Archive pour la Catégorie 'Des figures, des visages.'

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Godard, Virilio, Gros : désynchroniser les images, réinvestir le dehors

http://www.dailymotion.com/video/x9sqct Vitesse de circulation, images et marche à pied. 

 » Chacun de nous devient trop nombreux à l’intérieur de lui-même, et pas assez à l’extérieur, où nous sommes remplacés peu à peu par des chaînes ininterrompues d’images esclaves les unes des autres. Chacune à sa place, comme chacun de nous, à sa place, dans la chaîne des évènements sur lesquels nous avons perdus tout pouvoir.  »
Jean-Luc Godard, Ici et ailleurs

 » Aujourd’hui, l’image l’emporte sur le langage, l’écran domine l’écrit (…) Aujourd’hui on synchronise les images, et donc la puissance de conditionnement ne concerne pas tant l’opinion, c’est-à-dire le rapport à une vérité ou à une erreur, que l’émotion que l’on ressent tous (mimétisme des affects) en même temps. Savoir que l’on ressent dans le monde entier, en même temps parce qu’il y a eu un Tsunami ou le World Trade center, c’est un pouvoir considérable, c’est un pouvoir de la vitesse …  »
Paul Virilio, Les revers du progrès

«  Tout ce qui est du côté de la marche, et de la marche à pied, s’oppose à la quête de performance … à un certains nombre de valeurs qui représentent la modernité … tout ce qui va du côté de la vitesse, de la médiation, de la rapidité, de la communication, etc. … la marche à pied représente une résistance à tout cela (…) 
Je pense que la marche permet de ne plus avoir d’image du monde … le rapport au paysage dans la marche n’est plus un rapport de représentation … on y lit un effort du corps, c’est le paysage qui insiste lentement dans le corps en marche … il écrit [Nietzsche] les sentiers sont méditatifs … il arrive un moment où c’est le paysage lui-même qui se rempli de la pensée du philosophe.  »
Frédéric Gros, Les vendredis de la philosophie, émission du vendredi 3 juillet 2009 : philosopher en marchant

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Godard, Virilio, Gros : désynchroniser les images, réinvestir le dehors dans Des figures, des visages. image001

Pour une ville qui marche
Marie Demers, Écosociété, 2008 

Synopsis
Tournant le dos à la marche, notre aménagement urbain nous incite à privilégier la position assise pour nos déplacements, nos loisirs et notre travail. Or, poussé à l’extrême, ce mode de vie sédentaire a des répercussions désastreuses. Pour une ville qui marche met en lumière différents choix d’environnements urbains aux États-Unis, au Canada et en Europe, et montre à quel point le modèle nord-américain de l’étalement urbain est lourd de conséquences, que ce soit en matière de santé publique ou de vie en société. Entièrement dévoué à la voiture, l’espace urbain est aujourd’hui réduit à un lieu de passage. En cédant l’espace public, les villes ont ainsi délaissé leurs lieux de convivialité et avec eux ont perdu le sentiment d’appartenance à une même communauté. L’espace déterminant la manière dont la communication s’établit au sein d’une population, l’étalement urbain et le tout-voiture ont peu à peu produit de l’isolement et détruit la fonction sociale et politique de la rue. En se basant sur une abondante documentation, l’auteure examine les causes et les conséquences néfastes de l’abandon de la marche et analyse comment l’omniprésence de la voiture et la création d’un environnement urbain déshumanisé nous tuent à petit feu.

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 studio08 dans Frederic Gros

Le Grand Pari(s)
Projet de l’equipe Studio 09

« La ville poreuse est une ville perméable et connecté, une ville des différents idiorythmes (…) Se substituant à une capitale traversée de fractures qui séparent les individus à toutes les échelles, la ville poreuse rétablit les connexions, facilite les échanges, mixe les populations »
Projet de l’équipe des architectes Bernardo Secchi et Paola Viganò pour le Grand Paris.

Bernardo Secchi, architecte-urbaniste italien, fondateur avec Paola Vigano du cabinet Studio 09 en 1990 à Milan, est Grand Prix de l’urbanisme.
Il intègre toujours dans son analyse de la ville les apports de l’écologie et des paysages tout en prenant en compte des éléments plus artistiques comme la musique ou le cinéma. Ses projets sont variés : coordination des plans directeurs urbains de nombreuses villes italiennes (dont Bergame, Sienne, etc.) ; lauréat du concours pour une nouvelle ville en Ukraine (Kortrijk), « Rome ville du Tevere » ou encore le Rectangle d’Or à Genève. Par ailleurs, il a remporté avec son associée Paola Vigano des projets phare dont Spoornord et le Théâtre plein à Anvers, la Ville-Port à Saint-Nazaire, enfin La Courrouze à Rennes.

> Propositions et synthèses :
synthese_STUDIO_08_chantier_1.pdf 
synthese_STUDIO_09_chantier_2.pdf

De la ville du besoin à la ville du désir – La ville « poreuse » – Equipe Studio 09 – Débat public du 17 mars 2009 Débat public « Le grand Pari(s) – A la recherche de nouveaux équilibres » – organisé par la Cité de l’architecture et du patrimoine au Théâtre national de Chaillot.
> voir la vidéo

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Paul Virilio : la crise actuelle est sans référence

On ne peut pas déduire à partir d’un moment donné ce que sera le devenir de telle ou telle société, dans la mesure où celle-ci s’auto-institue elle-même nous dirait un Cornelius Castoriadis.
Variation et lecture des failles de la machine par Paul Virilio.

http://www.dailymotion.com/video/x82wi1 La crise actuelle est sans référence …

http://www.dailymotion.com/video/x82v9x Pensez la vitesse …

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Un paysage d’événements,
entretien avec Paul Virilio, la République des Lettres,

Extraits …

(…) Je vous rappelle l’exergue de La machine de vision: « Le contenu de la mémoire est fonction de la vitesse de l’oubli » dit Norman Speer. Quand on travaille sur la vitesse on travaille sur l’oubli. Or le révisionnisme lié à la négation de la Shoah est le centre de gravité de ce qui est devenu depuis l’industrialisation de l’oubli. Ce qui commence par un détournement de vérité devient une industrie de la négation, et cette industrie est parfois mise en oeuvre par des gens qui ne sont pas révisionnistes et ne sont pas apparemment négationistes. Les technologies du temps réel, les technologies de la mondialisation du temps dont on parlait au tout début, portent en elles-mêmes une puissance d’oubli, d’évacuation de la réalité, de toutes les réalités – pas seulement celle des camps. C’est une des menaces de l’avenir. La perte des traces: l’instantanéité et l’immédiateté, c’est la perte des traces et la perte de la mémoire. Au point qu’on peut se demander si le négationisme n’a pas été le commencement de la fin – fin de la vérité historique – et si aujourd’hui nous ne vivons pas la fin de ce commencement comme disait Winston Churchill à propos de la guerre (…)

(…) Il faut, il faudra demain faire une économie politique de la vitesse comme il y a une économie politique de la richesse – l’économie tout court -. Je crois qu’il faudra inventer une « rythmologie », je crois que le rythme de l’histoire du monde est en train de changer et que ce rythme n’est pas géré politiquement. C’est un peu comme dans la musique concrète : les harmoniques sont rares, non pas parce qu’on ne souhaite pas d’harmoniques, mais parce qu’on est incapable de juger de la rythmique sociétaire. Si on analyse l’histoire de la vitesse on constate que seule la musique et la danse prennent en compte la vitesse de manière politique : pour moi une chorégraphie, une symphonie, une danse, c’est d’une certaine façon une économie politique de la vitesse. Moderato cantabile, Allegro non troppo, c’est une rythmique du son et de même la chorégraphie est une économie politique du corps dans l’espace-temps de son rythme. Je crois, qu’on le veuille ou non, que l’accélération de l’Histoire dont parlait Daniel Halévy, est devenue telle qu’il faudra mettre en oeuvre une économie politique de la vitesse venant seconder l’économie politique de la richesse (…)

(…) Il faut devenir critique d’art de ces technologies. Si on considère que l’art et la technique sont une seule et même chose nous ne pouvons aimer la technique qu’à travers la liberté de la critiquer.

Copyright © Olivier Morel / La République des Lettres, mercredi 01 mars 1995

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Philosopher en marchant, Frédéric Gros sur France Culture

Image de prévisualisation YouTube  » Chacun de nous devient trop nombreux à l’intérieur de lui-même et pas assez à l’extérieur.  » J.L. Godard 

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Entre-deux mondes étrange, le temps où la fiction, l’imaginer, pourrait susciter ce dont nous avons besoin et que nous ne faisons juste que pressentir. Des intercesseurs dans le champ, nouvelles figures et fictions instauratrices dont la rencontre viendrait nous forcer à repenser le présent, réouvrir un dehors qui ne soit pas celui des images de la catastrophe, figures imposées et situées à l’avance.
Ce qui arrive, ce qui nous arrive, ce qui change et nous change. Faire l’expérience de son chez soi. Imager, fictionner, face à ce que nous ne pouvons pas encore dire, remettre de l’écrit dans les images.
Travailler les images. Marcheur, flaneur, baladeur, monteur, … ces figures qui se dévoilent leurs propres clichés. Remontage, détricotage, désynchroniser et resynchroniser, l’art de se fabriquer un drôle de miroir-regard sur les différentes « méduses » de nos temps, (se) faire voir ce qui passe entre, comment un « je » assemble.

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« La grandeur de l’art véritable, au contraire de celui que M. de Norpois eût appelé un jeu de dilettante, c’était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d’épaisseur et d’imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans avoir connue, et qui est tout simplement notre vie.

La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature. Cette vie qui en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. Mais ils ne la voient pas parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d’innombrables clichés qui restent inutiles parce que l’intelligence ne les a pas «développés».

Notre vie ; et aussi la vie des autres car le style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique, mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients de la différence qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s’il n’y avait pas l’art, resterait le secret éternel de chacun.

Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient encore leur rayon spécial. »

Proust, Le Temps Retrouvé

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marche et vitesse

Ainsi, et parmi, la figure du danseur chez un Gregory Bateson, du sculpteur chez un Jean-Claude Ameisen, de Gaïa telle que redéployée par Isabelle Stengers, et ici, la figure du marcheur chez F. Gros.

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« (…) Il faut du reste absolument alterner les promenades urbaines et campagnardes, et ne pas en privilégier une, car si leur fond est commun, un jeu libre de l’imagination composant ses propres impressions, leur vertu est différente. Marcher sur les allées publiques suppose une flânerie qui permet de faire sur la diversité du genre humain et le comportement de nos semblables, de micro-découvertes qui sont un enchantement pour l’esprit. Marcher seul en compagnie des ruisseaux et des arbres va plutôt entrainer une rêverie absolument éloignée des raideurs de l’introspection systématique, mais par là-même féconde. C’est comme si, doucement distraite par le spectacle des fleurs et des lignes d’horizon, l’âme s’oubliait un peu, et par là dévoilait à ses propres yeux certains de ces visages ordinairement masqués. Le secret de la promenade, c’est bien cette disponibilité de l’esprit, si rare dans nos existence affairées, polarisées, captives de nos propres entêtements. La disponibilité c’est une synthèse rare d’abandon et d’activités faisant tout le charme de l’esprit à la promenade. L’âme s’y trouve en effet disponible au monde des apparences. Elle n’a de compte à rendre à personne, n’a aucun impératif de cohérence, et dans ce jeu sans conséquence, il se peut que le monde se livre d’avantage au promeneur tout au long de ses déambulations fantasques, qu’à l’observateur sérieux et systématique. »

Extrait de : Marcher, une philosophie, Ed. Carnets Nord - 2009.

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http://www.dailymotion.com/video/x83r1j Paul Virilio. Face à la vitesse ? Remettre de l’écrit dans l’écran.

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Les vendredis de la philosophie, émission du vendredi 3 juillet 2009 : philosopher en marchant, avec Frédéric Gros.

Retranscription partielle et non exhaustive du début de l’entretien :

« Tout ce qui est du côté de la marche, et de la marche à pied, s’oppose à la quête de performance … à un certains nombre de valeurs qui représentent la modernité … tout ce qui va du côté de la vitesse, de la médiation, de la rapidité, de la communication, etc. … la marche à pied représente une résistance à tout cela. »

« Je voulais reconstruire un certain nombre de légendes et construire un certain nombre de mythes. De grandes figures comme celle de Rousseau, Nietzsche, Rimbaud … ont vraiment lié leur destin à l’expérience de la marche à pied … A chaque fois ce sont des styles de marche tout à fait différents » 

« Le grand style de marche chez Nietzsche est une marche soit dans les montagnes, soit qui suis toujours des sentiers ascendants, … l’idée qu’il faut s’élever au-dessus des grandes constructions ordinairement reçues … la construction en aphorisme souligne cet effort de la pensée qui gravit un certain point, et là se découvre un tout autre paysage … l’expérience d’un passage de col en montagne, qu’on fait par la marche, où se découvre quelque chose d’absolument nouveau, avec tout le problème de la perspective est au cœur de l’écriture aphoristique de Nietzsche … »

« Je pense que la marche permet de ne plus avoir d’image du monde … le rapport au paysage dans la marche n’est plus un rapport de représentation … on y lit un effort du corps, c’est le paysage qui insiste lentement dans le corps en marche … il écrit [Nietzsche] les sentiers sont méditatifs … il arrive un moment où c’est le paysage lui-même qui se rempli de la pensée du philosophe. »

« Si vous philosophez en marchant, la pensée est plus à la verticale d’elle-même … il y a une simplification … dans la marche, il y a une inversion des logiques habituelles dans lesquelles le point de stabilité repose sur un chez soi, un dedans, depuis lequel on visite des dehors. Dans la marche on va de gite en gite, et c’est précisément le dehors qui ne bouge pas. Ce que j’entends par dehors, c’est vraiment cette idée d’exposition … exposition entière du corps aux éléments, aux paysages, à la nature, etc. Et au fond ce serait ça le dehors, ce dont à quoi on s’expose … »

« La marche comme expérience de l’exténuation, non du retour à soi … » 

« Cette idée du rythme est essentiel dans la marche … celui qui vous correspond … » 

«  Pour Thoreau, le sauvage, ce sont les forces de l’avenir … la réserve de l’avenir, elle est dans le sauvage, elle et dans le primitif. Alors que pour nous européens … on renvoie toujours le sauvage à l’origine. C’est vraiment l’idée de l’Ouest, ce qui est le plus primitif, ce qui déborde de l’humain, représente la source de renouveau … »

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http://www.dailymotion.com/video/x910kh Nietszche, histoires 

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>> Frédéric Gros, professeur de philosophie à l’université de Paris 12, Marcher, une philosophie, Carnets Nord - 2009

4e de couverture : La marche à pied connaît de plus en plus d’adeptes qui en recueillent les bienfaits : apaisement, communion avec la nature, plénitude… Nous sommes très nombreux à bénéficier de ces dons. Marcher ne nécessite ni apprentissage, ni technique, ni matériel, ni argent. Il y faut juste un corps, de l’espace et du temps.
Mais la marche est aussi un acte philosophique et une expérience spirituelle. Allant du vagabondage au pèlerinage, de l’errance au parcours initiatique, de la nature à la civilisation, l’auteur puise dans la littérature, l’histoire et la philosophie : Rimbaud et la tentation de la fuite, Gandhi et la politique de résistance, sans oublier Kant et ses marches quotidiennes à Königsberg.
Et si l’on ne pensait bien qu’avec les pieds ? Que veut dire Nietzsche lorsqu’il écrit que « les orteils se dressent pour écouter » ? C’est ce que l’on cherche ici à comprendre. A la fois traité philosophique et définition d’un art de marcher, ce livre en réjouira beaucoup, qui ne se savaient pas penseurs en semelles.

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« (…) Je suis un indien
Je suis un apache
Auquel on a fait croire
Que la douleur se cache
Je suis un apache
Je suis un indien
Auquel on a fait croire
Que la montagne est loin (…) »
Alain Bashung, « Je tuerai la pianiste »

Points … hors la vue

Miro

[ Un environnement ? Une configuration dynamique, un organe sensoriel décentralisé: un modèle de danse qui capture d’autres modèles de danse. ] Gregory Bateson

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http://www.dailymotion.com/video/k3urLHLoGI73X0zTgG De l’art et de la science, ou des interférences. Jean Claude Ameisen.

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On me dit, très cher monsieur, vous mélangez tout sur ce blog.
L’écologie n’est sûrement pas ceci, mais sûrement cela.
Vous ne pouvez donc pas sérieusement écrire ceci autrement que comme cela : l’écologie est une science qui, tel le cosmonaute, entend piloter les choses du vivant, transferts des matières et des énergies, d’en haut.

Ceci ou cela répondons que notre récit du monde est simplement moniste, et qu’ainsi écologie des corps et des idées forment deux aspects parallèles d’une seule et même question « écologique ». Deux versants d’un même fait, où pour l’articuler autrement à la manière d’un Bateson : « Nos idées sont immanentes dans un réseau de voies causales (système d’information) dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience. »

Et après tout, pour le dire plus simplement, l’écologie est une pile de savoirs constituée du jeu des idées que nous nous faisons du monde, celles-ci exprimant bien plus une certaine perspective sur ce dernier, perspective née de l’histoire de nos rencontres avec, que les propriétés de ce monde. Parler d’écologie, c’est donc avant tout parler de celui qui en parle, sous la forme d’idées comme d’images, à savoir l’homme. De l’étude de la Nature, il ne peut tirer avant toute chose qu’une connaissance de sa propre nature.
Nous disons perspective car l’écologie plus qu’une science est avant tout une certaine manière de percevoir le monde. De le plier dans une représentation proprement écologique, des plis correspondant à certaines relations d’un type nouveau (rétroactions, coévolution, …).
A cette manière de voir correspond un mode d’existence, c’est à dire l’art de vivre en rapport avec cette représentation. Coprésence au monde et à soi, coévolution des rapports entre le monde et soi.

Perspective écologique dont nous essayons très maladroitement d’explorer ici quelques uns des contours, faute d’être satisfait par les propositions actuelles et les usages qui en découlent.
Les propositions actuelles, quelles sont-elles au fond ? Dualisme, happy triolisme, transcendance new age, sado anthropomorphisme, psychanalyse du pingouin et culte des manchots qui ne transforment pas le monde à coup de marteau ? Etc, etc, soit grosso-modo l’asile d’une flopée de superstitions savamment réactualisées dans les habits d’une nouvelle morale naturée. Morale qui, parlant au nom de la terre mère à la manière d’un coucou, colonisent le nid d’une science encore à venir pour en chasser les petits Fourrier.

Faire des arbres des puits à carbone à produire sur un même mode que celui des automobiles n’en est qu’un exemple assez facile. Ici l’absence de perspective nouvelle excuse de facto celle du projet pédagogique. On gère le carbone comme l’aluminium dans une même équation. Un des termes change, mais pas la nature des relations. Il en va de même de l’absence des singularités dans les discours. Pourtant, ceux-ci ne manquent pas de nous ceci, nous cela. 
En retour ? Toujours aussi peu d’autonomie dans le possible, et des grilles qui pleuvent sur des diagrammes qui s’assèchent. Mais quelle représentation du monde, quels hommes dedans, quels modes d’accès à la connaissance ? Des utilisations et captures individuelles aux sociabilités et ainsi de suite, nous ne repensons le monde que bien peu aujourd’hui. Question de vitesse, question de savoir plier (dans la complexité) plus que d’extraire également.
Mais quelles ontologie, anthropologieépistémologie et tous ces gros mots réunis pour l’agir écologique ? Celui-ci bénéficie-t-il d’un laisser-passer à ces endroits, ou bien l’homo ecologicus n’est-il finalement qu’un reflet inversé de l’œconomicus ? 

Miro

Filet à papillons et surface d’inscription, de nôtre petit côté, tâtonnant au fil des rencontres, insatisfait des représentations communément proposées au recyclage, et ne cherchant pas à séparer la question écologique de celle du bonheur humain (en tant que celui s’articule également autour des modalités sociales de cohabitation des joies individuelles dans les usages que nous faisons du monde des choses bien qu’habitant celui des hommes), nous avons ainsi pu capturer ici et là quelques fragments de code.

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http://www.dailymotion.com/video/k657hrwUlxdosMOROk Perspective esthétique et micropolitiques désirantes, Félix Guattari: « L’écologie est un grand tournant, à condition que cette écologie soit mariée à la dimension sociale et économique, avec toute forme d’altérité, pour former une idéologie douce, qui fasse sa place aux nouvelles connaissances. »

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Alors on touche et on expérimente là dedans des bidouillages partiels qui n’appellent qu’à leurs propres transformations, pour peut-être certains usages dans des ailleurs.
On tourne, on tourne autour. On se répète dans un mouvement centrifuge qui peut-être un jour fera apparaître une nouvelle poterie, par expulsion sélective des trops perçus.
En attendant, petite tentative de synthèse très incomplète et dans le désordre. 

arrow La perspective écologique, l’art des agencements ou des frontières mobiles. L’individu est une configuration singulière qui ne prend forme qu’en rapport à d’autres configurations singulières, lesquelles ne se comprennent que dans un contexte très dynamique.
L’homme, sous-système de systèmes, ne compose toujours qu’un arc dans un circuit plus grand qui toujours le comprend lui et son environnement (l’homme et l’ordinateur, l’homme et la canne…). Gregory Bateson : « L’unité autocorrective qui transmet l’information ou qui, comme on dit, pense, agit et décide, est un système dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience ». Alors de quoi je suis capable (mode d’existence) dans tel agencement, dans tel circuit ? Comment je m’insère dans ces réseaux de réseaux ? Soit la compréhension des différents circuits dans lesquels s’insère et racine l’âme humaine.
Comme ces relations et compositions sont plus ou moins inaccessibles à notre mode de pensé actuel (linéaire et séquentiel), notre hypothèse est bien que l’art en est l’une des principale portes d’entrée.
Coévolution, interaction, rétroaction, etc., autant de concepts issus de la systémique et qui forment aujourd’hui les bases de la pensée écologique scientifique. L’approche écosystémique est donc une façon de percevoir à la fois l’arbre et la forêt, sans que l’un ne masque l’autre. L’arbre est perçu comme une configuration d’interactions appropriée aux conditions de vie de la forêt, elle-même association d’arbres dont les interactions produisent leur propre niche écologique individuelle.
Tout système peut se représenter comme une différenciation interne entretenue par un flux énergétique (matière, information) externe qui le traverse. Ce flux détermine donc un intérieur différencié et un extérieur qu’on appelle environnement. C’est-à-dire un système plus ouvert à la circulation des flux et qui assure la régulation de l’ensemble. Tout système est donc relié à un environnement (à un autre système plus ouvert), à une écologie (à des relations entre systèmes). 
Nous ne pouvons donc pas donner à comprendre clairement l’écologie par des approches pédagogiques classiques, linéaires et exclusives.
Le projet de l’œuvre d’art est un projet intégrateur qui rencontre précisément cet objectif de la pensée écologique. Comme le disait Nietzsche, le corps dansant a le pouvoir d’unir les contraires et « nous avons l’art, afin de ne pas mourir de la vérité ». Une vérité entendue au sens d’un mode de pensée qui préfigure des frontières fixes (individu/collectivité, artificiel/naturel…), et épuise le réel à l’avance.

« La monstrueuse pathologie atomiste que l’on rencontre aux niveaux individuel, familial, national et international – la pathologie du mode de pensée erroné dans lequel nous vivons tous – ne pourra être corrigée, en fin de compte, que par l’extraordinaire découverte des relations qui font la beauté de la nature. » Gregory Bateson. 

Aujourd’hui, l’individu cherche à combiner et expérimenter les approches de toute nature dont il a les « échos » permanents dans la société informationnelle au sein de laquelle il pousse (scientifiques, industrielles, médiatiques, artistiques…). Mais sa conscience n’est qu’une petite partie systématiquement sélectionnée et aboutit à une image déformée d’un ensemble plus vaste, le réel. Gregory Bateson : « La vie dépend de circuits de contingences entrelacés, alors que la conscience ne peut mettre en évidence que tels petits arcs de tels circuits que l’engrenage des buts humains peut manœuvrer. » Ignorant ces circuits plus vastes, l’individu sample des entités à partir d’un mode de pensée atomiste. Le poulet en batterie est un sample du poulet naturel. C’est-à-dire une entité extraite de son environnement (circuit initial), tout comme on extrait un son d’un ensemble musical. Le sample n’a évidement plus les mêmes capacités que l’original dans son contexte, mais à en rester à la forme on dira que c’est toujours un poulet et on pourra le multiplier à l’infini (copier/coller…).
Dans un monde complexe, il ne s’agit plus de chercher à dénouer ou extraire, mais bien à nouer. L’ensemble de l’esprit est un « réseau cybernétique intégré » de propositions, d’images, de processus etc. etc…., la conscience, un échantillon des différentes parties et régions de ce réseau. Gregory Bateson : « si l’on coupe la conscience, ce qui apparaît ce sont des arcs de circuits, non des pas des circuits complet, ni des circuits de circuits encore plus vaste. ». Ainsi plier le papier, notre conscience, pour en rapprocher les bords.

arrow L’écologie, en tant que concept intégrateur, celle-ci vise à la cohabitation des perspectives et usages du monde, du poétique au productif, et s’occupe donc de la gestion du multiple bien plus que de la rareté. Le multiple étant ici entendu au sens d’une multitude de désirs singuliers, non comme des collectifs institutionnels ou des classifications.

arrow L’homme coévolue avec le naturel comme l’artificiel, cette distinction n’étant le fruit que d’une perception limité (prélèvement). Cette proposition pourrait également s’entendre comme suit : l’homme habite techniquement la nature et naturellement la technique sur un seul et même plan d’immanence qui est un plan de composition (un modèle de danse qui capture d’autres modèles de danse). Rencontre à ce stade avec Michel Puech, comme avec le Deleuze du petit texte intitulé  » Spinoza et nous  ».

Gilles Deleuze : « L’artifice fait complètement-partie de la Nature, puisque toute chose, sur le plan immanent de la Nature, se définit par des agencements de mouvements et d’affects dans lesquels elle entre, que ces agencements soient artificiels ou naturels [...] une composition des vitesses et des lenteurs, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté sur ce plan d’immanence. Voilà pourquoi Spinoza lance de véritables cris : vous ne savez pas ce dont vous êtes capables, en bon et en mauvais, vous ne savez pas d’avance ce que peut un corps ou une âme, dans telle rencontre, dans tel agencement, dans telle combinaison. »

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http://www.dailymotion.com/video/k3nS3J7O5wL1n2NBjR Michel Puech sur France Culture : « l’homme habite techniquement la nature et naturellement la technique ».

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arrow L’actuelle mise en réseau du monde implique un certain devenir végétal, à un certain niveau de nos stratégies organisationnelles : gestion du temps et occupation de l’espace en premier lieu, mais également à une plus grande fluidité des sujets, psychologique, voire même aujourd’hui génétique.
Car mise en réseau, c’est-à-dire modification des rapports des vitesses et des lenteurs de chacun, des modes d’individuations et d’affectation des corps sur ce même plan d’immanence, avec pour conséquence une croissance des surfaces d’échange et l’émergence de nouveaux collectifs fluides respectant les singularités. Soit de nouvelles sociabilités.
Dans la mesure où plus aucun des territoires de la planète ne porte pas une trace de moi-même (les mêmes pesticides dans les glaces polaires et dans mes testicules…), pulsion de fuite et mouvement perdent de leur intérêt stratégique. Dès lors, en pensant le rapport animal et végétal sur la base de stratégies de captation de l’énergie différenciées, l’une en mouvement, l’autre non, peut-on imaginer que le développement des humains adopte un modèle plus végétal ? Un mode où à l’image de la plante pour la lumière et l’eau, l’individu étendrait en surface ses capteurs d’information dans le réseau sociétal, à la recherche de sens composites (informations, énergie).
En contrepoint, il délaisserait la construction de son intériorité au profit d’un nouveau type de croissance : en extérieure, en surface, par réitération et redondance, en multipliant les chemins de circulation de l’information. Parallèlement, ce dernier ne pourrait plus se satisfaire du substrat traditionnel des connaissances : analytique, linéaire et séquentielle.
Rencontre ici avec Francis Hallé et Raphaël Bessis autour de la question de l’homme coloniaire.

arrow L’homme « photo-synthétiseur » est un producteur primaire (plus ou moins autonome, plus ou moins affirmatif) d’images à dédoubler, articuler et recycler collectivement dans des récits du monde. Littérature, poésie ou toute la question du rôle de l’art dans dans l’éducation, les fonctions de contrôle et de sagesse au sens d’un Bateson, la présence au monde d’un Thoreau.

« [...] L’art, à une fonction positive, consistant à maintenir ce que j’ai appelé « sagesse », modifier, par exemple, une conception trop projective de la vie, pour la rendre plus systémique [...] ce que la conscience non assistée (par l’art, les rêves, la religion…) ne peut jamais apprécier, c’est la nature systémique de l’esprit. » Grégory Bateson

Rencontre ici avec l’accès à la connaissance des devenirs du monde sur un mode cinématographique, Bergson (le cinéma fait voir le mouvement, les rapports de mouvement, les interactions qui passent – jaillissent - entre les choses).

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http://www.dailymotion.com/video/k5a8Z8wuAyBpnBM0Mg Bergson, image cinématographique, et appréhention de l’abondance des devenirs du monde.

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arrow Penser la diversité ne requière pas que les choses aient une valeur en elles-mêmes. L’attribution d’une valeur esthétique, d’un usage, etc, est avant tout fonction du déploiement d’un désir singulier. Ce n’est pas parce que cette chose est aimable que je l’aime, c’est parce que je l’aime que cette chose est aimable.
Ce que la diversité mets ainsi en jeu, ce sont donc des potentiels de liaison et de  déliaison dans le tissu du monde, ces agencements mobiles permettant des gains de puissance dans une communauté faite de multiples systèmes en coévolution. L’extinction d’un individu singulier est en ce sens la perte pour tous les autres d’une liaison, d’un mode de connexion possible, d’un modèle ou mouvement de danse dans lequel peut se glisser un moi. Soit une perte en conjugaison ou en grammaire du monde. Toujours Spinoza, toujours Deleuze et un zest de Misrahi aux commentaires.

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http://www.dailymotion.com/video/k5q5KaPOMSGW7arBNA Gilles Deleuze sur l’Ethique de Spinoza, lecture de « Spinoza et nous »

http://www.dailymotion.com/video/k6dBvXQ94T6qvyymWu Bodiversité, tissu du vivant et pouvoir de transformation (Elias Canetti)

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Pour décliner tout cela plus concrètement, d’un point de vu politique et quotidien, se pose donc la question de l’accès pour le plus grand nombre aux territoires, à ses flux de matières et d’informations avec lesquels il est nécessaire ou possible qu’ils se combinent pour devenir humain (l’eau, l’air, etc.) et plus encore (l’information, l’éducation, les surfaces d’écriture et de lecture que sont les arbres, les paysages, l’éthologie animale, etc.).

Mais une fois dit cela, constatons que nous n’avons rien inventé de bien nouveau. Tout juste actualisé quelques très vieilles questions : occupation des territoires, rémunération des équivalents travaux de chacun, etc. 
A ceci près, outre le cheminement personnel qui nous amène à réinterroger ces questions sous tel ou tel angle d’incidence, à ceci près donc que le capital énergétique d’un individu humain, c’est à dire son pouvoir de transformation mécanique du monde, est à présent à un niveau sans doute jamais atteint par l’espèce. On pourrait peut-être d’ailleurs imaginer qu’il en va de l’inverse quant à son pouvoir de transformation psychique.
A ceci près toujours que l’heure est à la maîtrise de notre propre maîtrise ou puissance, grâce aux connaissances aujourd’hui acquises sur les rapports entre les flux : cycles, transferts, conditions de reproduction des matières et des énergies.

Modification des vitesses et réactualisation des liens, tout cela nous ramène d’une certaine manière à la question éthique telle que posée par Spinoza : comment rendre désirables ou « activer » ces connaissances nouvelles, comment articuler autonomie individuelle et communauté de raisonnable ?

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http://www.dailymotion.com/video/k4BHxtdZ4qyPkhTwrz Robert Misrahi sur Spinoza. De la recherche de l’autonomie au « Rien n’est plus utile à l’homme qu’un autre homme vivant sous la conduite de la raison »

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Matisse

De l’écologie sur la Bande FM…

Dénouer une équation existentielle en plantant un clou dans un mur … une séquence des plus classique ! Mais sentir le danger d’une certaine forme d’écologie totalitaro-rampante en écoutant la bande FM … voilà à contrario qui est beaucoup plus rare ! Et pourtant, suintant de l’aveuglante lumière estivale d’une auto-radio décapotable, deux morceaux-tubes se balladent de la bande FM jusqu’aux oreilles pour éclairer notre situation actuelle. Préserver les arbres? Un choix déterminant. Au nom de quoi ? Un choix tout aussi déterminant. En voilà deux modalités comme autant de chanson.

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De l'écologie sur la Bande FM... dans Art et ecologie ressentiment 

«  Toute l’horreur de ma nature « 

Premier morceau, fruit d’une certaine Z pas très zen pour l’occasion, celui-ci nous propose, calculette à la main, de prendre simplement conscience de l’horreur de notre nature (sic!).

 » Je suis un homme au pied du mur
Comme une erreur de la nature
Sur la Terre sans d’autres raisons
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.
Je suis un homme et je mesure
Toute l’horreur de ma nature
Pour ma peine, ma punition,
Moi je tourne en rond, je tourne en rond [...]« 

Mort aux passions, mort aux affects, toute l’horreur de ma nature. On croit rêver les oreilles ouvertes. Dans un arsenal législatif si fourmillant à l’encontre de la première insulte, constatons finalement que tout passe. Tout passe au nom de la proposition d’un nouveau paradis blanc, et vite remplacer ce vieux Saint-Pierre par un pinguouin. Mais seulement si vous êtes bien sage dans cette vie là. Etre bien sage ? Ben oui, planter des arbres. Mais quels arbres? Des tubes de stockage à carbonne temporaires. Des arbres d’élevage dont on compte l’existance à la calculette. Des arbres sans histoire, sans aucune autre finalité que de stocker du CO2. Totalitarisme blanc et vert dans la main, vers une uniformisation des multitudes et des singularités qui épuise le réel à l’avance. La fin des rencontres, et vive le monopole des calculettes.

Rien de bien nouveau sur cette ligne de repression des affects, sans cesse de retour sous des masques nouveaux qui ne font que cacher un profond ressentiment contre la vie elle-même. Unité de la forme et du fond, oui nous tournons ici en rond, et signons des deux mains la continuation de cette ligne de mort.

Spinoza, préface à la partie III de l’Ethique, 1677 :  » Quand on lit la plupart des philosophes qui ont traité des passions et de la conduite des hommes, on dirait qu’il n’a pas été question pour eux de choses naturelles, réglées par les lois générales de l’univers, mais de choses placées hors du domaine de la nature. Ils ont l’air de considérer l’homme dans la nature comme un empire dans un autre empire. A les en croire, l’homme trouble l’ordre de l’univers bien plus qu’il n’en fait partie ; il a sur ses actions un pouvoir absolu et ses déterminations ne relèvent que de lui-même. S’il s’agit d’expliquer l’impuissance et l’inconstance de l’homme, ils n’en trouvent point la cause dans la puissance de la nature universelle, mais dans je ne sais quel vice de la nature humaine ; de là ces plaintes sur notre condition, ces moqueries, ces mépris, et plus souvent encore cette haine contre les hommes ; de là vient aussi que le plus habile ou le plus éloquent à confondre l’impuissance de l’âme humaine passe pour un homme divin  [...] Je reviens à ceux qui aiment mieux prendre en haine ou en dérision les passions et les actions des hommes que de les comprendre. Pour ceux-là, sans doute, c’est une chose très-surprenante que j’entreprenne de traiter des vices et des folies des hommes à la manière des géomètres, et que je veuille exposer, suivant une méthode rigoureuse et dans un ordre raisonnable, des choses contraires à la raison, des choses qu’ils déclarent à grands cris vaines, absurdes, dignes d’horreur. Mais qu’y faire ? Cette méthode est la mienne. Rien n’arrive, selon moi, dans l’univers qu’on puisse attribuer à un vice de la nature. Car la nature est toujours la même ; partout elle est une, partout elle a même vertu et même puissance ; en d’autres termes, les lois et les règles de la nature, suivant lesquelles toutes choses naissent et se transforment, sont partout et toujours les mêmes, et en conséquence, on doit expliquer toutes choses, quelles qu’elles soient, par une seule et même méthode, je veux dire par les règles universelles de la nature. Il suit de là que les passions, telles que la haine, la colère, l’envie, et autres de cette espèce, considérées en elles-mêmes, résultent de la nature des choses tout aussi nécessairement que les autres passions ; et par conséquent, elles ont des causes déterminées qui servent à les expliquer ; elles ont des propriétés déterminées tout aussi dignes d’être connues que les propriétés de telle ou telle autre chose dont la connaissance a le privilège exclusif de nous charmer [...] « 

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 joie dans Des figures, des visages.

  » Ces fruits dans les plis des tissus « 

Le second morceau, fruit d’un certain FC à la proximité jusque là totalement inconnue, celui-ci est heureusement le véritable antidote grand public au précédant. En mode mélancolique, en plus il produit de l’eau ! Des arbres qu’on vient lire et habiter. Des arbres qu’on vient combler de nos récits, de nos agencements. Territoires, nids d’affect et/ou de lecture. La persistence de l’affect, des intensité qui se fixent dans la mémoire et la mélancolie qui si :  » la nostalgie valorise l’objet perdu, la mélancolie sait que cette perte est l’ombre du présent, son arrière-goût immédiat. » Merci à Md pour cette citation de S. Daney et l’éclairage. Si l’écologie est affaire de désir et d’agencement (échelle, arbre, tissu, etc.), elle est aussi affaire de mémoire et de filiation. Ou comment présenter son corps au monde en rapport à l’invention de son histoire, réçit d’existence exprimant ses rencontres et croisements avec, réçit à insérer dans le milieu de l’Histoire. Ou comment composer un monde humain ouvert sur le monde des « choses », créateur de prespectives nouvelles – ces fruits dans les plis des tissus – s’aimant pour lui-même.

«  T’avais mis ta robe légère,
Moi l’échelle contre un cerisier,
T’a voulu monter la première,
Et après
Y’a tant de façon, de manière,
De dire les choses sans parler,
Et comme tu savais bien le faire,
Tu l’as fait
Un sourire, une main tendue,
Et par le jeu des transparences,
Ces fruits dans les plis du tissu,
Qui balance
Il ne s’agissait pas de monter bien haut,
Mais les pieds sur les premiers barreaux,
J’ai senti glissé le manteau,
De l’enfance
On a rien gravé dans le marbre,
Mais j’avoue souvent y penser,
Chaque fois que j’entends qu’un arbre,
Est tombé
Un arbre c’est vite fendu,
Le bois quelqu’un a du le vendre,
S’il savait le mal que j’ai eu,
A descendre

D’ailleurs en suis-je descendu,
De tout ces jeux de transparence,
Ces fruits dans les plis des tissus,

Qui balancent

J’ai trouvé d’autres choses à faire,
Et d’autres sourires a croisés,
Mais une aussi belle lumière,
Jamais [...]« 

***

«  […] une plante est un chant dont le rythme déploie une forme certaine, et dans l’espace expose un mystère du temps.  » Paul Valéry

«  Ils [les arbres] ne sont qu’une volonté d’expression. Ils n’ont rien de caché pour eux-mêmes, ils ne peuvent garder aucune idée secrète, ils se déploient entièrement, honnêtement, sans restriction [...], ils ne s’occupent qu’à accomplir leur expression : ils se préparent, ils s’ornent, ils attendent qu’on vienne les lire.  » Francis Ponge

***

Deux manière d’arriver à un même résultat, des arbres debouts, mais deux mondes humains ou modes d’existence qu’un abîme sépare, comme deux musiques. L’écologie, une musique sur un mode mélancolique (agencement FC), ou nostalgique (la chute façon Z). De l’importance de ne pas laisser dériver la question écologique, le discours s’enfermer dans des niches seulement habités de professionnels et téléologistes de tout poil.

http://www.dailymotion.com/video/x6c0mp
Michel Onfray: la pensée écologique, vers une nécessaire économie du monotéisme … Encore du travail … Sarkosy à l’occasion de la visite du Pape:  » Il légitime pour la démocratie et respectueux de la laïcité de dialoguer avec les religions. Les religions, et notamment la religion chrétienne avec laquelle nous partageons une longue histoire, sont des patrimoines vivants de réflexion et de pensée, pas seulement sur Dieu, mais aussi sur l’Homme, sur la société, et même sur cette préoccupation aujourd’hui centrale qu’est la nature et la défense de l’environnement. »

Des visages, des figures : les « écosystèmes » lynchiens

Passer d’un plan, d’une frontière à une autre, intégrer différents niveaux, faire se renconter des contraires, imposer de nouvelles règles, faire circuler…comment tout ça tient-il ensemble ? 

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     Des visages, des figures. Jusqu’à présent nos petites espèces immatérielles vivent et cohabitent sur différents territoires de la pensée. Territoires « qui chante quoi appartient à quoi » dans lesquels elles sont soumises à des rapports de forces. Zoom dans l’herbe, et observons maintenant quelques unes des « espèces emblématiques ».

Pour Deleuze, « constituer un territoire, c’est un peu la naissance de l’art… ». Lorsqu’un animal définit son territoire, il réalise une série de marquages qui sont des postures, des lignes, des couleurs, des chants…Commençons donc par nous interresser à la niche écologique d’un sujet comme David Lynch.

De la niche au monde…

Des visages, des figures : les ACTUS image001" />

Représentation, cadre et contexte

Un metteur en scène est capable de créer des mondes et les transmettre. Autrement dit, il donne accès à de nouvelles rencontres sous forme d’idées et d’affects en manipulant différents agencements conducteurs, différent dispositifs faits de sons, mouvements, lumières, couleurs…Mais pour ce faire, encore lui faut-il construire le terrain de jeu qui rendra ses nouvelles «règles» acceptables.

Alors construire un terrain de jeu, ou un monde, c’est d’abord isoler des caractères perceptifs parmi une nature « fourmillante ». Séparer et trier entre ce qui est « important » et ce qui ne l’est pas. Déformer pour reformer. Comme le dit von Uexküll, « chaque espèce vit dans un monde unique, qui est ce qui lui apparaît  déterminé par son organisation propre […] rien que quelques signes comme des étoiles dans une nuit noire immense ».

Sur ce terrain de jeu, vont alors pouvoir prendre place des personnages adaptés. Gilles Deleuze : « Un lointain successeur de Spinoza [Uexküll] dira : voyez la tique, admirez cette bête, elle se définit par trois affects, c’est tout ce dont elle est capable en fonction des rapports dont elle est composée, un monde tripolaire et c’est tout! La lumière l’affecte, et elle se hisse jusqu’à la pointe d’une branche. L’odeur d’un mammifère l’affecte, et elle se laisse tomber sur lui. Les poils la gênent, et elle cherche une place dépourvue de poils pour s’enfoncer sous la peau et boire le sang chaud. Aveugle et sourde, la tique n’a que trois affects dans la forêt immense, et le reste du temps peut dormir des années en attendant la rencontre. […] »

Sécurité de l’action dans un terrain de jeu, il s’agit donc pour tout sujet « réalisateur » de composer un monde optimal - le réseau de relations qui porte une existence - au sein de l’environnement pessimal qu’est l’infinité indiscernable de la nature. Gilles Deleuze: « C’est pourquoi Uexküll s’est principalement intéressé à des animaux simples qui ne sont pas dans notre monde, ni dans un autre, mais avec un monde associé qu’ils ont su tailler, découper, recoudre : l’araignée et sa toile, le pou et le crâne, la tique et un coin de peau de mammifère. »

…du monde à l’écosystème

http://www.dailymotion.com/video/3lgPmrH3feaWUm90y

     Un réalisateur produit donc un monde, délimite l’espace de jeu dans lequel il va pouvoir transmettre idées et affects propres. Un monde qui chez Lynch est fait d’extractions lumineuses (telle couleur et pas une autre parmi les milliers de gammes possibles), de déformations des proportions des corps et d’attractions étranges (modification et pivotage des angles, multiplication des points de vue sur le même…)

Mais un monde n’est pas un écosystème. Dans ce dernier, à partir d’un élément du monde, le spectateur est capable de reconstruire une vision de l’ensemble. Or il semble que le monde de Lynch puisse répondre à cette définition de l’écosystème à travers certaines des répétitions qui (co)existent d’une œuvre à l’autre : redondances, modèles et structures caractéristiques de systèmes complexes.

Alors ici on ne va pas se demander comment tout ça se produit dans la tête du réalisateur (point de vue psychanalytique[1]), mais on va plutôt tenter d’évoquer rapidement quelques pistes ou sensations très fragmentaires autour d’un comment tout ça fonctionne ensemble (point de vue écologique).

image002 dans Art et ecologie

Diffusion, contamination et dissipation

     Premièrement, l’écosystème lynchien est marqué par l’instabilité. Le réseau des relations est non linéaire (espaces, temps). Chaotique dans la mesure où ce qui se passe en un point du système a toujours des répercutions imprévisibles sur l’ensemble.

Il a toujours contamination (la tristesse dans la scène du bar de Twin Peaks faisant suite au meurtre de Maddy), il y a toujours cohabitation (le « je suis chez vous en ce moment même » de Lost Highway), et donc coévolution entre les différents niveaux ou profondeurs d’un réel multiple fait de couches rêves/réalités sans véritables contours. Ni dedans, ni dehors dans le temps ou l’espace. Des mondes oui, mais associés et imbriqués.

Ce qui se répète d’un plan à l’autre, ce sont des formes non identitaires, des objets/personnages. Ce qui diffère, ce sont des flux et des décalages. Des décalages de vitesse et de lenteur, des décalages par rapport à un manque (bras, œil, sourcil, taille) autour d’un axe (attraction étrange) normalité/banalité.

http://www.dailymotion.com/video/4zhaAA3JXYUhLm68Q

Tout cela est possible du fait que nous sommes dans un univers de flux où toute image/forme n’est donc qu’un instantané, un enregistrement (« all is recorded ») à déplier/répliquer.

image003 dans David Lynch

« All is recorded »

Qu’ils soient sonores (irriguant des routes, des couloirs ou des câbles électriques) ou lumineux (éclair, stroboscope, sol en Z reflètant), ces flux traversent, bombardent, chargent et déchargent les diverses formes réceptacles que sont les objets/personnages récurrents.

image004 dans Des figures, des visages.

Flux et support conducteur

Ces objets/personnages fonctionnent donc à l’image de conduites de stockages temporaires, récurrentes, et non caractérisées par une frontière humain/non humains.  C’est la traversée d’un ou plusieurs flux qui en définit la forme, donc le sens, en modifiant les couleurs, la texture (déclinaison des rideaux rouges), en génèrant des échos (écrans, réfractions) sonores…

image005 dans Ecosystemique

L’objet/personnage du rideau rouge se reterritorialise ici en peinture rouge. Changement de texture mais signifié (contexte) stable

Absence d’intériorité et discrimination par des flux extérieurs entrant et sortant, ces éléments sont donc interchangeables dans différentes chaînes de signification ou séquences redondantes.

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Absence d’intériorité du personnage et identité donnée par le contexte (le rapport des flux extérieurs qui l’irriguent)

Leur sens varie en fonction des bombardements du dehors, du contexte et des contours musicaux qui permettent de multiplier les points de vue sur le même. En conséquence, les objets/personnages sont indépendants les uns des autres que ce soit dans la succession des plans ou dans leurs associations, déconstructions et reconstructions (de la cabane en flammes aux personnages qui parlent…à l’envers puis à l’endroit).

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Systèmes d’alerte, instabilité, connexion et diffusion.

L’écosystème lynchien est également hiérarchisé. Une hiérarchie qui n’est pas de type humain/non humain. Les objets/personnages sont différemment capables de circuler entre les divers mondes apparents ou contextes. Les devenir dans le passage des différentes « espèces » ne sont pas les mêmes. Celui du personnage à la tête encastrée dans la table en verre dans Lost Highway, ceux des corps réceptacles poreux (Leland Palmer, Fred Madison) à remplir. Si les objets sont interchangeables et superposables, la composante personnage est néanmoins marquée par le passage : la couleur des cheveux, le visage ou le physique entier est modifié.

http://www.dailymotion.com/video/5WAK6JWxXSXFXm6SL

Dans le cadre lynchien, toute superposition (image/son) est possible du fait des différences de profondeur et de fréquence qui coexistent dans un même champ (hologrammes visuels, échos sonores). Le mouvement est donc un mouvement de diffusion, d’aborption, de dissipation, de capillarité des fluides : lumière, échos sonores, fumée.

Le passage entre les différents niveaux de profondeur est toujours marqué par un son, un flux de lumière, une ampoule qui cherche à s’éteindre ou à s’allumer, un chant ou une danse. A l’image des bioindicateurs, il existe une grille de lecture, des systèmes d’alerte qui marquent le temps des processus de connexion et de passage.

« Il flotte toujours une musique dans l’air » Red dwarf, Twin Peaks

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La grille de lecture classique du monde associé de Twin Peaks. L’effet stroboscopique de la lumière est également inscrit sur la surface du sol (éclairs)

 « Tout organisme est une mélodie qui se chante elle-même » von Uexküll

Territoire sonores et lumineux aux portes d’entrée multiples, comment tout cela tient ensemble ? L’écosystème lynchien est capable de résilience, c’est-à-dire d’absorber beaucoup de variations, de bruits, d’éléments contraires. Les limites des espaces ne sont pas spatiales mais musicales. Le liant sonore admet la cohabitation des contraires, rend flou toute frontière du dedans et du dehors. En jouant sur les fréquences (profondeurs superposables), il permet également de déformer l’espace (gros plan, contre plongée) pour l’occuper différemment.

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Différence dans la répétition : ici peu de code « rouge », seulement localisé au niveau des lèvres et souligné par l’absence des sourcils, mais inversion du marqueur musical. Cette fois l’arrivée de l’objet/personnage (le passage) est marquée par la coupure (l’absorption) du son.

Le cadre spatial est quant à lui fragmenté, le plan des décors coupé. Si les mouvements de caméras définissant des coutours sont souvent flous et partiels, c’est une cohérence d’ensemble qui permet au spectateur/visiteur de reconstruire les manques à partir de la reconnaissance sensible d’un marqueur temporel. Temps non linéaire, mais temps d’un processus. Ici n’est donc plus ici, et bien que les formes soient les mêmes, jai été affecté par le dispositif marquant le processus du changement. Je comprends que le contexte du jeu n’est plus le même, et j’admet que les règles changent.

http://www.dailymotion.com/video/65xaXMFdynph4m7M3


[1] Lynch et Lacan :

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Des figures, des visages : l’air de l’étonnement

       Où en sommes-nous dans nos mises en scène ? Nos petites espèces immatérielles vivent et cohabitent sur différents “territoires” de la pensée, territoires « qui chante quoi appartient à quoi » dans lesquels elles sont soumises à des rapports de forces. Après le vent de la bêtise, le feu de la technique, voici l’air frais de l’étonnement. Cette force qui nous pousse à l’attention, le rappel qu’on ne sait jamais à l’avance ce que peut… Petite visite guidée par le trio Gorz/Deleuze/Spinoza

http://www.dailymotion.com/video/67qIRJhTfrLZGlXks

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 « Nul ne sait ce que peut un environnement »

Extrait de l’article d’EMMANUEL VIDECOQ – D’une pensée des limites à une pensée de la relation - Revue Multitudes n°24

     Contrairement à ce que laisse penser le « principe responsabilité » d’Hans Jonas, les humains n’ont pas l’exclusivité de l’action ; physiquement, biologiquement, socialement et politiquement, les non-humains sont également actifs, « actants » dit Bruno Latour ; l’environnement est un réceptacle, il a sa virulence propre qui n’est pas que déterministe. Ce qui compte ce sont les agencements, l’intrication des processus. Il faut tout considérer sur le même plan. « Comment tous ces morceaux jouent et vivent ensemble »19 ; la nature a une réalité processuelle, celle d’un multiple enchevêtré qui produit des possibles mais aussi des inquiétudes renchérit Isabelle Stengers.

Il y a deux dimensions principales dans les relations écologiques celles prises en compte par les écologistes qui vont des humains aux non-humains et qui ont pour médiation productive la science, celles qui vont du non-humain à l’humain et qui expliquent comme le dit Isabelle Stengers que nous sommes le produit de notre environnement qu’il soit naturel ou artificiel, (mais là n’est pas l’important), des bactéries qui nous ont précédées, mais qui dans d’autres circonstances auraient pu produire tout autre chose. « Nul ne sait quelles associations définissent l’humanité » déclare Bruno Latour de son coté [...]

De cette hypothèse matérialiste sur l’humain, on peut rapprocher celle qu’entend explorer Félix Guattari pour lequel « un renouveau de l’âme, des valeurs humaines [pourrait] être attendu d’une nouvelle alliance avec les machines. »20 « Le mouvement du processus, précise t-il dans Chaosmose, s’efforcera de réconcilier les valeurs et les machines. Les valeurs sont immanentes aux machines. »21

Inspiré par Gregory Bateson pour lequel « Le monde des idées ne se limite pas à l’homme, mais bien à tous ces vivants, à toutes ces machines, composées d’éléments pouvant traiter de l’information, que ce soit une forêt, un être humain ou une pieuvre », Félix Guattari ne pose pas de frontières stables entre les sujets et les objets, entre l’humain et le non-humain. Au contraire il se propose « d’opérer un décentrement de la question du sujet sur celle de la subjectivité. Le sujet traditionnellement a été conçu comme essence ultime de l’individuation (…), comme foyer de la sensibilité (…) unificateur des états de conscience ; Avec la subjectivité on mettra plutôt l’accent sur l’instance fondatrice de l’intentionnalité. Il s’agit de prendre le rapport entre le sujet et l’objet par le milieu. »22 Il qualifie donc de machiniques les processus de subjectivation non-humains.

Une machine fonctionne tout simplement, elle est une processualité, pas des moyens pour une fin, « Elle est travaillée en permanence par toutes les forces créatrices des sciences, des arts, des innovations sociales qui s’enchevêtrent et constituent une mécanosphère enveloppant notre biosphère. »23

« L’individu, le social, le machinique, écrit-il dans son dernier article, se chevauchent ; le juridique, l’éthique, l’esthétique et le politique également. Une grande dérive des finalités est en train de s’opérer : les valeurs de resingularisation de l’existence, de responsabilité écologique, de créativité machinique, sont appelées à s’instaurer comme foyer d’une nouvelle polarité progressiste au lieu et place de l’ancienne dichotomie droite/gauche.»24

19 Isabelle Stengers, « Entretien avec Bernard Mantelli », in Chimères n°41.
20 Félix Guattari, « Pour une refondation des pratiques sociales », in Le Monde Diplomatique, octobre 1992.
21 Félix Guattari, Chaosmose, p. 82.
22 Félix Guattari, ibid., p. 40.
23 Félix Guattari, « Pour une refondation des pratiques sociales », op. cit.
24 Ibid.

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