Archive pour la Catégorie 'Ecosysteme TV.fr'

Docu-écrits-mont(r)és

Nénette

Suite à la sortie du documentaire « Nénette », entretien avec le réalisateur Nicolas Philibert sur France Culture.

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Légende science

Série documentaire la légende des sciences.
Un film de Robert Pansard-Besson
et Michel Serres.
Episode
« Brûler». 1997 – France – 52 minutes.
Voir l’ensemble de la série.

http://www.dailymotion.com/video/xbsvbq Partie 1

http://www.dailymotion.com/video/xbsvi7 Partie2

http://www.dailymotion.com/video/xbsvp5 Partie3

http://www.dailymotion.com/video/xbsvuh Partie4

http://www.dailymotion.com/video/xbsw0v  Partie5

http://www.dailymotion.com/video/xbsw6p  Partie6

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« La seule raison d’être d’un être, c’est d’être. C’est-à-dire, de maintenir sa structure. C’est de se maintenir en vie. Sans cela, il n’y aurait pas d’être (…) Un cerveau ça ne sert pas à penser, mais ça sert à agir. »
Henri Laborit in « Mon Oncle d’Amérique », un film d’Alain Resnais (1980)

Mon oncle

Image de prévisualisation YouTube Séquences d’Henri Laborit, « Mon Oncle d’Amérique », Alain Resnais (1980)

Image de prévisualisation YouTube Séquences d’Henri Laborit, « Mon Oncle d’Amérique », Alain Resnais (1980)

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Colloque.
Institut de Recherches Philosophiques de Lyon.
Nature, technologies, éthique. Regards croisés : Asie, Europe, Amérique.

Nature, technologies, éthique. Regards croisés : Asie, Europe, Amériques (1/5)
-> L’homme dans la nature et la nature dans l’homme
- Pour une anthropologie de la finitude avec Dominique Bourg, Université de Lausanne.
- Fûdo (le milieu humain) : des intuitions watsujiennes à une mésologie avec Augustin Berque, EHESS.
- Nature humaine et technologie médicale dans l’oeuvre de Nishi Amane avec Shin Abiko, Université de Hosei.
- La nature humaine: une aporie occidentale ? Avec Etienne Bimbenet, Université Lyon 3.
- La baleine, le cèdre et le singe, harmonie et irrespect de la nature au Japon avec Philippe Pelletier, Université Lyon 2.
- Sciences, valeurs et modèles de rapports à la nature avec Nicolas Lechopier, Université Lyon 1.

Nature, technologies, éthique. Regards croisés : Asie, Europe, Amériques (2/5)
-> La nature à la limite

- Technologies de l’hybridation entre éthique, pouvoir et contrôle avec Paolo Bellini, Université de L’Insubria.
- Quelle cosmopolitique aujourd’hui ? Avec Frédéric Worms, Université Lille 3.
- De la nature de nos confins: dualisme, holisme et autres perspectives avec Régis Defurnaux, Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix – Namur.
- À la recherche du Paradis Perdu avec Maria Inacia D´Avila, Chaire UNESCO, Universidade de Rio de Janeiro.
- A la frontière de l’humanité: le dilemme (éthique) des chimères génétiques avec Nicolae Morar, Université de Purdue, West Lafayette.

 

Une écologie des formes d’expression ?

Une écologie des formes d'expression ? dans Bateson utime

« J’affirme que si vous voulez parler de choses vivantes, non seulement en tant que biologiste académique mais à titre personnel, pour vous-même, créature vivante parmi les créatures vivantes, il est indiqué d’utiliser un langage isomorphe au langage grâce auquel les créatures vivantes elles-mêmes sont organisées – un langage qui est en phase avec le langage du monde biologique ». Gregory Bateson

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Une écologie ?
Une montagne aux multiples versants.
Un environnement ?
Un montage.
Une configuration dynamique.
Un organe sensoriel décentralisé.
Un modèle de danse qui capture d’autres modèles de danse.

En communiquer ? Savoir capter l’attention autrement.
Par delà urgence, heuristique de la peur et autres vitesses médiatiques, faire circuler du désir de dans des espaces d’intercession encore largement à créer. Ouvrir à un principe d’attention au monde, voie d’accès douce à l’écologie, chemin nécessairement complémentaire des principes de précaution (monde interconnecté) et de responsabilité (pollueur/payeur).

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Petits points afin de se frotter au caractère éminemment substituable des discours de crise qu’entretiennent et qui entretiennent le prêt (vite à taux zéro) à penser, des visuels sur des mots en boucle.

Restituer et s’inspirer la complexité

L’écologie est à la fois cet art de la composition, du tissage des modes d’existence dans un environnement singulier. De la diversité des récits individuels et collectifs, des modes de vie qui inspirent des façons de penser, des modes de pensée qui créent des façons de vivre.
Notre inspiration, notre écriture est à nourrir des hommes, de leurs techniques et usages du monde, des végétaux, de leurs stratégies de développement et de colonisation des territoires, de l’étude des comportements animaux, de leur capacité à construire des mondes, du non-vivant, de son socle et ses terreaux de je(ux).

Dans le climat (lui aussi) changeant de nos pensées, là où complexité et incertitudes vont croissantes, il convient de souligner en réponse quelques uns des axes forts sur lesquels appuyer une communication sur le(s) écologie(s) : aider à s’élever pour mieux voir, à relier pour mieux comprendre, à situer pour mieux agir.
Soit donner à voir et à manipuler bien plus qu’imposer ou seulement relayer un déjà un prêt à penser/agir/répéter. Eclairer des briques de savoir et proposer quelques colles dans un pouvoir communiquer/transférer qui stimulerait avant tout les conditions de l’appropriation et de l’action, que celle-ci soit individuelle ou en réseau.

montagne dans Ecosysteme TV.fr
Les multiples versants d’un même fait

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L’homme cohabite et coévolue

L’homme moderne dans la nature, bien que de plus en plus détaché des contraintes de son milieu naturel, celui-ci n’en devient pas pour autant un empire dans un (em)pire. L’intermédiation qu’opèrent les combinaisons d’artefacts constitue un milieu singulier (un lieu de sélections, captations et montages pour productions, consommations et déjections) qui participe à produire l’homme à mesure que l’homme le produit.
Partie d’un système coévolutif plus vaste qui l’englobe lui, ses artefacts et ses actions, l’homme habite naturellement la technique et techniquement la nature.
Cette coévolution entre les hommes, les artefacts et les écosystèmes appelle en retour à un principe d’attention au monde, devenir écologiste médecin évaluant les symptômes de cette coévolution, autant que de précaution, écologiste législateur proposant des règles de bonne conduite dans cette coévolution.

Gérer l’abondance des usages

L’écologie est à la fois cet art de la gestion de l’abondance des usages du monde. Percevoir à la fois l’arbre et la forêt sans que l’un ne masque l’autre. Si c’est bien la dose qui fait le poison, il ne s’agit pas d’appeler ici et là à réduire définitivement l’ensemble de nos usages du monde, mais bien plus de pouvoir dégager les espaces, la souplesse apte à les faire cohabiter et coévoluer ensemble.

Ouvrir à des espaces de dialogues pluridisciplinaires

L’un des dangers qui guette cet ensemble de discours composites qu’on regroupera aujourd’hui sous la notion floue d’écologie, de son versant scientifique au politique, serait de rabattre toutes ses voix (voies) dans le but de constituer une discipline fermée, autonome à vocation transcendante.
La terre vue du ciel, voilà peut-être la définition du principe d’attention tel qu’appliqué à l’écologie elle-même.
Résister à la tentation isolationniste. A mesure que l’écologie s’auto-constitue et englobe des savoirs de plus en plus précis et multiples, celle-ci tend à refuser de se frotter à l’altérité, aux potentiels des autres disciplines, sciences humaines en premier lieu.
Que se passerait-il si vous n’aviez qu’un œil ? Votre champ de vision serait irrémédiablement rétréci. L’intercesseur n’oublie pas de faire appel aux multiples visions, sciences, arts, humanités, etc., qui toutes interférent pour nous permettre de rendre de son épaisseur au réel.
Toute communication/éducation à l’écologie ne devrait ainsi pouvoir faire l’économie d’un métissage entre les savoirs, tout comme elle ne saurait rester aveugle aux composantes artistiques, ses fonctions de contrôle et de correction des visions excessivement projectives, pas assez systémique.

Le fond et la forme, une exigence de cohérence

Un minimum de cohérence. Comment dénoncer la rupture entre l’homme maitre et possesseur et la nature, si c’est pour transformer cette frontière en une nouvelle boîte noire pleine de certitudes (les mêmes dans un miroir le plus souvent). Nouvelle boîte noire qui aspirerait toute les autres et se proclamerait religion, ou nouvelle boîte parmi les boîtes qui ne ferait que multiplier les gardes frontières.
L’écologie est à la fois une boîte à outils, à la fois une colle. Nos connaissances des sciences dures, de la chimie et des mesures, celles-ci se doivent d’être complétées et accompagnées de nouvelles pratiques sociales à même de les soutenir.
Savoir communiquer et échanger en pariant sur la lucidité de chacun, en respectant sa nature (cad lui permettre de déployer ses affects propres dans son parcours de connaissance), est l’une de ces pratiques.
Une pratique centrale une fois dit que le projet est bien de renforcer la capacité d’expérimentation de chacun sur ses différents branchements possibles (aménager, protéger, construire, réguler…) avec son environnement. Que ce dernier soit naturel ou artificiel. Individuellement et collectivement, devenir capable d’extraire et de formaliser des expériences qui donnent sens, qui activent nos connaissances.  

Repenser la chaîne de l’information

Rien se perd, rien ne se crée, tout se transforme dans la circulation des informations. Ecologie ou recyclage des idées, la qualité de l’information des uns est à évaluer en tant que matière première d’idée pour les autres. Réutiliser et recombiner c’est créer, par (dé)mon-tage, photo-synthèse, etc.

 chaine dans Education

Aux crises constatées dans le monde biophysique, se surajoutent grandement les pollutions nées de l’écologie défaillante de nos idées. Illettré dans la lecture comme l’écriture de son travail vivant, l’individu ne peut être conduit qu’à brutaliser sa nature, celle des autres, et l’ensemble plus vaste de la Nature qui l’englobe lui et les relations dont il est capable.
La crise de l’écologie de nos pensées précède ou accompagne à bien des égards celle que nous constatons dans le monde biophysique. Nous pourrons alors trier toujours plus de nos poubelle et prendre un bus à graminées, si nos stratégies de tête continuent à cloisonner et exclure comme avant, alors nous ne ferons que déplacer le problème dans des ailleurs, demain et autrement. 

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« [...] toute appréhension d’un problème environnemental postule le développement d’univers de valeurs et donc d’un engagement éthico-politique. Elle appelle aussi l’incarnation d’un système de modélisation, pour soutenir ces univers de valeurs, c’est-à-dire les pratiques sociales, de terrain, des pratiques analytiques quand il s’agit de production de subjectivité. » Félix Guattari

«  [...] L’erreur ne vient pas de l’autre, le savoir n’est pas donné, le monde n’est pas transparent. Il faut reconnaître ses erreurs, notre ignorance, la fragilité de notre identité, notre inhabileté fatale. Le principe de précaution est le principe d’une liberté sans certitude, principe d’insuffisance de l’individu et du savoir comme produit de son temps et sans que cela empêche le sujet de se rebeller contre le monde qui l’a créé. Cette liberté n’est possible qu’avec le support des institutions (des discours), une sécurité sociale et la puissance du pouvoir politique sans lequel nous courrons à la catastrophe. Il nous faut un pouvoir collectif qui ne soit pas autonome mais réfléchi et produise de l’autonomie. Telle est la question qu’il nous faut résoudre, devant la précarité du mode de subjectivation moderne : produire les conditions de la liberté. » Jean Zin

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> Des figures instauratrices et le rôle de la fiction dans la transmission douce des savoirs
La suite dans les idées,
émission du samedi 13 février 2010
Storytelling avec Yves Citton

> Une ontologie des images
Chaire d’anthropologie de la nature, c
ours au Collège de Frances,
2009
Philippe Descola

> Rencontre autour de la 4e année polaire internationale
L’homme est-il le maître de la nature ?
(1/5)
Avec les interventions de Jean-Claude Etienne, Philippe Descola et Bruno Goffé

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http://www.dailymotion.com/video/x461om A qui appartient la Nature ? Conférence de Philippe Descola. Il existe une pluralité de natures et de façons de les protéger (suite).

Avatar review – draft bêta …

Monde à poils

Monde à poils et  libido végétale, le porno chic de la terre vue du ciel des idées s’enrichit-il  de nouvelles images ?

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Avatar, premier blockbuster bio exploitant des symboles naturels à grand coup d’artifices, et puisque tout est lié, sans grand souci de cohérence. Mais pas que ?
Film paradoxal qui initie un imaginaire confus sur la machinerie naturelle, Avatar vaudrait cependant par les symptômes qu’il exhibe. Quelques lignes rapides sur cette affaire.

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Sur la forme en guise de liminaire. L’accélération du monde se porte bien, notre capacité à intégrer de nouveaux mouvements entre les images avec. Mouvements de cameras à priori inacceptables et cut façon jeu vidéo, notre cerveau intègre comme digère les derniers artifices à très haute vitesse. Voilà qui nous permet une économie brutale de structure narrative, par le texte, et maintenant par les images même.

Dans le fond immédiat, des cowboys capitalistes s’affrontent à des indiens, Pocahontas au milieu avec des questions de propriétés, passons donc bien vite sur l’horizon d’attente, tout est su à l’avance.
Consommation neuronale basse tension du côté du prétexte narratif quand toute dramatique tient dans la fumeuse chute d’un arbre. Pour le film le plus artificiel de l’histoire, faire l’apologie du naturel revient aussi (et surtout ?) à en maximiser l’exploitation émotionnelle.

On pourrait donc rapidement poser la formule suivante, petit abc de l’inquiétant de l’époque :
a-  syncrétisme globale entre chamanisme, acuponcture et jardinage;
b-  béatitude imaginaire qui nous exile de nous-mêmes;
c- mimétisme sentimental d’une nature apparente dans laquelle on basculerait toute histoire.

Néanmoins, dans un fond un plus profond et par éclats, nous sont présentées quelques captures partielles et symptomatique de la toile du temps. Evoquons ici succinctement quelques possibilités de développement.

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Des machineries naturelles ?

Monde de poils

Un mondes de poils

Que dire de la jongle-monde de Pandora ?

Son « naturel » est une machine, plus précisément un vaste cybernetic network où se mélangent images, idées, animaux et végétaux, neurones et rhizomes, passé, présent, futur. D’un point de vue esthétique, une version glamour à gros traits de ce vaste réseau intégré que Gregory Bateson appelait « écologie de l’esprit ».
Un monde de poil et de branchements donc, un réseau de réseau s’exprimant à travers un modèle végétal, une certaine manière de gérer le temps et l’espace, et qui forme l’habitat du corps des vivants comme le lieu de stockage de leurs mémoires. Le stockage décentralisé des mémoires fait ici communauté.

Les vivants ? On passera sur rapidement sur le rhinocéros à tête de requin marteau et autres hyènes des plus communes pour ne s’intéresser, à l’image du film, qu’à ces bleues figures coloniaires, expressions d’un devenir végétal et d’une connectique du poil sommet de la pyramide de l’évolution pandorienne.
A ce monde auto-réglé, qui s’affecte de lui-même dans ses capacités, s’oppose le monde intrusif, infecté et désaffecté d’humains incapables de respirer de son air pur sans masques et marteaux. De ce coté là du miroir, seul un improbable happy few pourrait empêcher ce monde capitalisto-militaire d’agir en vue de ses « faims ». 
Happy few qui se compose ainsi. Primo de scientifiques dont on devine qu’ils sont sortis des moules du GIEC plutôt que de ceux des OGM, bande de sympathiques szchizo-philanthropes au service d’une machine capitaliste et pour qui vouloir savoir peut libérer de ce que l’on croit savoir.
Secundo, d’un idiot militaire aux jambes raccourcies. La chanson de l’heureux élu en quelques mots : mon frère sait que je ne sais rien, je suis physiquement exclu d’un monde qui marche à toute vitesse, je suis la figure du joueur moderne cloué derrière son écran d’ordinateur.
Voilà donc pour un portrait partiel de nos « bons à bascule », une science réaffectée qui dirait plus de « Nous » que de « On », une figure du paralytique connecté qui mimerait sa reconnexion aux machineries naturelles. Au milieu, Internet, où la préfiguration d’un revenir dans le super network de la biosphère.

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Des hommes bleus coloniaires ?

Devenir vegetal

L’homme coloniaire, tapisserie des Ibans de Bornéo, 
les sociétés d’animaux font des super-organismes qui sont plutôt végétaux ?

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(…) R.Bessis :Je finirai ce dialogue entre nous par la phrase la plus philosophique qui termine votre travail et votre éloge de la plante. Vous dites, en citant René Thom : « Une contrainte fondamentale de la dynamique animale, qui distingue l’animal du végétal est la prédation (…). La plante n’a pas de proie individuée, elle cherche donc toujours à s’identifier à un milieu tridimensionnel » . Chez le végétal, « on trouve une sorte de dilution fractale dans le milieu nourricier ambiant ». Vous rajoutez alors ceci : « Peut-être à la transcendance de l’animal et de l’être humain faut-il opposer l’immanence de la plante. » Comment entendez-vous, au juste, cette dernière phrase ?
F.Hallé : Si l’on se place sur le plan de l’évolution biologique, celle de Darwin, alors l’évolution de la plante et celle de l’animal, sont très différentes. Evoluer pour les animaux, c’est se dégager de mieux en mieux des contraintes du milieu, et en ce sens, l’homme est bien placé au sommet de la pyramide, parce que pour nous à la limite, on ne sait même plus ce qu’est le milieu. Evoluer pour une plante, c’est se conformer de mieux en mieux aux contraintes du milieu, cela consiste donc, non pas à échapper mais au contraire à se dissoudre dedans, à disparaître d’une certaine manière. C’est en quoi la plante m’est apparue immanente, alors que l’animal serait transcendant.
R.Bessis : Je pense que notre société actuelle développe un devenir de type végétal, mais elle n’en a pas véritablement le choix. Tout ce qu’elle fait, soi-disant à ‘‘l’autre’’ (au milieu, à la nature, au monde) par volonté carnassière, c’est en fait, à elle-même qu’elle le fait. Si bien que le meurtre de l’autre se retourne en suicide, et la pulsion d’agression en pulsion de mort. Le devenir végétal appelle au contraire à ne plus vivre une opposition, mais à déployer une immanence.

Extraits tirés d’un dialogue de septembre 2001 entre le botaniste Francis Hallé et le psychologue Raphaël Bessis sur ce que pourrait-être le devenir végétal des sociétés contemporaines. L’intégralité des échanges est disponible sur le site caute.lautre.net.

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Faire une bonne histoire, une histoire efficace, c’est donc construire à grandes lignes l’affrontement de deux mondes.
Si dans le monde humain, mieux vaut savoir mais ne pas avoir de corps, un dedans, dans le monde des bleus, mieux vaut ne pas savoir et avoir un corps, un dehors.
La société des hommes bleus forme un organisme vivant, ensemble solidaire lui-même sous-système de l’organisme plus vaste qu’est le système naturel. Dans le même temps, les membres de cette société sont tous parfaitement individués. A chacun ses affects et ses capacités propres, le tout s’accompagnant d’une structure sociale rudimentaire.
Intégrés au système naturel de Pandora, ces hommes bleus nous apparaissent comme des êtres de médiation et de communication, dont les médiations sont collectives. Autrement dit, et dans le contexte pandorien, comme fonctionnant sur un modèle végétale de gestion du temps (mémoires inscrites dans les racines et la canopée) et de l’espace (habitat dans les branches).
Passons pour l’heure sur les incohérences, ce film oppose donc deux modèles de colonisation et de stratégie de développements. D’un côté celui des cellules volumiques que nous qualifieront pour le dire vite « d’animales ». Celles-ci sont dissipantes, centralisatrices, en quête d’immortalité. Elles sont représentées par des hommes blancs. De l’autre, des cellules surfaciques de type « végétales ». Celles-ci sont intégrantes, en quête de diversification et d’inscription dans une certaine forme d’éternité. Elles sont représentées par des hommes bleus.
Si l’on acceptait de suivre cette ligne, pour les hommes bleus croitre équivaudrait donc à maximiser ses surfaces d’échanges avec le dehors. Ainsi leur puissance ne grandit qu’à mesure qu’ils deviennent capables de se connecter, d’opérer des transactions – choisir et être choisit, affecter et être affecter – avec et par de nouvelles entités du dehors (un cheval, un oiseau, un dragon, etc.)
Êtres de surface, leur intériorité est comme retournée vers le dehors, les lieux de stockage qu’il propose, c’est à dire ces vastes parties du réseau la pensée qui situées hors des corps bleus individués collectent de manière non centralisée des traces mémorielles, des « codes génétiques » hétérogènes capables de cohabiter et de coévoluer.
La nature est alors, et pour ainsi dire, un super système d’information où la notion d’information renverrait à une certaine structuration pour concentration des énergies. Dès lors, si l’homme bleu connecté sélectionne, prélève, capture, les produits de ses transformations du monde pandorien sont restitués sous forme de traces mémorielles au super système d’information naturel.

Principe hologrammique

Principe hologrammique, la partie est dans le tout, le tout est inscrit dans la partie

Habiter dans un certain rapport de participation au dehors forme donc le point de stabilité de l’homme bleu. Le jongle se remplit de leurs pensées, leurs corps s’impriment de la jongle. A l’inverse, pour des humains dont le dedans égotique forme le point de stabilité, ceux-ci sont exposés à un dehors jongle qu’ils ne visitent que depuis leur dedans. Jongle intraductible sous ce rapport, ils ne cessent donc de vouloir s’en protéger, s’en couper, s’affronter.

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Pourquoi tout cela ne tient-il pas ensemble ?

Tenir ensemble

A l’envers de nulle part …

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(…) Nous appelons longitude d’un corps quelconque l’ensemble des rapports de vitesse et de lenteur, de repos et de mouvement, entre particules qui le composent de ce point de vue, c’est-à-dire entre éléments non formés. (…) Nous appelons latitude l’ensemble des affects qui remplissent un corps à chaque moment, c’est-à-dire les états intensifs d’une force anonyme (force d’exister, pouvoir d’être affecté). Ainsi nous établissons la cartographie d’un corps. (…) Vous allez définir un animal, ou un homme, non pas par sa forme, ses organes et ses fonctions, et pas non plus comme un sujet : vous allez le définir par les affects dont il est capable (…)  
L’éthologie, c’est d’abord l’étude des rapports de vitesse et de lenteur, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté qui caractérisent chaque chose. Pour chaque chose, ces rapports et ces pouvoirs ont une amplitude, des seuils (minimum et maximum), des variations ou transformations propres. Et ils sélectionnent dans le monde ou la Nature ce qui correspond à la chose, c’est-à-dire ce qui affecte ou est affecté par la chose, ce qui meut ou est mû par la chose. Par exemple, un animal étant donné, à quoi cet animal est-il indifférent dans le monde infini, à quoi réagit-il positivement ou négativement, quels sont ses aliments, quels sont ses poisons, qu’est-ce qu’il « prend » dans son monde ? (…) Jamais donc un animal, une chose, n’est séparable de ses rapports avec le monde : l’intérieur est seulement un extérieur sélectionné, l’extérieur, un intérieur projeté ; la vitesse ou la lenteur des métabolismes, des perceptions, actions et réactions s’enchaînent pour constituer tel individu dans le monde. Et, en second lieu, il y a la manière dont ces rapports de vitesse et de lenteur sont effectués suivant les circonstances, ou ces pouvoirs d’être affecté, remplis. Car ils le sont toujours, mais de manière très différente, suivant que les affects présents menacent la chose (diminuent sa puissance, la ralentissent, la réduisent au minimum), ou la confirment, l’accélèrent et l’augmentent : poison ou nourriture ?
(…) Comment des individus se composent-ils pour former un individu supérieur, à l’infini ? Comment un être peut-il en prendre un autre dans son monde, mais en en conservant ou respectant les rapports et le monde propres ? Et à cet égard, par exemple, quels sont les différents types de sociabilité ? Il ne s’agit plus d’un rapport de point à contrepoint, ou de sélection d’un monde, mais d’une symphonie de la Nature, d’une constitution d’un monde de plus en plus large et intense. Dans quel mesure et comment composer les puissances, les vitesses et les lenteurs ?

Extraits de Spinoza, Philosophie pratique, Editions de Minuit; Édition : [Nouv. éd.] (1 avril 2003) Collection : Reprise.

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Entre les blancs et les bleus, des relations dedans/dehors qui diffèrent déterminent un certain rapport au temps, une certaine gestion de l’énergie, mode d’occupation de l’espace, l’insertion dans des machines naturelles ou dans la fabrication d’artefact technico-guerriers, etc. Et tout s’oppose pour faire histoire.
Problème ?
Quelque chose ne colle pas chez les hommes bleus. Très précisément le rapport au temps et à l’espace qu’on serait en droit d’attendre au regard de leur connectique au super réseau naturel.
Question initiale avant développement : pourquoi le personnage bleu féminin est-il de loin le personnage qui fonctionne ou fictionne le mieux ? Autour de cette interrogation simple on s’aperçoit bien vite que le film en reste le plus souvent à des intentions artificielles et confuses, et que ces hommes bleus ne sont finalement que ces hommes blancs débarrassés de quelques uns des encombrants soulignés par l’époque.

Ce qui choque, ce qui ne colle pas, c’est le manque de lenteur(s) de l’homme bleu. La lenteur, c’est-à-dire l’expression de la valorisation d’un certain style d’énergie en résistance à la dissipation brutale des forces. Un style d’intégration végétale au dehors que seule porte par instant le personnage bleu féminin.
Quand la vitesse maximale de leurs connexions au réseau naturel devrait renvoyer à la limite à une forme d’immobilité dans l’environnement, l’homme bleu reste enfermé par le film dans un éloge de la vitesse visible et de la communication.
Humain trop humain, on reste tous blanc : vitesses spectaculaires, vols héroïco-deltaplanesques et sports de l’extrême où la vie est plus forte car plus rapide, plus d’adrénaline et de pulsion de fuite.
Pour le dire autrement, dans son rapport à la nature de la jongle, son niveau d’intégration à la machinerie naturelle tel que présenté sous l’aspect de ses connectiques rhizomiques, l’homme bleu nous apparaît le plus souvent comme animés par des affects étrangers à ce rapport, de sorte que toute sa végétalo-cybernétique devient simple gadget. Si l’homme bleu habitait réellement le mode d’existence singulier qui nous est proposé, alors il ne pourrait faire ceci et cela, à commencer par courir dans tous les sens du dehors.

Nous voilà donc comme confronté à un problème d’ordre éthologique relatif aux vitesses et aux lenteurs des formes de vie qu’on invente, et dont l’organisation interne et le degré d’intégration au dehors ne colle pas aux affects qu’on lui attribue pour les besoins de l’histoire.
Cette imcompossibilité, que l’on pourrait qualifier de rythmique, produit incohérence et indifférence dans le récit. Dans l’opposition des mondes telle que posée initialement, l’homme bleu à la stratégie et connectique « végétale », celui-ci ne peut avoir les mêmes rythmes que l’homme blanc « volumique animal ». Et si les rythmes des hommes bleus ne cohabitent pas avec ses affects supposés, à contrario, humains et bleus ayant des vitesses tout à fait communes, ceux-ci devraient donc pouvoir coexister.

Le mode d’existence de l’homme bleu est un faux, situé à la bonne mi-distance classique de l’anthropocentrisme et de l’ethnocentrisme. La question du film se pose alors ainsi. Si l’homme bleu n’est qu’un homme amélioré par une sorte de super connectique végétale, en est-il une figure du passé ou de l’avenir ? Faut-il devenir ou revenir bleu ?
C’est à cette question centrale que le syncrétisme tout azimut du film n’apporte précisément aucune réponse, sauf celle d’une coexistence impossible.

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 (Re)(De)venir des bleus ?

Intention

C’est quoi le programme ?

A propos de Thoreau, Fréderic Gros soulignait (en marchant) cette idée du grand Ouest : le sauvage ce sont les forces de l’avenir. Ce qui est le plus primitif, ce qui déborde de l’humain représente en même temps la source de renouveau, les forces du futur.
Finalement, bien peu de traces du primitif sur Pandora, seules quelques bêtes sauvages. Mais persiste néanmoins cette idée du renouveau par un primitif dont différentes symboliques nous sont jetées en mélange sur la pellicule.
Car par ailleurs, il semble bien qu’il n’y ait pas de revenir possible. Il faut devenir bleu. Un peu par la grâce de l’ignorance, du saint esprit cybernétique de la forêt, mais sans oublier pour autant de posséder les quelques vertus cowboys nécessaires à son initiation.
C’est ainsi que les méchants humains, exception faite du happy few des heureux élus, sont priés de retourner sur leur planète dite agonisante. Quant à notre paralytique idiot, il quitte sa forme humaine pour devenir bleu.
Si l’on voulait retrouver un peu de cohérence dans le propos, on dirait qu’il gagne en intensité au fil de ses croisements bleus, accédant ainsi au stade d’une sorte de surhomme végétalo-cybernétique. L’homme blanc n’était donc ainsi qu’un avatar préparatoire à l’homme bleu dans l’histoire.
L’homme blanc doit mourir, il est maintenant bleu. Reste qu’il n’y aurait donc pas d’autres alternatives que de devenir bleu. Et cette curieuse alchimie, elle tombe toujours du ciel ?

Arrivé à ce stade, on ne sait plus ce que le film propose ou ne propose pas d’ailleurs. Est-on choisit par l’esprit cybernétique qui habite les lieux ? Si oui suffit-il d’être idiot au sens socratique pour être élu ? Doit-on redevenir indien ou devenir quelque chose d’autres dont on nous mélange des traces à l’écran ? Comment se brancher ? Par où ça commence ? Un retour au primitif et un oubli de quoi dans les mémoires ? Pourquoi doit-on être adoubé par les hommes bleus pour ce faire ? Sont-ils les gardiens mot de passe d’un nouveau temple ?

L’absence de proposition qui caractérise ce film semble néanmoins satisfaire un public qui se lève comme un seul homme. Soudainement conquis par la cyberbotanique et les joies du jardinage, il s’en vient à applaudir à sa propre expulsion. Quoi en penser ?

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Ampoule, chou, fil à plomb [un geste pour la planète®], qui parle à qui et de quoi ?

Ampoule, chou, fil à plomb [un geste pour la planète®], qui parle à qui et de quoi ? dans Ecosysteme TV.fr image0012

Lampe à basse consommation: un geste pour la planète®
N’imprimer ce mail que si nécessaire : un geste pour la planète®
Regarder Michel Drucker en mode Xanax sur canapé : un geste pour la planète®
Connaissance par ouï-dire : un geste pour la planète®
Eteindre les Lumières : un geste pour la planète®

Plus on parle et moins on sait de quoi on parle. Que veulent dire les mots ? « Pour la planète », ça veut dire quoi ?

Première option : « pour la » = au nom de

Révolution de la pensée, il n’y aurait donc qu’une seule planète possible, mieux, celle-ci parlerait à des Jeanne d’Arc de l’« avant moi le déluge ». Heureuses élues de la voie et des voix, charge à elles de relayer quelques certitudes labélisées en batteries « au nom de la planète ».
Si l’on regardait dans le rétroviseur de l’histoire, sans doute serait-on surpris du parcours de toutes ces « avant-gardes » autoproclamées ayant tour à tour de passe-passe copyrightées leurs discours « au nom » du grand Un. De la planète, de Dieu, du peuple, etc., et hop, d’un lit de l’Un à l’autre pour de beaux draps.

Au nom de, ce mode de communication [un geste pour la planète®] devient alors l’exact inverse de ce à quoi devrait nous conduire l’écologie : la reconnaissance d’un ensemble monde incertain, complexe et multiple, duquel émerge un homme qui ne lui est pas nécessaire. Un monde humain qui se proposerait d’éduquer à attention et non d’étouffer les siens par la diffusion en boucle ouï-dire de notions prescriptives. Un monde humain de liaisons et non d’opposition entre des « avant moi le déluge » sans histoire et des « après moi le déluge » qui eux en ont fait leur deuil. Pile ou face choisissez votre camp, comme noir s’exprime comme blanc.

Seconde option : « pour la » = à la place de

Si les mots ont encore un sens, peut-être qu’une certaine rigueur commanderait d’oser avancer « parler à la place de la planète ». Chose qui relève d’une activité d’écriture et de traduction des mondes que l’homme pratique depuis un peu plus hier, à ses façons. Mais on devine que celui qui entend « parler à la place de la planète » n’engage pas une même responsabilité que celui qui prétend bavarder « en son nom ». Ce dernier n’étant après tout qu’un praticien du buzz-relais des idées courantes.

Si vous prétendez parlez « à la place » de la planète, vous avez beaucoup de talents, une joyeuse science de l’attention. Si vous prétendez parlez « au nom » de la planète, le principe de précaution « commanderait » de vous taire, urgemment si vous prétendez incarner un changement de drap.

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http://www.dailymotion.com/video/x31hn7 La joie de celui qui ne croit en rien

http://www.dailymotion.com/video/x3k70s Intégration de la partie, récits et représentation, etc.

http://www.dailymotion.com/video/x49ieh Rabattage des moi, d’émoi …

http://www.dailymotion.com/video/x3im00 A la place de …

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Pour savoir, il faut s’imaginer, pour s’imager, il faut …

Pour savoir, il faut s'imaginer, pour s'imager, il faut ... dans André Gorz image001

Ecarter, désynchroniser, création de zones grises pour capture et/ou déverse.

Pour savoir, il faut s’imaginer, pour s’imager, il faut … démon-remonter.

Petite mise en code barre parallèle.
Coupure entre production et reproduction chez les plantes photosynthétiques, droit de propriété collé dans les semences et limitation des possibilités de sélections et de croisements pour l’agriculteur.
Coupure entre production et reproduction chez les hommes « photo-synthétique », droit de propriété collé dans les images et limitation des possibilités de sélections et de (re)montages pour le spectateur.

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« (…) pour réfléchir sur une perception l’image que nous en avons reçue, il faut que nous puissions la reproduire, c’est-à-dire la reconstruire par un effort de synthèse. On a dit que l’attention était une faculté d’analyse, et l’on a eu raison ; mais on n’a pas assez expliqué comment une analyse de ce genre est possible, ni par quel processus nous arrivons à découvrir dans une perception ce qui ne s’y manifestait pas d’abord. La vérité est que cette analyse se fait par une série d’essai de synthèse, ou, ce qui revient au même, par autant d’hypothèses : notre mémoire choisit tour à tour diverses images analogues qu’elle lance dans la direction de la perception nouvelle. Mais ce choix ne s’opère pas au hasard. Ce qui suggère les hypothèses, ce qui préside de loin à la sélection, ce sont les mouvements d’imitation par lesquels la perception se continue, et qui serviront de cadre commun à la perception et aux images remémorées. »

Henri Bergson. Matière et mémoire, essai sur la relation du corps à l’esprit. Édition électronique a été réalisée par Gemma Paquet, réalisée à partir de Matière et mémoire. Première édition : 1939. Paris: Les Presses universitaires de France, 1965, 72e édition, 282 pp. Collection: Bibliothèque de philosophie contemporaine, p. 61.

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Bergson, pour réfléchir sur une perception l’image que nous en avons reçue, il faut que nous puissions la reproduire, c’est-à-dire la reconstruire par un effort de synthèse.
Accès à la connaissance par le remontage, reconstruction et simulacre mimétique de cette activité de sélection que nous opérons en permanence dans la fourmilière du réel. Chimie de synthèse, se donner à percevoir nos nourritures, nos poisons, utile propre variable selon les coordonnées de tel ou tel corps.

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« L’imagination avec le montage : l’imagination est d’emblée un montage, de par les images qu’elle associe, qu’elle saisit et qu’elle laisse ressurgir, remonter. Une part du travail de l’imagination est ainsi consciente, articulée à la raison, à l’organisation de la pensée. Une autre part en est l’inconscient, le condensé, le symptôme, si bien que l’imagination agence les images suivant des relations, des correspondances et des rythmes – entre ressemblance et dissemblance, liaison et déliaison, synthèse et déconstruction – qu’il s’agit finalement d’arrêter, de monter, ne serait-ce que pour les exposer, les traduire. Le montage serait le moment éthique et esthétique de l’imagination, parce qu’il est travail sur la forme et mise en forme. Il est principe d’écriture des images. » 
Mathilde Girard, Imaginer, monter – facultés politiques.

http://www.dailymotion.com/video/x5f9w9 (Re)Montage, dedoublage, mise en perspective de ses archives.

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Cette séparation entre production et reproduction, plantes, images, etc., ouvre à un devenir hacker. La nature ayant horreur du vide, cette séparation produit l’espace, habitat ou niche « écologique » d’occupation pour ces populations de hackers.
Hackers ou petits démons-remonteurs, ceux dont la fonction est de casser des liaisons. Par exemple celles condensées dans des images, libérant ainsi une énergie immatérielle qui, (re)mise en circulation devient énergie sociale potentielle. Le hacker décomposeur – décodeur occupe ainsi une fonction de pré-recyclage dans la chaine socio-alimentaire des images, des idées, nourrissant les saprophages de l’essaim social, et par suite, le terreau de la banque des images, le sol de nos idées.
Séparation entre production et reproduction, nous assistons aujourd’hui à de multiples « pesticides » tentatives de désaffection comme de désinfection de l’espace ainsi crée.
A bien des égards, Hadopi est un puissant pesticide social, celui-là même qui est en charge de priver de vie cet espace qu’un certain mode du penser [ouvre-écarte-arrache-insère] entre production et reproduction, des plantes, des images, des idées, etc.

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André Gorz, la sortie du capitalisme a déjà commencé, extrait de la version remaniée

« Ce qui importe pour le moment, c’est que la principale force productive et la principale source de rentes tombent progressivement dans le domaine public et tendent vers la gratuité ; que la propriété privée des moyens de production et donc le monopole de l’offre deviennent progressivement impossibles ; que par conséquent l’emprise du capital sur la consommation se relâche et que celle-ci peut tendre à s’émanciper de l’offre marchande. Il s’agit là d’une rupture qui mine le capitalisme à sa base. La lutte engagée entre les logiciels propriétaires et les logiciels libres (libre, free, est aussi l’équivalent anglais de gratuit) a été le coup d’envoi du conflit central de l’époque. Il s’étend et se prolonge dans la lutte contre la marchandisation de richesses premières – la terre, les semences, le génome, les biens culturels, les savoirs et compétences communs, constitutifs de la culture du quotidien et qui sont les préalables de l’existence d’une société. De la tournure que prendra cette lutte dépend la forme civilisée ou barbare que prendra la sortie du capitalisme.
Cette sortie implique nécessairement que nous nous émanciperons de l’emprise qu’exerce le capital sur la consommation et de son monopole des moyens de production. Elle signifie l’unité rétablie du sujet de la production et du sujet de la consommation et donc l’autonomie retrouvée dans la définition de nos besoins et de leur mode de satisfaction. L’obstacle insurmontable que le capitalisme avait dressé sur cette voie était la nature même des moyens de production qu’il avait mis en place : ils constituait une mégamachine dont tous étaient les serviteurs et qui nous dictait les fins à poursuivre et la vie a mener. Cette période tire à sa fin. Les moyens d’autoproduction high-tech rendent la mégamachine industrielle virtuellement obsolète. Claudio Prado invoque l’appropriation des technologies parce que la clé commune de toutes, l’informatique, est appropriable par tous. Parce que, comme le demandait Ivan Illich, chacun peut l’utiliser sans difficulté aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire… sans que l’usage qu’il en fait empiète sur le liberté d’autrui d’en faire autant ; et parce que cet usage (il s’agit de la définition illichienne des outils conviviaux) stimule l’accomplissement personnel et élargit l’autonomie de tous. La définition que Pekka Himanen donne de l’Ethique Hacker est très voisine : un mode de vie qui met au premier rang les joies de l’amitié, de l’amour, de la libre coopération et de la créativité personnelle. »

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http://www.dailymotion.com/video/x6mo0t

Integration en appartement …

Et leurs feuilles enveloppantes (…) toutes ces choses avec lesquelles il [était] bon d’aller …

Deux habitats (agencements) urbains en compétition de substitution.
Peuplement des canapés de salon & télévision : niche globale, terrier d’un spectateur, dedans.
Peuplement des bancs publics & strate arborée : niche locale, corridor d’un flâneur, dehors.

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« Trace et aura. La trace est l’apparition d’une proximité, quelque lointain que puisse être ce qui l’a laissé. L’aura est l’apparition d’un lointain, quelque proche que puisse être ce qui l’évoque. Avec la trace, nous nous emparons de la chose, avec l’aura, c’est elle qui se rend maîtresse de nous. »
Walter Benjamin, Paris, Capitale du XIXe siècle, Edition Cerf, 1989, p. 464

« Pour connaître toute la mélancolie d’une ville, il faut y avoir été enfant.»
Walter Benjamin, l’Enfance berlinoise.

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De petites différences inévidentes qui produisent d’autres différences,
Découplage production – reproduction,
Mise en appartement du dehors,
Ecologie urbaine,
Du flâneur au spectateur,
De la trace à l’aura,
Mimétisme des affects …

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http://www.dailymotion.com/video/xalm0t

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Peu sur l’extinction des boudoirs publics,
Transformés canapé de salon,
Privatisation de la rue [par-en] appartement,
Spectateur communiant face contre écran,
Amen et communion en télévision,
Meetoc et autre plante verte,
Le dehors,
Prétexte à ramener dedans,
La terminaison des
flâneurs,
Dos à la course mimétique des temps,
[Court y dort] …

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Integration en appartement ... dans Ecosysteme TV.fr image0025

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Quelques pas …

Apologie des bancs publics 
Guerrilla benching 
Le terrier de Frantz Kafka
La figure dans le paysage

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http://www.dailymotion.com/video/x6xjdt Imaginaire urbain …

Des pavés sur les plages

vitesse 
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En période estivale, c’est bien connu, la biomasse de l’écosystème presse s’allège lourdement pour se gonfler de people dans les branchages. Nouveauté des climats, s’en vient également à fleurir, ici et là de manière presque homogène, notes et billets verts d’orientation théorique entendant nous donner matières à écologiser sur les plages.

Est-ce la pauvreté des sols ou le déficit hydrique de la période, mais force est de constater d’un caractéristique commune : peu nous apprendre de la question présente. De bons bio-indicateurs symptômes du niveau de pollution des esprits lorqu’ils baignent dans de haute concentration de prêt à penser.

Prêt à penser ou recyclage d’oppositions standards entre des catégorisations floues et stérilisées par la flèche du temps, l’individuel et le collectif, l’homme et la technique, et l’on continue business as usual à lancer toute sorte d’absolus les uns contre les autres, mots de code de sa chapelle et autres rêveries jetés dans les mares.

L’un qui masque toujours l’autre garde bien au secret ce que devrait être la formule de base d’une vision écologique : ne percevoir et ne donner à percevoir jamais seulement ceci et rien d’autre. Si vous êtes incapable de percevoir l’arbre derrière la forêt, et inversement, passez à autre chose, vous ne donner rien à voir du nouveau de la question.

Parallèlement, c’est aussi cette formule d’un Socrate élevé à la soupe quantique, extraite d’un rapport de l’OMS de 1958 consacré au développement de l’énergie nucléaire et rapportée par Aurélien Boutaud dans un article sur les dangers de la «croissance verte», et que l’on pourrait amander comme suit : « Voir monter (faire émerger) une nouvelle génération (attentive) qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude (quant aux réponses du monde à nos actions). »

Petit montage des vues, du pire au meilleur.

vitesse optique

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Les absolus (ment) flous : le collectif versus l’individuel

Ecologie : tous ensemble, par Stéphane Madaule, essayiste, maître de conférences à Sciences-Po Paris.
Libération du 30/07/2009.

« L’avènement de l’écologie ne signerait-elle pas le retour d’une prise en compte du collectif, de l’intérêt général, face à un individualisme forcené qui nous était présenté comme la pente naturelle de notre évolution ? (…)
Or avec l’écologie, avec la prise en compte de l’environnement, il n’est plus possible de militer pour le chacun pour soi. De la consommation des uns dépend le bien-être des autres. Nos modes de vie sont interconnectés. Le collectif prend à nouveau le pas sur l’individuel et redonne à la politique un espace de liberté que l’on croyait perdu. La recherche de l’intérêt général ne passe plus par la somme des intérêts particuliers. Le marché, incapable d’intégrer les externalités négatives de nos consommations, incapable de réduire les inégalités entre les hommes, incapable de gérer nos ressources sur le long terme, n’est plus la solution unique. L’intervention de l’Etat, l’implication des citoyens, le retour de la politique sont à nouveau nécessaires pour reprendre le fil de notre avenir commun. Le succès d’Europe écologie, aux dernières élections européennes, témoigne de cette évolution. »

Individuel versus collectif. On se demande bien à quoi pourraient renvoyer aujourd’hui de telles catégories de pensée non questionnée. L’environnement c’est à la fois la condition d’existence des individus (là où ils racinent) et le produit des transformations que lui impose l’activité sociale de ces-mêmes individus (là où ils consomment). Le succès fictionnel et ponctuel d’Europe écologie, c’est d’avoir su donner à voir à la fois l’arbre et la forêt sans que l’un ne masque l’autre, à la fois la crise écologique et financière, à la fois la France et l’Europe.

Cette nouvelle articulation du à la fois, l’émergence d’un individu coloniaire en réseau, producteur et produit de transformations à haute vitesse, implique de porter son regard sur le singulier. Celui d’une attention individuelle à toujours (re)conquérir. Si solutionner des problèmes d’une nature globale requière une micro-politique de l’action quotidienne, alors il convient de ne surtout pas l’abandonner aux filets des héroïsmes institutionnels comme idéologiques. D’une et avec la matière première singulière, comment penser l’émergence de nouveaux types de collectifs fluides relationnels. Habiter naturellement la technique, notamment celle de l’internet, modèle de combinaison, de rencontre, de production libre et décentralisée (pour combien de temps ?). 

http://www.dailymotion.com/video/x874w9 Rythmes et biologie.

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Les absolus (ment) flous : l’humanisme versus les sciences et les techniques.

Contre Allègre : une écologie qui émancipe, par Denis Baupin adjoint au maire de Paris chargé de l’environnement, du développement durable et du plan climat.
Libération du 05/08/2009.

«  Fidèle à la stratégie de son nouveau maître – Nicolas Sarkozy -, Claude Allègre prétend, en s’appropriant indûment l’identité de ceux qu’il veut combattre- les écologistes -, se parer lui-même des habits de l’écologie, avec la création prochaine de sa Fondation pour l’écologie productive (Libération du 17 juillet). Venant d’un des principaux négationnistes du dérèglement climatique, y compris au prix du tripatouillage de travaux scientifiques, le propos pourrait faire sourire. Mais on aurait tort de se contenter de ce premier réflexe. Claude Allègre n’est que la figure la plus caricaturale d’une entreprise plus globale visant à se réapproprier le succès des écologistes pour mieux le dénaturer.
Cette entreprise utilise deux artifices. Le premier est un grand classique : faire passer les écologistes pour des passéistes, des opposants au progrès, etc. (…) Le second, plus nouveau, est devenu un passage obligé pour tout politique en panne de discours : repeindre en vert les politiques les plus productivistes et polluantes, afin de leur donner une nouvelle légitimité. (…)
(…)  il y a bien deux visions différentes de l’écologie. L’une, malgré les alertes alarmistes des scientifiques du climat et de la planète, prétend, sous couvert d’écologie, qu’il suffit de croire aveuglément aux avancées technologiques portées par quelques scientistes financés par les lobbys pour tout résoudre. L’autre préconise une approche lucide, laïque vis-à-vis du scientisme technologique, mais résolument émancipatrice, humaniste et optimiste parce que faisant confiance aux êtres humains – et pas qu’à quelques-uns – pour trouver démocratiquement la voie d’une civilisation écologique, sobre, juste et donc éminemment moderne. »

Action, réaction. Opposition sans cohabitation possible, toujours seulement ceci et rien d’autre des deux côtés (pub et anti-pub font pub). Où comment les excès des uns font le miroir des autres. Sans questionner ici la vision technophile de Claude Allègre, batteries de solutions clef en main parmi tant d’autres, arrêtons-nous un instant sur les propos de Denis Baupin.

Ce dernier s’interroge-t-il seulement sur le pourquoi et le comment de la récupération (si facile) de l’écologie normative ? Quels sont exactement les succès récupérables de l’armée verte de Denis Baupin ? Des individus bombardés d’images catastrophiques qui ne finissent plus par rechercher dans l’environnement que ce qu’on leur a mis dans la tête à l’avance : l’arbre sauveur, l’air chaud menaçant, etc.

« Un État qui rapetisse les hommes pour en faire des instruments dociles entre ses mains, même en vue de bienfaits, s’apercevra qu’avec de petits hommes rien de grand ne saurait s’accomplir. »
John Stuart Mill / 1806-1873 / De la liberté / 1859

Par ailleurs, qu’est-ce que l’identité écologique sinon une fixation de l’air du temps non écologique? Le principe de précaution ne devrait-il pas s’appliquer également dans le champ lexical quand on s’en vient à convoquer des mots aussi lourdement chargés que « négationniste ». Contrairement à ce qui est annoncé, les termes du discours nous renvoient à une écologie dure et défensive sur ses frontières. De toute sa hauteur, le pilote qui entend commander d’en haut l’ensemble des sciences du vivant. Sa mission ? Sauver le monde. Quel monde ? Qui parle ? La machine est en place, on n’en sait rien, ça vient sur moi d’en haut.

On est loin dans l’expression de faire émerger une «nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude». Le monde n’est pas donné transparent à l’avance, par l’écologie pas plus qu’un autre domaine ou dispositif des savoirs. Il n’y a pas de sauveur, il y à penser et expérimenter avec attention une co-présence (homme – nature – artefact) au monde.

Or la trajectoire de l’attention au monde se distingue de celle d’un savoir à conquérir. Ne s’attachant qu’à imposer (par les toujours mêmes méthodes dures sur le désir) la transparence de la seconde, la pratique écologique dominante oublie la figure poètique, sa capacité à diffuser et intégrer les artefacts dans une vision englobante et littéraire du monde. Les artifices, les jeux de l’esprit qui nous permettent de ne pas avoir à choisir entre la technique et la nature, de densifier sa présence à un monde compris comme un ensemble en coévolution, et dont nous portons des traces [à démonter, à remonter]. 

http://www.dailymotion.com/video/x71djv Homme – Nature – Artéfacts, coévolution.

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Pour finir sur une note optimiste, quelques extraits de l’entretien avec Marc Mimram paru dans le Monde du 04.08.09 sous le titre Le territoire est un bien précieux.

Petite remarque liminaire, il semble bien que l’écologie porte en son sein une profonde remise en question du levier vitesse (mode de transport doux, agriculture biologique et rythmes des sols, etc.), de cette accélération du rythme de l’homme joueur de tambour sur sa galère terre : circulation des marchandises, des flux financiers, de  l’information numérisée, des images et des virus, etc.

Si l’accélération produit de la valeur et du pouvoir temps par la rotation de l’ensemble des stocks possibles, elle décohabite les rythmes biologiques, brise les chaînes symbiotiques en imposant un tempo forcené à l’ensemble du vivant. L’homme dedans en devient inattentif, faute d’un esprit capable de tirer des ponts à haute vitesse entre les choses, le défilement du paysage n’étant plus adapté à ses capacités de traitement visuel en 24 images seconde. 

Il est donc tout à fait étonnant de constater qu’une certaine manière de faire de l’écologie, toute urgence tenante, cherche à s’arrimer à cette vitesse : production d’images catastrophiques intraitables et non cohabitables, machine à s’empresser de produire des normes, sans perspective, sans prospective, etc. Dernier point que relève Marc Mimram parmi d’autres contradictions de l’identité écologique successful si chère à Denis Baupin, en passant par les images-commandements qu’un bon YAB nous envoie du ciel.

« Etre attentif à l’économie de matière, être frugal, c’est une forme d’attention au monde, ce n’est pas produire des normes. Mais la machine est en place. On fabrique des normes à une vitesse phénoménale, des normes qu’on retrouve dans l’esprit des gens. Ne croyez pas que je suis hostile à l’écologie. Mais ce consensus généralisé m’inquiète. Si ça a pour seule vertu de réduire les fenêtres, d’ajouter des isolants, on s’éloigne des vraies questions. »

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Extraits de l’entretien :

 » (…) Dans la dimension territoriale, il y a la part de l’infrastructure, tout ce qui est routes, ponts, canaux, égouts, câblage… et celle des territoires. L’infrastructure n’est pas un mal en soi, on l’utilise tous, mais il faut considérer le territoire sur lequel elle s’inscrit comme un bien aussi précieux, et reconquérir les territoires qui ont été saccagés par ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, normalisent la verdure (…)
Le plus grand mal dans le développement urbain, en dehors des villes, c’est vraisemblablement les « gated cities » (regroupements de résidences protégés par des barrières et soumis à des règles de gouvernance territoriale privée) et les lotissements (…)

Qu’est-ce qui fait que les lotissements sont à vos yeux inacceptables ?

Tout. Le collage stylistique dans un abandon de la raison, de l’intelligence constructive, l’indifférence pour les ouvriers, l’oubli de la population déjà présente, du fleuve qui coule à côté, les ruptures d’échelle, les mégastructures qui s’appuient sur le quartier de la Défense, tout cela est terrifiant. C’est un problème de société, et de reconnaissance sociale. Le capitalisme trimballe avec lui une sorte de vision idyllique de l’architecture et de la ville : la maison, le lopin de terre et la façon dont il faut les arranger… Tous les signes de reconnaissance d’un goût et d’un modèle social obligés. Lorsque nous y échappons, c’est que nous avons acquis ou hérité d’une forme de culture plus large. En début d’année, je dis à mes étudiants : « Vous allez apprendre ici à aimer ce que votre mère déteste. » Posons la question du goût, qui semble relever du tabou. Elle renvoie à la question de la pensée un peu immanente de l’architecte. C’est vrai que l’art est aujourd’hui lié à une pensée conceptuelle, et que cette situation coupe de tout, y compris de la question du goût. Prenons les choses dans l’autre sens. Pensons à des architectes contemporains pour lesquels nous avons la même admiration, par exemple l’Australien Glenn Murcutt. C’est quelqu’un qui assemble parfaitement des éléments simples. Il n’y a pas chez lui de questions stylistiques très élaborées, simplement une manière directe d’aborder la question du rapport au sol, à la nature, à la fabrication, avec le souci précurseur du développement durable (…)

(…) Penser l’architecture, c’est penser une forme d’appartenance au monde (…) si on considère l’informatique comme un moyen de s’éloigner de la réalité, de transmettre des stéréotypes, là, on est dans le pire de la mondialisation. Toutes les villes peuvent devenir les mêmes, Pékin, Abou Dhabi ou Val-d’Europe (ville nouvelle de Marne-la-Vallée, à proximité immédiate de Disneyland Paris). Cette mondialisation est en fait une « dysneylandisation ». Nous sommes passés d’une architecture classique à l’architecture triomphante de la modernité, puis à ce qu’on a pu appeler la postmodernité ou ses divers avatars. Aujourd’hui, au terme de cette aventure, nous sommes arrivés au degré 0 de l’attention au monde.

 (…) Je ne connais pas un seul industriel aujourd’hui qui ne soit pas « vert », cela veut dire que quelqu’un ment ou je n’ai rien compris. Comment peut-on prétendre que l’aluminium, qui n’est que de l’énergie, du transport et de la bauxite de Nouvelle-Zélande, est écolo ? Autre exemple : le bois. Prenons une construction qui me touche de près. Quand j’ai construit la passerelle de Solférino, à Paris, j’ai dû mettre un plancher sur la passerelle. J’ai opté pour l’ipé, ce qui m’a valu les foudres de l’association écologiste Robin des bois.
Qui a raison, qui a tort ? On trouve ça sympathique quand c’est du pin, parce que le pin pousse en France, et que ça nous permet de valoriser la forêt landaise. Mais ce n’est pas très sympathique du point de vue du mec qui est dans le fin fond de l’Amazonie ou de l’Afrique, qui a un gros azobé dans sa cour et espère le vendre pour nourrir sa famille. Le vrai problème est celui du prix que nous sommes prêts à payer.
Pour changer la donne, il faudrait un regard plus attentif aux choses et aux gens, donc au moins des conditions économiques différentes. Or on va dans le sens opposé, et en particulier lorsqu’on passe à la très grande échelle : certains particuliers, et à travers eux des Etats, achètent des millions d’hectares de terre, notamment en Afrique, sans aucun souci des populations qui vivent sur place.

(…) Il faut prendre les questions un peu plus en amont. Je suis un peu énervé par l’histoire du film Home (du photographe Yann Arthus-Bertrand). Regarder la Terre depuis le ciel en imaginant qu’on va régler des problèmes. Souvenons-nous là encore de Paul Delouvrier dans son avion, qui photographiait les sites des futures villes nouvelles. Maintenant, c’est Arthus-Bertrand qui fait le Delouvrier du développement durable.
Evoquer l’inévitable déplacement des Bengalis face à la montée des eaux, c’est aussi une injonction à repenser l’architecture et la ville. En incluant la question de la nourriture. Ne faut-il pas réfléchir à la place possible de l’agriculture en ville ? Que faut-il protéger des territoires, peut-on continuer à lotir, à faire des maisons Phénix ? La macro-vision et la micro-vision ne sont pas si détachées que ça.
Il y a quand même un certain nombre de gens dont la pensée évolue. Restons attentifs. On m’a appelé pour faire un pont dans une ville nouvelle sino-singapourienne. Bien sûr, cette ville est « écologique ». Qu’est-ce que c’est une ville écologique au-delà de l’effet d’annonce ? Il y avait là des rizières et des paysans dans leurs petites maisons en terre tellement belles. Ne pas voir cela, c’est déjà avoir raté les premières marches.

C’est un peu comme la « haute qualité environnementale », la norme HQE. Etre attentif à l’économie de matière, être frugal, c’est une forme d’attention au monde, ce n’est pas produire des normes. Mais la machine est en place. On fabrique des normes à une vitesse phénoménale, des normes qu’on retrouve dans l’esprit des gens. Ne croyez pas que je suis hostile à l’écologie. Mais ce consensus généralisé m’inquiète. Si ça a pour seule vertu de réduire les fenêtres, d’ajouter des isolants, on s’éloigne des vraies questions. « 

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