Archive pour la Catégorie 'Des figures, des visages.'

Page 3 sur 3

Avant moi le néant, après moi le déluge…

ecolobar

       Avant moi le néant, après moi le déluge…voilà la petite formule qui pourrait résumer le climat général qui règne chez nos différents piliers de l’écolobar « on refait la terre ». Premier nano-dialogue autour d’une tourtelle bio en centre ville.

[Bobo] La campagne c’est plus propre que la ville !

[Misantro] C’est surtout jolie la nature, quand tu vois les horreurs que construisent les hommes…moi je préfère les chiens !

[Inluenço] Le problème, c’est que le climat devient fou ! Nos anciens savaient bien faire pousser la tomate !

[Dialecto] Si un homme part dans la direction A et un autre dans la direction B, alors il devront forcement opposer A à B pour avancer.

[Antropo] Oui, d’ailleurs c’est fou ce que les pingouins ont une vie difficile !

[TeChno] Des poissons normés sans arrêtes sauveront les africains…

[Théologo] Le prix de nos erreurs à un coût ! Le CO2, c’est la pomme d’Adam.

***

Accélération de l’accélération

       Devant les certitudes des uns et les chiffres en camisole des autres, il est définitivement bien difficile de prendre une posture autre que théologique [c’est bien, c’est mal], très laborieux d’avoir une vue d’ensemble [croyant régler ceci, je déséquilibre cela]. Alors dans ce brouhaha d’opinions multiples, peut-être qu’une question pourrait nous ouvrir une première porte de sortie de notre écolobar « on refait la terre » : que se passe-t-il lorsqu’une espèce impose son ou ses (bio)rythmes (démographie, consommation, production…) à l’ensemble de la biosphère ?

birdline

Derrière la multiplicité des symptômes dans lequels nous nous noyons tristement en débats et discours stérilisateurs où tout se mélange de la cause à l’effet, de l’effet à la cause, il semble poutant qu’il existe une constante : l’accélération. Accélérer l’évolution végétale à travers les OGM, accélérer la radioactivité naturelle à travers exploitation de l’énergie nucléaire, accélérer l’écoulement des eaux à travers l’imperméabilisation des sols, accélérer les variations climatiques, accélérer la circulation de la monnaie, accélerer la rotation des stocks de marchandise etc…etc…jusqu’à accélerer notre propre évolution. 

birdcircle

Notre modernité ne serait-elle pas même une accélération de l’accélération ? A la suite de Michel Serres, nous en resteront au fait que le lièvre de la technique met à la rue la sélection tortue. C’est à dire qu’à une sélection naturelle extrêmement lente -  »because » fondée sur des mutations génétiques hasardeuses et nécessairement sélectionnées par un environnement - nous avons substitué une sélection artificielle externe fondée sur la technique, la multiplication des objets et la sélection « rationnelle et impulsive » d’un client. 

spotlight 

Aujourd’hui, avec le déploiement quasi auto-entretenu de nos technologies, l’espérance de vie d’un individu moderne doit être en réalité mille fois supérieure à celle d’un homme du XVème siècle en terme de temps disponible. Bien sûr une fois dit que celui-ci devait passer une heure à chercher de l’eau, une heure à couper du bois, une heure à élever ou cultiver sa nourriture, une heure de cheval pour communiquer…bref des heures qui finissent par être des années pour accomplir ces opérations de la vie quotidienne que nous pratiquons désormais en quelques fractions de seconde. 

Cette accélération générale de l’ensemble des activités de nos sociétés pourrait avoir une cause très simple : la lutte contre le temps qui passe. Là il faut rire ! Car au delà de la mort individuelle de tout un chacun, il faudra bien que l’espèce humaine colonise un nouveau système solaire d’ici quelques 5 milliards d’années, le soleil ayant lui-aussi des réserves en combustible limitées. Du simple fait que nous ne l’ignorons pas, nous sommes pris ensemble dans une longue course contre la montre.

Trap

L’ennui

       Cause X ou cause Y, cette accélération générale de l’ensemble des activités de nos sociétés a une conséquence très directe : la lutte quotidienne pour remplir un surplus de temps disponible. Une curieuse lutte contre la surabondance. Alors certes celle-ci demeure inégale selon les individus, mais au global, nos sociétés modernes sont très largement débarrassées des nombreuses tâches qui préoccupaient autrefois 95% de nos cerveaux reptiliens. Oui, ceux qui ont la queue qui repousse et qu’aujourd’hui on nourrit de télévision faute de mieux. 

Si autrefois on pouvait entendre : « le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont le pistolet chargé, et ceux qui creusent, toi tu creuses… », aujourd’hui on pourrait presque dire « le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un BlackBerry chargé, et ceux qui s’ennuient, toi tu t’ennuies… ».

Voilà bien une terrible question, que faire du temps qu’on a ? Produire du « contenu » façon prozac « multimaudiovisuel » et ainsi offrir du travail aux multiples artismes dans mon genre ? Voilà qui est sans doute satisfaisant en termes de biodiversité sociale, à condition que ces derniers ne commencent pas à se prendre trop au sérieux ! Sauver la planète ? Voilà d’ailleurs un bon exemple de ce que pourrait être ce genre de concept  »sérieux ». Sans doute devrions-nous commencer par nous sauver nous-mêmes avant de penser à la planète, surtout quand celle-ci est vue comme un « autrui », sorte de victime nécessaire à un délire culpabilisateur collectif conjugué au présent, passé et futur. Or comme dirait Spinoza, la tristesse sous toutes ses formes – culpabilité et anthropomorphisme en l’occurence – ne mène certainement pas à l’action.

Boring trap

Finallement toutes ces interrogations semblent nous ramèner le plus souvent à l’ennui qui caractérise nos sociétés modernes, et sans doute à son lot de bêtises qui l’accompagne. Ne serait-ce pas là d’ailleur la pire des pollutions mentales de l’époque ? L’ennui, cette espèce d’absence d’attention au monde. Cette indifférence apparente qui s’exprimerait dans un découplage permanent de tout avec tout et qui aurait pour principale conséquence de nous faire rabattre toute différence ou altérité sur du connu. Connu trop connu qui en retour nous ennuie à nouveau. Bref, nous avons du temps comme jamais, mais nous ne savons pas quoi en faire. Nihilisme, fin de l’histoire des habitants de la face cachée de la lune nous dit le médecin. L’ennui, voilà peut-être aussi un vrai problème écologique…

Transition…

       Rien de très neuf n’ayant été formulé dans cette article, profitons en pour souligner que la manière avec laquelle nous abordons aujourd’hui l’écologie n’a curieusement rien de bien nouveau. Le plus souvent, il ne s’agit même que d’une simple réactualisation ou reformulation de questions très anciennes : gérer des pénuries, optimiser des coûts et répartir des revenus…Sans doute que nos anciens devaient être de fieffés idiots pour ne pas avoir règlé ces questions de manière correcte…c’est à dire comme nous le ferions aujourd’hui à l’aide de connaissances malheureusement actuelles (sic!).

Mais comme nous n’avons que peu de mémoire – ou alors éprouvons un besoin vital de réinventer la roue – et que nous ne comprenons visiblement pas que les questions et les réponses ne se posent et se proposent à une société que dans certaines conditions historiques et géographiques paticulières, et bien nous continuons de chanter tous en coeur à l’écolobar: « avant moi le néant, après moi le déluge ». 

Dans quel écosystème de pensées sommes-nous aujourd’hui enfermés pour produire si peu et être payés de tant d’ennui en retour…? Voilà ce que me disait l’autre jour un surprenant taxi, sans doute un membre de la famille spirituelle des Finkielkraut, en tout cas de celle qui arrive à parler décadence à partir d’une discussion vélib :

[xxx...des jeunes dynamiques avides de prendre leur part du gateau et qui ne contestent plus que pour accéder au modèle, des jeunes-vieux anciennement dynamiques ayant à présent une indigestion durable et qui sombrent dans un ennui maquillé en doute, une créativité maintenant déplacée du côté de ceux qui font la norme (SD21000, ISO14000, RF, NAFNAF and co...), des collectifs anti qui ne pensent pas à penser contre eux-même, des politiques en mode boîte aux lettre pour cathodo-catholos depressifs, partout des égos polis comme les grains de sables d'une plage du Touquet...et moi qui n'ait rien de plus à proposer que des catégories dépassées...lire...lire...lire...écouter...bip, fin de transmission...xxx]

Traduction positive : nous sommes tous pris de vitesse ! Ce n’est que le début de quelque chose….se réinventer
Ajout négatif : ça doit sûrement être la faute de quelqu’un ! On n’est pas sorti du bar…se saoûler

Des figures, des visages : le feu de la technique

Où en sommes-nous ? Nos petites espèces immatérielles vivent donc sur différents « territoires » de la pensée, territoires dans lesquels elles sont soumises à des forces, ou plutôt des rapports de forces. Après le vent de la bêtise, voilà donc le feu de la technique. Petite visite guidée par le couple Bergson/Serres

http://www.dailymotion.com/video/2IZGoUqhZXYUTkIln

http://www.dailymotion.com/video/4xoSWEuJPvMPekIRY

Illustrations sonores d’après extraits du dossier France Culture : Bergson, le cinéma de la pensée

+ Tags associés à Bergson, blog de Jean-Clet Martin

Des figures, des visages : ritournelles de l’artiste et de l’artisme

     Les « hommes de l’art » habitent-ils tous sur un même territoire ? Si oui, certains habitants des parties les plus planes seraient-ils plus soumis que d’autre au vent de la bêtise ? Si non, comment identifier les différents territoire de toutes ces peuplades qui se revendiquent d’un même drapeau de l’art ? Les uns seraient-ils des joueurs capable de s’abandonner à la vie pour mieux capter un moment de ses forces et découvrir de nouvelles couleurs au risque d’y perdre la santé ? Vivant sur un territoire beaucoup moins hasardeux, les autres seraient-ils des calculateurs, des maîtres mots surtout très hypocondriaques ? Bien difficile à dire. Mais si cette distinction peut faire sens, alors à la vieille dichotomie art objectif /art subjectif, nous substituons joyeusement une frontière poreuse entre l’artiste et l’artisme. A chacun sa chanson, et voilà deux espèces « immatérielles » de plus dans notre petite arche des idées de l’époque…

Ritournelle de l’artiste joueur:

Ritournelle de l’artisme débutant:

Ritournelle de l’artisme finissant :

Des figures, des visages : le vent de la bêtise

     Dans une note précédante, nous nous étions demandés : qui chante quoi appartient à quoi ? Nous avions alors imaginé ce pourrait être les différentes “espèces” qui peupleraient une sphère de la pensée. Ce que je suis capable de dire révèle un mode d’existence. Ce que je suis capable de dire, je le peux en fonction des idées adéquates ou inadéquates que j’ai, et dont découle les affects qui me sont accessibles nous dit Deleuze en commentant Spinoza. Alors à chacun sa chanson, son éthologie propre, sa manière de coloniser, piller ou composer son territoire. 

Suivant cette ligne, nous avions donc tenté quelques portraits sonores comme autant de clichés, à tous les sens du terme, de notre époque. Il est évident qu’il ne s’agit nullement d’une forme de jugement de valeur, sans quoi nous trahirions la ligne qui nous inspire. Car sous quel fondement ? Et puis la vie se juge déjà elle-même. 

Donc pour continuer avec notre analogie, si ridicule soit-elle, nous dirons maintenant que ces territoires  »immatériels » dans lesquels nous vivons sont soumis à des forces. Ce quelque chose dans l’univers qui nous force justement à penser, à bouger ou à nous aplatir. Le phénomène conscient, nous dit Nietzsche, n’apparait d’habitude chez l’homme qu’en tant que symptôme de la rencontre d’une partie avec un ensemble ou puissance supérieure. Elle témoigne ainsi de la formation d’un corps, ou rapport de forces, supérieur :  »La conscience n’apparit d’habitude que lorsqu’un tout veut se subordonner à un tout supérieur [...] La conscience naît par rapport à un être dont nous pourrions être fonction. » La volonté de puissance, II, 227.

Extraits de Pourparlers, Gilles Deleuze : « […] C’est que les forces de l’homme ne suffisent pas à elles seules à constituer une forme dominante où l’homme peut se loger. II faut que les forces de l’homme (avoir un entendement, une volonté, une imagination, etc.) se combinent avec d’autres forces […] La forme qui en découlera ne sera donc pas nécessairement une forme humaine, ce pourra être une forme animale dont l’homme sera seulement un avatar, une forme divine dont il sera le reflet, la forme d’un Dieu unique dont l’homme ne sera que la limitation (ainsi, au XVIIe siècle, l’entendement humain comme limitation d’un entendement infini) […] C’est dire qu’une forme-Homme n’apparaît que dans des conditions très spéciales et précaires : c’est ce que Foucault analyse, dans Les mots et les choses, comme l’aventure du XIXe siècle, en fonction des nouvelles forces avec lesquelles celles de l’homme se combinent alors. Or tout le monde dit qu’aujourd’hui l’homme entre en rapport avec d’autres forces encore (le cosmos dans l’espace, les particules dans la matière, le silicium dans la machine…) : une nouvelle forme en naît, qui n’est déjà plus celle de l’homme […] »

Finallement, on ne sait jamais à l’avance comment on va devenir ceci ou apprendre cela. Construire un territoire ou s’implanter sur un existant dépend donc aussi de ces forces avec lesquelles on se combine.  Parmi ces « forces » ou « puissances » qui nous bousculent, glissons dès à présent une oreille sur le vent de la bêtise. Allons vite construire des moulins ! 

http://www.dailymotion.com/video/2ffSr31evcnUakAeo

Source illustration sonore :  David Rabouin, chercheur en Philosophie au CNRS et Chargé de cours à l’ENS, d’après extraits des nouveaux chemins de la connaissance - Trajectoires de la bêtise (3/5) - France Culture.

Des figures, des visages : petites ritournelles de l’époque

Des figures, des visages : petites ritournelles de l'époque dans Deleuze greensun

Avec la révolution industrielle s’opère l’accomplissement de l’individu moderne, maître et possesseur de la nature, empire dans un empire. Les chemins d’une révolution écologique encapsulés dedans ? Si tant est que cette formule ait un sens, quelles nouvelles productions pour quels nouveaux types d’individus ? Du retour d’un certain paganisme à un individu fragment de la nature.

Avant de penser la chose, encore faudrait-il dresser quelques petits portraits des différentes formes de l’individu actuel, des formes forcément déjà dépassés. On pense à Nietzsche dans son Zaratoustra : le dernier pape, les deux rois, le plus hideux des hommes, l’homme à la sangsue, le mendiant volontaire, l’enchanteur, l’ombre voyageuse, le dernier homme, l’homme qui veut périr, l’ane, le serpent, l’araignée, etc … toutes ces formes qui préparent et accomplissent le basculement d’un monde vers la mort de Dieu.

A notre minuscule niveau, laisser nous tenter à esquisser quelques portraits tentatives sonores de l’époque. Tiens, et pourquoi pas en détournant, tant qu’on y est, le concept de ritournelle cher à Deleuze et Guattari. On connait la chanson, mais qu’est-ce que je chante au juste quand je sorts de chez moi, quand je rencontre une femme, quand je vais travailler and so on.

En un sens général, on appelle ritournelle tout ensemble de matières d’expression qui trace un territoire, et qui se développe en motifs territoriaux, en paysages territoriaux (il y a des ritournelles motrices, gestuelles, optiques, etc.). En un sens restreint, on parle de ritournelle quand l’agencement est sonore ou ’’dominé’’ par le son » Gilles Deleuze et Félix Guattari, Capitalisme et schizophrénie, tome 2 : Mille plateaux, Ed. de Minuit, 1980, p. 397. Ritournelle : forme de retour ou de revenir, notamment musical, lié à la territorialité et à la déterritorialisation, et fabriquant du temps. » Arnaud Villani, Le vocabulaire de Gilles Deleuze, Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 304.

Qui chante quoi appartient à quoi ?

On pourrait bien imaginer-imager quelques-unes de ces « espèces » qui peuplent la sphère de nos pensées. A chacune sa chanson, son éthologie propre, sa manière de coloniser et de composer un territoire. Ce serait alors l’ensemble des relations entre ces territoires qui constitueraient une certaine « écologie de la pensée ». Immanente, à tout moment infiniment variable dans le temps et l’espace.

territoires 

L’homme des va-leurs

L’homme de l’ici

L’homme d’un pro-grès

L’homme antico-pessimis-tique

Petit fragment, cliché instantané bruyant de notre époque…

123



Secrétaire-Chsct-Crns |
Communication NonViolente -... |
ma vision des choses!!! |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Boîte à idées
| robert robertson
| Le VP Marie-Victorin