvoir établir au sein de la cité un système de sélection des individus les plus capables pour ce faire. Vaste question, aller voir chez les Grecs.

Mais sans se déplacer beaucoup, constatons simplement que les droits d’auteurs, tout du moins tels que conçus à ce jour, ceux-ci ne sont pas adaptés à une telle écologie. Ils segmentent les flux, brisent la circulation des énergies d’une chaine dont la production est durablement empêchée de se boucler sur elle-même. Ainsi, et en retour, les productions primaires s’affaiblissent très logiquement du manque de leurs recycleurs, comme de l’absence des échelons intermédiaires. Ou comment ici aussi scier la branche sur laquelle …

Les protections, ou plutôt la continuité des actions de chacun se devrait donc d’être équilibrée et assurée. Le choix des « exécutant », sans doute assez dangereusement questionné. Un individu à la figure clairement identifiée ? Un collectif fluide et décentralisé ? Ou comment faire cohabiter les usages tout en respectant les mode de pliage et dépliage de chacun. 

Aujourd’hui, nous sommes encore assez loin de ces questions. Alors plus simplement, comment et pourquoi ne pas mieux préciser la notion d’extrait, ne pas affirmer plus en avant l’exception pédagogique ? Plus généralement, la notion de l’œuvre collective reste largement à introduire dans nos textes, sans doute sur le modèle ou les prémisses du logiciel libre. Nous sommes au XXIème siècle, et voilà beaucoup de travail en perspective face aux enjeux. Qui a parlé de fin de l’histoire ?

Pour conclure un commentaire du professeur Michel Vivant sur la loi DADVSI : « [l'exception pédagogique] permet l’exploitation  »d’extraits d’œuvres ». Expression nouvelle dont on sait simplement qu’elle fait allusion à un lignage plus important que la courte citation… Mais que représente-t-elle vraiment ? 4%, 5%, 10% d’une œuvre ? Ce pourcentage est-il relatif à la pagination totale ? La notion d’extraits manque de sens pour être opératoire»

Soyons malgré tout assez peu confiant … personne ne lâche rien gratuitement. Personne, mais qui ? Un écosystème totalement défaillant quant à son écologie de production immatérielle.

***

http://www.dailymotion.com/video/k4oNulh3Di8bShSyFm Des armes qu’on croise ici et là … mais qui surtout ne s’échangent pas …

***

Pascal et Spinoza – Pensée du contraste : de la géométrie du hasard à la nécessité de la liberté par Laurent BOVE, Gérard BRAS, Éric MÉCHOULAN. Extraits de la préface de l’ouvrage :

 » (…) chez Spinoza (…) l’aliénation ne se laisse pas penser comme un écart à une origine perdue, comme un écart à soi, mais par l’incorporation d’une puissance extérieure due à l’activité même du désir qui contribue à distraire l’individu de la recherche de son utile propre. L’imitation des affects est le concept clé qui, chez Spinoza, rend compte de cette contrariété par laquelle chacun se fait impuissant (…) 
La vie commune est une construction des sujets dans laquelle prennent sens les expériences de chacun, elle n’est pas simplement une coopération, mais un effort collectif. C’est le principe d’imitation des affects qui permet aux individus tout en affirmant leur ingenium propre de composer un ingenium collectif. L’action collective précède donc l’action individuelle, non en la causant, mais en constituant constamment sa référence en acte. »

Quels arguments pour sensibiliser à l’écologie ?

 Peut-on parler ou soutenir la biodiversité avec des discours qui ne soient pas eux-mêmes diversifiés ?

Quels arguments pour sensibiliser à l’écologie ? dans Education p1080276

Sensibiliser à l’écologie ? A quoi et dans quel monde ? Deux questions comme autant d’hypothèses de travail devraient se poser immédiatement.

Dans quelles représentations dominantes du monde vivons-nous aujourd’hui le plus généralement ?

Pour le dire très/trop simplement. Un désenchantement global qu’accompagne peut-être la perte des illusions collectives au regard du XXème, et une ambiance de fin de l’histoire qui fait que chacun développe vis-à-vis de la nature humaine une image le plus souvent négative. A partir de là, certains vont trouver refuge dans une certaine nature, qui elle est très gentille, tout du moins trop gentille pour être totalement vécue, quand d’autres vont se fixer sur un critère bien particulier, récolter du billet vert, consommer et après moi le déluge. Peu ou prou, ces deux attitudes qu’on pourrait résumer par les slogans suivants « moi je préfère les chiens aux hommes » en mode Alain Delon et « moi je préfère le dollar au futur » à la mode de mon cousin russe, certes moins connu, ces deux slogans semblent devoir être assez proches les uns des autres. Conséquences ou symptômes d’un désenchantement initial et/ou d’un manquement de présence au monde qui serait tout à fait commun.
Dans un tel contexte, hypothèse de travail, il semble donc important de renvoyer l’auditoire à des images positives de lui-même, c’est-à-dire à de nouvelles actions et combinaisons possibles de l’homme dans la nature.

Au fait, sensibiliser à quoi ?

Si l’écologie est bien une révolution de nos modes de pensées, nouvelle réforme de l’entendement, alors celle-ci se décline directement sur la question des modes d’existence de chacun. Soit une éthique individuelle qui se demanderait : quels rapports nouveaux, la douceur étant ici sans doute plus à chercher dans la réflexion que dans les rapports eux-mêmes, quels nouveaux rapports vais-je donc pouvoir établir avec mon environnement, avec les humains et les non-humains qui le composent ? Soit le présupposé d’une définition de l’écologie qui serait la suivante : l’art de multiplier, comme de faire cohabiter, perspectives et usages sur une même « ressource » (récréatifs, productifs, esthétiques, spirituels, environnementaux …), que celle-ci soit d’ailleurs une plante verte, une langue ancienne, un centre urbain etc.
Par exemple, et pour le dire assez schématiquement, quels sont les rapports que j’entretiens aux arbres ? De quoi suis-je capable – faire, penser, imaginer, vouloir, etc. – , quand je rencontre un arbre ?

Dans la pratique …

Poursuivons notre exemple arboricole. A écouter les argumentaires classiques de type ADEME, nous passons donc d’une époque où l’arbre n’était majoritairement visible qu’en tant que moyen de chauffage et/ou matériel de construction, à une époque où il est proclamé que celui-ci doit également devenir visible en tant que puits à carbone. Autrement dit, on ne sort pas aujourd’hui plus qu’hier d’une vision productiviste qui continue d’épuiser toutes autres perspectives possible sur l’arbre.
Voilà donc un argumentaire qui, malgré son utilité immédiate, ne procure au final rien de bien neuf ou de véritablement durable, une fois présupposé que la problématique principale qui nous concerne est bien celle du désenchantement global de ses rapports au monde, conséquence d’un point de vue « monopolistiquement » productiviste sur celui-ci.
Avec ces argumentaires de type « plantons des puits à carbone », ne reste donc plus qu’à produire des puits à la chaîne, pour sans doute les mêmes effets au final : une administration administrante, des fonctionnaires du bien-être social enfermés dans leurs certitudes, une curiosité individuelle au monde réduite à peu de chose.
Cependant, et voilà qui est heureux, il semble que la population et les individus qui la composent  ne soient pas dupes de ce risque là. Lucidité du connu, trop connu. D’où la crispation de certains qui s’exprime aussi, si l’on veut bien écouter, dans une condamnation des attitudes moralistes des verts, la crispation des autres exprimée dans un discours en apparence simpliste sur le retour à l’âge des cavernes.
Et ainsi de suite dans le brouhaha public pour in fine aboutir au paradoxe suivant : l’écologie est une préoccupation grandissante, mais surtout ne pas voter pour plus d’écologie. Or l’écologiste analyse ce paradoxe en se disant, si l’écologie a du mal à passer dans les esprits, c’est avant tout pour des raisons monétaires et budgétaires, ça coûte plus cher and so on. Mais voilà qui est faire beaucoup de place à l’économie dans les discours, et bien peu au désir des gens. Or ce que l’écologiste ne comprend pas, ou plutôt ne sait pas faire, c’est bien de capter le désir. Historiquement, il sait comment capter l’attention dans les médias sur fond de catastrophe annoncée, mais il ne sait pas rendre ses propos suffisamment désirables. Produire du désir, non pas pour le rabattre sur un produit comme le font très bien les publicitaires, qui eux ont bien compris que c’est le désir qui fait le produit et pas son prix, mais bien pour ouvrir les désirs individuels à d’autres mondes possibles.

Des images positives de l’environnement …

Pour le professionnel de l’environnement, participer dans ses argumentaires à construire des images positives des actions de l’homme dans son environnement devrait le conduire prioritairement à fournir à son auditoire les clés nécessaires afin de passer de l’émotion à la responsabilité. Retour au singulier, ouvrir à de l’action possible, individuelle et non administrée, transmissible sans police et sans diner mondain.  Le monde va mal en apéritif, croyez vous à Dieu en digestif, et l’écologie comme nouvelle théologie des discours dinatoires. 
Pour aller dans un autre sens, il semble tout aussi indispensable d’inscrire le discours écologique dans l’ensemble plus vaste des activités humaines, en faisant appel à la poésie, la littérature, le cinéma, la musique, le théâtre, l’histoire, et plus généralement à toute les sciences sociales. Car toutes ces perspectives sont autant de relais potentiels, les digues propres à éviter l’exclusion par des discours normés et bornés qui ne travaillent plus que leurs propres sillons. Si la pensée écologique s’est construite, démarche participative, en partie contre l’expertise d’experts autoproclamés cloisonnés dans leurs segments, alors sans doute faudrait-il éviter à minima de reproduire les mêmes structures, les mêmes barricades des discours auto-bouclés, auto-entretenus, auto-entendus.

Sensibiliser à l’écologie, voilà qui est peut-être aussi le début d’un apprendre à apprendre à devenir le producteur des images de son environnement.

***

Inutile de réécrire ce qui a déjà été beaucoup mieux dit, même le recyclage à ses limites. En 1994, Joël de Rosnay dans son article Education, Ecologie et Approche Systémique fixait déjà quelques uns des principes directeurs fondamentaux de la transmission des savoirs dits écologiques. Principes qu’on pourrait résumer comme suit : « aider à s’élever pour mieux voir, à relier pour mieux comprendre et à situer pour mieux agir. » On en est loin, et ce peut-être pas uniquement la faute à l’autre, au CO2, à la maison de mon voisin, etc.

Quelques extraits de cet article en passant :

« […] l’écologie est un concept intégrateur, un mode de pensée global qui matérialise aujourd’hui l’irruption de la systémique dans l’éducation, l’industrie et la politique […] l’approche systémique, fille de la cybernétique et de la biologie, est aujourd’hui complémentaire de la vision analytique héritée de Descartes. […] Plus qu’une discipline scientifique l’écologie représente une nouvelle vision du monde et de l’homme dans la nature. Le nouvel écocitoyen doit mieux comprendre comment situer et insérer son action locale dans un ensemble global […] Il s’agit aujourd’hui de l’aider à passer de l’émotion à la responsabilité grâce à une culture scientifique et technique permettant de relier les éléments épars reçus par l’éducation ou les médias. D’où l’importance d’une approche […] multidimensionnelle de l’écologie et de la gestion de l’environnement. »

« Il s’agit plus de communiquer une nouvelle culture que d’enseigner des disciplines de base. Il s’agit aujourd’hui de passer de l’émotion à la responsabilité grâce à une culture scientifique et technique permettant de relier les éléments épars reçus par l’éducation ou les médias […] Ainsi se pose la question majeure de la transmission des savoirs qu’elle implique. Comment faire entrer l’écologie dans l’enseignement traditionnel ? Quelle place doit-elle prendre ? […] Le nouvel écocitoyen doit mieux comprendre comment situer et insérer son action locale dans un ensemble global : celui des grandes fonctions du métabolisme planétaire […] Il faut donc aujourd’hui de nouvelles méthodes et de nouveaux outils pour former à l’écologie..» 

« L’éducation systémique appliquée à l’écologie utilise plusieurs moyens de communication complémentaires pour toucher ses publics et fait appel à différents niveaux de “lecture” de ses messages. Un de ses principaux objectifs est d’aider à s’élever pour mieux voir, à relier pour mieux comprendre et à situer pour mieux agir […] L’effort d’éducation en écologie doit être mobilisateur et interrogateur. Plutôt que de fournir des connaissances prédigérées, cette pédagogie moderne est un tremplin pour l’exercice créateur de la réflexion individuelle et collective. Elle est aussi et surtout un ferment pour une nouvelle culture multidimensionnelle adaptée à la compréhension des grands problèmes écologiques. »

***

http://www.dailymotion.com/video/k267qWkmEvREdiKIMZ

123



Secrétaire-Chsct-Crns |
Communication NonViolente -... |
ma vision des choses!!! |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Boîte à idées
| robert robertson
| Le VP Marie-Victorin