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L’élément N et le végétal (4)

 Source GNU

Produit et producteur à la fois …

Commençons ici par souligner que les plantes expriment les conditions d’un milieu de vie sol-air qu’elles participent dans le même temps à former. La lecture du végétale est donc une lecture des ses passions ou passivités (vent, pluie, température, etc.), comme de ses actions ou activités (pH et structure des sols, humidification de l’air, etc.).
Ajoutons également la proposition suivante de Francis Hallé : « (…) la plante doit être capable, dans une certaine mesure, de se changer elle-même, faute de quoi, elle disparaît, elle n’est plus adaptée à un nouvel environnement. C’est la solution du végétal : puisque je ne peux pas fuir, je vais devenir quelqu’un d’autre … je suis alors condamné à la transformation, à la mutation. »

Parmi les activités de la plante susceptibles de modifier son environnement, son « régime alimentaire ». Lorsque celle-ci prélève plus d’équivalents cations (Ca2+, Mg2+, K+, NH4+) que d’équivalents anions (NO3-, PO43-), elle libère alors le surplus de charge positive sous la forme d’équivalents H+ et le pH de sa rhizosphère diminue. A l’inverse, si la plante prélève plus d’équivalents anions que d’équivalents cations, elle libère la différence sous forme d’équivalents hydroxyle OH- et le pH de la rhizosphère augmente.
Au niveau de la rhizosphère, la nutrition minérale de la plante se traduit donc à la fois par une diminution de la concentration en solution des éléments prélevés et par une modification du pH de la solution du sol.
On comprendra mieux pourquoi certaines associations de plantes ne fonctionnent pas. Les plantes ayant une préférence pour l’acidité (terre de bruyère), où en produisant (légumineuses), celles-ci cohabitent très difficilement avec les plantes calcicoles pour lesquelles l’acidification du sol est source d’excès en aluminium et de manque en phosphore. Parlant de l’élément N nous n’avons pas évoqué l’élément P (phosphore), retenons ici que les besoins en azote et en phosphore évoluent parallèlement (ATP = adénosine triphosphate, C10H16N5O13P3).

Conséquences du rapport NO3- / NH4+ absorbé par les plantes …

Conséquence de ce que nous venons de dire, la forme d’azote minérale adsorbée par la plante, le rapport NO3-/NH4+, n’est pas sas conséquence sur le devenir de son sol. Un sol qui va en s’acidifiant entraine à terme un ralentissement de l’activité biologique : toxicité grandissante, diminution du travail bactérien et de la minéralisation, modification de sa structure physique, etc.

Rappelons que la décomposition de la matière organique azotée par les bactéries saprophytes produit l’ammoniaque (NH3) qui constitue la principale initialisation du cycle de l’azote dans les sols.
Dans l’eau, l’ammoniaque devient ammonium (NH3 + H2O → NH4+ + OH-). En milieu bien oxygéné, la formule de la minéralisation de l’azote par nitrification est la suivante:
1) NH3 + O2 → NO2− + 3H+ + 2e− (ammoniaque devient nitrite)
2) NO2− + H2O → NO3− + 2H+ + 2e− (nitrite devient nitrate)

Au cours de cette dernière réaction il y a donc libération d’ions hydrogènes H+ (forme hydronium H3O+ en solution), d’où une certaine acidification de la partie racinaire du sol. Les ions H+ libérés peuvent alors se fixer dans les colloïdes négatifs du sol au détriment des autres cations, tandis que les ions NO3- volontiers lessivables ont tendance à quitter l’écosystème avec les pluies. La nitrification est ainsi en elle-même un facteur d’acidification, que l’acidification réduit à terme …

L’acidification peut-être plus ou moins renforcée selon le rapport NH4+ / NO3- qui est adsorbé par la plante. Lorsque la plante absorbe des nitrates (NO3-) et afin d’assurer l’équilibre de ses charges, celle-ci adsorbe dans le même temps un cation (K+, Ca2+, Mg2+, H+, etc.) et/ou expulse un anion (HCO3 – ou OH-, etc.), ce qui est sans effet ou entraine une faible augmentation du pH de la rhizosphère.
A contrario, lorsque les plantes adsorbent l’azote minéral sous la forme d’ammonium NH4+, elles relâchent dans le même temps des ions H+ au niveau de leurs racines (NH4+ → NH3 retenu + H+ évacué), ce qui entraine une faible diminution du pH de la rhizosphère.
L’ammonium NH4+ est un accepteur d’électron, soit un agent oxydant. Avec l’ammoniac il forme la fraction acide du couple acide/base (NH4+/NH3). Il s’agit d’un acide faible, substance capable de se dissocier en libérant des ions H+ en solution aqueuse (NH4+ → NH3 + H+). A l’inverse, l’ammoniac est une base, soit une substance capable de capter un ou plusieurs ions H+ (NH3 + H+ → NH4+).

L’adsorption privilégiée de l’une ou l’autre forme d’azote minérale dépend inévitablement de leur concentration respective dans le sol.
Généralement, plus le sol est chaud, humide et bien oxygéné, et plus l’activité de nitrification de l’ammonium par les micro-organismes du sol est importante. La plante fixe alors les ions  nitrates (NO3-) ainsi produits et le rapport nitrate sur ammonium (NO3-\NH4+) adsorbé est élevé. L’inverse est constaté pour un sol sursaturé en eau et/ou lessivé, la forme nitrate étant faiblement retenu par le sol, l’ammonium faiblement nitrifié.
Pour le dire autrement, en milieu oxydant (qui vole des électrons) l’azote se trouve principalement sous la forme de nitrate. Le prélèvement de l’élément N sous sa forme anionique nitrate égale ou excède alors légèrement les prélèvements de cations K+, Ca2+ et Mg2+, etc. Il en ressort que le pH de la rhizosphère varie peu, et généralement dans le sens d’une augmentation.
A contrario, en milieu réducteur (pauvre en oxygène, anoxique qui cède des électrons) l’azote se trouve majoritairement sous sa forme cationique ammonium et son prélèvement ne permet pas d’équilibrer celui des autres cations dont la plante a besoin. Afin de compenser la surcharge positive adsorbée, la plante rejette des ions H+ à l’extérieur. A terme, il se peut que le pH de la rhizosphère puisse diminuer fortement. Tout du moins tant que l’azote persiste majoritairement sous la forme de NH4+ dans un milieu réducteur, c’est-à-dire lorsque la nitrification qui nécessite de l’oxygène est impossible.
On retiendra donc que lorsque les besoins des plantes en éléments cationiques excèdent largement leur besoin en éléments anioniques, cas des légumineuses qui fixent directement l’azote depuis le N2 atmosphérique sans passer par la forme NO3-, cela se traduit par une diminution systématique du pH de leur rhizosphère.
Par ailleurs il existe donc une relation directe entre le taux d’oxygène présent dans le sol et son potentiel d’oxydoréduction (rH) : plus un milieu est riche en oxygène et plus il a tendance à être oxydant (27

Au final et pour des conditions météorologiques équilibrées, l’adsorption de NO3- est supérieure à celle de NH4+ pour la plupart des espèces végétales. Chose assez curieuse en ce qu’elle n’est pas rentable d’un point de vue énergétique. En effet, une fois adsorbé une grande partie du NO3- est immédiatement réduite en NH4+ pour assimilation dans les acides aminés (-NH2). Or un tel processus de réduction (gain d’électron) du nitrate en ammonium exige plus d’énergie (ATP) que n’en exigerait l’adsorption et l’assimilation de l’azote directement sous sa forme NH4+.
Le coût énergétique additionnel est néanmoins supportable dans la mesure où les plantes favorisent la capture de NO3- afin d’assurer l’équilibre de leurs charges eu égard à leurs forts besoins d’adsorption en macroéléments cationiques (K+, Ca2+, Mg2+).
Par conséquent, si l’ammonium est mieux retenu par les sols, comme sa capture plus économe en énergie, elle peut néanmoins restreindre à forte dose l’adsorption des autres cations par substitution et acidification du sol.

D’une forme à une autre …

« Life is a struggle, not against sin, not against the Money Power, not against malicious animal magnetism, but against hydrogen ions. »  H. L. Mencken

Si les végétaux se doivent de conserver l’équilibre acide-base de leur milieu extérieur, il en va de même pour le milieu intérieur des animaux. Dans un cas comme dans l’autre, cet équilibre dépend grandement de la nature des nutriments ingérés.
Ne disposant pas de pompe interne, la plante absorbe ou adsorbe ses nutriments grâce à des entrées – sorties d’eau permanentes dont les mouvements sont ainsi maximum en période de croissance. Francis Hallé estime dans son ouvrage « l’éloge de la Plante », qu’un seul grand arbre une fois déplié représenterait environ 160 hectares (1 600 000 m2) de surface d’échange hydrique avec le dehors (système interne, foliaire, racinaire). Notons également que l’étendue du système racinaire qui capte l’eau est approximativement égale à la surface foliaire.
Bien répartis sur une bonne texture de sol, 500 mm de précipitations fournissent 5000 t d’eau disponible par ha. Un hectare de forêt évapotranspire (sortie d’eau au niveau des stomates des feuilles) entre 3000 et 4000 t d’eau par an. Un érable de 15 ans représente 170 000 feuilles, 680 m2 de surface foliaire non dépliée, évapotranspire 300 litres d’eau par jour en période de croissance. On perçoit ici au passage le rôle majeur que peut jouer la végétation dans la régulation du cycle de l’eau.

Variable selon la nature de chaque plante, l’évapotranspiration fluctue principalement en fonction :

→ de la température : le taux de transpiration augmente avec la température.
Afin de préserver l’intégrité de ses tissus et sachant que certaines réactions biochimiques ne s’effectuent que dans une certaine fourchette de température, l’eau rendue à l’atmosphère expulse avec elle le trop plein d’énergie calorifique (la dipolarité de la molécule d’eau lui permet une capacité calorifique élevée).

→ du degré hygrométrique : le taux de transpiration diminue quand le degré hygrométrique de l’air ambiant augmente.
Il est plus facile à l’eau de s’évaporer en air sec (potentiel hydrique négatif, peu d’eau libre dans l’air ambiant) qu’en air saturé (potentiel hydrique fort proche de 0, beaucoup d’eau libre dans l’air ambiant). Ceci s’explique du fait que le flux d’eau montant dans la plante est d’autant plus fort que la différence de potentiel hydrique entre le point d’entrée et le point de sortie est importante. L’eau « coule » ainsi depuis le sol où elle est peu liée (potentiel hydrique fort) jusqu’aux feuilles où elle est très liée (potentiel hydrique fortement négatif, l’eau y étant liée dans les cellules à diverses substances en solution).
Profitons de ce point pour définir quelques notions de base. A travers une membrane semi-perméable qui ne laisse passer que l’eau, celle-ci coule du milieu le moins concentrée (hypotonique) vers celui qui l’est le plus (hypertonique) afin de rétablir l’équilibre des concentrations. On appelle ce phénomène osmose. Lorsque de l’eau rentre ainsi dans la cellule (milieu hypertonique), la pression exercée de l’intérieur vers le milieu extérieur est appelé pression de turgescence (phénomène responsable de la rigidité des parties vertes de la plante).

→ des mouvements du vent : une augmentation des mouvements de l’air ambiant augmente la transpiration. Un vent qui assèche l’air augmente la différence de potentiel hydrique sol-air.

Un acre de maïs (environ 4 047 m2) peut ainsi dégager de 11 400 à 15 100 litres d’eau par jour, un gros chêne émettre 151 000 litres par an. On estime ainsi qu’environ 10 % de l’humidité de l’atmosphère est relâchée par l’évapotranspiration végétale.
Tous les échanges se devant de conserver l’équilibre acido-basique, on imagine la régulation permanente qu’opère la plante à grande échelle de temps et d’espace. Ce que permet la relative autonomie de ses populations cellulaires, la plante ne disposant pas de système de contrôle intégré tel le système nerveux de l’animal. A bien des égards une plante est une société de cellule décentralisée.

Chez l’homme disposant d’une pompe, d’un milieu d’échange fermé comme d’un système nerveux central, le principal opérateur de capture des nutriments est l’intestin grêle. Celui-ci a généralement un diamètre de 4 à 5 cm pour une longueur de 6 m. Ses nombreux replis macroscopiques (valvules, villosités) et microscopiques (microvillosités) accroissent sa surface d’absorption et d’échange avec les vaisseaux sanguins (environ 300 m2). Condition vitale, le pH du sang humain doit impérativement rester compris entre 7,32 et 7,42. Pour ce faire il existe là aussi des systèmes tampons, ensemble de bases faibles qui acceptent les ions H+ présents afin de donner un acide faible. L’exemple-type étant ici le Bicarbonate (HCO3-) qui, combiné à un ion H+ donne l’acide carbonique: HCO3- + H+ → H2CO3.

Symbiose, concurrence et machine de guerre …

Outre la minéralisation de l’azote organique, la fixation biologique de l’azote atmosphérique tient un rôle direct ou indirect non négligeable dans la fourniture d’azote aux plantes.
Fourniture en azote directe dans le cas de certaines plantes comme les légumineuses (famille des Papilionacées et Fabacées avec stades herbacé, arbustif ou arboré) dont les bactéries symbiotes (rhizobium) fixent le N2 contenu dans les pores du sol depuis les nodules des racines de la plante. L’azote ainsi fixé peut-être :
→ utilisé directement par la plante hôte ;
→ excrété vers le sol à partir des nodules des racines ;
→ libéré dans le sol quand les nodules meurent ou quand les résidus des légumineuses se décomposent.

Ces bactéries des nodules sont ainsi capables de fixer entre ¼ et ¾ des besoins en azote  de la plante. Ne nécessitant pas d’apport exogène d’engrais azotés, ces plantes sont très économes en culture. Elles contribuent à enrichir le sol en azote et constituent ainsi de bon précurseur pour les céréales.
En outre, une particularité des Fabacées est la présence dans les nodules de ses racines d’une protéine fixatrice de dioxygène (O2) très proche de l’hémoglobine et qui permet de former un milieu anaérobie favorable au développement de rhizobium.

L’élément N et le végétal (4) dans Biodiversité image0013

Capable de fixer l’azote atmosphérique, le Robinier faux-acacia peut coloniser les sols les plus pauvres, acides et pollués, comme de modifier fortement les écosystèmes qu’il colonise (ombrage, compétition racinaire, etc.) La litière qu’il produit est très riche en azote et favorise l’installation d’espèces nitrophiles.  Ces espèces aiment les sols saturés en bases échangeables et très riches en azote (NO3-). Les espèces nitroclines sont quant à elle des espèces qui affectionnent les sols saturés et assez riches en azote. Résistant à la sécheresse et au grand froid, l’introduction de cette espèce est à proscrire dans les espaces naturels protégés comme à leurs proximités. Cette espèce peut à contrario être employée afin de revégétaliser des sols très pollués.
Les agencements plante-bactérie capables de fixer l’azote atmosphérique sont ainsi de redoutables colonisateurs.

Des indicateurs de la teneur en azote du sol …

Un bio-indicateur est un indicateur (espèce végétale, fongique ou animale, groupe d’espèces ou groupement végétal) dont la présence ou l’état nous renseigne sur certaines caractéristiques écologiques du milieu, au premier rang desquelles la composition des sols.

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Les quelques bio-indicateurs commun de la teneur en azote du sol constitue les bases d’une première grille de lecture.
→ Teneur élevée en azote : concentration d’ortie commune, de bardanes, etc.
→ Faible teneur en azote : concentration de trèfle (Trifolium Arvense), de luzerne et de tous autres végétaux capables de fixer l’azote atmosphérique.
Plantes indicatrices des caractères d’une prairie à sols riches en azote : bonnes graminées prairiales, Chiendent rampant, Pâturin commun et annuel, Vulpin des prés, Renoncules âcres et rampantes, Plantain majeur, Rumex, Pissenlit, Ortie, Grande Berce, Prêle des champs, Mouron des oiseaux.

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L’élément N et le végétal (3)

 L’élément N et le végétal (3) dans Bateson fdas

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Activité végétale et acidification des sols …

L’acidification naturelle d’un sol est le résultat d’une évolution très lente qui met en jeu divers processus.

* L’activité biologique qui produit de l’acidité :
→  libération d’acides organiques : la respiration microbienne et racinaire est source d’acide carbonique H2CO3, acide faible qui se forme à partir du CO2 rejetée ;
→ l’adsorption préférentielle de cations par les plantes qui implique un rejet de H+ pour équilibrer les charges ;
→ la nitrification qui libère 2 H+ par NO3- produit à partir du NH4+.

* La dissolution des roches et des sols qui produit à l’inverse de l’alcalinité par libération d’un excès de base (OH- ou CO32- par exemple). Ainsi, aussi longtemps qu’un minéral carbonaté comme la calcite est présent dans les sols, il consomme des ions H+ par dissolution : CaCO3 + H+ → Ca2+ + CO2 + OH- (décarbonatation).

* Le drainage des sols qui élimine, en fonction de l’excès des pluies sur l’évapotranspiration, plus ou moins de l’alcalinité ou de l’acidité des sols. A titre d’exemple la fraction nitrate NO3- est lessivable tandis que la fraction acide NH4+ ne l’est pas.

* La matière végétale étant concentrées en anions basiques, les divers prélèvements (coupe, récolte, pâture) participent à déséquilibrer les charges du milieu. Pendant la phase de croissance végétale, la plante rejette dans les sols une quantité importante de cation H+ afin d’équilibrer la charge des anions adsorbés. Ainsi quand la plante adsorbe des nitrates (NO3-) elle se doit d’adsorber dans le même temps un cation – K+, Ca2+ et Mg2+ étant nécessaire à son métabolisme, l’expulsion de H+ est privilégié – et/ou d’expulser un anion (HCO3 – ou OH-).

Au final, l’acidification d’un sol implique que les processus produisant de l’acidité soient supérieurs aux processus produisant de l’alcalinité. Sans intervention humaine, les facteurs déterminants, tous rétroagissant les uns sur les autres, sont donc : l’oxygénation des sols, la nature de la roche et du couvert végétal, le régime des précipitations et la qualité du drainage, naturel ou artificiel, des sols.

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L’équilibre acido-basique des sols

Le pH (potentiel hydrogène) d’un sol est définit par la concentration en ions H+ de sa phase liquide. Un sol est acide lorsque son pH est inferieur à 7, inversement basique quand il est supérieur.
L’équilibre acido-basique des sols, soit un pH fluctuant légèrement autour de 7, est un facteur très important pour l’ensemble de ses habitants. Pour le dire grossièrement, il faut une certaine acidité pour casser les molécules de sels minéraux et les rendre adsorbables par les plantes. Lors de leur capture, ceux-ci sont cependant remplacés par des ions hydrogène H+, le sol redevient acide et s’appauvrit. C’est là que calcaire et bases échangeables doivent être légèrement en excès pour « chasser » les ions H+ des colloïdes du sol et redevenir ainsi disponibles à la plante. Un tel processus répété dans le temps tend néanmoins à épuiser les réserves en « chasseurs » de H+ et altérer les conditions de croissances.
Comme le reste de l’économie moderne, l’agriculture est ainsi passée d’une activité à rendement décroissant (appauvrissement naturel en minéraux du sol) à une activité à rendement au minimum constant (dopage des sols par apports exogènes d’engrais minéraux). 

Une plante d’appartement en pot épuise donc petit à petit son sol : acidification, épuisement des réserves de neutralisation, acidification supérieur au seuil de tolérance, ralentissement de l’activité biologique, diminution de la décomposition des matières organiques, toxicité et appauvrissement accéléré. Un champ mis en culture de façon intensive intensifie ces mêmes effets. Dans les deux cas il s’agit d’écosystèmes fragmentés, artificiellement maintenus à un stade d’évolution par des apports exogènes (eau, engrais et autres dopages sélectifs).  Sans intervention extérieure, le devenir de la plante en pot isolée est la mort, celui du champ agricole, la forêt.
Le stade forestier correspond à une économie d’énergie globale dans l’écosystème par une accumulation d’information qui permet comme est permise par :
la différenciation d’individus à la fertilité réduite et à la durée de vie allongée ;
le développement de systèmes d’interactions complexes permettant en autre un meilleur recyclage des matières comme de tamponner les attaques de ravageurs.

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Image et remontage …

Appauvrissement des sols, l’image de la plante isolée en pot nous renverrait peut-être utilement à l’individualisme atomiste de notre époque, le bain du moi-dieu des puritains modernes de Roger Scruton. J’isole et comme je m’isole, j’ai un besoin croissant en apports extérieurs pour tenir cette position : entertainment, médication et sub-croyances diverses, esthétique performative du détricotage, etc.
L’image du champ agricole, à certain culte de la performance : je pousse très vite et je reste jeune. D’où la valorisation certaine de la vitesse, un encouragement de fait au dopage et un usage croissant de la
silicone.

Ceci étant dit avec toutes les limites du genre, des images entre les genres et des montages. Suivons ici une ligne spinoziste. Si l’homme n’est pas un empire dans un empire, ce que peut son corps n’en n’est pas moins tout à fait singulier. En d’autres termes son utile propre lui appartient, même à être ignorant des causes qui le déterminent à agir.
La figure du corps végétale nous permet néanmoins de saisir quelques notions communes. Nous ne sommes pas les seuls à adopter certaines stratégies de développement afin de persévérer dans notre être : un certain mode de colonisation des sols, une certaine vitesse de développement, une certaine stratégie de reproduction, une certaine gestion de l’énergie et certain type d’accumulation de l’information.
On pourrait donc imager peut-être utilement les « conditions de culture » de nos sociétés modernes comme étant productrices de petits fragments de forêts d’hommes en pot.
Si l’accumulation d’information collective commence à produire ses effets au niveau des économies d’énergie globales dans la sociosphère, l’aspect relationnel et symbiote demeure quant à lui relativement sous-développé. Différentiation, à chacun son capital relationnel en tant qu’avantage compétitif dans une stratégie de survie individuelle. Mais les droits de propriété qui en découlent freinent d’autant le recyclage des idées circulantes, créant ces barrières à fragmentation qui font que les idées des uns ne deviennent que trop peu la matière première de celles des autres.

Tout ceci étant dit beaucoup trop rapidement, on en reviendrait plus généralement ici à la compréhension nécessaire de cette écologie des idées chère à Gregory Bateson.

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« (…) ce que je veux dire [i.e. par écologie de l’esprit], plus ou moins, c’est le genre de choses qui se passent dans la tête de quelqu’un, dans son comportement et dans ses interactions avec d’autres personnes lorsqu’il escalade ou descend une montagne, lorsqu’il tombe malade ou qu’il va mieux. Toutes ces choses s’entremêlent et forment un réseau […] On y trouve à la base le principe d’une interdépendance des idées qui agissent les unes sur les autres, qui vivent et qui meurent (…) nous arrivons ainsi à l’image d’une sorte  d’enchevêtrement complexe, vivant, fait de luttes et d’entraides, exactement comme sur n’importe quelle montagne avec les arbres, les différentes plantes et les animaux qui y vivent – et qui forment, en fait, une écologie »

« La monstrueuse pathologie atomiste que l’on rencontre aux niveaux individuel, familial, national et international – la pathologie du mode de pensée erroné dans lequel nous vivons tous – ne pourra être corrigée, en fin de compte, que par l’extraordinaire découverte des relations qui font la beauté de la nature. »
« Autrefois c’est élaboré une hiérarchie de taxa, individu, ligné, sous-espèce, espèce, etc., en tant qu’unité de survie. A présent nous envisageons une autre hiérarchie d’unité : gènes dans l’organisme, organisme dans l’environnement, écosystème… Ainsi l’écologie au sens le plus large du terme devient l’étude de l’interaction et de la survie des idées et des programmes, (qui sont des différences, des ensembles de différences…) dans des circuits. »

« Nos idées sont immanentes dans un réseau de voies causales dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience. »
« Le système écomental appelé lac Erié est une partie de votre système écomental plus vaste, et que, si ce lac devient malade, sa maladie sera inoculée au système plus vaste de votre pensée et de votre expérience. »

« Il ya une écologie des mauvaises idées, tout comme il y a une écologie des mauvaises herbes, le propre du système étant que l’erreur se propage d’elle-même. »
« Le système de la pensée consciente véhicule des informations sur la nature de l’homme et de son environnement. Ces informations sont déformées ou sélectionnées et nous ignorons la façon dont se produisent ces transformations. Comme ce système est couplé avec le système mental coévolutif plus vaste, il peut se produire un fâcheux déséquilibre entre les deux (…) les erreurs se reproduisent à chaque fois que la chaîne causales altérée (par la réalisation d’un but conscient) est une partie de la structure de circuit, vaste ou petit, d’un système (…) ainsi, si l’utilisation de DDT en venait à tuer les chiens par exemple, il y aurait dès lors lieu d’augmenter le nombre de policier pour faire faire face à la recrudescence des cambriolages. En réponse ces même cambrioleurs s’armeraient mieux et deviendraient plus malin, etc. »

Gregory Bateson, Steps to an ecology of mind, éd. du Seuil, volume 1 et 2.

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A la suite de ces quelques citations, relevons un point important : l’altération des chaines causale naturelles par nos buts conscients dont les exemples débordent la rubrique Terre des différents journaux.

Prenons le cas de la mise en jachère nue. Une telle pratique culturale permet de diminuer les pertes en eau dues à l’évapotranspiration végétale, mais ne permet pas à contrario de structurer correctement les sols. D’où des risques d’érosion et de lessivage de ses éléments fertiles, ceux-ci n’étant certes plus consommés, mais pas plus mobilisés par la plante.
La pratique la jachère nue ne se justifie donc pleinement que dans les lieux où la ressource en eau vient à manquer gravement. Ce qui est le cas aux USA par exemple, la nappe d’Ogallala alimentant l’agriculture du Dakota du Sud Texas se vidant actuellement 8 fois plus vite qu’elle ne se remplit.

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Cet illustration des effets de la jachère nue aurait pour but de faire comprendre que l’intervention humaine n’est réellement efficace, voire justifiée, qu’en cas de trouble grave. En effet, laisser opérer l’ingénierie naturelle en ce qui concerne la recolonisation des sols nus est une solution bien plus équilibrée : installation spontanée de plante adaptées aux conditions biotiques du milieu, par exemple économes en eau, structuration du sol et mobilisation des nutriments au niveau de la rhizosphère. Seulement arrivé à un certain niveau de stress hydrique, cette solution n’est plus envisageable.
C’est ainsi que plus les troubles sont graves, et plus l’intervention humaine est nécessaire, et plus les déséquilibrent vont croissants du fait de nouvelles altérations des chaines causale naturelles. Croissant jusqu’au point où l’intervention humaine n’est tout bonnement plus possible, cas de la déprise agricole en cours sur les terres qu’alimentaient en eau la nappe d’Ogallala.

But conscient créateur → Altération d’une chaîne causale du tissu naturel → But conscient correcteur → Nouvelle altération d’une chaine causale → Nouveau but conscient correcteur → Nouvelle altération d’une chaine causale→ etc., etc. → Jusqu’à impossibilité d’intervenir et désertion en sortie de boucle.

L’écologie est ce moment de notre histoire où nous prenons conscience, non seulement d’être pris dans cette boucle, mais également de l’aspect « one way exit » de celle-ci.
Avant de se figer dans une politique ou autres idéologies, l’écologie c’est avant tout le nécessaire passage de nos pensées d’un terreau à un autre. Une nouvelle vision des tissus du système monde, de laquelle découle une pensée de l’incertitude de ses réponses à nos actions. Si cette vision est essaimée, incorporée par une éducation essentiellement non-prescriptive, interactive, expérimentatrice et pluridisciplinaire, qui trace des relations inévidentes plus que des lois, alors sans doute sera-t-elle l’occasion de diversifier profondément nos modes d’existence. Il est alors à parier que le terme d’écologie disparaitra de lui-même pour se fondre dans celui de vie.

Le but de l’écologie, c’est de sortir de l’écologie.

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Pouvoir tampon

Retour à nos moutons acides …
Le potentiel de neutralisation des fluctuations acido-basiques est appelé pouvoir tampon du sol. A titre d’exemple la
dureté de l’eau, sa concentration en CaCO3, est un facteur de réduction de l’acidité.
Le pouvoir tampon est plus généralement fonction de la somme des bases échangeables présentes dans le sol, c’est-à-dire de la somme des cations basiques (Ca2+, Mg2+, K+ et Na+) susceptibles d’être fixés sur les sites négatifs du sol.

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Les charges négatives (anion) sont capables de retenir les charges positives (cations). Autrement dit, le contrôle de l’acidité du sol s’effectue à partir de la charge électrique de ses différents constituants. Autour des complexes complexe argilo-humique électronégatifs se forme ainsi un nuage de charge positives constitué par les ions hydrogène (H+ ou H3O+ en solution), les cations basiques (Ca2+, Mg2+, K+, Na+, Fe3+ ou Fe2+, Al3+) ou encore de l’ammonium (NH4+). Or les cations sont classés en deux catégories échangeables. Les cations sans effet sur le pH (Ca2+, Mg2+, K+, Na+) et les cations spécifiques de l’acidité d’échange (Al3+ et H+).
Un sol acide est alors un sol où les ions H+ et Al3+ occupent une majorité des sites négatifs du sol, en chassant pour ainsi dire les autres cations. Il y a donc diminution du taux de saturation en bases qui correspond donc au pourcentage des sites électronégatifs du sol (CEC) occupé par les ions Ca2+, Mg2+, K+, Na+.

En conditions acides, l’acidification se traduit donc par l’augmentation de l’acidité d’échange (Al3+ et H+) et la dissolution de minéraux. Les conséquences en sont des déséquilibres nutritifs pour les êtres vivants et la  détérioration de la structure des sols.
En conditions alcalines, cas des sols sur roches calcaires, l’acidification entraîne la dissolution des particules calcaire CaCO3. Il y a donc une diminution de la réserve d’alcalinité totale du sol sans baisse de pH. C’est pourquoi il est nécessaire de renouveler régulièrement les réserves alcalines des sols qui tendent à s’acidifier (amendement calcique des terres agricoles ou chaulage).

La dissolution de la roche calcaire étant un processus long, la variation naturelle du pH d’un sol est donc limitée à court terme par la capacité de ses différents constituants à piéger ou libérer les ions H+. On peut distinguer trois types de constituants porteurs de charge dans le sol :
la matière organique dont la charge négative augmente avec le pH (charge variable) ;
les oxydes de fer ou d’aluminium dont la charge est variable selon le pH (charge positive jusqu’à pH 7 ou 8, charge négative au delà de pH 8 ou 9) ;
les argiles dont une partie de la charge négative est indépendante du pH (charge permanente).

Du dosage respectif de ces trois constituants et du pH initial dépend principalement la charge variable du sol, donc sa dépendance comme sa capacité à réguler son pH.
Le pH final étant lui-même déterminé par le pH initial, la charge variable négative du sol lui étant corrélée positivement, on devine ici la présence d’un effet de seuil avec irréversibilité possible du processus d’acidification.

Résumons-nous. Les principales conséquences du processus d’acidification sont :

→ En sol non calcaire, une diminution de la capacité d’échange cationique (CEC). Autrement dit la quantité de cations retenus ou le nombre de sites négatifs dans la matrice du sol diminue, les cations non fixés deviennent alors lessivables.
La fertilité du sol est réduite, des éléments comme le phosphore, le potassium et le magnésium devenant de moins en moins disponibles à la plante à partir d’un certain niveau d’acidification. Plus le pH est faible, plus les ions H+ et Al3+ se fixent sur les sites échangeables, et plus le risque de toxicité est également important. L’acidité augmente en effet la solubilisation de certains minéraux pouvant être à l’origine de toxicités pour la vie du sol (Al, Cu et Mn) si le pH descend trop bas (<5,5). Par ailleurs la diminution des concentrations en ions Ca2+ participe à dégrader la structure physique du sol.
Au final, on assiste à une diminution globale de l’activité biologique du sol.

→  En sol calcaire, le tamponnage de l’acidification entraine une décalcification des sols et la production de CO2.

C’est ainsi que la lecture du pH d’un sol nous donne des informations sur les éléments nutritifs disponibles et les risques de toxicité.

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L’élément N et le végétal (2)

http://www.dailymotion.com/video/x874w9 La biologie ou l’art de la cohabitation des rythmes …

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Charge azotée, intensification des cultures et décohabitation des rythmes

Elément moteur de la croissance végétale, la quantité d’azote minéral disponible dans les sols en est par conséquent un facteur limitant. Au même titre que l’eau, la température, la lumière et les autres ions minéraux dont les cycles sont intimement liés.
C’est pourquoi certaines des plantes capables de fixer l’azote atmosphérique (N2) possèdent un redoutable avantage compétitif. Souvent envahissantes, elles sont capables de coloniser les sols les plus pauvres. Les sols faiblement chargés en azote sont ainsi spontanément occupés par de telles espèces, luzerne ou le trèfle blanc par exemple. A l’inverse, l’abondance d’orties communes identifiera des sols riches ou en excès d’azote. La capacité de cette plante urticante à manger l’azote en fait d’ailleurs un très bon engrais vert pour les sols par restitution de l’azote contenu dans les déchets végétaux.

En condition naturelle, la plante capte l’azote minéral dans le sol avant de le restituer à sa mort par décomposition. L’agriculture intensive, dont le but est de soutenir une croissance végétale élevée, nécessite un apport continu d’engrais azotés d’autant plus conséquent que l’essentiel de la matière organique produite termine dans nos assiettes.
Les cultures étant fauchées puis exportées hors de l’écosystème, beaucoup de l’azote organique contenu dans les végétaux ne retourne par au sol pour minéralisation et reconstitution des stocks de NH4+ ou NO3-.
Ceci entraine par ailleurs un déséquilibre de la charge électrique des sols. Les charges négatives absorbées quittent le système cultural, ce sont les anions fixés dans la biomasse, tandis que les charges positives y demeurent, ce sont les cations libérés par les plantes en période de croissance.

Globalement, la répétition du phénomène de culture (croissance végétale – fauche – exportation de la matière organique) entraine à terme une accélération de l’acidification des sols nuisible à la minéralisation de la l’azote organique. La dégradation est en effet de meilleure qualité quand elle est réalise par les bactéries. Or leur métabolisme nécessite des sols plutôt neutres ou légèrement alcalins. Dans les sols acides, ce sont alors des champignons qui prennent le relais de la fonction dégradation, mais le métabolisme fongique est bien moins efficace à cet endroit que celui des bactéries.
Plus précisément, si une trop grande acidification rend les sols moins fertiles, c’est que les cations H+ et Al3+ se substituent dans les colloïdes du sol aux autres cations (Ca2+, Mg2+, K+) nécessaires tant au métabolisme de la plante qu’à celui des bactéries nitrifiantes. On parle alors de perte des cations échangeables (Ca2+, Mg2+, K+, Na+) et de leur remplacement progressif par les ions H+ et Al3+.

L’élément N et le végétal (2) dans Biodiversité image0011

Autre conséquence de l’intensification des pratiques culturales, les ions nitrates apportées par les engrais azotés étant très lessivables, ceux-ci migrent facilement avec les pluies vers les nappes phréatiques où leur trop grande concentration n’est pas sans risques quant à la production et la consommation d’eau potable.
Parallèlement, l’ion ammonium NH4+ qui se fixe mieux dans les sols devient alors l’élément d’azote minéral privilégié par la plante. Seulement son adsorption entraine en retour une acidification accrue de la
rhizosphère par libération d’ions H+.

Le vert toujours dans le fruit révolutionnaire

Petite transition qui est ici l’occasion d’un peu de poétique de la table. Manger une tomate cultivée en pleine terre, du Chili par exemple, c’est littéralement absorber le fruit d’un agencement complexe entre un système naturel, une économie et des modes de vie. C’est tout un paysage qui se découvre replié dans le fruit, panorama touristique fait d’extractions et de sélections, de terre, d’eau et de lumière chilienne. Expression fragmentaire d’un environnement, cette tomate demande qu’on vienne la lire avec attention. De toute évidence, l’uniformisation des conditions de culture, le développement du hors-sol, les méthodes de conservation et de transport longue distance ont fortement réduit nos possibilités de lecture. 

Les écosystèmes dédiés à l’agriculture intensive sont fortement artificialisés. L’objectif est de le maintenir à l’état juvénile par la fauche, les apports exogènes d’eau et d’ions minéraux, et de favoriser ainsi les stratégies de reproduction des espèces sélectionnées. Le système végétal ainsi modifié est alors peu structuré et diversifié, essentiellement composé d’espèce des stades pionniers intermédiaires à la croissance rapide et au renouvellement continu des individus (pante annuelle). D’où les besoins en azote accrus.
L’une des caractéristiques des écosystèmes jeunes comme le champ cultivé réside dans leur recherche de stabilité. Cela se traduit notamment par une augmentation tendancielle de la diversité et de la biomasse, d’où la production des « mauvaises » herbes. De la même manière, cette forte production végétale entraine le développement des populations de consommateurs (parasites, rongeurs, insectes, etc.). Faute de la maturité nécessaire, les interactions inter et intraspécifiques étant à ce stade relativement faibles, les besoins induits en pesticide et fongicide sont encore accrus.

A long terme, l’agriculture intensive débouche donc sur l’acidification, la toxicité et l’appauvrissement biologique des sols qu’elle occupe. Si cela n’interdit pas pour autant la recolonisation naturelle des sols délaissés par les cultures, cela l’oriente fortement. Les espèces recolonisatrices adaptées à des sols appauvris et/ou toxique étant souvent envahissantes et fortement résistante, la succession végétale n’est pas assurée.

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Décohabitation des rythmes, dégradation de la fertilité des sols, dispersion diffuse de polluants qui se retrouvent dans les eaux, notons tout de même que l’agriculture intensive demeure aussi une source d’externalités positives à court terme, mais à coûts de production et d’entretien croissants : tampon à l’urbanisation diffuse des espaces naturels, maintiens des emplois agricoles, de la vie rurale, de la structuration des paysages et des espaces ouverts qui forment des habitats ou territoires de chasse importants pour l’avifaune, rongeurs et autres insectes, développement d’écotone, entretien de corridors écologiques (système de haies coupe-vent) et de systèmes de friches riche en graminées, etc.

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Irrigation et apports d’engrais azotés, telles étaient certaines des bases les plus importantes de la première révolution verte. Mécanisation, produits phyto, sélection végétale en étaient d’autres.
Il serait ainsi intéressant d’étudier l’évolution de la qualification verte des mots, de la révolution à la croissance, et ses effets dans les discours. L’objet d’une prochaine note, tant il est bien possible que les discours associés soient particulièrement superposables d’une époque à l’autre.
Quand tout est vert dehors, c’est que peu ne l’est dedans.

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Image de prévisualisation YouTube Création d’une nouvelle fonction par introduction dans la cellule végétale d’une bactérie capable de fixer directement le N2 …

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Cycle de l’eau et changement climatique

Cycle de l'eau et changement climatique dans -> NOTIONS D'ECOLOGIE image00110

Cet article compile certaines des informations du dossier scientifique du CNRS sur l’eau

Le cycle de l’eau : notions de base

     L’hydrosphère[1] se compose de quatre grands réservoirs que sont les mers et océans, les eaux continentales (superficielles et souterraines), l’atmosphère, et la biosphère. Différents réservoirs entre lesquels les échanges sont permanents et plus ou moins constants en quantité et vitesse.

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L’ensemble des échanges forme ce que l’on appelle le cycle externe de l’eau, dont le moteur est l’énergie solaire. L’énergie thermique rayonnée active les processus d’évaporation et assure ainsi le maintien constant des diférentes masses d’eau en mouvement. Ce cycle se divise en plusieurs parties intimement liées :

  • une partie aérienne qui concerne la circulation de l’eau dans l’atmosphère, sous forme de vapeur d’eau essentiellement, et qui dépend donc de la quantité d’énergie thermique présente dans l’atmosphère. C’est à dire de la température moyenne;

  • une partie aérienne entre la haute atmosphère et l’espace, là où des molécules d’eau sont constamment décomposées par les rayonnements ultraviolets du soleil, et où l’hydrogène ainsi créé, trop léger pour être retenu par la gravité, s’échappe dans l’univers. Ce phénomène semble  rester suffisamment négligeable pour que la quantité totale d’eau présente sur terre reste constante compte tenu de la distance terre soleil, de la densité de l’atmosphère terrestre…

  • une partie terrestre superficielle qui concerne l’écoulement de l’eau sur les continents, qu’il soit superficiel ou souterrain, et qui dépend donc des reliefs et du couvert végétal;

  • enfin, une partie terrestre plus profonde qui concerne les échanges d’eau entre la surface et les eaux du manteau terrestre.

 

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     On peut donc considérer que le cycle de l’eau est stationnaire c’est à dire que toute  »fuite » d’eau par l’une ou l’autre de ses parties, atmosphérique ou terrestre, est compensée par un gain d’eau par l’autre partie. Le tableau ci-dessous reprend l’ensemble des flux hydriques annuels sur l’ensemble de la planète exprimés en kilomètres cubes d’eau, d’après « L’eau » de Ghislain de Marsily, aux éditions Flammarion (1995). La somme des évaporations est donc égale à la somme des précipitations.

Évaporation sur les océans 425 000
Évaporation sur les continents 71 000 (1)
Précipitations sur les océans 385 000
Précipitations sur les continents 111 000 (2)
Apport des cours d’eau aux océans 40 000 (2) – (1)

Dès lors si la quantité globale d’eau reste globalement  constante, c’est la vitesse de transit ou temps de résidence de chaque molécule d’eau qui peut varier d’une époque à l’autre en fonction : de la température moyenne de l’atmosphère, de la densité du couvert végétal terrestre, de la nature et de l’imperméabilité des sols et de la topographie … et donc maintenant aussi du fait des aménagements humains : imperméabilisation des sols, barrages, dérivations et canalisation, surpompages, endiguement …

Environ 40% des précipitations qui retombent sur les terre proviennent de l’évaporation des océans transportée par les vents sur les continents. Les 60% restant proviennent de sources terrestres du fait de l’évaporation des réservoirs d’eau douce et de l’évapotranspiration des plantes. Cependant comme tous nos chiffres, ceux-ci restent des moyennes. Dans certains des pays relativement éloignés de la mer comme l’Allemagne, seulement la moitié des précipitations atmosphériques proviennent directement de la mer, le reste étant recyclé de proche en proche par la végétation. En moyenne annuelle, 65% des précipitations qui arrivent sur les continents s’évaporent directement, 24% ruissellent vers les cours d’eau et 11% s’infiltrent dans les sols pour alimenter les nappes souterraines.

Cycle de l’eau et changement climatique

     Les modèles globaux de circulation des flux dans l’atmosphère nous indiquent qu’une augmentation de la concentration de CO2 et autres GES sont susceptibles de changer le schéma de précipitation à terme. Ainsi, plus de précipitations sont attendues entre le 30° et le 30° sud. Dans le même temps, certaines régions tropicales et subtropicales devraient voir leur niveau de précipitation diminuer en fréquence et/ou en régularité. De plus, la magnitude et la fréquence des événements « extrêmes » (inondation, sécheresse, typhon, cyclone, coulée de boue) devraient augmenter.

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Point de vue

     Question : sachant que 90% de l’effet de serre est dû à la vapeur d’eau en suspension dans l’atmosphère, une augmentation des températures devrait augmenter la saturation en eau de l’atmosphère. Quelle en serait l’impact au niveau de l’évapotranspiration végétale ? Plus de CO2, température moyenne en hausse … ces facteurs ne devraient-ils pas accroître le processus photosynthètique et donc augmenter en retour la transpiration végétale ? En résumé, les phénomènes secondaires induits pourraient-ils participer à aggraver le phénomène de réchauffement ?

Réponse de Jean-Marc HAUTH, président de l’association des biefs du Pilat via le site Agora Vox :

« Pour répondre à votre question sur l’augmentation de la teneur en eau dans l’atmosphère, je ne pense pas que cela empire la situation, au contraire. On a trop tendance à raisonner sur les pourcentages et le niveau de température ici où là mais pas assez sur la dynamique et l’évolution de phénomènes imbriqués les uns dans les autres.

Le cycle de l’eau se déplace dans un volume qui change de forme à cause des activités humaines. Pour l’instant ce volume se réduit sur les glaces et neiges mais aussi dans le sous-sol et la biomasse. Toute cette eau se retrouve dans les océans qui montent.

Lorsque les rayons du soleil frappent sur un arbre ils participent au développement de l’arbre sans faire de la chaleur. Lorsqu’on met sa joue sur une feuille d’arbre en plein soleil on sent de la fraicheur. Même si le problème globale semble compliqué la solution est une question de répartition dont la clé est la répartition de l’eau.

Autant il est difficile de diriger les nuages, autant il est à notre portée de diriger l’eau sur son parcours terrestre avant son retour à la mer en la promenant sur les courbes de niveau. En rechargeant le sous-sol d’eau on redonner à l’ensemble du système une répartition de l’eau nécessaire à la biomasse mais aussi on répartit la température en utilisant le pouvoir calorifique de l’eau. » 

Sur le web

Voir le dossier eau et changement climatique de l’école Polytechnique de Lausanne :http://polyrama.epfl.ch/art_P114_Eau_et_changement.html

L’eau et les changements climatiques : faut-il s’inquiéter ? 2004, Georges Beauchemin, Ministère de la sécurité publique Gouvernement du Québec: http://www.ouranos.ca/acrh/Beauchemin-ACRH-16062004.pdf



[1] Ensemble de toutes les fractions de la planète impliquées dans le cycle de l’eau.

Les nouvelles frontières de l’eau

Ou commence et où s’arrêt les frontière de notre « humanité ».
Aux limites du corps ? Ou bien à ce que l’on boit, mange et respire ?
Tous ces matériaux qui font notre devenir humain.

Quels sont ces endroits où les humains viennent pour devenir plus humain ? Quels sont les matériaux avec lesquels ils se combinent pour ?

Qui empêche quoi, qui occupe quoi et comment ?
Si beaucoup d’individus vivent aujourd’hui avec ce peu de tout, jamais aucun n’a fait sans eau.
L’eau, où cette colle mouvante qui enrobe le vivant, relie les intérieurs aux extérieurs. Alchimie de la terre à la glaise à sculpter.

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http://www.dailymotion.com/video/k6zX5drhpRTzCbR8g3 Sources audios d’après le documentaire « Pour l’amour de leau » diffusé mardi 18 novembre sur ARTE.

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Est-il imaginable de penser que près de 2 000 000 d’individus meurent chaque année faute de bénéficier d’un accès minimale à leur « matériel » eau ? Pour la plupart des enfants de moins de cinq ans.

Diarrhée pour les uns, fortes suspicions pour les autres. Poissons et grenouilles changent de sexe, les enfants passent encore 9 mois dans l’eau. Du côté de Boston, certains forent dans les parkings des sites pollués pour revendre cette eau dans des bouteilles plastiques étiquetées bonne santé.

Aujourd’hui troisième industrie mondiale derrière le pétrole et l’électricité, l’eau, son traitement et sa distribution. Un potentiel de croissance inégalé dont on estime qui sera très vraisemblablement multiplié par deux ou trois au cours des deux prochaines décennies quoi qu’il arrive par ailleurs.

Parmi le top three mondial, Suez et Veolia sont à la mode.fr. Leur propos, ouverture des marchés pour canalisation et grand barrage clés en main vendus sur fond de financements publics. 

En retour ? Une aggravation de l’état des écosystèmes locaux et du niveau de pauvreté des populations autochtones. Le pourquoi d’un tel constat ? Ces infrastructures, faciles à planifier et financer selon notre expérience, celles-ci se substituent à toute solution locale dans l’accès à la ressource. Des solutions dont on ne peut nier qu’elles soient bien plus adaptées à la nature des écosystèmes existants, comme aux besoins populations qui les habitent.

Des populations, qui quant elles ne sont pas simplement expulsées par tel ou tel projet de barrage, se voient tout simplement privées d’une participation minimale à la gestion de leur propre ressource hydrique.

Nouvelle forme d’occupation des territoires pour de nouvelles impuissances. Les exemples sont ici bien trop nombreux : guerres de l’eau en Bolivie, dérivation du Gange sous la houlette de l’opérateur Suez, sans parler de la destruction progressive de l’écoulement naturel des eaux  qui alimentent la forêt alluviale de l’Amazonie.

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* Hier, l’eau était déjà la source de toutes les attentions des légistes de la cité.

 » Voilà la loi que je propose: quiconque aura corrompu l’eau d’autrui, eau de source ou eau de pluie ramassée, en y jetant certaines drogues, ou l’aura détournée en creusant, ou enfin dérobée, le propriétaire portera sa plainte devant les astronomes et fera lui-même l’estimation du dommage. Et celui qui sera convaincu d’avoir corrompu l’eau, outre la réparation du dommage, sera tenu de nettoyer la source ou le réservoir conformément aux règles prescrites par les interprètes, suivant l’exigence des cas ou des personnes  » Platon, Les lois, livre VII 400 a. JC.

En 960 après JC à Valence Espagne, sur la volonté du calife de Cordoue est créé le Tribunal de l’Eau. Une institution qui perdure encore aujourd’hui.

* Aujourd’hui voilà l’eau source d’attention des médecins légistes de tous les continents (cf. l’aide-mémoire sur les maladies liées à l’eau de l’OMS).

7 millions d’américains souffriraient ainsi annuellement d’infections liées à la consommation d’eau potable, comme 40% de nos « gastros » seraient d’origines hydriques. Mais à vrai dire peut importe les chiffres, tout cela demeure encore trop peu vérifiable. Un plus peut-être, ceux de l’OMS que l’on trouvera dans le tableau suivant.

Les nouvelles frontières de l'eau dans Entendu-lu-web image0026

Mais du légiste au médecin légiste, soyons bien sûr qu’une chose n’a pas changée, elle nous apparaît juste comme diluée derrière le paravent des « choses« .

Le fleuve Jaune, le Yangzé Kiang, l’Indus et le Brahmapoutre prennent leur source au Tibet, véritable château d’eau de l’Asie.
Hu Jintao, secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois a fait ses études à la faculté de conservation de l’eau de l’Université Tsinghua où il a obtenu un diplôme de spécialité en stations hydroélectriques. Il y a poursuivi ses études de 1964 à 1965 avant de devenir moniteur politique du département des sciences de conservation de l’eau. 
Selon la presse chinoise, le Tibet recèlerait environ 30 % des ressources hydrauliques de la Chine …

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-> Site de veille en français sur les diverses questions liées à l’eau.

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Image de prévisualisation YouTube Ça se transforme tout en restant dans le même fleuve… mais qui parfois s’agite, ralentit, dévale des cascades, se perd dans un lac puis repasse dans les eaux rapides… 

Variations agricoles

Variations agricoles dans -> ACTUS jidjugregogm 

Agriculture et écologie

L’écologie – science et(:)ou art des agencements -, celle-ci tente de nous présenter les dynamiques de notre monde du dedans : l’homme partie prenante d’un système complexe incertain fait de séquences entremêlées d’agencement (chemins), de potentiels de combinaisons (émergence). Avec elle nous définissons un écosystème comme une communauté d’êtres vivants composée d’équilibres délicats de dépendances et de compétitions entre les vivants:

- dans un espace donné (milieu) où s’entremêlent des relations réciproques entre les vivants qui le produisent (transformation et rétroaction), comme en sont le produit (production de niches écologiques);

- dans un temps donné, l’écosystème ayant comme une biographie, passant dans le temps d’une stratégie de reproduction quantitative à une stratégie de survie qualitative à mesure que celui-ci mature. Cette stratégie de survie qualitative s’opère par une complexification et hiérarchisation des relations, une multiplication des agencements entre les espèces et le milieu. Cette diversification fonctionne alors comme autant de possibilités ouvertes au développement de formes de vie nouvelles (biodiversité), comme elle garantie la stabilité de l’écosystème dans le temps (résilience et redondance des cheminements des flux de matière, énergie et information).

Or l’activité agricole consiste justement à stopper cette dynamique de maturation des écosystèmes. Le rajeunissement annuel opéré par la récolte ayant pour effet de les conserver dans une stratégie de reproduction quantitative, en ne sélectionnant et n’alimentant que très peu des agencements possibles.

Plus l’activité agricole se développe sur le globe, plus sa surface devient pauvre en agencements, en diversité du vivant, plus les écosystèmes sont jeunes, et donc vulnérables aux changements des milieux.

Concernant les biocarburants, la question n’est donc pas tant de savoir si ceux-ci sont bons ou mauvais « par essence », ou si nous devons attendre du mieux de la seconde génération, etc. Car au-delà de toute les évaluations quantitatives possibles des uns et des autres (SAU disponible, capacité de production, état des stocks et autres chiffres, voir ci-dessous), la question est bien de savoir où placer le curseur d’arrêt au défrichement des forêts – ces écosystèmes matures complexes à grande biographie -, donc à l’appauvrissement généralisé des agencements du vivant. La question agricole est d’abord une question de surface d’occupation, avant d’être une question d’usages.

A la question de savoir si nous avons le potentiel de terres pour assurer tel ou tel niveau de production de biocarburants tout en mangeant à notre faim, on peut sans doute répondre oui en dehors des cas de spéculation massive. Voir notamment  l’exemple mexicain ci-dessous, comme le rapport de la FAO concernant l’agriculture biologique et sécurité alimentaire ou encore l’article sur les 12 mythes sur la faim dans le monde .

Le plus inquiétant, c’est bien de commencer par formuler une telle question, celle-ci faisant implicitement l’économie des conséquences de la mise en culture du monde, sur le monde. Le problème des biocarburants n’est pas celui de la nourriture pour l’homme, mais bien plus celui de la nourriture des agencements potentiels de l’ensemble du système terre.

http://www.dailymotion.com/video/x59ilt

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 image0034 dans Biodiversité

Agriculture : chiffres et facteurs

Facteurs de pression sur l’offre agricole (capacités de production) :

–        conditions climatiques ;
–        subvention, rentabilité de l’activité (niveau de prix et répartition des profits entre producteurs et distributeurs) et incitation à la mise en culture ;
–        surface agricole utile, état productif des sols, potentiel de croissance des terres arables ;
–        stocks tampon disponibles ;
–        progrès technologique et productivité agricole ;
–        coût et disponibilité des moyens de production (intrants, eau et énergie, transport, …) ;
–        concurrence des usages du sol (tourisme, environnementalisme).

Facteurs de pression sur la demande agricole :

–        démographie ;
–        spéculation financière (libération des filières agricoles et abandon des stocks de régulation publics) ;
–        concurrence des destinations (agrocarburants et alimentation) ;
–       développement économique (Chine, Inde, etc.), modification des régimes et montée dans la chaîne alimentaire (consommation de calories animales).

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* En 2007, la hausse mondiale des prix agricoles a été de 40% en moyenne selon la FAO, tendance qui s’est exacerbée début 2008. Selon la Banque mondiale, le prix des produits de première nécessité a progressé de 80% depuis 2005. Dans les pays riches la part de l’alimentation dans les revenus se situe entre 10 et 20%, et atteint de 60 à 90% dans les pays en développement.

* Les stocks de blé étaient d’environ 200 millions de tonnes à la fin de la campagne 2000-2001, ils ne sont plus aujourd’hui que de 111 millions de tonnes. Si l’on compare le niveau du stock à la production annuelle de 614 millions de tonnes, cela correspond à 66 jours de consommation, si l’on compare avec les volumes du commerce mondial les stocks disponibles ne représentent plus qu’un an de marché.

* Le prix du riz a presque doublé sur les marchés internationaux au cours des trois derniers mois. La Chine, l’Inde ont augmenté les taxes à l’exportation ; le Vietnam et le Cambodge ont interdit temporairement toutes leurs exportations, le Brésil cherche à faire de même ; les Philippines ont, comme le Bangladesh, supprimé les taxes à l’importation et demandé en urgence la livraison de 1,5 millions de tonnes au Vietnam; la Thaïlande a décidé de vendre son marché intérieur du riz 40% moins cher que le prix mondial.

* L’agriculture manuelle représente encore aujourd’hui 1 200 millions de producteurs, l’agriculture attelée 300 millions, l’agriculture mécanisée, 50 millions.

* La Banque mondiale vient d’avouer n’avoir consacré que 12% de ses prêts à des projets agricoles en 2007, contre 30% dans les années 1980. Elle souligne également que 4% seulement de toute l’aide publique au développement va aujourd’hui à l’agriculture.

chiffres dans Oikos

* D’après l’UNCCD, un tiers de la superficie des terres émergées du globe - 4 milliards d’hectares, soit l’équivalent de la surface forestière – est menacé par la désertification. Plus de 250 millions de personnes sont directement affectées par ce problème. 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent chaque année. 

* D’après la FAO, la dégradation des sols s’étend chaque année sur 5 à 7 millions d’hectares de terres agricoles de plus. Près de 2 milliards d’hectares de terres agricoles et de pâturages souffrent d’une dégradation modérée à grave – soit une étendue à peu près égale à la superficie combinée du Canada et des Etats-Unis. Dans certains endroits, la couche superficielle fertile est épuisée 300 fois plus vite que la nature ne peut la reconstituer. Au Khazakstan, par exemple, près de la moitié des terres agricoles seront perdues d’ici à 2025, si on en croit l’Institut national de gestion des sols.

* De nouvelles surfaces ont été dédiées à l’agriculture en Amérique latine et en Russie, expansion compensée par l’urbanisation de l’Europe et de l’Asie. Dans les dix dernières années, 8 millions d’hectares cultivés ont ainsi disparu en Chine, soit les deux tiers de toute la surface arable de l’Allemagne. Nous venons tout récemment de franchir le seuil de 50% de la population mondiale vivant dans des villes. En 1950, le chiffre n’était que de 30%. 

* A l’échelle du globe, les pertes de surfaces arables (terre qui peut être labourée ou cultivée) sont estimées à une fourchette comprise entre 70 000 et 140 000 km2 par an (soit -à titre de comparaison entre 12 et 25% du territoire français). Ce chiffre est estimé à plus de 100 000 km2 par B. Sundquist de l’Université du Minnesota dans son étude synthétique publiée en 2000, Topsoil loss – Causes, effects and implications: a global perspective.

* En Europe, il est prévu que les combustibles issus de la biomasse couvrent 5,75 % des besoins en carburants routiers en 2010 et 20 % en 2020. L’Europe serait ainsi tenue de mobiliser 70 % de ses terres arables pour tenir cet objectif.

* L’irrigation agricole représente 70% des prélèvements mondiaux en eau douce, 90% de la consommation. On estime que la construction des grands barrages a permis d’exploiter de 30 à 40% supplémentaires des terres de la planète. Il n’y a pas de produit de substitution à l’eau dont il faut mobiliser en moyenne 1000T pour produire 1T de céréale.

* Dans le monde, 277 millions d’hectares sont irrigués (année 2002, source FAO) sur 1,4 milliard d’hectares de terres arables au total. Ils fournissent environ 1/3 de la production alimentaire mondiale. Trois pays (Inde, Chine, États-Unis) représentent 50 % des surfaces irriguées totales. 80 % de la nourriture produite au Pakistan provient de terres irriguées, 70 % pour la Chine, mais moins de 2 % pour le Ghana, le Mozambique ou le Malawi.

* Selon des estimations de la FAO, l’accumulation de sel dans le sol a gravement endommagé 30 millions d’hectares de terres irriguées. La salinisation, conjugée à la saturation par l’eau, affecte une autre tranche de 80 millions d’hectares.

* L’objectif des biotechnologies est d’obtenir des plantes capables de produire dans des situations de manque d’eau modéré, la perspective de plantes poussant sans eau restant illusoire.

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 marquagedunchampdemastr dans Ressource en eau

Cas d’école

Traduction anglaise d’un article de La Jornada de Mexico qui analyse les différents facteurs qui ont conduit à la crise mexicaine de la tortilla (http://mexfiles.wordpress.com/category/food-and-drink/tortillas/). Merci à Tilleul du forum effets de terre.

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Mexico is the fourth largest corn producer in the world. Last hear, it harvested 22 million tons, mostly – although not exclusively – white conn. The volume is much lower than the United States: 280 million tons in 2005, though most is yellow corn. That county controls 70% of the world market. One difference between the other major producers and Mexico, which is important in Latin America, is that Mexican corn is grown for human consumption. We are a culture born from corn.

The fall of Mexican corn

For decades Conasupo ( Compa ñía Nacional de Subsistencias Populares ) played a fundamental role in regulating the national market, stockpiling, importing and distributing grain. As a result of signing the North American Free Trade Agreement (NAFTA), the program was terminated.

Between 1994 and 1998, Conasupo was the seller of last resort. In 1998, Eresto Zedillo said that the major corporate sellers (Maseca, connected with ADM; MINSA, associated with Corn Products International, Arancia and Cargill, and merged with Continental) were in charge of the national market. The former state monopoly,which despite corruption functioned reasonably well, was transferred to private monopolies which had the objective of making rapid returns on their investments.
Dismantling Conasupo was an essential step in privatizing the corn and tortilla market. Other government measures were freeing the price of tortillas in 1999 and closing down Fidelist, a a subsidy program which provided food for 1.2 million families in poor urban areas. 

Another major change in production was to modify the form in which corn was processed. For many years, tortillas were made though a process of nixtamalization [mixing “cal” — limestone, which frees essential amino acids in the corn – in with the grain] which was an key process in milling producing tortillas. This started to change during Carlos Salinas de Gortari’s administration (1988-1994), when tortillas made with processed wheat flour were substituted for nixtamal.

Changing the method of production provoked a strong conflict between the economic actors involved, and was known as “the tortilla war.” Legal battles drastically reduced the importance of the mill and tortilleria owners. In 2003, 49% of tortillas were produced by the major industrial producer. Grupo Maseca had control of 70% of this market. An alliance of the major producers has, in the last five years, grown their market share significantly.

From a national to international price

Commercial producers in Mexico were simultaneously storing local grain and importing it. My controlling inventory, they could demand that prices be lowered or raised according to their needs. They acquired a substantial part of the spring and fall Sinaloa harvest (by far the most important in the Republic, accounting for almost 10 tons in the last spring and fall cycle) at a price of $350 pesos ($30 US Dollars) per ton per ton. They could already count on having nearly a million tons of corn, enough on hand to get into speculation, hold back supplies to articificially raise the prise. Those same ten tons from Sinaloa, sold for 3,500 pesos a ton (US$320) in Mexico City: 2,150 pesos (US$197) over what was paid.

True, the price of corn in the world market had risen in recent months, as a result of the use of corn for distillng ethanol But those increases had no relation to the price of corn in Mexico. On the Chicago Mercantile Exchange, bids reached almost US$ 144 a ton, but this is less than half the price corn was sold for in Mexcico City.

The costs of diesel, gasoline and electricity, the overhead costs for transport and processing, rose during the last months of the Vicente Fox administration. This affected the consumer price of tortillas, but overhead only accounts for 30% of the cost of production.

There was absolutely no justification for the jump in the price of tortillas. Neither rising energy costs, nor the jump in prices on the international market justified the consumer price. The central problem was speculation by the elevator owners.

Speculation is the favored market model of those that believe in fully bringing in the NAFTA regulations, dismantling the state development agencies and businesses though savage privatization. The result is a clearly inefficient market, for all intents and purposes, a speculative monopoly. Thanks to politicians like Luis Téllez y Santiago Levy, the Mexican government has cut off its hands when it comes to intervening to create order in the market.

Cargill can’t lose in México

When the price of tortillas goes sky-high, the multinational Carill wins. IF they import corn from the United States, they benefit. If, on the other hand, they export to other countries, they receive subsidies. When they seek approval for the use and explotation of grain terminals in ports, they maintain their profit margin.

Cargill, a 140 year old company, is the second largest privat ecompany in the world, and has 149,000 employees in 72 countries. Fortune magazine lists it as the 20th most important company on the planet. It buys, processes and distributes grain and other agricultural products, describing itself in its literature as: “the flour in your bread, the wheat in your noodles, the salt in your la harina en su pan, el trigo en sus tallarines, la flavor in your food. We are the corn in your tortillas, the chocolate in your dessert, the additives in your gasoline. We are the oil in your salad dressing, and the meat, pork or chicken you have at dinner. We are the cotton in your clothes, the stuffing in your sofa and the fertilizer in your field.”

The multinational has had a presence in Mexico for more than 80 years, beginning with forestry operations in the Northeast. In 1972 it opened it’s first office in the country with six employees. When NAFTA came in and after Conasupo ceased operations, there was a huge gap in the Mexican market, which the international giant was poised to fill. It’s presence in Mexican agriculture is overwhelming.

Under NAFTA, corn imports from the United States were subject to yearly caps, with imports over the yearly amount subject to tariffs. However, the Mexican government unilaterally eliminated this protection, permitting any amount of grain to come in without penalties. Between 1994 and 2001, the import quota rose to nearly 13 million tons. The two major agricultural corporations, Cargill and ADM sold most of the U.S. corn sold in Mexico, and benefited enormously from the end of tariffs. In addition, they also benefited from the indirect subsidy they received from Washington in the form of export credits.

Recources under the export credit program were for shareholder costs, storage, handling, transport and cabotage * for transporting Sinaloa grain, as permitted under the regulations of the time, were generous to Cargill. When, as it happened in 2006, the multinational exported hundreds of thousands of tons of grain to other countries, it received export subsidies from the government.

Commercial white corn producers in this country receive what is called an “objective price”. For most of the internatinonal market, the “indifferent price” is used, calculated on the international market by reference to the costs of storage and transport from grain elevators in New Orleans to the ultimate Mexican consumer. The difference between the “objective” and “indifferent” p[rice can fluctuate between 450 and 500 pesos (US$ 40-45) per ton, which is paid by the government, and not by the commercial enterprise, which only receives the “indifferent” price. Cargill, as one of the most important grain elevator operators, receives an important indirect subsidy this way.

En 2002 the Comisión Federal de Competencia [Mexican equivalent of the Federal Trade Commission] authorized Cargill to develop, use and exploit a private port in Guaymas, Sonora, together with Grupo Contri, whose main activity is buying, storing and selling other grains – mostly wheat, corn and sorghum. The giant company also controls the principal grain port in Veracruz.

Cargill was little known of in Mexico until in 2001 Congress approved a special tax on the production and importation of fructose, a corn-based sweetener. The multinational imports around 385,000 tons annually. The affair was a disaster in international commercial courts.

Mexico lost their case for the tax

Cargill is considered responsible for the rise in tortilla prices, having bought and stored 600,000 tones of Sinoloa corn for 650 pesos a ton (US$60) which it turned around months later at 3,500 pesos per ton (US$320). The response was to lift import caps on cereal grains, which is supposed to lower prices and bring benefits. Lorenzo Mejía, president of the Unión Nacional de Industriales de Molinos y Tortillerías (Milling and Tortilla Industrial Union) says: “the millers cannot import grain and use Cargill’s services“.The company has rejected the indignant wave of accusations it has faced. It denies being “the corn in your tortillas” – as it says in its consumer brochures – and, in a press release, claimed, like consumers, masa-produers and tortilla vendors, to be worried by the high price of corn. Cargill blames the price rise on the free market and tells the Mexican public that the rise is due to purchasing by pork producers.

The bankruptcy of a model

The rise in the price of tortillas has demonstrated the weakness of the Mexican state against the monopolies. They control the marketing and production of corn, and can set off a round of inflation without impunity. The Executive has no arms to fight this war.

The federal government’s response to the rise has been pathetic. It closed a few tortillerías, and made a media show of the offensive against abuse and blamed the vendors. It announced no measures to control the price of production, or to alter the basic rules. While the producers approve of the government’s response, claiming they are not responsible for the price jump.
The President has announced that it will allow white corn to be imported without tariffs. But those acquiring the cereal are the same ones responsible for the price increases, and who already control the inventory. And these imports are a blow to Mexican farmers, worried about the country being flooded with bad quality grain, likely to contaminate their seed with transgenetic varieties or seed infected with aflatoxina.

Of course, the Calderón administration has buried the information on the speculators. ASERCA 1 has a detailed report detailed. The present system, in which the federal government subsidizes commercial storage and sale of corn, requires accurate reporting and the ability to control reserves. In spite of this, we only hear of the governments inability to inject itself into the market. The President is not interested in the crisis, except that it gives his government a opening to project legitimacy to the poor. Or, to appear decisive if he steps in to control inflation.
Since the start of NAFTA in January 1994, tortilla prices have risen by 738%. The result has been less consumption, of worse quality.

Mexican food supply now depends much more on the United States. Native seeds have been infected with imported transgenetic varieties. Rural migration has left many rural communites deserted except for the old, woman and children. A substantial part of the cereal production region is at risk, or could be turned to other crops. These other crops will also face a price drop as corn fields are converted to more profitable harvests.

Today we are living through a new tortilla war, different than that in the 90s when different businesses faced off. Now, it is the big argo-businesses against the poor. In this war, the government of Felipe Calderón has clearly sided with the monopolies who helped him gain the Presidency.

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D’un agencement manioc/fourmis aux OGM mécaniques, en passant par l’eau…

D'un agencement manioc/fourmis aux OGM mécaniques, en passant par l'eau... dans -> ACTUS 1179502150

Petite compilation de ressources et rencontres diverses.

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Reproduction clonale (bouture) versus reproduction sexuée? Comment entretenir la diversité génétique chez les plantes afin de préserver leur « potentiel adaptatif » dans un environnement changeant? Entretient avec Doyle McKEY chercheur au centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) et récent lauréat du prix « Terra Ficaria » récompensant un travail de recherche portant sur une plante et sur ses effets positifs pour la société humaine. Autour du manioc s’établit tout un microcosme révélateur des interactions possibles entre plantes et animaux. Où comment des fourmis « semeuses » participent à la diversité génétique du manioc, contrebalançant ainsi les effets de la sélection humaine pour les cultures.

fm dans Biodiversité

Télécharger le podcast audio de l’émission (30.9 Mo) et visiter le site de Canal Académie.

Mes recherches [Doyle McKEY] portent sur les interactions entre plantes et animaux en milieux tropicaux, en particulier sur l’écologie évolutive des mutualismes de protection. J’étudie deux types de systèmes, qui diffèrent dans leur histoire naturelle mais qui se ressemblent à un degré frappant dans leur fonctionnement et dans leur dynamique évolutive : les mutualismes plantes-fourmis, dans lesquels les plantes offrent nourriture et sites de nidification contre la protection par les fourmis, et les mutualismes de domestication, dans lesquels les plantes offrent nourriture contre l’habitat et la protection fournis par les agriculteurs.

Mutualismes de protection plantes / fourmis. Dans le premier type de système, les myrmécophytes (« plantes à fourmis ») abritent des « fourmis à plantes » qui leur sont inféodées [...] Dans ces systèmes, les plantes qui investissent plus dans leur colonie de fourmis reçoivent plus de protection, et les fourmis qui protègent bien leurs hôtes reçoivent plus de nourriture et de sites de nidification. La coévolution a donc produit des symbioses très élaborées. Cependant, plante et fourmis se reproduisent et dispersent indépendamment, et la symbiose entre les deux est reconstruite chaque génération. La transmission de la symbiose est donc horizontale (à l’opposé de la transmission verticale, où les descendants héritent des symbiontes de leurs mères). Comme dans d’autres mutualismes à transmission horizontale, il existe le potentiel pour des conflits évolutifs entre les partenaires. Pour les fourmis, par exemple, l’investissement dans la protection (production d’ouvrières) puise dans le même pool limité de ressources que la reproduction (production de sexuées) [...]

Mutualismes de domestication plantes / hommes. Depuis Darwin, les plantes et les animaux domestiqués n’ont pas cessé de fournir un éclairage pour l’étude de l’évolution. J’analyse l’évolution des mutualismes de domestication dans le même cadre conceptuel coévolutif que j’applique aux systèmes plantes / fourmis : Les plantes qui apportent le plus de bénéfices aux agriculteurs, et les pratiques agricoles qui apportent le plus de bénéfices aux plantes, sont toutes les deux favorisées, conduisant à une coévolution entre gènes (de la plante) et culture (des agriculteurs), avec augmentation réciproque des bénéfices [...] La forte sélection exercée par l’homme conduit à une évolution rapide, ce qui fait que les plantes domestiquées sont des modèles pertinents pour l’étude de nombreuses questions générales en la biologie évolutive. J’utilise les plantes domestiquées comme systèmes modèles pour étudier l’évolution du sexe, en particulier chez les plantes propagées clonalement par les agriculteurs. Chez ces plantes, l’investissement dans la reproduction sexuée peut imposer un fort coût d’allocation, diminuant le rendement des tubercules ou d’autres organes récoltés. De plus, par propagation clonale, certains génotypes sont multipliés à très forte fréquence, conduisant à la limitation pollinique chez ces plantes majoritairement allogames et diminuant ainsi les bénéfices du sexe. La coévolution entre pratiques agricoles et système de reproduction de la plante peut conduire même à la perte de la sexualité, avec des conséquences durables pour la dynamique du système. Les particularités de ces systèmes en ce qui concerne les coûts et bénéfices du sexe en font un modèle précieux pour explorer l’évolution du sexe.

+ Coup d’oeil aux publications du CEFE 

+ A écouter en complément, Axel Kahn : Nature et humanité, qui contrôle qui ?

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jidjugregogm dans Entendu-lu-web

En complément du documentaire « le monde selon Monsanto » de Marie Monique Robin diffusé le 11 mars sur ARTE à 21h, l’émission du grain à moudre  du mardi 11 mars 2008 nous proposait l’interrogation suivante: Biotechnologie: les lobbies pèsent -ils sur les résultats de la recherche ? 

Autour de la table:
- Marie Monique Robin, journaliste réalisatrice du documentaire « Le monde selon Monsanto« .
- Pierre Henri Gouyon, ancien directeur du laboratoire UPS-CNRS-ENGREF d’Écologie, Systématique et Évolution et actuellement professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle.
- Christian Vélot, maître de conférence en génétique moléculaire à l’Université de Paris Sud.
- Michel Fok, agronome économiste Chercheur au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

Au delà des arguments déjà standardisés et re(dé)battus par chacun, soulignons ici un point plus rarement avancé. Les OGM révèleraient d’une vision tout à fait mécanique du vivant. A rebour des notion de cadre et d’interaction qui président actuellement aux démarches de la gestion environnement à l’écologie, le gène est ici pensé comme comme une pièce isolée de tout contexte, comme autonome. Le petit texte suivant illustre cette option. 

 » Aujourd’hui, plus on en sait sur les gènes, plus la notion de gène devient flou (Le Guyader, 2003). En effet, le génome semble fait de conflits entre gènes, des gènes qui changent de place (les transposons). En clair, les sélectionneurs qui introduisent des gènes étrangers dans une cellule ne savent pas où et comment le gène se place et fonctionne. Depuis la compréhension du fonctionnement de l’opéron lactose (une boucle de régulation constituée de plusieurs gènes), on sait que l’environnement de la cellule est déterminant pour l’expression des gènes. Le gène ne peut donc pas être considéré comme un élément isolé de son contexte. Voilà pourquoi, le transgène pour qu’il s’exprime est isolé du génome par des séquences non codantes (des « isolateurs » selon Frey, 2001) pour le préserver de son environnement chromatinien. La chose est claire : la transgénèse ne fonctionne bien que si le transgène n’est pas intégré fonctionnellement au génome de l’organisme. On voit là le côté artificiel et l’aspect « bricolage » de cette technique. Les OGM semblent plus être un bluff technologique (Larrère, 2001) qu’une technologie précise et maîtrisée. »
D’après source: http://pagesperso-orange.fr/agribio/ogm2.html

+ La dissémination des OGM est -elle un véritable danger ? Du grain à moudre, émission du mercredi 16 avril 2008.

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use dans Monde végétal

La gestion de l’environnement réside pour beaucoup dans la résolution des conflits d’usages pour une même ressources. Conflits d’usages entre les différents groupes humains en concurrence (l’eau pour l’urbain, l’agriculteur, le touriste, l’industriel…), mais aussi entre les humains et l’environnement (l’eau pour la bonne santé des écosystèmes). Bien des interactions sont encore à découvrir en la matière, bien des mécanismes de gouvernance encore à inventer. Deux émissions de Planète Terre abordaient ainsi et plus où moins directement cette question à l’occasion du débat sur les muniscipales et les enjeux locaux.

* L’émission du mercredi 5 mars 2008:
Série Les enjeux géographiques de la politique locale, n°1 : le fer, la terre, l’eau et le proprio. L
a pollution et les stratégies d’appropriation foncières et des sols au cœur des transformations territoriales des petites villes et des cantons ruraux et industriels. Avec: Romain Garcier (géographe à l’Université de Sheffield) et Sylvie Duvillard (Maître de Conférence à l’Université Pierre Mendes France de Grenoble).

* L’émission du mercredi 12 mars 2008:
Série Les enjeux géographiques de la politique locale, n°2 : rivalités pour les ressources : l’eau et l’électricité. Contraintes environnementales et gouvernance des territoires avec Guillaume Bouvier (chercheur à l’Institut français de géopolitique, Université Paris VIII) et Eric Grujard (chercheur à l’Institut français de géopolitique).

+ Signalon en complément le site de la revue de géographie et géopolitique Hérodote, le numéro du troisième trimestre 2003 Pouvoirs locaux, l’eau, les territoires, la Présentation du numéro et notamment l‘article Les pouvoirs locaux, l’eau, les territoires par Béatrice Giblin.

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+ Comment gérer les ressources en eau de la France ? Science publique, émission du vendredi 21 mars 2008.
+ Faut-il abandonner les biocarburants ? Science publique, émission du vendredi 15 février 2008.
+ La géographie des fleuves aujourd’hui. Planète terre, émission du mercredi 9 janvier 2008.
+ Les réfugiés climatiques. Planète terre, émission du mercredi 23 janvier 2008.

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