Archive pour la Catégorie 'Oikos'

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Promesses d’un gai savoir écologique …

gai savoir ecologique 

Fragments de rencontres urbaines, suite …

Séminaire, les horizons de l’écologie politique.
Réseau des correspondances.
Pierre Zaoui …
Un spinozisme mélancolique.
L’eau coule, circule entre tous les plans.
Une contrainte pensée devient puissance.
Ou trouver de la joie dans le renforcement des forces écologiques ?

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Séminaire du Collège International de Philosophieles horizons de l’écologie politique, séance n°4, Pierre Zaoui, notes incomplètes.

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Un constat initial

L’émergence d’un tournant écologique, net, non orchestré, non idéologique. Un tournant qui emporte avec lui le politique.
Le sol de la politique, du local au global, se transforme, est travaillé par cette nouvelle nécessité : répondre aux enjeux écologiques.

Des questions

Peut-on faire pivoter ce sol pour qu’il devienne un horizon, une visée ? Si oui, est-il encore souhaitable de penser la politique en termes d’horizon, d’idéologie ?
Par ailleurs, afin de constituer un tel horizon, une nouvelle forme de subjectivation politique, peut-on partir des menaces relevées par l’écologie scientifique (destructions des habitats, dégradations et modifications irréversibles affectant nos conditions de vie présentes et futures) ?
Comment au coeur de l’annonce de ces catastrophes faire émerger un nouveau principe d’espérance politique ? Peut-on sortir de l’heuristique de la peur pour promouvoir un gai savoir écologique ? (c.f. TRE Spinoza, mieux vaut gouverner par l’espérance que par la crainte).

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Transformer l’annonce des catastrophes en principe d’espérance

Quelques exemples historiques

L’exode des Hébreux transformé/intégré par Moïse dans une nouvelle foi (c.f. TRE Spinoza). Un nouveau sol, le désert, sa transformation en une nouvelle espérance, l’horizon de la Loi.
La démocratie grecque, processus de transformation de la révolte de la plèbe, une construction sur le sol d’une guerre civile au sein de la Cité.
Le Christianisme, une transformation du texte de l’apocalypse, de la fin de l’empire romain et de l’état juif. L’articulation de la catastrophe annoncée et des décompositions en cours vers la constitution d’un message d’amour, l’annonce d’une bonne nouvelle (un sauveur).
Le tremblement de terre de Lisbonne, la saisie de la contingence et de la vulnérabilité de l’espèce humaine et leur transformation à travers la création de l’idée de progrès. La promesse d’un avenir fait de savoir, de paix et de fraternité (idée de perfectibilité de l’espèce humaine).
L’horizon communiste révolutionnaire qui pousse sur le terreau des catastrophes issues de la révolution industrielle, l’importante dégradation des conditions de vie conséquence de l’accumulation primitive (premier stade de développement du système capitalisme). De cela nait la promesse, l’horizon d’une société sans classe faite d’hommes désaliénés, hommes totaux libérés de la contrainte, du pouvoir, etc.

Une nouvelle bonne nouvelle ?

Un processus commun à l’œuvre : (se) saisir d’une catastrophe particulière, la transformer en une nouvelle espérance.
Une double problèmatique avec les catastrophes écologiques : celles-ci sont hyperboliques (disparition tendancielle de l’espèce humaine) et leur lecture n’est pas directement, n’est pas immédiatement donnée en tant que position politique. L’écologie politique regroupe des forces diverses et opposées.
Des problèmes et des promesses. Comment une autre politique (une nouvelle bonne nouvelle) est-elle possible dans ce cadre ?
Un gai savoir écologique, l’ivresse du convalescent, les puissances de libération dans la débâcle, où trouver de la joie (augmentation de ses capacités à affecter et être affecté, c.f. Spinoza) dans le renforcement des forces écologiques ?

6 nouvelles bonnes nouvelles ?

Après-vous le déluge ?

Il s’agirait d’inverser le principe de responsabilité proposée par Jonas. Jonas développe une responsabilité tournée vers l’avenir, pouvoir léguer aux générations à venir un monde encore vivable. Son option politique, faire de la loi une obligation de transmission (c.f. le Talmud).
Le problème de la position de Jonas ? Au final quelle différence entre culpabilité et responsabilité ? Il y a identité entre une responsabilité hyperbolique et une culpabilité infinie dans la mesure où celle-ci porte sur l’indéfinité des générations à venir.
Or le but de l’écologie politique n’est pas de prendre en charge cette nouvelle responsabilité, au contraire, il s’agit de nous en libérer au présent de l’action politique. A condition de sortir des horizons religieux et redonner du sens à la politique, précisément au sens de l’action collective, la politique peut agir positivement sur les menaces actuelles.

L’écologie politique visant à transmuer l’action individuelle en un horizon de l’action collective, son objectif est justement de faire sortir l’individu du poids de la responsabilité/culpabilité individuelle.
Les problèmes écologiques ne se règleront pas à travers la prise de conscience individuelle de chacun, contrairement aux modèles du christianisme ou du marxisme, mais par des accords collectifs ici et maintenant.
Il s’agit de ne surtout pas produire de la morale à partir de l’écologie scientifique. De ne pas fliquer les conduites individuelles, promouvoir le contrôle social et une écologie totalitaire.
La formulation d’un après-vous le déluge souligne ainsi la nécessité de sortir l’individu de la culpabilité. Celui-ci aura participé, se sera assumé pleinement comme actant politique.

Première bonne nouvelle : on n’a pas à se sentir coupable.

Une prise en compte effective du multiple ?

Le concept de multitude prend (enfin ?) un sens effectif avec l’écologie politique.
Le concept de multiplicité, la distribution sur un espace lisse d’éléments radicalement hétérogènes et sans identité (unité) préalable. Ici le un est produit par le multiple et non l’inverse.
Le concept de peuple, par exemple chez Machiavel, un ensemble homogène dans ses humeurs. Idem chez Marx, Lacan, voire même chez Deleuze avec son devenir imperceptible.

L’écologie politique, en tant qu’elle se fait d’une conjonction singulière de positions antagonistes, sans rapport et sans origine commune, travaille dans et avec le concept de  multiplicité.
L’écologie politique, c’est un certain rapport à la science, la croyance dans la sphère technico-scientifique, son consensus climatique par exemple, et simultanément, une critique des effets de la sphère technico-scientifique sur la biosphère.
L’écologie politique réunit des multiplicités, sans position initiale requise, articule des positions. Elle part d’une multiplicité des pratiques sans promettre de synthèse finale. Elle est radicalement non programmatique, propose des rapports ouverts et contingents avec le dehors sur la base d’une réunion de singularités qui s’articulent pour agir, sans outils pensés à l’avance pour ce faire.

Seconde bonne nouvelle : un respect des singularités.

Une promesse d’abondance ?

La question de la frugalité. Dans nos sociétés de l’accumulation, c’est le productivisme qui produit le sentiment de rareté. Il s’agit donc de faire passer l’organisation économique au second plan, précisément parce qu’il n’y a pas de bonne organisation économique. L’économie se doit d’être soumise à un principe d’abondance en se débarrassant de la rareté.

Troisième bonne nouvelle : il n’y a pas de bonne organisation économique à rechercher.

Un nouveau cosmopolitisme ?

Quelques grandes formes de cosmopolitismes dans l’histoire. Celui des stoïciens, Épictète et la notion de citoyen du monde sous la condition de l’existence de l’empire romain. Suivent le cosmopolitisme des lumières, de l’internationalisme socialiste, du communisme et du tiers-mondisme. Les cosmopolitismes économiques, celui de la première mondialisation entre la fin du XIXème et le début XXème, aujourd’hui, celui de la seconde mondialisation.  

L’écologie politique transforme le cosmopolitisme en faisant de cet horizon un sol. La terre espace clos, l’actualisation du « nous sommes embarqués » de Pascal. Soit un rêve qui peut se passer d’horizon, un rêve dans et sur le réel.
- Le rêve d’un cosmopolitisme expert. Un individu expert (partiel) de son environnement et qui témoigne pour tous et devant tous des modifications de son environnement.
- Le rêve d’un cosmopolitisme immobile. Des lenteurs dans les déplacements (c.f. Beckett, Kafka), un devenir végétal dans les stratégies d’occupation de l’espace.
- Le rêve d’un cosmopolitisme non-humain. Repenser une politique du lieu commun, l’ouvrir aux non-humains.

Quatrième bonne nouvelle : un rêve les deux pieds dans le réel.

Une nouvelle esthétique ?

Repenser l’art sous l’horizon écologique. Un nouveau sens et/ou rapport à la nature ? De nouvelles formes de représentation ou de non représentation (c.f. l’expérience des romantiques allemands).
Une esthétique du quotidien, un art brut, de nouvelles interactivités pour un nouveau spectateur.

Cinquième bonne nouvelle : de nouvelles formes de représentation à naître.

De nouvelles formes de conflictualité ?

Flottantes, transversales, à construire sur les ruines (recyclage) des anciennes formes de conflictualité  (le syndicalisme, l’associatif, etc.)

Sixième bonne nouvelle : de nouvelles formes d’organisation à composer.

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Pour éviter une dérive religieuse à partir de ces différentes promesses, il est nécessaire de produire une philosophie.

gai savoir ecologique

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http://www.dailymotion.com/video/xct3sg Nenette

Fragments de rencontres urbaines

       Si nous ne devions garder qu’une chose à dire ici, un truc comme ça. Aborder les questions écologiques, étendues et non entendues, c’est avant tout se confronter à l’abondance des objets du monde, la co-production des relations qui passent entre, les usages input/output qu’on en (co)fait.
C’est donc la mobilisation tout azimut de l’ensemble de nos ressources (sciences, littérature, cinéma, poésie, etc.), la mise en place de dispositifs de rencontre et de de capture champ/hors-champ pour auto-co-productions d’assemblages à plier dans des images, le tissage d’un réseau de correspondances inévidentes, à donner à voir, à donner pour se voir dans ce que je prends, ce à quoi je suis indifferent, faire percevoir de la toile qui porte tel ou tel existant.
Deux petites flâneries urbaines dans cette direction.

http://www.dailymotion.com/video/x345rs Reconquête de … l’étonnement.

Ce que peut un récit …
le (re)montage d’Yves Citton,
à la jointure des Arts et de la Politique

http://www.dailymotion.com/video/xcjxgh

Jeudi 4 mars à 20h00, librairie le genre urbain, rencontre – débat avec Yves Citton et Laurent Bove autour du livre d’Yves Citton : Mythocratie. Storytelling et imaginaire de gauche (Ed. Amsterdam
« Comment comprendre le soft power que mobilisent nos sociétés mass-médiatiques pour conduire nos conduites, pour nous gouverner ? Comment en infléchir les opérations pour en faire des instruments d’émancipation ? Cet ouvrage tente de répondre à ces questions en croisant trois approches. Il synthétise d’abord le nouvel imaginaire du pouvoir qui fait de la circulation des flux de désirs et de croyances la substance propre du pouvoir. Il se demande ensuite ce que peut un récit, et en quoi les ressources du storytelling, qui ont été récemment accaparées par des idéologies réactionnaires, peuvent être réappropriées pour des politiques émancipatrices. Au carrefour des pratiques de narration et des dispositifs de pouvoir, il essaie surtout de définir un type d’activité très particulier : la scénarisation. Mettre en scène une histoire, articuler certaines représentations d’actions selon certains types d’enchaînements, c’est s’efforcer de conduire la conduite de celui qui nous écoute – c’est tenter de scénariser son comportement à venir. »

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* Capture partielle de signaux – Yves Citton

- Un livre résultant d’un travail de « montage ».
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L’imaginaire du pouvoir, pouvoir versus puissance, des dispositifs de captation de l’attention. Pouvoir = captation, canalisation (partielle, située) des flux de désirs et de croyances de la multitude (=> puissance de la multitude).
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Imaginaire, récit du pouvoir => artefact, dispositif de coagulation des désirs de la multitude => soft power conducteur de conduite. Le soft power comme résultant du mouvement ascendant qui transforme la puissance de la multitude en institutions politiques dont l’autorité retombe sur la multitude.
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Toute action dans le monde présuppose un schème narratif (pas d’histoires, pas d’actions). Perspective d’encapacitation qui fait de la structure narrative la forme même de toute pensée de l’action. La scénarisation désigne le fait qu’on ne (se) raconte jamais une histoire sans se projeter dans un certain scénario d’enchaînement d’actions.
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Expérimentation (montage/démontage/remontage des récits) versus expertise (récits indémontables). C’est de chacun de nous, de nos formes de vie, de désirs et de résistances quotidiennes qu’émerge la puissance de raconter les histoires nouvelles qui amélioreront notre devenir commun.
- Objectif : restructurer les canaux de distribution du pouvoir de scénarisation qui assurent la circulation des histoires au sein de la multitude, gagner en autonomie.

* Capture partielle de signaux – Laurent Bove

- Un récit <=> un corps <=> une organisation singulière d’images. Des images organisées qui nous affectent, produisent des effets (modifications) sur les corps, et qu’on affecte (image <=> modification des corps <=> réel en action).
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Écriture du multiple et puissance de la diversité. La multitude est producteur et produit de ses récits <=> auto-affection de la multitude => auto-organisation => auto-institution (imaginaire constituant, des institutions, des pratiques, etc.)
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Contexte d’effondrement des récits ? Incrédulité vis-à-vis des métarécits, la question centrale de la scénarisation (processus), de l’organisation des images (corps).
- Objectif : comment faire circuler, inventer, fluidifier, laisser du, le(s) désir(s) disponible(s). Question de la disponibilité des désirs en rapport à leur fixation, à leur capture par des dispositifs d’objets, gagner en autonomie.

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Image de prévisualisation YouTube Un homme qui dort, (Queysanne, Perec – 1974) passage.

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* Digestion et rebranchement partiels de signaux

Face à la complexité, multiplicité et hétérogénéité qui émergent des connaissances-branchements-combinaisons de l’air d’un temps, incertitudes plus que certitudes – les questions écologiques, l’hyper-ville et les réseaux complexes, des stratégies d’occupation réticulaires de l’espace et du temps à une échelle globale – entre auto-production et co-production, quels rôles et quels types de récits (re)monter-(re)produire ?
Dans une note précédente nous avions souligné, à partir du travail d’Isabelle Stengers sur le mythe de Gaïa, l’importance qu’il y aurait à produire de nouvelles figures instauratrices pour l’écologie. Se raconter des histoires qui ne prétendent pas dire le vrai, mais qui aident à saisir, ressentir ce qui est encore hors-champ des mots pour le dire : le nouveau.
Une scénarisation, soit un enchainement d’images singulières dont l’organisation porte en elle l’information sur les relations entre les choses, articule et encapsule certaines représentations d’actions. Retour ici en écho sur notre petite notion de photo-synthèse, auto mise en image pour gain en autonomie, pliage de ses affects et de leur terreau de croissance afin de nourrir la banque d’image collective de nouvelles potentialités de dépliages et détricotages qui ne se pensent/disent pas à l’avance.

Pour Yves Citton, il s’agit de pouvoir participer à l’émergence d’un imaginaire «  (…) bricolage hétéroclite d’images fragmentaires, de récits décadrés et de mythes interrompus, qui prennent ensemble la consistance d’un imaginaire, moins du fait de leur cohérence logique que de par le jeu de résonances communes qui traversent leur hétérogénéité pour affermir leur fragilité singulière (…) »
Donner une force collective de participation partagée à ses (micro-auto)-récits, c’est le passage de la narration à la scénarisation, c’est se raconter des histoires, contre-scénariser afin de produire de cette colle imaginaire qui permettra de faire tenir ensemble des subjectivités. 
Mais quel type de colle ? Linéarité des récits et mythe interrompu, pour Yves Citton il y a toujours nécessité à poser des horizons de clôture pour agir. Au nom de l’intégration, il y a toujours une certaine nécessité à la simplification et aux slogans.

Contradictions ? Pour ne souscrire ici en aucun cas aux vertus supposées de la simplification, quels seraient les risques associés à un trop peu d’images pour le voir, de mots pour le dire ? Manque de matière et de relations à dé(re)monter, d’où freins, fixations et perte en autonomie ?
La puissance d’un récit, d’un corps singulier, réside dans sa capacité à affecter et à être affecté. Soit ses capacités de (re)branchements sur ses et d’autres images organisés (articulation de certaines représentations d’actions selon certains types d’enchaînements).
Quel type de branchements, de (re)combinaisons possibles à partir des image-slogans ? D’un autre monde est possible à urgence planète ça chauffe, ne se construit qu’une pancarte danoise « une autre planète est possible » qui produit quoi ? Du faux, sauf à penser son habitat lunaire, mais du faux qui ne donne aucune matière à sentir le nouveau, aucune matière pour le repenser, des comportements mécaniques, se rassembler pour se rassembler et le reste tombera du ciel comme prédigéré.
Or
 pour les lombrics, individus frayeurs de possibles qui démontent, composent et recomposent, recyclent et aèrent le terreau de nos idées pour (se) donner à voir, mieux vaut de la matière sensible à travailler dans les énoncés. De l’espace d’activité, des interstices indéterminés entre les mots pour frayer entre, des images multiples afin de ne pas fixer les désirs sur quelques mots exclusifs et minéralisant.
Parlant d’écologie en son sens étendu, on parle de gestion de l’abondance et non de la rareté (économie). Simplifications et slogans induisent un appauvrissement qualitatif (en diversité et donc en capacité à photo-synthétiser) de la banque sociale des images.
[Fixation sur des comportements mécanique -> empêchements -> prétexte à être pensé et à penser à l’avance –> incompossibilités -> impossibilité à cohabiter avec des images porteuses d’affects étrangers à sa « nature » (nature au sens de capacité digestive, sa recombinaison singulière d’enchainement d’images et d’actions associées).]
Ne pas fermer à l’avance les récits sur le nouveau, ne pas y (re)produire des slogans, un point très délicat. Transition et interférences, rencontre avec la scénarisation suivante.

 « Je vais revenir sur un point très délicat, sur lequel nous sommes très peu outillés. Cette gestion de l’indétermination, qu’elle soit narrative, paramétrique et/ou entropique, ne peut se limiter à la compréhension, la codification de sa morphologie. L’hypothèse d’un inachèvement, d’une indétermination doit se contractualiser, au sens de Sacher Masoch, simultanément et intrinsèquement à la zone d’émission, à la gestation de l’émergence. Le scénario doit rester un scénario ouvert, pour que la forme émise ou en train d’être émise  puisent son indétermination de la contradiction des inputs qui la conditionnent. Ce n’est pas une méthodologie, l’inachèvement, l’indétermination ce ne peut être qu’un champ interstitiel, qui navigue entre des zones repérable, entre une géométrie générative, voir évolutionariste, une narration sociale et un protocole de construction. L’articulation de ces trois inputs, voir la contractualisation de leur non miscibilité est au creux des dispositifs que nous essayons de mettre en place. »
« … que faire de votre humanisme de salon. Comment va-t-il réagir face au protocole masochiste que l’individu met lui-même en œuvre contre lui-même, afin de vivre la dualité de son éros-thanatos, fait de pulsions contradictoires siamoises et contingentes. Cette narration ouvre les portes béantes des interprétations multiples, des champs entiers à défricher, des terra incognita sur lesquelles se cartographient des paysages que seul l’imaginaire sait articuler. Elle ne clôt pas les scenarios mais permet aux subjectivations individuelles de s’y infiltrer, de s’y entortiller afin de vivre comme l’Alice de Lewis Carroll la confusion entre projections paranoïaques et l’illusion des perceptions. La logique n’est pas à la surface des choses, elle n’est révélée que suite au retournement masochiste de la Machine barbare sur soi même par le risque d’une immersion fatale. » François Roche

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 Fragments de rencontres urbaines dans André Gorz image008

Vendredi 19 Mars 2010, de 11h30 à 13h00, Zones d’attraction recevra Yves Citton pour parler ensemble de son dernier livre, paru aux éditions Amsterdam : « Mythocratie. Storytelling et imaginaire de gauche ».

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Une architecture des humeurs …
partir du désir, une e
xpérience de scénarisation à la jointure des Arts et de la Science

http://www.dailymotion.com/video/x49ieh … partir du désir réel des gens … Felix Guattari.

Samedi 6 mars à 16h00, le laboratoire, exposition une architecture des humeurs.  
«  L’habitat décline vos pulsions (…) il en est lui-même le vecteur (…) Synchronisé à votre propre corps, à vos artères, à votre sang, à votre sexe, à votre organisme palpitant… et vous êtes une chose, un élément parmi tout cet ensemble, un élément fusionnel, poreux… qui respire et aspire à être son propre environnement… Ici tout se noue et s’entrecroise. Tout est là, en train de se faire, dans un mouvement en train de se faire … »

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image001 dans Deleuze

Architecture des humeurs : « Démarche associant les compétences de scientifiques de toutes disciplines (mathématiques, physique, neurobiologie, nanotechnologies…) pour tenter « d’articuler le lien réel et/ou fictionnel entre les situations géographiques et les structures narratives qui sont à même de les transformer. » François Roche 
« Au creux de ses indéterminations, on se plait à relire Spinoza par l’intermédiaire de Tony Negri, plus particulièrement dans son ouvrage écrit en prison, l’Anomalie Sauvage … On se plait à repenser les protocoles issues de procédures non déterministes, comme les équilibres instables et réactifs liés aux organisations sociales ou l’intelligence collective est le paramètre constitutif du vivre ensemble, où les multitudes ne sont pas kidnappées par les mécanismes de délégation de pouvoir, fussent-ils démocratiques. Que quelques architectes s’intéressent aux caractéristiques, aux identifiants, aux marqueurs de l’auto-organisation, pour dé-pathologiser ces protocoles d’incertitudes des fantasmes New-Age, communautaristes et alternatifs, semble une belle ligne de fuite, une ligne d’intensité, qui fissurent par la même tout le système de représentation. »
« L’architecture des humeurs, (…) un outil susceptible de faire émerger des Multitudes, et de leur palpitation, de leur hétérogénéité, les prémisses d’un protocole d’organisation relationnelle. »
François Roche

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Proposition : partir du désir des gens dans la co-construction (symbiotisme) d’un habitat collectif, zone habitable en train de se faire par agglutination des désirs individuels troubles et contradictoires. Ce tricotage itératif de formes communes passe par la mise en place d’un double dispositif de collectes : signaux verbalisés en réponse à d’autres signaux verbalisés, micro-signaux moléculaires symptômes de la modification de la composition chimique d’un corps.

 « Via l’architecture des humeurs, nous avons scénarisé une machine constructive et narrative qui soit réceptive à deux inputs contradictoires, entre l’ordre du désir codifié par le langage, et l’ordre de sa sécrétion chimique préalable, voire dissimulée. Nous avons souhaité que la relecture schizoïde d’une programmation en train de se faire puisse générer des protocoles d’incertitude. Un fragment urbain constitué sur ces procédures, vecteurs de variabilités et d’indéterminations, rend visible le potentiel de ces agrégations hétérogènes. L’un des sujets de cette recherche aura été de penser la structure portante de ces cellules habitables, et donc la forme finale du bâtiment, a posteriori. Le fait que la structure portante ne soit pas dessinée au préalable nécessite un calcul permanent des segments et des trajectoires de force qui portent ces noyaux habitables. »
« Chimie des corps envisagée comme un élément susceptible de perturber, d’altérer les logiques linéaires, les logiques d’autorité ; de processus éclairant la relation du corps à l’espace, mais plus encore des corps dans leur relation sociale, de relation à l’autre, au sein d’une même cellule mais aussi en osmose de voisinage. »

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Proposition : un dispositif de capture des désirs individuels. On part de la production de signaux désirant émis autour des questions de la zone habitable, à leur capture par une double stratégie de collecte :
- classique à travers un entretien (fabrique des mots et structure narrative);
physiologique via une interface d’échange moléculaire (sécrétions et modifications chimiques, émission de molécules).

« Collecte d’informations de l’ordre du corps chimique, basé sur les émissions neurobiologiques de chacun des futurs acquéreurs: jusqu’ici, la collecte des informations du protocole d’habitation s’appuyait exclusivement sur des données visibles et réductrices (superficie, nombre de pièces, mode d’accès et mitoyenneté de contact…). »
« L’architecture des humeurs se pose comme préliminaire de relire les contradictions de l’émission même de ces désirs ;  à la fois ceux, qui traversent l’espace public par la capacité à émettre un choix, véhiculé par le langage, à la surface des choses…, et ceux préalables et plus inquiétants peut-être, mais tout aussi valides, susceptibles de rendre compte du corps comme machine désirante et de sa chimie propre ; dopamine, cortisol, mélatonine, adrénaline et autres molécules sécrétées par le corps lui-même, imperceptiblement antérieur à la conscience que ces substances vont générer. La fabrication d’une architecture est ainsi infléchie d’une autre réalité, d’une autre complexité, de celle du corps acéphale, du corps animal … »

image002 dans Entendu-lu-web
Dispositif de capture de la chimie du corps désirant

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Proposition : à partir de cette double-capture, on évalue des zones de divergence, des différences schizoïdes entre les deux sources d’émission des désirs.
En ressort les coordonnées sources du travail architectural, coordonnées qui sont les input d’un logarithme complexe. Calcul local et global, charge au programme de prendre en compte le désir de chacun, le désir agglutiné de tous, chaque modification d’une coordonnée modifiant l’ensemble.

« L’architecture des humeurs c’est rentrer par effraction dans le mécanisme de dissimulation du langage afin d’en construire physiquement les malentendus. Une station de collecte de ces signaux est proposée. Elle permet de percevoir les variations chimiques, et de saisir ces changements d’état émotionnel afin qu’ils affectent les géométries émises et influencent le protocole constructif. »
« Cette expérience  est l’occasion d’interroger la zone trouble de l’émission des désirs, par la captation de ces signaux physiologiques basés sur les sécrétions neurobiologiques et d’implémenter la chimie des humeurs des futurs acquéreurs comme autant d’inputs générateurs de la diversité des morphologies habitables et de leur relation entre elles. »

Proposition : charge à un logarithme, process mathématique d’optimisation proposant un système complexe adaptatif fonctionnant par incrémentation successive des inputs, de produire les morphologies habitables. Des architectures qui nous rappellent le plus souvent le type corail, symbiose du végétal et de l’animal (cf. devenir végétal). Une fois l’implémentation des inputs terminée, une forme arrêtée, le logarithme programme alors les robots en charge de de sa construction.

« Process mathématique d’optimisation qui permet à l’architecture de réagir et de s’adapter aux contraintes préalables, aux conditions initiales et non l’inverse. »

image003 dans Felix Guattari
Robot constructeur

image004 dans Ilya Prigogine
Une forme habitable produite

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http://www.dailymotion.com/video/x48fxs Briqueter … Felix Guattari.

Interférences, plis et transversalité (1)

http://www.dailymotion.com/video/xc5ysl Cohabitation des natures, un documentaire qui donne à percevoir.

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Interférences nourricières et transversalités nécessaires. Fragments de Petites natures, une enquête publiée dans la revue Vacarme n°14 hiver 2001 réalisée par Rachel Easterman-Ulmann, avec Catherine Bonifassi, Frédérique Ildefonse et Jean-Philippe Renouard.

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Jean-Luc Nancy, philosophe

1. À quelle nature avez-vous à faire ?

Pour répondre de manière irréfléchie, en sorte que « avoir à faire » me renvoie au plus proche, surgissent à la fois une image et un problème.

L’image, c’est celle de la végétation, prolifération et insistance végétale, puissance de persévérance intraitable, toujours recommencée, toujours prête à s’insinuer dans les moindres interstices de la matière la plus stérile. Cette image de la nature est moins celle de l’indemne et de l’innocence que celle d’une ténacité puissante et sourde, souterraine et toujours prête à réinvestir une surface où l’homme ne dépose que des vernis fragiles et des masses que leur pesanteur même finit par attirer et par enfouir au sein d’un terreau formidable qui les pulvérise, les digère et les restitue à une circulation de sèves et de fibres, à une poussée qui n’est rien d’autre que la poussée de la terre en elle-même, sur elle-même, comme une mastication et un dégorgement de soi.
C’est aussi l’ordre, l’espace-temps ou bien l’élément dans lequel se décompose le cadavre : se recomposent d’autres masses, d’autres organes… Cette nature n’est pas un ordre, ce n’est pas un règne ni une législation, c’est une puissance et un élan.

Mais en même temps, « nature » est un problème : le problème de son concept. D’une part ce dernier ne cesse d’occuper, dans le discours le plus courant — le plus « naturel » ! — une place difficile à éviter : comment ne pas dire que ceci ou cela est naturel, ou qu’il est « bien naturel de… », ou que quelqu’un(e) « manque de naturel », etc ?
Mais comment, aussitôt, pour peu qu’on réfléchisse, ne pas mettre en question ce qui est impliqué par là : l’idée de ce qui irait de soi et qui serait donné d’origine, l’idée de ce qui appartiendrait à l’essence propre d’une chose, alors précisément que nous savons à quel point l’« origine », l’ « essence » et la « propriété » sont des notions que les temps modernes ont soumises aux exigences les plus soupçonneuses. Il y a bien longtemps que nous savons combien l’or ou le diamant sont peu précieux par leur essence, combien le tigre est peu cruel de sa nature, ou combien il est malaisé de dire quelle est la propriété originelle qui constitue ce qu’on nomme, par exemple, « le Mozambique ». Il y a longtemps que nous savons combien sont fragiles, renversables, destructibles ou déconstructibles les oppositions telles que celle de l’art et de la nature, de l’histoire et de la nature, du divin et du naturel aussi bien que du naturel et de l’humain, ou de la nature et de la culture. Nous devrions savoir, précisément, que « nature » ne tient que pour autant que tient le jeu de ces oppositions.
Mais, très concrètement, les transformations de la planète, de la société et de nos consciences nous ont appris que s’il doit être question de « nature » en quelque façon (d’une terre, d’une socialité, d’une conduite plus « naturelle »), ce ne peut être que par les moyens de toujours plus de « technique », d’« art » et d’« histoire ».

2. Vous apparaît-il qu’existe quelque chose comme un ordre naturel ?

Non, d’abord, si l’on doit entendre par « ordre naturel » ce que l’on entend, de fait, par « nature » : un ordre selon lequel l’être procède de lui-même à partir de lui-même, c’est-à-dire s’engendre.
D’une part la génération est le modèle naturel par excellence : la conception, la naissance et la croissance, le développement, l’éclosion, la reproduction. Assurément, cet ordre existe : toute plante, tout animal nous l’expose. Mais il n’existe pas comme l’ordre d’un auto-engendrement absolu : précisément, l’origine de la vie n’est pas dans la vie, et la vie comme spontanéité, auto-production et auto-affection n’est pas un concept biologique strict. L’origine de la vie est dans la nature, ce qui d’une part n’est en rien auto-suffisant et d’autre part reporte vers l’origine de la nature, qui n’est donc pas dans la nature …
La dire en « Dieu », comme on l’a dit pendant quelques siècles, n’aura jamais été qu’une manière de cercle vicieux : « Dieu » fut le nom d’une auto-production manquant radicalement de son « auto », puisque Dieu était la puissance de la nature sans être la nature même. À cet égard, la « mort de Dieu » désigne bien la mort de … la vie comme auto-engendrement du monde et en elle se trouve pour nous la condition sine qua non d’une pensée de la « nature » et de la « vie ». Par exemple : penser la « nature » comme équilibre d’un ou de plusieurs écosystèmes et éthosystèmes suppose que nous définissions les mesures du dit « équilibre », ce qui certainement ne peut pas être fait par référence à une nature donnée, mais à une culture dont il nous incombe de penser la forme et l’enjeu.

Aujourd’hui rien n’est plus violemment clair que ceci : nous devons cultiver une nature qui ne nous est pas donnée, qui est toute à venir. C’est ce qui fait l’enjeu le plus général des questions de la justice (qu’est-ce qui est naturel ? la libre concurrence ? ou bien la dignité de tous ?) aussi bien que de celles de la technique (qu’est-ce qui est plus naturel ? de forger le fer, ou de synthétiser des molécules ?) et de l’éthique (qu’est-ce qui est naturel ? la mortalité infantile, ou le contrôle des naissances ?) : pour toutes ces questions, sans exception — et pour celles de la politique — on ne peut pas et on ne doit pas cesser de démonter et de déjouer les pièges redoutables qui sont tendus dans l’invocation de la « nature ».
Mais si on ne veut pas en rester aux approximations et aux ajustements circonstanciels, il nous faudra finir par repenser de fond en comble l’idée même de nature : cela veut dire, depuis la « création du monde » jusqu’à sa « fin ». Qu’est-ce qu’un monde qui sort de rien et par conséquent (re)tourne à rien ? Qui donc ne sort de nulle part et ne va nulle part ? Qu’est-ce donc qu’un monde qui d’abord est là et dont le sens n’est donné nulle part ailleurs qu’ici ? Voilà de vraies questions, et non des invocations de principes et de fins naturels ou surnaturels. Remarquez combien ce mot « surnaturel » évoque à la fois un ordre supérieur à la nature et une seconde nature ou une outre-nature ; on n’emploie plus guère ce mot : mais il a désigné longtemps l’ordre de la transcendance, ce qui veut dire qu’il a naturalisé la transcendance …

L’homme et sa technique appartient aussi à la nature. C’est elle qui rend possible l’hominisation, et qui rend ainsi possible mais problématique l’humanisation, et d’abord la technicisation — qui est aussi technicisation de la nature elle-même. Il faut revenir, encore, à considérer comment l’ordre « naturel » a été lui-même construit et distingué par une opération technique, qui est celle dont tout l’Occident procède.
Les dieux retirés on a produit l’idée ou la représentation de la « nature », c’est-à-dire d’un registre distinct de l’homme comme des dieux, auto-consistant, dont il s’est agi de déterminer la constitution (la structure ou l’essence ou… la nature !), par exemple en cherchant quel élément était fondamental, ou bien quelles relations mathématiques ordonnaient cette structure.
Ainsi on en est venu à des « lois de la nature ». Cette pensée de la nature comme ordre et comme substance ou substrat autonome va de pair avec la problématique de son auto-constitution.

3. Pouvez-vous donner des exemples, où l’utilisation de la nature comme argument vous a énervé ?

Nature ou surnature, ce sont les débats autour de l’avortement auxquels je pense tout de suite.
Je ne pense certainement pas que l’avortement soit, en lui-même, une pratique naturelle, ni même qu’il soit, en lui-même, souhaitable. Mais il m’est inconcevable qu’on puisse invoquer contre sa nécessité — dans des conditions claires, réfléchies et reconnues — l’autorité d’une nature ou d’une surnature : c’est un tel aveu d’impuissance à penser simultanément la condition des femmes, celle des enfants, celle des rapports de parenté et enfin la vérité même de ce qu’est un « sujet » que cet aveu involontaire laisse accablé : comment peut-on s’acharner à ce point dans la superstition du « (sur)naturel » ?

4. Y a-t-il des choses (inventions, pratiques sociales, technologies, discours) qui, parce qu’elles bousculeraient la nature, vous effraient ?

Non, dans cet ordre je ne peux pas être effrayé, mais perplexe, une inquiétude peut balancer mon intérêt — qu’il s’agisse de cyberespace ou de clonage, de parents homosexuels ou de semi-conducteurs.
Oui, le web est un espace chaotique, irresponsable, souvent naïf et inculte, grossier, etc. Oui, j’ai de la difficulté à penser que le partage des sexes, qui n’existe pas seulement comme configuration symbolique mais aussi biologique bien que les deux registres ne soient pas dissociables, ne soit pas à l’œuvre dans le devenir d’un enfant entre ou avec ses parents.
Mais l’essentiel pour moi serait qu’on en vienne en tous ces domaines à penser avant tout sous les axiomes combinés de la retenue devant toutes les formes de réflexes conditionnés et d’une remise en jeu constante de la question des fins : que veut-on ? Que peut-on vouloir ? N’y a-t-il qu’une humanité possible ? pensable ? qu’un monde ? Le monde a déjà connu tant de formes de vie, et tant de formes de mort, ou de parenté, ou de savoir…

Mon effroi est devant la possibilité que la « bousculade » tourne à la panique, non parce que la nature serait trop oubliée ou trop défoncée, mais parce que nous n’arriverions pas à nous défaire d’une fixation sur cette idée de nature, parce que nous ne serions pas à la hauteur de la dénaturation qui est notre fait, et peut-être notre définition, et dont la possibilité est inscrite dans la nature avec l’homme, comme une possibilité naturelle en somme. Nous n’arriverions pas à nous mesurer avec nous-mêmes comme avec ceux chez qui la nature aurait engouffré sa propre ruée démesurée, une ruée de néant aussi bien que de sève, et la décharge enfin de toute cette formidable ambivalence…Oui, la nature est terrifiante, aux prises avec cette panique qu’en fin de compte elle est. La rage de blâmer ou de louer est la faute majeure pour qui veut penser. Sommes-nous seulement capables de dire juste dans un état où nous n’avons pas de critère absolu et tout prêt pour une justesse ni pour une justice.

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http://video.google.com/videoplay?docid=2459111438622342949 Chris Marker, Sans Soleil, 1983, composition et montage, volonté de mise en rapport d’éléments a priori disparates.

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Nathalie Thèves, psychanalyste


1. À quelle nature avez-vous à faire ?

L’objet de la psychanalyse n’est pas l’observation de la nature humaine. Elle ne constitue pas non plus un corpus de connaissance sur les modes d’adaptation de l’humain corrélaires des variations naturelles. Ceci relève de la psychologie animale appliquée à l’humain. L’idée d’observer les manifestations de l’être parlant à l’état naturel reste hors de son champ. De même, elle renoncera à restaurer ou réparer un état naturel premier où règnerait une harmonie supposée entre l’homme et la nature.
L’expérience analytique se structure autour des effets de la parole et du langage sur les êtres parlants. Si la nature est muette comme les pierres, l’homme la fait parler grâce au pouvoir créateur de la langue. Un événement naturel n’est rien sans cette expérience du langage. Le ciel a longtemps été l’horizon vers lequel les hommes ont tourné leur regard. Dans les constellations, ils ont pu lire et déchiffrer les augures divins. C’était consacrer le pouvoir de la signification sur celui de la nature.
Avec la langue et l’écriture, la nature et ses phénomènes sont venus s’inscrire dans l’histoire humaine. La nomination l’emporte sur l’état naturel de la chose, qui est mise à distance. L’histoire de l’arche de Noé ne dit pas seulement qu’il s’agit de mettre à l’abri un exemplaire unique des espèces naturelles, elle est plutôt une interrogation sur le fondement de la génération, qui est fondée sur la nomination : elle illustre comment aucune nomination ne saurait s’engendrer elle-même. La génération part ainsi du zéro de fondement.

2. Vous apparaît-il qu’existe quelque chose comme un ordre naturel ?

Le modèle de l’ordre naturel par excellence se trouverait dans l’espèce animale dont la subsistance et la reproduction dépendent de l’instinct.
L’invention de l’inconscient a durablement modifié la conception d’un ordre naturel des instincts chez « l’animal » parlant. L’abord freudien de la pulsion en est responsable. Rien de plus éloigné de la pulsion que l’instinct. Leur économie ne se recouvre pas.
Tandis que dans le règne animal l’instinct est conçu comme une adaptation aux conditions naturelles, la pulsion pour l’être parlant introduit à une fiction qui relève de tout autre chose que de la pression d’un besoin. Elle est une fiction qui dénature l’idée d’une pure économie de la satisfaction. Ses manifestations sont constantes, à l’inverse d’une fonction biologique qui a, elle, un rythme. Ses manifestations vont au-delà des manifestations de conservation de la vie. Le lien entre la pulsion de mort et de vie inflitre toutes créations humaines et sociales. Elles engendrent autant de négatif que de positif, une série de contradictions dialectiques.
Dans le règne de l’être parlant, la pulsion participe tout entière du langage. L’objet de la pulsion est indifférent. Son investissement dépend des effets de la parole et du langage sur la structure de la satisfaction. Son but, lui-même lié à l’accomplissement de la satisfaction, passe par un montage dans les façons de l’atteindre. Ces dernières dérangent profondément le principe d’homéostase qui fonde l’harmonie entre l’homme et son milieu « naturel ». Si cette harmonie est identifiable à l’état naturel, force est de constater que la satisfaction passe par une perte au profit de la symbolisation qu’elle appelle dans l’artifice de son montage. Le cycle pulsionnel modifie les rapports de l’être parlant à la satisfaction, et ouvre une béance entre l’organe et la fonction.
L’expérience analytique met au jour les avatars de la pulsion liés à la façon dont le sujet se trouve devoir satisfaire à ses pulsions. Le symptôme apparaît comme un mode de satisfaction indirecte dont le sujet a dû se contenter jusqu’alors. La pulsion logée au cœur du symptôme nous éloigne de la pureté d’un ordre naturel pour privilégier le rapport du sujet à son désir ; elle ne suit aucune programmation naturelle.

3. Pouvez-vous donner des exemples, où l’utilisation de la nature comme argument vous a énervée ?

Pour moi, le rapport que les « verts » entretiennent à la nature est suspect. Que nous vaut le mot d’ordre « sus à la pollution » à l’heure où le discours de la science s’offre comme solution universelle ?
La lutte contre la pollution de la nature serait-elle identifiable aux droits de l’homme, comme le suggère la percée de l’écologie comme une nouvelle version politique ? Et ces derniers seraient-ils naturalisables ?
Dans les deux cas, il faudrait trouver une solution universelle : on réclame la réparation et on appelle à la protection de l’environnement. Derrière ces revendications légitimes, la nature, jadis louée comme le modèle distributeur des jouissances, puis déchantée par la révolution industrielle, voit son blason redoré dans un combat contre toutes atteintes faites à son ordre. Dans ce combat, il y a l’idée, mal dissimulée, d’un ordre universel en mesure d’offrir à tous et pour tous les mêmes sources et ressources de jouissance. Ce combat est louche. Une telle procédure d’universalisation engendre d’inévitables mesures de ségrégation. Un pas de plus et l’idéologie de la pureté de la race refait surface.

Il n’est guère plus rassurant de voir la biologie aux prises avec un discours qui n’a rien à envier à l’obscurantisme. La classification des êtres parlants à partir de la différence anatomique des sexes comme standard la cautionne.
Les découvertes plus récentes sur le génome humain attirent les vieux démons de la sélection naturelle. Là aussi, on veut croire que ce qui fait un homme ou une femme dépend entièrement du programme biologique.
De même, en dépit du démenti de scientifiques honnêtes, certaines affections psychiques sont mises sur le compte d’un déficit biologique quand elles ne sont pas ravalées au rang d’un déficit cognitif.
La psychanalyse n’identifie pas les êtres sexués en fonction de l’anatomie, mais elle verra plutôt dans la façon de se dire garçon ou fille, homme ou femme, ce qui détermine une position sexuée au regard de la façon d’habiter le langage.

4. Y a-t-il des choses (inventions, pratiques sociales, technologies, discours) qui, parce qu’elles bousculeraient la nature, vous effraient ?

Il y a, en effet, aujourd’hui des pratiques sociales, des technologies et des discours qui bousculent la nature. Les avancées du discours de la science y sont pour quelque chose. Doit-on s’en effrayer pour autant ? La réponse est délicate. Elle exige réserve et rigueur en raison de la fronde obscurantiste que les religions entretiennent plus ou moins ouvertement.
Les promesses d’un bien universalisable à l’échelle planétaire masquent mal la mondialisation galopante du capitalisme. La psychanalyse a déjà pris position : elle ne participe pas à l’ordre du bien dont se parent les causes « humanitaires ». On le lui reprochera assez. C’est pourtant cohérent avec la « cause » qu’elle abrite, car celle-ci n’offre aucune solution universelle.
Ses moyens ne sont ni ceux de la charité qui relève d’un pouvoir de jouissance sur le prochain, ni celui du discours de la science au service du maître moderne.
Pourtant, qui ne s’affolerait pas des applications futuristes de la génétique sur le génome humain et la nature ? Le discours qui soutient cette entreprise se présente comme la solution humanitaire susceptible de résorber la faim dans le monde.
En même temps, de grandes formes pharmaceutiques, un laboratoire mondialement connu comme « Monsanto » restent soucieux de leurs bénéfices en faisant valoir leurs produits et leurs inventions technologiques comme universellement planétarisables. Est-il besoin de démontrer comment la pauvreté dans le monde offre un terreau privilégié à une mise sous tutelle absolue ?

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D’une messe à l’autre (?)

 D'une messe à l'autre (?) dans Des figures, des visages. arbre3b0404

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« […] Nous devons penser la philosophie comme une force. Or la loi des forces est qu’elles ne peuvent apparaître, sans se couvrir du masque des forces préexistante.[…] Il a bien fallu que la force philosophique, au moment où elle naissait en Grèce, se déguisât pour survivre. Il a fallu que le philosophe empruntât l’allure des forces précédentes, qu’il prît le masque du prêtre […] Le secret de la philosophie, parce qu’il est perdu dès l’origine, reste à découvrir dans l’avenir […] Il était donc fatal que la philosophie ne se développât dans l’histoire qu’en dégénérant, et en se retournant contre soi, en se laissant prendre à son masque […]  » Nietzsche, Gilles Deleuze, PUF.

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« [Dieu a dit à Adam et à Eve :] Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre » Genèse, 1-28.

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Le Carême, antidote au réchauffement climatique …

Source : liberation.fr … Deux des plus importants évêques de l’Eglise anglicane ont appelé hier les Britanniques à profiter du carême pour limiter leur consommation de dioxyde de carbone, et pas seulement de chocolats. Les participants à ce « jeûne de carbone » peuvent choisir leur manière de réduire leur consommation. « Par exemple, le premier jour, les gens peuvent retirer une ampoule électrique d’une lampe. Chaque fois qu’ils voudront allumer la lumière et que ça ne marchera pas, ils se rappelleront pourquoi ils font ce jeûne – pour aider les pauvres du monde, déjà victimes du réchauffement », a noté l’ONG Tearfund, associée à l’opération. « A la fin du jeûne, ils pourront mettre à la place une ampoule à basse consommation. »

Source : tearfund.org … Join Tearfund for the Carbon Fast this Lent – fast from carbon, pray and cry out for climate justice. 
To act justly and to love mercy and to walk humbly with your God. (Micah 6:8) What does the Lord require of you? Climate change is hitting the world’s poorest people now. They’ve done the least to cause climate change, but feel the heat the most. Increased floods, droughts and storms are devastating lives as food, homes and livelihoods are washed away. It’s difficult to see how our energy-hungry lifestyles cause suffering for people around the world we may never meet, but the Lord invites us to walk humbly. Join us to act justly in the face of climate change: fast from carbon, pray and cry out for climate justice.
Rt Revd James Jones, the Bishop of Liverpool : ‘Instead of giving up chocolate for Lent, why not fast for justice? The Carbon Fast makes us think about how we’re treating God’s world; the savings go to the Climate Justice Fund to help those suffering from the effects of climate change.’ 

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Peut-on débattre du réchauffement climatique ?

Du grain à moudre, France Culture, émission du mardi 19 janvier 2010 
L’utilisation par l’homme des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) est-il ou non à l’origine d’une émission de CO² susceptible de provoquer un réchauffement de la planète ? Ce réchauffement est-il avéré ? Si oui, est-il comparable aux alternances de réchauffement et de refroidissement que notre planète a déjà connues dans le passé ? C’est pour tenter de donner des réponses à ces questions qu’a été créé, en 1989, sous l’égide de l’ONU, le GIEC. Celui-ci a rendu 4 rapports, très techniques et très volumineux, vous et moi, ne prenons connaissance qu’à travers les compte-rendus de journalistes plus ou moins compétents. Le grand public, lui, est davantage affecté par les films qui, comme « Une vérité qui dérange » d’Al Gore ou « Home » de Yann Arthus-Bertrand, entretiennent un climat de peur sur l’avenir de la planète.
Les conclusions du GIEC sont adoptées à l’unanimité et ne devraient donc pas susciter de controverses. Et pourtant, ses travaux font l’objet de critiques plus ou moins vigoureuses, plus ou moins radicales, selon les cas. On se souvient de celles de Marcel Leroux, le feu directeur du Laboratoire de Climatologie du CNRS, qui soulignait que les précédentes périodes de réchauffement qu’avait connues l’homme s’étaient révélées favorables à son activité et qui accusait les membres du GIEC d’être des « scientifiques politisés ». Ou encore de Richard Lindzen, physicien du climat et professeur au MIT, qui a dénoncé les « pressions politiques » qui s’exerceraient sur les savants pour qu’ils ne mettent pas en cause la théorie dominante.
Car la thèse du réchauffement et de son origine humaine est largement majoritaire dans la communauté scientifique. Mais la science ne progresse que par confrontation et réfutation, et on ne voit pas pourquoi il serait interdit de donner la parole aux uns et aux autres.
Or, il est vrai que le débat entre « réchauffistes » et « climato-sceptiques » est pollué par la politisation. De part et d’autre, on s’accuse de relayer les intérêts de lobbies économiques ou de groupes de pression idéologiques. Quinze jours avant le Sommet du climat de Copenhague, a éclaté l’affaire dite du « climategate », par laquelle des hackers ont tenté de démontrer que le GIEC truquait ses chiffres pour faire coïncider ses courbes avec les plus pessimistes de ses prédictions. Le débat s’envenime. Le meilleur moyen d’y voir clair est d’organiser la confrontation des points de vue.
Avec :
Serge Galam.  Physicien et socio-physicien.
Vincent Courtillot.  Professeur de géophysique à l’université Denis-Diderot.
Valérie Masson Delmotte.  Directeur de recherches au LSCE Co- auteur du quatrième rapport du GIEC en 2007.
Jean Pascal van Ypersele au téléphone.  Professeur de climatologie à l’Université de Louvain-la-Neuve (Belgique) Vice Président du GIEC Membre de l’académie royale de Belgique.

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http://www.dailymotion.com/video/x6c0mp Source audio d’après conférences de Michel Onfray, France Culture, émission du vendredi 1er août 2008 – Questions des auditeurs au Théâtre d’Hérouville St Clair.

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My lifestock is REACH

REACH

L’émission radiophonique macadam philo du vendredi 16 octobre 2009 recevait Florence Burgat, philosophe et directrice de recherche à l’INRA, à propos de la polémique lancée par la revue Nature sur le projet REACH, règlement européen entré en vigueur le 1er juin 2007 visant à mesurer de manière beaucoup plus fine la toxicité des biens de consommation.

D’après l’étude publiée par Nature en date du 27 août 2009, chemical regulators have overreached, le projet REACH conduirait à sacrifier 4 millions d’animaux supplémentaires.
Les résultats de cette étude sont par ailleurs contestés, voir la reponse de
l’European Chemicals Agency et les arguments de ce blog à titre d’exemple.

Quoi qu’il en soit dans les incertitudes, voilà bien une nouvelle occasion systémique de se demander quelle portion de cette planète© nous tentons de sauver à travers nos discours et nos actions ?

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Ampoule, chou, fil à plomb [un geste pour la planète®], qui parle à qui et de quoi ?

Ampoule, chou, fil à plomb [un geste pour la planète®], qui parle à qui et de quoi ? dans Ecosysteme TV.fr image0012

Lampe à basse consommation: un geste pour la planète®
N’imprimer ce mail que si nécessaire : un geste pour la planète®
Regarder Michel Drucker en mode Xanax sur canapé : un geste pour la planète®
Connaissance par ouï-dire : un geste pour la planète®
Eteindre les Lumières : un geste pour la planète®

Plus on parle et moins on sait de quoi on parle. Que veulent dire les mots ? « Pour la planète », ça veut dire quoi ?

Première option : « pour la » = au nom de

Révolution de la pensée, il n’y aurait donc qu’une seule planète possible, mieux, celle-ci parlerait à des Jeanne d’Arc de l’« avant moi le déluge ». Heureuses élues de la voie et des voix, charge à elles de relayer quelques certitudes labélisées en batteries « au nom de la planète ».
Si l’on regardait dans le rétroviseur de l’histoire, sans doute serait-on surpris du parcours de toutes ces « avant-gardes » autoproclamées ayant tour à tour de passe-passe copyrightées leurs discours « au nom » du grand Un. De la planète, de Dieu, du peuple, etc., et hop, d’un lit de l’Un à l’autre pour de beaux draps.

Au nom de, ce mode de communication [un geste pour la planète®] devient alors l’exact inverse de ce à quoi devrait nous conduire l’écologie : la reconnaissance d’un ensemble monde incertain, complexe et multiple, duquel émerge un homme qui ne lui est pas nécessaire. Un monde humain qui se proposerait d’éduquer à attention et non d’étouffer les siens par la diffusion en boucle ouï-dire de notions prescriptives. Un monde humain de liaisons et non d’opposition entre des « avant moi le déluge » sans histoire et des « après moi le déluge » qui eux en ont fait leur deuil. Pile ou face choisissez votre camp, comme noir s’exprime comme blanc.

Seconde option : « pour la » = à la place de

Si les mots ont encore un sens, peut-être qu’une certaine rigueur commanderait d’oser avancer « parler à la place de la planète ». Chose qui relève d’une activité d’écriture et de traduction des mondes que l’homme pratique depuis un peu plus hier, à ses façons. Mais on devine que celui qui entend « parler à la place de la planète » n’engage pas une même responsabilité que celui qui prétend bavarder « en son nom ». Ce dernier n’étant après tout qu’un praticien du buzz-relais des idées courantes.

Si vous prétendez parlez « à la place » de la planète, vous avez beaucoup de talents, une joyeuse science de l’attention. Si vous prétendez parlez « au nom » de la planète, le principe de précaution « commanderait » de vous taire, urgemment si vous prétendez incarner un changement de drap.

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http://www.dailymotion.com/video/x31hn7 La joie de celui qui ne croit en rien

http://www.dailymotion.com/video/x3k70s Intégration de la partie, récits et représentation, etc.

http://www.dailymotion.com/video/x49ieh Rabattage des moi, d’émoi …

http://www.dailymotion.com/video/x3im00 A la place de …

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Comment gérer H20 ?

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Au moment de discuter de l’évolution des statuts de la poste, posons-nous cette question : la gestion publique a-t-elle vocation à monopoliser l’ensemble des services publics à caractère industriel et commercial et/ou de solidarité ? Si oui, pourquoi ?
Afin d’alimenter la discussion, jetons un coup d’œil à l’organisation du service public de l’eau en France. Dans un premier temps à travers les principaux résultats de « Les services publics de l’eau en 2004 – Volet eau potable  », une étude de l’IFEN en date d’octobre 2007.
Tendances, organisation du service, performances et risques, évolution des prix, hétérogénéité spatiale, etc.

Organisation du service …

Rappelons qu’en France, c’est à la municipalité que revient le choix du type d’organisation et du mode de gestion du service de l’eau sur son territoire. Plus de 70% des communes étant regroupées en 2004 au sein de structures intercommunales, l’alimentation en eau potable est ainsi un domaine qui s’exerce essentiellement dans le cadre d’un regroupement de communes, que ce soit pour la production ou la distribution, ce qui s’explique en grande partie par le coût du service (investissement, fonctionnement et entretien).
L’unité organisationnelle, la commune ou le groupement, est d’abord responsable de la qualité du service, de son bon fonctionnement, de son coût et de l’information de ses usagers. Pars suite, à elle de déterminer si elle assure en propre la gestion du service en régie (gestion publique) ou si elle choisit de la déléguer à une entreprise privée.

Comment gérer H20 ? dans -> ACTUS image0011

Sources d’approvisionnement …

L’eau distribuée est, dans la majorité des communes, d’origine souterraine. Ce sont 30 000 captages qui assurent les prélèvements de la ressource, dont 96% pompent de l’eau souterraine, fournissant ainsi environ les deux tiers de l’eau prélevée pour les besoins de l’eau potable.
Restés stable depuis 2001, les prélèvements pour l’eau potable représentent environ 18 % des prélèvements totaux annuels nécessaires aux besoins divers (ménages, industries, énergie, agriculture).

image002 dans Oikos

En 2004, aucun des captages alimentant les unités de distribution de l’eau potable n’avaient reçu de protection règlementaire dans 38 % des communes. Ces 13 800 communes sans protection concentraient alors 20 millions d’habitants, pour des volumes mis en distribution atteignant 1,9 milliard de m3. A signaler que la grande majorité des captages d’eau superficielle (60 %) se retrouvaient dans ces communes.
Néanmoins, toutes les communes ayant mis à jour leurs documents d’urbanisme depuis cette date ont corrigé cela. Ainsi 48 % des points de captages, correspondant à 56 % de la population desservie, bénéficiaient d’une protection réglementaire en 2006.

Du puits au robinet …

Ce sont plus de 15 000 stations de traitement qui assurent la potabilisation de l’eau brute. Beaucoup sont de petite taille et traitent les eaux d’origine souterraine avec des traitements simples. A l’opposé, seulement 2 % de ces stations traitent la moitié des débits d’eau produits, généralement d’origine superficielle, en faisant appel à des systèmes de traitement plus complets.
Les eaux souterraines nécessitent en principe des traitements moins lourds. Un traitement simple (filtration rapide, désinfection) concerne les deux tiers des volumes d’eau d’origine souterraine mis en distribution, mais seulement 3 % des volumes issus de captages d’eau superficielle. En revanche plus de la moitié des volumes d’eau superficielle distribués ont reçu un traitement complet associant traitement physique, chimique poussé, affinage et désinfection.

image003 dans Ressource en eau

Après son passage en station de traitement, l’eau est distribuée aux abonnés par l’intermédiaire de 29 200 unités de distribution, UD définies comme étant une partie de réseau physique ayant une même unité organisationnelle, un même gestionnaire et où la qualité de l’eau peut être considérée comme homogène.
L’interconnexion de son réseau de distribution apportant une sécurité supplémentaire, solution de recours en cas de problèmes, les trois quarts des communes, soit 89 % de la population, déclaraient 2004 en avoir un réseau de distribution interconnecté, les communes alimentées par une seule unité de distribution étant plus souvent que les autres dans ce cas.
Le réseau de distribution de l’eau potable français est constitué de 878 000 km de conduites de transfert qui partent des réservoirs vers les 23 millions d’abonnés.
Pour satisfaire la demande à tout moment et gérer les pointes de consommation, 51 000 réservoirs d’une capacité de 22,8 millions de m3 sont répartis le long du réseau et le maintien sous pression de l’eau dans le réseau est assuré par environ 15 500 stations de reprise ou de surpresseurs.
Le raccordement des abonnés au réseau de distribution est assuré par 22 millions de branchements, un chiffre en accroissement de 9 % par rapport à 2001.
La longueur des conduites par abonné est en moyenne de 38 mètres, variant de 76 mètres dans les communes les plus petites à 15 mètres dans les villes de plus de 50 000 habitants.

Performance et évolution des prix …

En 2004, moins de 1 % de la population, 165 900 logements, n’était pas desservie en eau potable par le réseau public, le plus souvent pour des raisons techniques liées à la topographie des lieux qui ne permettent pas un raccordement à un coût acceptable.
Sur les 6 milliards de m3 prélevés pour l’alimentation en eau potable, 4,4 milliards sont consommés. Parmi le 1,6 milliard restant, les fuites sont estimées à 21 % des volumes mis en distribution, un chiffre en diminution par rapport à 2001. La perte d’eau moyenne en 2004 s’établit à 5,2 m3/jour/km, hors branchements. Elle est inférieure à 3 m3 dans les communes de moins de 1 000 habitants et croît jusqu’à 17 m3 dans les villes de plus de 50 000 habitants. Des indices inférieurs à 3 en zone rurale, inférieurs à 7 en zone intermédiaire et inférieurs à 20 en zone urbaine sont cependant considérés comme corrects.

Le coût moyen du m3 d’eau pour une consommation annuelle de 120 m3, dans les communes disposant d’une collecte des eaux usées, s’est élevé à 3 euros en 2004. La partie relative à l’eau potable a connu une augmentation de 2,4 % entre 2001 et 2004, celle relative à l’assainissement collectif de 2,6 % par an. Sur la même période, l’évolution générale des prix est de 2,0 %.
Le tarif moyen du m3 s’établit quant à lui à 1,62 euro en zone assainissement autonome. En zone d’assainissement collectif, le tarif moyen au m3 de l’eau potable, redevances associées comprises, est de 1,46 euro avec une partie assainissement qui, avec la redevance pollution, s’élève à 1,55 euro. Dans 5 % des communes, le tarif global au m3 pour une consommation annuelle de 120 m3 revient à moins d’un euro tandis qu’il dépasse les 4,40 euros le m3 dans les 5 % plus chères.
L’abonnement total au service s’élève en moyenne à 56 euros par an, un chiffre très variable selon les départements. La part fixe relative à la seule partie eau potable s’élève en moyenne à 40,57 euros et représente le coût, hors redevances, d’une consommation de 39 m3 d’eau potable.

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Synthèse d’étape …

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Variabilité des prix fonction de la variabilité des contextes institutionnels, des conditions d’approvisionnement et des formes urbaines. Tendance à la hausse des prix fonction de la dégradation à moyen terme de la ressource, de la découverte de nouveaux polluants, et donc de l’augmentation des coûts de traitement (potabilisation en entrée et dépollution en sortie).
Il semblerait bien que, comme bien souvent en matière d’environnement, nous nous retrouvions à devoir contextualiser chaque situation, et que le plus important soit bien de s’assurer de la bonne information/sensibilisation/formation des décisionnaires publics.

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Principaux facteurs de variabilité des coûts

A ce stade, compte-tenu des enjeux, de l’ampleur du réseau et des équipements associés, des enjeux technologiques, de la hausse des coûts née de la dégradation quantitative et/ou quantitative de la ressource, il est donc bien difficile de conclure que le service public de l’eau se doive d’être assuré directement et dans tous les cas par une gestion publique. Non plus que les operateurs privés de ce secteur puissent réellement se trouver dans une position de capture de rente publique (en France).
Néamoins nous manque pour l’heure d’une évaluation comparée des prix, des performances du service de l’eau et de la qualité des eaux distribuée selon que le service soit assuré en régie ou délégué à un operateur privé. Des informations qu’il est malheureusement assez difficile de se procurer.

Concernant la qualité des eaux distribuées, rappelons que la Cour de justice de l’Union européenne avait condamné le jeudi 31 janvier 2008 la France pour violation des règles de qualité de l’eau potable polluée par les nitrates et les pesticides dans les départements de la Vendée, des Deux-Sèvres et de Charente-Maritime, une  procédure est initiée à propos de la qualité des eaux en Bretagne.

Par ailleurs, selon une étude de la DRESS, la proportion de la population alimentée par de l’eau non conforme au cours de l’année pour les paramètres microbiologiques a diminué de 3,9% entre 2000 (8,8 %) et 2006 (4,4%). S’agissant des pesticides, la population alimentée par une eau au moins une fois non conforme était de 9% en 2003 contre 5,14 % en 2006. Cette même année, des concentrations élevées et durables en pesticides dans les eaux ont nécessité de restreindre les usages alimentaires de l’eau de la distribution publique pour 111 000 personnes, soit 0,18 % de la population française, principalement réparti dans le bassin parisien et le quart Nord-est.

A titre d’indication sur les prix en fonction du mode de gestion en Bretagne, là où l’exploitation des ressources de surfaces est très largement dominantes, les problèmes de pollution par les nitrates avérés, on notera que la régie communale s’avère moins onéreuse.

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Cependant, l’enquêt sur le prix 2006 de l’eau en Bretagne remarque : « En moyenne, le prix de l’eau potable dans les services en régie directe est plus bas que dans les services avec délégation, et le prix des services communaux moindre que dans les services relevant d’un EPCI. Il convient toutefois d’être prudent dans l’interprétation de ce résultat. En effet, d’une part, les écarts de prix moyens selon les modes de gestion sont souvent liés à la complexité des situations techniques : la gestion en EPCI et la gestion en délégation permettent de disposer de moyens et de compétences que les services des communes isolées de taille petite à moyenne ne peuvent pas financer. D’autre part, il convient de tenir compte des dispersions des valeurs de prix à l’intérieur d’un même mode de gestion. »

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Source : Observatoire des prix des services d’eau et d’assainissement du bassin Loire-Bretagne – Enquête sur le prix de l’eau en 2006.

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