Archive pour la Catégorie 'Art et ecologie'

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Some fresh air…

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«  La monstrueuse pathologie atomiste que l’on rencontre aux niveaux individuel, familial, national et international – la pathologie du mode de pensée erroné dans lequel nous vivons tous – ne pourra être corrigée, en fin de compte, que par l’extraordinaire découverte des relations qui font la beauté de la nature.  » G. Bateson.

« Si nous n’avions pas approuvé les arts et inventé cette sorte de culte du non-vrai, nous ne saurions du tout supporter la faculté que nous procure maintenant la science, de comprendre l’universel esprit de non-vérité et de mensonge, de comprendre le délire et l’erreur en tant que conditions de l’existence connaissante et sensible » Nietzsche

A mi-chemin entre l’art et la science

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     Il est encore assez difficile d’illustrer pratiquement ce que peut-être une écologie créative, catalyseur de nouvelles formes artistiques et expressions capables d’enrichir intuitivement (approche intérieure) notre compréhension des relations, de nous faire sentir et expérimenter l’appartenance à un tout. Sur ce blog nous tentons de rassembler des fragments de ce que pourrait être une écologie étendue, sans supposer de sa forme, juste étirée sur ses bords par l’ensemble de ses divers potentiels ou composantes, du créatif au scientifique. Un petit objet semble satisfaire à ces critères.

L’Ecosphère est un écosystème qui vit et se développe sans aide extérieure autre qu’un peu de lumière. En quelque sorte on pourrait dire que c’est une approximation à petite échelle, plus qu’une reproduction, de notre système terrestre. Il se compose de crevettes, d’une eau de mer filtrée, d’algues, de gorgones et petits cailloux.

L’écosphère se présente donc comme une « mini – batterie » écologique qui accumule l’énergie de la lumière et la transforme en énergie biochimique grâce à l’activité photosynthétique des algues (lumière + CO2 dissout dans l’eau  = production de l’oxygène nécessaires à la respiration des crevettes et des bactéries et donc à la production de nouveau CO2).

Une fois que l’énergie solaire est ainsi rendue utilisable par le système, la chaine alimentaire (les flux de matière et d’énergie)  qui se met en place est la suivante : les crevettes se nourrissent des algues et des bactéries. Les bactéries transforment les déchets animaux (ammoniac) en nutriments consommés à leur tour par les algues (nitrates), c’est le cycle de l’azote bien connu en aquariophilie.

image002 dans -> PERSPECTIVES TRANSVERSES

Source graphique d’après http://www.eco-sphere.fr/

La durée de vie moyenne d’une écosphère est de 2 à 3 ans, jusqu’à 12 ans pour les plus anciens connus, plus de 18 ans pour certains systèmes sans crevette.

L’Ecosphère s’inspire des travaux menés par les Dr. Joe Hanson et Clair Folsome dans le cadre des recherches de la NASA sur la biosphère terrestre, ainsi que sur les systèmes biologiques nécessaires à la construction de stations spatiales d’étude du système solaire.

Voir le site internet

La perspective de l’alcyon : le corps conciliateur

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« Tout ce que nous autres, les alcyoniens, cherchons en vain chez Wagner : la gaya scienza ! Les pieds ailés, l’esprit, la flamme, la grâce, la danse des étoiles  » Nietzsche contre Wagner

« Il faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse » Ainsi parlait Zarathoustra

«  Qu’il soit perdu pour nous, le jour où nous n’avons pas dansé  » Ainsi parlait Zarathoustra

« On voit à la démarche de quelqu’un s’il a trouvé sa route, car l’homme qui approche du but ne marche pas; il danse » Nietzsche

« Je ne sais rien qu’un philosophe souhaite plus qu’être un bon danseur. Car la danse est son idéal, son art aussi, sa seule piété enfin : son culte » Le Gai savoir

« Des vérités faites pour nos pieds, des vérités qui se puissent danser » Nietzsche

« Il faut apprendre  » à tout considérer comme un geste : la longueur et la césure des phrases, la ponctuation, les respirations » Les dix commandements de l’école du style, aphorismes rédigés par Nietzsche pour Lou Andréas Salomé

     Ce qu’accomplit le danseur, c’est le dépassement des antinomies. Le corps dansant a le pouvoir d’unir les contraires, de laisser advenir , dans les contraires mêmes, une identité par le fond. Aussi, pour Nietzsche, le danseur est-il à la fois de la terre et du ciel, fils de la pesanteur et de la légèreté, médiateur entre le visible et l’invisible, réconciliateur des forces animales et des forces spirituelles, du corps et de l’esprit. La danse est le lieu fécond de la coïncidence des contraires. Pour Nietzsche dont le corps est malade, pour Nietzsche qui souffre de migraines violentes (le corps a mal là où il pense, là où il œuvre), la danse est identifiée à cet oiseau marin, présage de calme et de paix – «  l’alcyon  ». Michèle Finck

Alcyon pie en vol

     Puisque la vérité dernière exile l’esprit hors de la nature où il peut vivre et prospérer, la volonté de puissance irait inéluctablement à sa perte, si elle devait suivre l’injonction inconditionnelle à la probité et à la justice. « La connaissance est pour l’humanité un magnifique moyen de s’anéantir elle-même «  (X, 160). Pour échapper à cette menace, l’homme assigne une limite à sa véracité, il se fait l’avocat de l’apparence vitale ; cette apparence sanctifiée grâce au renoncement lucide de l’esprit le plus véridique, c’est l’art. « Nous avons l’art, dit Nietzsche, afin de ne pas mourir de la vérité » (XVI, 248). En effet,  »si nous n’avions pas approuvé les arts et inventé cette sorte de culte du non-vrai, nous ne saurions du tout supporter la faculté que nous procure maintenant la science, de comprendre l’universel esprit de non-vérité et de mensonge, de comprendre le délire et l’erreur en tant que conditions de l’existence connaissante et sensible » (V, 142). D’après source : Encyclopédia Universalis 2004

« Nietzsche est le philosophe de la vie. Il célèbre le corps en marche, le corps emporté par le mouvement, la danse, la musique [...] Contre le nihilisme qui, rongeant son époque, nie la vie et s’abîme dans le séculaire mépris du corps, Nietzsche propose une nouvelle image de la pensée. Une philosophie à coups de marteau qui fait tinter les entrailles des vieilles (et creuses) idoles et s’éprend de l’apesanteur, du geste, de la musique. Ainsi, se libérant des illusions métaphysiques, Nietzsche veut proposer une esthétique de l’existence [...] » D’après le dossier Nietzsche contre le nihilisme, Magazine littéraire n° 383 -Janvier 2000

Mensch, gib acht !

Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche : Le chant de la danse

     Un soir Zarathoustra traversa la forêt avec ses disciples; et voici qu’en cherchant une fontaine il parvint sur une verte prairie, bordée d’arbres et de buissons silencieux: et dans cette clairière des jeunes filles dansaient entre elles. Dès qu’elles eurent reconnu Zarathoustra, elles cessèrent leurs danses; mais Zarathoustra s’approcha d’elles avec un geste amical et dit ces paroles:

« Ne cessez pas vos danses, charmantes jeunes filles! Ce n’est point un trouble-fête au mauvais œil qui est venu parmi vous, ce n’est point un ennemi des jeunes filles! Je suis l’avocat de Dieu devant le Diable: or le Diable c’est l’esprit de la lourdeur. Comment serais-je l’ennemi de votre grâce légère? L’ennemi de la danse divine, ou encore des pieds mignons aux fines chevilles?

Il est vrai que je suis une forêt pleine de ténèbres et de grands arbres sombres; mais qui ne craint pas mes ténèbres trouvera sous mes cyprès des sentiers fleuris de roses. Il trouvera bien aussi le petit dieu que les jeunes filles préfèrent: il repose près de la fontaine, en silence et les yeux clos.

En vérité, il s’est endormi en plein jour, le fainéant! A-t-il voulu prendre trop de papillons? Ne soyez pas fâchées contre moi, belles danseuses, si je corrige un peu le petit dieu! Il se mettra peut-être à crier et à pleurer, mais il prête à rire, même quand il pleure!

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Et c’est les yeux pleins de larmes qu’il doit vous demander une danse; et moi-même j’accompagnerai sa danse d’une chanson. Un air de danse et une satire sur l’esprit de la lourdeur, sur ce démon très haut et tout puissant, dont ils disent qu’il est le « maître du monde ».

Et voici la chanson que chanta Zarathoustra, tandis que Cupidon et les jeunes filles dansaient ensemble:

Un jour j’ai contemplé tes yeux, ô vie! Et il me semblait tomber dans un abîme insondable! Mais tu m’as retiré avec des hameçons dorés; tu avais un rire moqueur quand je te nommais insondable.

« Ainsi parlent tous les poissons, disais-tu; ce qu’ils ne peuvent sonder est insondable. Mais je ne suis que variable et sauvage et femme en toute chose, je ne suis pas une femme vertueuse: Quoique je sois pour vous autres hommes « l’infinie » ou « la fidèle », « l’éternelle », « la mystérieuse ». Mais, vous autres hommes, vous nous prêtez toujours vos propres vertus, hélas! Vertueux que vous êtes! »

C’est ainsi qu’elle riait, la décevante, mais je me défie toujours d’elle et de son rire, quand elle dit du mal d’elle-même. Et comme je parlais un jour en tête-à-tête à ma sagesse sauvage, elle me dit avec colère: « Tu veux, tu désires, tu aimes la vie et voilà pourquoi tu la loues! »

Peu s’en fallut que je ne lui fisse une dure réponse et ne dise la vérité à la querelleuse; et l’on ne répond jamais plus durement que quand on dit « ses vérités » à sa sagesse. Car s’est sur ce pied-là que nous sommes tous les trois. Je n’aime du fond du cœur que la vie – et, en vérité, je ne l’aime jamais tant que quand je la déteste!

Mais si je suis porté vers la sagesse et souvent trop porté vers elle, c’est parce qu’elle me rappelle trop la vie! Elle a ses yeux, son rire et même son hameçon doré; qu’y puis-je si elles se ressemblent tellement toutes deux?

Et comme un jour la vie me demandait: « Qui est-ce donc, la sagesse? » J’ai répondu avec empressement: « Hélas oui! La sagesse! On la convoite avec ardeur et l’on ne peut se rassasier d’elle, on cherche à voir sous son voile, on allonge les doigts vers elle à travers les mailles de son réseau.

http://www.dailymotion.com/video/x47cou

Est-elle belle? Que sais-je! Mais les plus vieilles carpes mordent encore à ses appâts. Elle est variable et entêtée; je l’ai souvent vue se mordre les lèvres et de son peigne emmêler ses cheveux. Peut-être est-elle mauvaise et perfide et femme en toutes choses; mais lorsqu’elle parle mal d’elle-même, c’est alors qu’elle séduit le plus. »

Quand j’eus parlé ainsi à la vie, elle eut un méchant sourire et ferma les yeux. « De qui parles-tu donc? dit-elle, peut-être de moi? Et quand même tu aurais raison – vient-on vous dire en face de pareilles choses! Mais maintenant parle donc de ta propre sagesse! »  Hélas! Tu rouvris alors les yeux, ô vie bien-aimée! Et il me semblait que je retombais dans l’abîme insondable.  

Ainsi chantait Zarathoustra. Mais lorsque la danse fut finie, les jeunes filles s’étant éloignées, il devint triste. « Le soleil est caché depuis longtemps, dit-il enfin; la prairie est humide, un souffle frais vient de la forêt. Il y a quelque chose d’inconnu autour de moi qui me jette un regard pensif. Comment! Tu vis encore, Zarathoustra? Pourquoi? A quoi bon? De quoi? Où vas-tu? Où? Comment? N’est-ce pas folie que de vivre encore? Hélas! Mes amis, c’est le soir qui s’interroge en moi. Pardonnez-moi ma tristesse! Le soir est venu: pardonnez-moi que le soir soit venu! »

La perspective de l'alcyon : le corps conciliateur dans -> CAPTURE de CODES : image00215

Lire Poésie moderne et danse : le corps en question, un article de Michèle Finck.

Voir le site webnietzsche

Intensité des corps

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     « Faire du corps une puissance qui ne se réduit pas à l’organisme, faire de la pensée une puissance qui ne se réduit pas à la conscience. Le célèbre premier principe de Spinoza (une seule substance pour tous les attributs) dépend de cet agencement, et non l’inverse. Il y a un agencement-Spinoza : âme et corps, rapports, rencontres, pouvoir d’être affecté, affects qui remplissent ce pouvoir, tristesse et joie qui qualifient ces affects.
La philosophie devient ici l’art d’un fonctionnement, d’un agencement. Spinoza, l’homme des rencontres et du devenir, le philosophe à la tique, Spinoza l’imperceptible, toujours au milieu, toujours en fuite même s’il ne bouge pas beaucoup, fuite par rapport à la communauté juive, fuite par rapport aux Pouvoirs, fuite par rapport aux malades et aux venimeux. Il peut être lui-même malade, et mourir; il sait que la mort n’est pas le but ni la fin, mais qu’il s’agit au contraire de passer sa vie à quelqu’un d’autre.
Ce que Lawrence dit de Whitman, à quel point ça convient à Spinoza, c’est sa vie continuée : l’Ame et le Corps, l’âme n’est ni au-dessus ni au-dedans, elle est « avec », elle est sur la route, exposée à tous les contacts, les rencontres, en compagnie de ceux qui suivent le même chemin, « sentir avec eux, saisir la vibration de leur âme et de leur chair au passage », le contraire d’une morale de salut, enseigner à l’âme à vivre sa vie, non pas à la sauver. »

Gilles Deleuze, Spinoza, Philosophie pratique

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Que peuvent les corps ?

« L’artifice fait complètement-partie de la Nature, puisque toute chose, sur le plan immanent de la Nature, se définit par des agencements de mouvements et d’affects dans lesquels elle entre, que ces agencements soient artificiels ou naturels […] l’Ethique de Spinoza n’a rien à voir avec une morale, il la conçoit comme une éthologie, c’est-à-dire comme une composition des vitesses et des lenteurs, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté sur ce plan d’immanence. Voilà pourquoi Spinoza lance de véritables cris : vous ne savez pas ce dont vous êtes capables, en bon et en mauvais, vous ne savez pas d’avance ce que peut  un corps ou une âme, dans telle rencontre, dans tel agencement, dans telle combinaison. » Gilles Deleuze

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     Un milliard et demi d’années avant Albena Denkova et Maxim Staviski, l’évolution célébrait une grande composition, un grand saut : le passage de la cellule vivante indifférenciée (procaryote)  à la cellule vivante à noyau (eucaryote). Le vivant passait alors de la reproduction par contact (division asexuée) à la reproduction sexuée, les chromosomes, autrement dit l’information génétique, étant maintenant enclose dans un noyau.

Pour reprendre une métaphore économique, c’est l’abolition du libre échange génétique, l’apparition de membranes externes et de noyau en tant que nouvelles frontières, la constitution d’un dehors exposé à l’environnement et d’un intérieur protégé. Sexualité et noyau, individuation et mort ont été inventés de pair, par accident, et sélectionnés par l’évolution.

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     Dès lors que la cellule à noyau absorbera par symbiose les algues bleues (cyanobactérie) pour en faire des chloroplastes, c’est la création possible des végétaux verts, structures capables de synthétiser de la matière organique à partir de l’énergie solaire. C’est le début des organisations pluricellulaires: coopération, sélection, différenciation et spécialisation : la formation des premiers squelettes, la création des premières interdépendances…des premiers agencements…composition des vitesses et des lenteurs…

cellule eucaryote

     Pour les tenants de l’hypothèse de l’endosymbiose, la cellule eucaryote c’est ainsi « composée » progressivement dans le temps. En effet, tout comme la mitochondrie, les  chloroplastes possèdent leur propre ADN, ce qui nous fait penser que ces bactéries d’origine exogène ont été « adoptées » au fur et à mesure par la cellule eucaryote.

Pour les structures animales à venir, c’est l’activité photosynthétique des algues bleues, puis des végétaux verts qui va absorber le carbone de l’air (CO2) : constitution des sédiments océaniques pour les premières, matière végétale pour les autres, et concourir ainsi à réduire l’effet de serre. En rejetant de l’oxygène, en tant que déchet de la photosynthèse, ces organismes permettront également la création de la couche d’ozone (O3), protection vitale contre les radiations UV.

  Atmosphères de le Terre primitive - Atmosphère actuelle

H2O

80-90%

Traces

O2

0%

21%

CO2

10-20%

Traces

N2

1-4%

78%

Date (millions d’années)

Evénements

-400 Colonisation de la terre ferme.
-500 Couche d’ozone (protection contre les UV).
-1000 Premiers métazoaires (animaux).
-1800 Apparition des cellules eucaryotes.
-2000 Apparition du dioxygène dans l’atmosphère.
-3500 Apparition des bactéries anaérobies et des cyanobactéries.
-4500 Formation de la Terre.

Chlorophylle

Ecologie, composition de rapports et agencement

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     Sous un certain angle, l’écologie pourrait être vue comme l’art de composer des rapports, des agencements. Une fois dit que ceux-ci acquièrent une certaine permanence ou durée, c’est alors également l’art de coloniser de la roche nue, comme de « contaminer » un système de pensée.

Si l’on souhaite explorer plus en avant les conséquences possibles d’une telle définition, il conviendrait donc dans un premier temps de se demander ce que l’on peut entendre par agencement.

     Deleuze nous renseignait sur la philosophie de Spinoza et sur la place de l’agencement vu comme la nécessaire rencontre, composition des corps : « l’artifice fait complètement-partie de la Nature, puisque toute chose, sur le plan immanent de la Nature, se définit par des agencements de mouvements et d’affects dans lesquels elle entre, que ces agencements soient artificiels ou naturels […] l’Ethique de Spinoza n’a rien à voir avec une morale, il la conçoit comme une éthologie, c’est-à-dire comme une composition des vitesses et des lenteurs, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté sur ce plan d’immanence. Voilà pourquoi Spinoza lance de véritables cris : vous ne savez pas ce dont vous êtes capables, en bon et en mauvais, vous ne savez pas d’avance ce que peut  un corps ou une âme, dans telle rencontre, dans tel agencement, dans telle combinaison. »

Or il semble qu’une autre perspective éclairante de l’agencement (circuit de système) puisse être vue chez Bateson pour qui : « si nous voulons expliquer ou comprendre l’aspect « mental » de tout événement biologique, il nous faut, en principe, tenir compte du système, à savoir du réseau des circuits fermés, dans lequel cet événement biologique est déterminé. Cependant, si nous cherchons à expliquer le comportement d’un homme ou d’un tout autre organisme, ce « système » n’aura généralement pas les mêmes limites que le « soi » – dans les différentes acceptions habituelles de ce terme. »

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     Bateson prend l’exemple d’un homme abattant un arbre avec une cognée. Chaque coup de cognée sera corrigé en fonction de la forme de l’entaille laissée sur le tronc par le coup précédent. Ce processus autocorrecteur (mental) est donc déterminé par un système global fait de l’agencement suivant : arbre-yeux-cerveau-muscles-cognée-coup-arbre.

Pour Bateson, ce n’est pas ainsi qu’un homme occidental moyen considérera la séquence événementielle de l’abattage de l’arbre. Selon son mode de pensée, il dira plutôt : «J’abats l’arbre» et ira même jusqu’à penser qu’il y a un agent déterminé, le « soi », qui accomplit une action déterminée, dans un but précis, sur un objet déterminé. Ce mode de pensée caractéristique aboutissant au final à renfermer l’esprit dans l’homme et à réifier l’arbre et « finalement, l’esprit se trouve réifié lui-même car, étant donné que le soi agit sur la hache qui agit sur l’arbre, le « soi » lui-même doit être une chose ».  

image00311 dans Art et ecologie

     Bateson prend un autre exemple d’agencement, celui de l’aveugle avec sa canne et se demande alors : « où commence le « soi » de l’aveugle ? Au bout de la canne ? Ou bien à la poignée ? Ou encore, en quelque point intermédiaire ? » Pour lui toutes ces questions sont absurdes, puisque la canne est tout simplement une voie, au long de laquelle sont transmises les différences transformées (sa définition de l’idée), de sorte que couper cette voie c’est supprimer une partie du circuit systémique qui détermine la possibilité de locomotion de l’aveugle. L’agencement est donc un facteur positif, créateurs d’ordre, de structures, de fonctions. Mais bien plus : « l’unité autocorrective qui transmet l’information ou qui, comme on dit, « pense »,   « agit » et  « décide », est un système dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément « soi » ou conscience ».

image0043 dans Bateson

     Pour Bateson les idées sont immanentes dans un réseau de voies causales que suivent les conversions de différence (i.e. des idées qui ne sont pas des « impulsions », mais de « l’information »). Celles-ci « coulent » dans des réseaux multiples, s’articulant ou s’agençant par delà les formes et contours :

  • « ce réseau de voies ne s’arrête pas à la conscience. Il va jusqu’à inclure les voies de tous les processus inconscients, autonomes et refoulés, nerveux et hormonaux »;

  • « le réseau n’est pas limité par la peau mais comprend toutes les voies externes par où circule l’information. Il comprend également ces différences effectives qui sont immanentes dans les « objets » d’une telle information ; il comprend aussi les voies lumineuses et sonores le long desquelles se déplacent les conversions de différences, à l’origine immanentes aux choses et aux individus et particulièrement à nos propres actions».

image0053 dans Deleuze

Citations de Gregory Bateson d’après « Vers une écologie de l’esprit » – Tome 1

Bonnes et mauvaises rencontres

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DELEUZE / SPINOZA Cours Vincennes – 24/01/1978

Faire des rencontres

« Lorsque je fais une rencontre telle que le rapport du corps qui me modifie, qui agit sur moi, se combine avec mon propre rapport, avec le rapport caractéristique de mon propre corps, qu’est-ce qui se passe? Je dirais que ma puissance d’agir est augmentée; elle est au moins augmentée sous ce rapport-là. »

« Lorsque, au contraire, je fais une rencontre telle que le rapport caractéristique du corps qui me modifie compromet ou détruit un de mes rapports, ou mon rapport caractéristique, je dirais que ma puissance d’agir est diminuée, ou même détruite. Nous retrouvons là nos deux affects – affectus –, fondamentaux: la tristesse et la joie. »

« Lorsque je suis empoisonné, mon pouvoir d’être affecté est absolument rempli, mais il est rempli de telle manière que ma puissance d’agir tend vers zéro, c’est-à-dire qu’elle est inhibée. Inversement, lorsque j’éprouve de la joie, c’est à dire lorsque je rencontre un corps qui compose son rapport avec le mien, mon pouvoir d’être affecté est rempli également et ma puissance d’agir augmente. »

Bonnes et mauvaises rencontres dans -> CAPTURE de CODES : image00118

« Dans le cas d’une mauvaise rencontre, toute ma force d’exister (vis existendi) est concentrée, tendue vers le but suivant: investir la trace du corps qui m’affecte pour repousser l’effet de ce corps, si bien que ma puissance d’agir est diminuée d’autant. »

« Vous avez mal à la tête et vous dites: je ne peux même plus lire. Ça veut dire que votre force d’exister investit tellement la trace migraine, ça implique des changements dans un de vos rapports subordonnés, elle investit tellement la trace de votre migraine que votre puissance d’agir est diminuée d’autant. » 

http://video.google.com/videoplay?docid=-280097884890390788

« Au contraire, quand vous dites: ô je me sens bien, et que vous êtes content, vous êtes content aussi parce que des corps se sont mélangés avec vous dans des proportions et des conditions qui sont favorables à votre rapport; à ce moment-là, la puissance du corps qui vous affecte se combine avec la vôtre de telle manière que votre puissance d’agir est augmentée. Si bien que dans les deux cas votre pouvoir d’être affecté sera complètement effectué, mais il peut être effectué de telle manière que la puissance d’agir diminue à l’infini ou que la puissance d’agir augmente. »

Composer des rapports

« Sûrement dans ma génération, en moyenne, on était beaucoup plus cultivé ou savant en philosophie, quand on en faisait, et en revanche on avait une espèce d’inculture très frappante dans d’autres domaines, en musique, en peinture, en cinéma. J’ai l’impression que pour beaucoup d’entre vous le rapport a changé, c’est à dire que vous ne savez absolument rien, rien en philosophie et que vous savez, ou plutôt que vous avez un maniement concret de choses comme une couleur, vous savez ce que c’est qu’un son ou ce que c’est qu’une image. »

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« Vous vous rappelez qu’une idée-affection, c’est l’idée d’un mélange, c’est-à-dire l’idée d’un effet d’un corps sur le mien. Une idée-notion ne concerne plus l’effet d’un autre corps sur le mien, c’est une idée qui concerne et qui a pour objet la convenance ou la disconvenance des rapports caractéristiques entre les deux corps. »

« Si j’en savais assez sur le rapport caractéristique du corps nommé arsenic et sur le rapport caractéristique du corps humain, je pourrais former une notion de ce en quoi ces deux rapports disconviennent au point que l’arsenic, sous son rapport caractéristique, détruit le rapport caractéristique de mon corps. Je suis empoisonné, je meurs. »

« Vous voyez que, à la différence de l’idée d’affection, au lieu d’être la saisie du mélange extrinsèque d’un corps avec un autre, ou de l’effet d’un corps sur un autre, la notion s’est élevée à la compréhension de la cause, à savoir, si le mélange a tel ou tel effet, c’est en vertu de la nature du rapport des deux corps considérés et de la manière dont le rapport de l’un des corps se compose avec le rapport de l’autre corps. Il y a toujours composition de rapports. »

La rencontre (version bleue)

« Lorsque je suis empoisonné, c’est que le corps arsenic a induit les parties de mon corps à entrer sous un autre rapport que le rapport qui me caractérise. A ce moment-là, les parties de mon corps entrent sous un nouveau rapport induit par l’arsenic, qui se compose parfaitement avec l’arsenic; l’arsenic est heureux puisqu’il se nourrit de moi. L’arsenic éprouve une passion joyeuse car, comme le dit bien Spinoza, tout corps a une âme. Donc l’arsenic est joyeux, moi évidemment je ne le suis pas. Il a induit des parties de mon corps à entrer sous un rapport qui se compose avec le sien, arsenic. Moi je suis triste, je vais vers la mort. »

Typologie des modes d’existence

« Tant que vous avez un affect triste, c’est qu’un corps agit sur le vôtre, une âme agit sur la vôtre dans des conditions telles et sous un rapport qui ne convient pas avec le vôtre. Dès lors, rien dans la tristesse ne peut vous induire à former la notion commune, c’est-à-dire l’idée d’un quelque chose de commun entre les deux corps et les deux âmes. »

Carmen

« Généralement les gens font la sommation de leurs malheurs, c’est même là que la névrose commence, ou la dépression, quand on se met à faire des totaux : oh, merde, il y a ceci, et il y a cela… Spinoza propose l’inverse: au lieu de faire la sommation de nos tristesses, prendre un point de départ local sur une joie à condition qu’on sente qu’elle nous concerne vraiment. Là-dessus on forme la notion commune, là-dessus on essaie de gagner localement, d’étendre cette joie. C’est un travail de la vie. On essaie de diminuer la portion respective des tristesses par rapport à la portion respective d’une joie, et on tente le coup formidable suivant: on est assez assuré de notions communes qui renvoient à des rapports de convenance entre tel et tel corps et le mien, on va tenter alors d’appliquer la même méthode à la tristesse, mais on ne pouvait pas le faire à partir de la tristesse, c’est-à-dire qu’on va tenter de former des notions communes par lesquelles on arrivera à comprendre de manière vitale en quoi tel et tel corps disconviennent et non plus conviennent. »

« A ce moment là, vous pouvez déjà dire que vous êtes dans l’idée adéquate puisque, en effet, vous êtes passé dans la connaissance des causes. Vous pouvez déjà dire que vous êtes dans la philosophie. Une seule chose compte, c’est les manières de vivre. Une seule chose compte, c’est la méditation de la vie, et la philosophie ça ne peut être qu’une méditation de la vie, et loin d’être une méditation de la mort, c’est l’opération qui consiste à faire que la mort n’affecte finalement que la proportion relativement la plus petite en moi, à savoir la vivre comme une mauvaise rencontre. »

image0052 dans Art et ecologie

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