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A qui appartient la nature ?

Dans la série des empêcheurs d’éco(lo)logiser en rond, la note suivante reprend certains extraits de l’article de Philippe Descola :  » A qui appartient la nature ?  » Ce dernier est disponible dans son intégralité depuis le site de La vie des idées.Il existe une pluralité de natures et de façons de les protéger.

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La politique internationale de protection de l’environnement repose sur une conception très particulière de la nature, qui est née en Europe au siècle des Lumières. Cette conception est loin d’être partagée par tous les peuples de la planète, attachés à d’autres principes cosmologiques. La préservation de la biodiversité ne pourra être pleinement efficace que si elle tient compte de cette pluralité des intelligences de la nature.

http://www.dailymotion.com/video/k1W4Eltj08UOPNtnaC

Sous l’impulsion d’organismes internationaux comme l’UNESCO, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, ou l’United Nations Environment Program, les aires protégées au titre de réserves naturelles ont connu une progression considérable durant les trois dernières décennies (…) depuis 1973, leur superficie a été multipliée par quatre. Malgré les disparités de statut entre les aires protégées, et les degrés très variables de protection qu’elles sont de ce fait en mesure d’assurer, ces zones spéciales sont la cause de ce qu’une part non négligeable de la surface terrestre mondiale, approximativement 12 %, peut être considérée actuellement comme une forme de bien public. Toute la question est de savoir à quel public exactement appartient ce bien, et à qui il profite (…)

Deux types de réponses contrastés sont généralement apportés à la première question. On peut d’abord soutenir que la nature n’appartient qu’à elle-même, qu’elle possède une valeur intrinsèque, indépendante de son utilité pour les humains, et qu’il faut donc la protéger en elle-même et pour elle-même. Toutefois cette valeur intrinsèque n’est pas facile à définir et son contenu évolue avec le temps.

Les promoteurs des premiers parcs nationaux aux Etats-Unis voulaient préserver le témoignage des paysages grandioses que la Providence avait confiés à la nation américaine et qui marquaient sa destinée d’un sceau tout particulier. Cette nature-là, la wilderness des Montagnes Rocheuses, des sierras californiennes et des mesas arides du Sud-Ouest, avait de fait une fonction bien précise dans la construction de l’imaginaire national et dans la légitimation de l’expansion de la frontière : donner à voir au plus grand nombre, en particulier grâce à la promotion active et très précoce du tourisme dans les parcs nationaux, le caractère distinctif de la nature américaine et donc du peuple qui avait reçu de Dieu la charge de s’en occuper [2]. On voit que cette nature transformée en auxiliaire de l’idée nationale et en cathédrale de plein air avait bien plus qu’une valeur intrinsèque, même si les créateurs des parcs naturels, nourris pour beaucoup d’entre eux de la lecture de Thoreau, d’Emerson et des philosophes transcendantalistes, avaient le sentiment de la préserver pour elle-même (…)

L’idée d’une véritable valeur intrinsèque concédée à la nature est beaucoup plus récente. Elle prend d’abord la forme de la protection de certains milieux parce qu’ils sont l’habitat d’une espèce menacée dont il convient donc d’assurer la perpétuation. Ce sont souvent à l’origine des espèces animales spectaculaires ou qui attirent la sympathie du fait des capacités de projection symbolique qu’elles offrent (…) Cette idée n’a bien sûr rien de nouveau en Europe ; elle court depuis le Moyen Age dans la théologie naturelle. Le juriste anglais Sir Matthew Hale en résume fort bien les principes lorsqu’il écrit dans la deuxième moitié du XVIIème siècle que l’homme ‘vice-roi de la Création’, a été investi par Dieu du « pouvoir, de l’autorité, du droit, de l’empire, de la charge et du soin (…) de préserver la face de la Terre dans sa beauté, son utilité et sa fécondité » [4]. On notera au passage que ces principes issus d’une lecture providentialiste de la genèse biblique sont tout sauf universels, même si leur généralisation en lieux communs de la politique mondiale de protection de l’environnement tend à faire oublier leur origine chrétienne. On voit aussi qu’il est bien malaisé de ne pas mêler la valeur intrinsèque et la valeur instrumentale de la nature, ainsi que le fait Hale lorsqu’il justifie la nécessité de préserver celle-ci en invoquant aussi bien son utilité que sa fécondité et sa beauté. La beauté peut d’ailleurs être rangée dans les arguments d’intérêt puisque seule l’humanité semble être capable de se délecter du spectacle de la nature, et encore faudrait-il probablement restreindre cette humanité-là aux quelques civilisations seulement qui ont développé une esthétique paysagère, pour l’essentiel en Europe et en Extrême-Orient.

Reste ce que Hale appelle la fécondité. C’est en effet le principe de base de la phase ultime des plaidoyers en faveur d’une protection de la nature pour des raisons intrinsèques. On préfère appeler ça maintenant biodiversité, mais l’idée demeure la même : toutes les espèces naturelles doivent être protégées – et non plus seulement celles auxquelles les humains peuvent s’identifier ou qui sont emblématiques d’un génie du lieu – parce que, toutes ensembles, elles contribuent à la prolifération du plus grand nombre possible de formes de vie. Il s’agit bien là d’une valeur en soi, relevant d’une décision normative, et qui n’a nul besoin d’être justifiée en tant que telle si l’humanité tout entière s’accorde à l’entériner : en matière de culture, la diversité est préférable à la monotonie. C’est une proposition avec laquelle je suis en plein accord et qui procède, comme tout choix éthique fondamental, d’une préférence personnelle en faveur d’une des branches de l’alternative qu’il me paraît inutile, et probablement impossible, d’argumenter.Or, cette part d’arbitraire est rarement reconnue, les partisans du maintien d’un taux optimal de biodiversité s’attachant au contraire à asseoir la légitimité de leur position sur une kyrielle de raisons dont la plupart reviennent au fond à en montrer les avantages pour les humains.

Les plus répandus de ces arguments font valoir que, sur les centaines de milliers d’espèces dont on ne sait encore rien ou très peu de choses, certaines recèlent probablement des molécules qui seront utiles pour soigner ou nourrir les humains ; les protéger constitue donc un bon investissement pour l’avenir.

Une variante plus subtile met en avant le fait que notre faible connaissance des interactions synécologiques au sein des écosystèmes généralisés, c’est-à-dire comportant un très grand nombre d’espèces chacune représentée par un faible nombre d’individus, devrait inciter à la précaution car nous ignorons encore à peu près tout des effets que la perturbation de ces écosystèmes pourraient produire sur le climat, l’hydrologie ou la prolifération d’organismes indésirables.

Les arguments les moins utilitaires, enfin, mettent l’accent sur l’avantage évolutif de la diversité génétique dans l’adaptation des organismes, notamment sexués, à des conditions de vie fort diverses, et donc sur la nécessité de préserver le plus grand nombre possible de formules génomiques incorporées dans des espèces afin d’assurer la perpétuation et la croissance de ce potentiel de vie diversifié qui caractérise notre planète. En apparence complètement désintéressée, cette motivation pour protéger la nature, ici une hypostase de la protection de la vie, repose néanmoins sur une évaluation d’experts parlant au nom et à la place tout à la fois des espèces naturelles, d’une sorte de principe téléologique transcendant et de l’immense communauté d’humains qui, faute de connaissances adéquates, devra croire sur parole cet argumentaire.

A la question ‘à qui appartient la nature ?’ on répond certes dans le cas présent ‘à chacune des espèces qui la constitue’, mais aucune d’entre elles, à l’exception de la nôtre, ne s’étant exprimée sur le sujet, c’est le point de vue de certains de ses membres qui va nécessairement prévaloir. On devrait donc dire que toute morale de la nature est par définition anthropogénique en ce qu’elle exprime nécessairement des valeurs défendues par des humains.

Tournons-nous à présent vers les réponses utilitaristes apportées à la question de savoir à qui appartient la nature (…) en résumé, il faut protéger la nature car elle contient des ressources potentielles inexplorées et que mettre en péril ses équilibres internes aura des conséquences catastrophiques pour les humains. Notons seulement que tant les approches écocentriques que les approches anthropocentriques, du moins telles qu’elles s’expriment dans les organisations internationales et les médias autorisés, présentent en la matière le point de vue de l’universel, supposé mieux défendre les intérêts de l’humanité et de la nature en général que les récriminations utilitaristes censément égoïstes et à courte vue des éleveurs pyrénéens confrontés au retour de l’ours, ou des baleiniers norvégiens face aux quotas (…) il y a des conceptions instrumentales de la nature réputées plus nobles que d’autres parce qu’elles se réfèrent à un bien commun de niveau supérieur, c’est-à-dire englobant les intérêts d’un plus grand nombre d’humains et de non-humains. Faut-il dès lors penser que c’est le nombre des entités concernées qui donne sa légitimité à l’appropriation de la nature ? Plus le maintien d’une ressource – une espèce, un groupe d’espèces ou un écosystème – affectera de façon positive une plus grande quantité d’existants, le terme maximal étant la totalité de la biosphère, moins ceux que ce maintien pénalise se verront fondés à faire valoir leur point de vue.

Nous voilà donc arrivés à la deuxième question : pour qui doit-on protéger la nature ? Les réponses sont bien sûr dépendantes de celles apportées à la première question, mais elles ouvrent aussi vers d’autres problèmes. La réponse la plus communément fournie, on l’a vu, est que la nature doit être protégée comme un bien commun mondial, c’est-à-dire au plus haut degré de généralité possible : la préservation d’une espèce ne se fait pas, en principe, au seul bénéfice de cette espèce, mais en tant que celle-ci contribue à la biodiversité générale ; la préservation d’un milieu ne se fait pas, en principe, au seul bénéfice des espèces qui l’occupent, mais en tant que celui-ci contribue à la diversité générale des écosystèmes ; la préservation de la biodiversité terrestre ne se fait pas, en principe, au seul bénéfice des espèces qui la composent et de l’humanité qui pourrait en tirer parti, mais en tant qu’elle contribue au foisonnement de la vie dont notre planète offre pour le moment un témoignage unique.

Les peuples autochtones vivant dans des milieux déclarés menacés ont bien compris la logique de cette prééminence de l’intérêt universel sur les intérêts locaux et comment ils pouvaient en tirer parti. En conséquence, ils ont commencé à se présenter comme des gardiens de la nature – notion abstraite inexistante dans leurs langues et leurs cultures – à qui la communauté internationale devrait confier la mission de veiller à leur échelle sur des environnements dont on mesure chaque jour un peu plus qu’ils les ont façonnés par leurs pratiques. Outre que cette revendication est une bonne façon de se prémunir contre les spoliations territoriales, elle entérine donc le fait que les feux de brousse des Aborigènes australiens, l’horticulture d’essartage en Amazonie et en Asie du Sud-Est ou le pastoralisme nomade au delà du cercle polaire ont profondément transformé la structure phytosociologique et la distribution des populations animales dans des écosystèmes en apparence vierge de toute transformation humaine. Cela dit, toutes les populations locales ne sont pas prêtes à brandir des valeurs universelles de façon à conserver une marge d’autonomie sur les portions de nature dont elles tirent leur subsistance. Si l’on en juge par ce qui se passe dans les Alpes avec le loup, dans les Pyrénées avec l’ours ou dans le Bordelais avec les palombes, ce serait même le contraire qui serait la norme en France : la revendication de particularismes locaux comme façon d’échapper à la tyrannie de l’universel.

Ne faudrait-il pas alors réformer nos principes les plus généraux pour prendre acte de ce qu’il existe une pluralité de natures et de façons de les protéger, pour ne pas imposer l’abstraction du bien public à ceux qui ont d’autres manières de composer des mondes communs, pour ne pas faire trop violence à tous ces peuples qui ont produit au fil du temps toutes ces natures particulières ? Car si l’on accepte l’idée que la philosophie des Lumières – pour considérable qu’ait pu être son rôle dans la promotion de la dignité humaine et l’émancipation des peuples – n’est qu’une façon parmi d’autres de poser les principes d’un vivre ensemble acceptable, alors il faut aussi admettre qu’il n’existe pas de critères absolus et scientifiquement fondés à partir desquels pourraient être justifiées des valeurs universellement reconnues dans le domaine de la préservation des biens naturels et culturels. Cela ne signifie pas que des valeurs maintenant acceptables par le plus grand nombre ne pourraient être décrétées par un acte normatif : le droit à vivre dans la dignité et sans renier sa langue, le droit à l’exercice du libre-arbitre dans la délibération sur l’intérêt public ou le droit à vivre dans un environnement sain sont très probablement des exigences que la plupart des humains pourraient défendre. Mais de telles valeurs ne sont pas intrinsèquement attachées à l’état d’humanité ; leur universalité devrait résulter d’un débat et d’un compromis, c’est-à-dire d’une décision commune dont il est douteux qu’elle puisse être obtenue de façon collective vu l’impossibilité de représenter avec équité la myriade des points de vue différents qui seraient en droit de s’exprimer sur ces questions [5].

La question se complique encore du fait que les valeurs sur lesquelles s’appuie la politique internationale de protection de la nature sont indissociables d’une cosmologie très particulière qui a émergé et s’est stabilisée en Europe au cours des derniers siècles, une cosmologie que j’ai appelée naturaliste et qui n’est pas encore partagée par tous les peuples de la planète, loin de là. Car le naturalisme n’est qu’une façon parmi d’autres d’organiser le monde, c’est-à-dire d’opérer des identifications en distribuant des qualités aux existants à partir des diverses possibilités d’imputer à un autre indéterminé une physicalité et une intériorité analogues ou dissemblables à celles dont tout humain fait l’expérience. De sorte que l’identification peut se décliner en quatre formules ontologiques :

- soit la plupart des existants sont réputés avoir une intériorité semblable tout en se distinguant par leurs corps, et c’est l’animisme – présent parmi les peuples d’Amazonie, du nord de l’Amérique du Nord, de Sibérie septentrionale et de certaines parties de l’Asie du sud-est et de la Mélanésie ;

- soit les humains sont seuls à posséder le privilège de l’intériorité tout en se rattachant au continuum des non-humains par leurs caractéristiques matérielles, et c’est le naturalisme – l’Europe à partir de l’âge classique ;

- soit certains humains et non-humains partagent, à l’intérieur d’une classe nommée, les mêmes propriétés physiques et morales issues d’un prototype, tout en se distinguant en bloc d’autres classes du même type, et c’est le totémisme – au premier chef l’Australie des Aborigènes ;

- soit tous les éléments du monde se différencient les uns des autres sur le plan ontologique, raison pour laquelle il convient de trouver entre eux des correspondances stables, et c’est l’analogisme – la Chine, l’Europe de la Renaissance, l’Afrique de l’Ouest, les peuples indigènes des Andes et de Méso-Amérique [6].

[Voir l’article lié concernant les éléments de classification des formes d’écologie symbolique]

http://www.dailymotion.com/video/kCVKFYOpqxZhwIto3X

Or, l’universalisme moderne est directement issu de l’ontologie naturaliste en ce qu’il part du principe que, derrière le fatras des particularismes que l’Homme ne cesse d’engendrer, il existe un champ de réalités aux régularités rassurantes, connaissables par des méthodes éprouvées, et réductibles à des lois immanentes dont la véridicité ne saurait être entachée par leur processus de découverte. Bref, le relativisme culturel n’est tolérable, et même intéressant à étudier, qu’en tant qu’il se détache sur le fond massif d’un universalisme naturel où les esprits en quête de vérité peuvent chercher secours et consolation. Les mœurs, les coutumes, les morales varient, mais les mécanismes de la chimie du carbone, de la gravitation et de l’ADN sont identiques pour tous.

L’universalisme des institutions internationales mettant en œuvre les politiques de protection de la nature est issu d’une extension au domaine des valeurs humaines de ces principes généraux appliqués à l’origine au seul monde matériel. Il repose en particulier sur l’idée que les modernes seraient les seuls à s’être ouvert un accès privilégié à l’intelligence vraie de la nature dont les autres cultures n’auraient que des représentations – approximatives mais dignes d’intérêt pour les esprits charitables, fausses et pernicieuses par leur pouvoir de contagion pour les positivistes. Ce régime épistémologique, que Bruno Latour appelle ‘l’universalisme particulier’ [7], implique donc nécessairement que les principes de protection de la nature issus du développement des sciences positives soient imposés à tous les non-modernes qui n’ont pas pu acquérir une claire appréhension de leur nécessité faute d’avoir suivi la même trajectoire que la nôtre, faute en particulier d’avoir pu imaginer que la nature existait comme une sphère indépendante des humains. Vous viviez jadis en symbiose avec la nature, dit-on aux Indiens d’Amazonie, mais maintenant que vous avez des tronçonneuses, il faut que l’on vous enseigne à ne plus toucher à vos forêts devenues patrimoine mondial du fait de leur taux élevé de biodiversité.

Comment faire pour que cet universalisme-là devienne un peu moins impérial, sans pour autant renoncer à la protection de la biodiversité comme un moyen de conserver au monde son magnifique chatoiement ? Une voie possible dont j’ai commencé ailleurs à explorer les détours, serait ce que l’on pourrait appeler un universalisme relatif, l’adjectif ‘relatif’ étant ici entendu au sens qu’il a dans ‘pronom relatif’, c’est-à-dire se rapportant à une relation.

L’universalisme relatif ne part pas de la nature et des cultures, des substances et des esprits, des discriminations entre qualités premières et qualités secondes, mais des relations de continuité et de discontinuité, d’identité et de différence, de ressemblance et de dissimilitude que les humains établissent partout entre les existants au moyen des outils hérités de leur phylogenèse : un corps, une intentionnalité, une aptitude à percevoir des écarts distinctifs, la capacité de nouer avec un autrui quelconque des rapports d’attachement ou d’antagonisme, de domination ou de dépendance, d’échange ou d’appropriation, de subjectivation ou d’objectivation. L’universalisme relatif n’exige pas que soient données au préalable une matérialité égale pour tous et des significations contingentes, il lui suffit de reconnaître la saillance du discontinu, dans les choses comme dans les mécanismes de leur appréhension, et d’admettre qu’il existe un nombre réduit de formules pour en tirer parti, soit en ratifiant une discontinuité phénoménale, soit en l’invalidant dans une continuité.

Mais si l’universalisme relatif est susceptible de déboucher sur une éthique, c’est-à-dire sur des règles d’usage du monde auxquelles chacun pourrait souscrire sans faire violence aux valeurs dans lesquelles il a été élevé, cette éthique reste encore à construire pierre par pierre, ou plutôt relation par relation.

La tâche n’est pourtant pas impossible. Elle exige de dresser un inventaire des relations entre humains, comme entre ceux-ci et les non-humains, et de s’accorder pour bannir celles qui susciteraient un opprobre général. On imagine aisément que les formes les plus extrêmes de rapports inégalitaires rentreraient dans cette dernière catégorie : par exemple, l’annihilation gratuite de la vie, la chosification des êtres doués de facultés sensibles ou l’uniformisation des habitudes de vie et des comportements. Et comme, du fait du consensus nécessaire pour aboutir à la sélection des relations retenues, aucune de celles-ci ne pourrait être dite supérieure à une autre, alors les valeurs attachées à des pratiques, des savoirs ou des sites singuliers pourraient s’appuyer sur les relations qu’ils mettent en évidence dans le contexte particulier de leurs usages, sans tomber pour autant dans des justifications contingentes ou fondées sur des calculs immédiats d’intérêts.

Par exemple, et pour revenir à la question de la protection de la nature, là où des humains considèrent comme normal et souhaitable d’entretenir des relations intersubjectives avec des non-humains, il serait envisageable de légitimer la protection d’un environnement particulier, non par ses caractéristiques écosystémiques intrinsèques, mais par le fait que les animaux y sont traités par les populations locales comme des personnes – généralement chassées, du reste, mais en respectant des précautions rituelles. On aurait donc une catégorie d’espaces protégés qui fonctionnerait pour l’essentiel en ‘régime animiste’ – en Amazonie, au Canada, en Sibérie ou dans la forêt malaise – sans que cela n’empêche d’y adjoindre aussi des justifications fondées sur des relations de type naturaliste – la maximisation de la biodiversité ou la capture du carbone, par exemple – pour autant que les relations du deuxième type, c’est-à-dire portées par des acteurs lointains, n’aillent pas trop à l’encontre des conditions d’exercice des relations mises en œuvre par les acteurs locaux. On voit sans peine que les relations permettant de légitimer la patrimonialisation de sites comme le Mont Saint-Michel ou les rizières en terrasses du nord de Luzon seraient tout autres : non plus la présence de non-humains traités comme des sujets, mais l’objectivation d’un projet de connexion entre le macrocosme et le microcosme dont seules les civilisations analogiques, où qu’elles se soient développées, ont pu laisser des traces.

Il y a beaucoup d’utopie là-dedans, dira-t-on ; sans doute, si l’on prend utopie dans le bon sens : comme une multiplicité d’avenirs virtuels frayant la possibilité d’une issue qui n’avait pas été envisagée auparavant.

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Notes

[1] P. Nabokov et L. Loendorf, Restoring a Presence : American Indians and Yellowstone National Park, Norman, University of Oklahoma Press, 2004

[2] Sur ce sujet, les analyses de R. Nash, Wilderness and the American Mind, New Haven, Yale University press, 1973 demeurent irremplaçables.

[3] La première partie de la thèse d’Adel Selmi, bientôt à paraître sous forme d’ouvrage séparé, constitue une précieuse histoire de la politique française de création de parc naturels dans l’empire (Le Parc National de la Vanoise. Administration de la nature et savoirs liés à la diversité biologique, 756 pages, thèse de l’EHESS) ; pour le cas de l’Indochine, voir F. Thomas, Histoire du régime et des services forestiers en Indochine française de 1862 à 1945. Sociologie des sciences et des pratiques scientifiques coloniales en forêts tropicales, Hanoi, Editions Thê Gioi, 1999.

[4] Sir Matthew Hale, The Primitive Origination of Mankind, Londres, 1677, p. 370, cité par C. Glacken, J., Traces on the Rhodian Shore. Nature and Culture in Western Thought from Ancien Times to the End of the Eighteenth Century, Berkeley, University of California Press, 1967 p. 481.

[5] Sur ce thème, voir les interventions réunies dans B. Latour et P. Gagliardi (sous la direction de), Les atmosphères de la politique. Dialogue pour un monde commun, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2006.

[6] Pour un développement plus complet, voir Ph. Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

[7] B. Latour, Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991, p. 142.

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> Autrement :

Aux arbres et cætera …

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Arbres, le voyage immobile

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Dans la série - quels sont les « endroits » où les humains viennent pour devenir plus humain, quels sont les « matériaux » avec lesquels ils se combinent pour ? – après l’eau, petit tour du côté des arbres et de leurs « droits ».

Cas pratique. Visitant la Commune X dans le cadre de l’étude Y, on pourrait découvrir de magnifiques micocouliers de Provence centenaires, tous situés à proximité immédiate d’un centre-ville.

Manque de chance pour ces arbres offrant de nombreux axes de covisibilité, autant de joyeuses perspectives du fait de la taille des tiges comme du volume des canopées, le projet immobilier Z ne prévoit en rien la conservation des arbres sur ce site à lotir.

Aire de répartition Micocoulier de Provence France

Sauf cas exceptionnels – racines dans les eaux thermales chaudes de Rouen par exemple - le sud de la Loire constitue la limite de l’aire de répartition géographique du Micocoulier dit de Provence.

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Un grand arbre est un véritable livre ouvert sur l’histoire, pas seulement naturelle, d’un territoire. Grande surface d’inscription, il est fait de l’air du temps, il exprime les nombreux temps qu’il incorpore, attendant qu’on viennent les lire. Nous autres lecteurs, nous nous retrouvons pour jouer, participer à coécrire, avec et à la suite. Alors le couper, c’est aussi refermer un livre, c’est accepter de laisser se perdre beaucoup de traces.

Alors que faire pour préserver ces illustres témoins des tracto-pelles locales ?

Allons donc ouvrir « LES DROITS DE L’ARBRE AIDE-MÉMOIRE DES TEXTES JURIDIQUES », publication en date de juin 2003 éditée par la Direction de la nature et des paysages du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable (MEDD).

Phrase introductive de l’ouvrage : « L’arbre est un être vivant particulièrement longtemps et marquant dans les paysages. »
Nous voilà déjà tous rassurés sur nos propres qualités d’expression ! Il sera donc question de [en + an]
Suite des festivités … « En droit, l’arbre est un immeuble (Art. 518 du code civil), ce qui lui confère un statut particulier. L’arbre est un élément de paysage, à ce titre les dispositions juridiques qui peuvent participer à sa protection sont nombreuses. »
Un immeuble offrant de nombreuses possibilité de protection, très très bien ! Mais il est aussi vite précisé que : « La protection de l’arbre est un travail de fond qui se prépare, se vit et se défend. » Une bien jolie formule.

Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

Toujours en introduction, une méthodologie attaque-défense nous est proposée :

« 1. Organiser la protection de l’arbre
Protéger l’arbre c’est avant tout bien le connaître et organiser des mesures de protection adaptées à sa vie, à sa gestion et à son inscription dans les aménagements. Savoir pourquoi on protège et comment le faire. Cette phase est importante, elle conditionne les deux autres.
2. Intégrer la protection de l’arbre dans les décisions de gestion et d’aménagement de l’espace
Protéger l’arbre c’est savoir prendre des dispositions adaptées en matière de gestion ou d’aménagement de l’espace. Protéger l’arbre c’est aussi prendre des mesures de conservation.
3.
Défendre l’arbre quand il est menacé
Protéger l’arbre c’est aussi réagir. Négliger les deux phases précédentes c’est réduire l’efficacité des réactions possibles en cas de péril. »

Traduction rapide : commencez dès hier, car les projets de travaux, aménagements et ouvrages vont plus vite que vous ! Prendre des mesures de conservation appartient à la machine administrative, réagir, c’est donc déjà l’avoir activée. Nous voilà beaucoup mieux …

Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

On ne l’aura sans doute pas bien compris, et malgré l’abondance de la littérature encore à venir, il est jugé nécessaire de nous avertir à nouveau de la difficulté de la tâche …

«  AVERTISSEMENT
- La protection de l’arbre est un chemin semé d’embûches. Les réglementations sont nombreuses et souvent complexes.
- Il est nécessaire de procéder à une lecture croisée des différentes fiches.
- Le document ne procède pas à une analyse-bilan des différentes législations.
- La prévention limite toujours les conflits juridiques qui se révèlent souvent très longs et aléatoires. Dans le cas des arbres, les conséquences peuvent être irréparables.
- Si les questions de procédures sont fondamentales, le document n’entre pas dans le détail et se contente le plus souvent d’indiquer la juridiction compétente. Cependant, à tous les stades de la protection de l’arbre, la vigilance s’impose sur les questions de forme et de procédure : délais à respecter, autorisations à demander, avis conforme ou simple, obligation de notification, d’affichage… »

Bonne chance ! De toute façon, si vous n’étiez pas juriste, urbaniste, voire environnementaliste ou paysagiste, une simple lecture des différentes fiches qui constituent la suite de l’ouvrage est proprement impossible. Alors ne parlons surtout pas de lecture croisée !

De la lecture de l’ensemble, ressort assez clairement que vous n’avez plus qu’à prier pour qu’une éventuelle protection affecte déjà le patrimoine végétal en question. Malheureusement, et si c’était le cas, vous n’en seriez sans doute pas rendu devant ce genre de littérature … les protections quand elles existent sont le plus souvent respectées. Ceci expliquant aussi le peu de protections existantes.
Alors oui, les protections possibles sont nombreuses. Néanmoins si celles-ci n’existent pas à ce jour, alors vous n’avez à peu près aucune chance de préserver vos arbres au présent.

Notons au passage que les protections existantes concernent principalement des zones de peuplement remarquables, des sites d’intérêt communautaire (Natura 2000), des zones d’intérêts (ZNIEFF) et ainsi de suite (arrêté de biotope, etc.) … et qu’ainsi dans une très grande majorité des cas, les individus isolés sont condamnés (miter pour urbaniser).
L’arbre isolé est quant à lui le plus souvent protégé en vertu de ses qualités paysagères – le volume de l’immeuble occupant et délimitant l’espace – plus rarement pour ses qualités patrimoniales, et très rarement en fonction de ses fonctions écologiques (habitat pour la faune, phytosociologie, microclimat et cycle-de l’eau, micro formation des sols et cycle des matières organiques, etc.)

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 » Les articles L. 341-1 à L. 341-22 du code de l’environnement règlementent le classement ou l’inscription des « monuments naturels et des sites dont la conservation présente, d’un point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général ». Cette législation a permis de protéger des arbres par classement ou inscription. Cette pratique n’a plus cours mais environ 500 arbres restent soumis à ce régime. Cette législation présente aujourd’hui un intérêt pour la protection des arbres dans la mesure où un régime spécifique s’applique sur les espaces classés ou inscrits (qui peuvent être assez vastes). « 

 » La loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques protège des immeubles qui présentent un intérêt du point de vue historique ou artistique. Cette loi a permis de protéger par une inscription ou un classement quelques arbres remarquables. Aujourd’hui cette pratique n’a plus cours. Cependant, la législation sur les monuments historiques continue de présenter un intérêt pour la protection de l’arbre, grâce aux dispositions qu’elle prévoit pour la protection des abords des monuments inscrits ou classés. « 

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Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

Les protections dont il est question dans l’aide-mémoire du MEDD, celles-ci sont essentiellement mises en place dans le cadre de l’élaboration, la révision ou la modification des plans d’occupation des sols aujourd’hui dénommés PLU.

Pour le présenter très rapidement, un tel document d’urbanisme découpe le territoire communal en quatre types de zones : urbaines (U), à urbaniser (AU), agricoles (A) et naturelles (N). Chacune de ces zones est accompagnées d’un règlement écrit qui fixe les dispositions d’urbanisation applicables (constructions autorisées, implantation, hauteur, accessibilité aux réseaux, coefficient d’occupation des sols, and so on …)

Sur les 14 articles d’un règlement de zone, le numéro 13 concerne spécifiquement les espaces libres, les plantations et les espaces boisés classés (EBC).
Le classement d’un secteur en EBC a pour but d’interdir les changements d’affectation ou les modes d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements.
Un tel classement entraîne également le rejet de plein droit des demandes d’autorisation de défrichement, comme il entraîne la création d’un régime d’autorisation administrative avant toutes coupes et abattages d’arbres.

N’ayant pas de critère de surface minimum à respecter, voilà en théorie une belle protection pour ce qui nous concerne. Seulement, le régime des EBC ne s’applique uniquement que lorsque celui-ci a été délimité dans le document graphique du PLU. 
Or élaborer un PLU est une activité de longue durée. Elle dépend bien évidemment de la taille et des enjeux urbains de la commune, ainsi n’attendez pas moins de cinq ans avant de voir un tel document passer de la phase étude à l’approbation.
Mais, et c’est heureux, le plan existant peut-être révisé ou modifié selon les diverses procédures définies par le code de l’urbanisme. Comptez ici de 6 mois à 1 ans selon les cas. Cependant, et dans la pratique, si vos arbres ne sont pas déjà identifiés:
- dans le rapport de présentation du PLU au niveau de l’analyse de l’état initial de l’environnement (certains alignements peuvent être identifiés comme des éléments marquants du paysage à préserver);
- et/ou dans le rapport de présentation du PLU au niveau du diagnostic (synthèse et orientations paysagères);
- et/ou dans le document graphique du PLU s’ils ne sont pas inscrits dans une zone naturelle (N) ou un espace boisé classé (le règlement de la zone N est par nature très restrictif concernant l’abattage des arbres); 
- et/ou que le règlement écrit du PLU, pour les zones concerné, n’est pas assez restrictif en la matière (l’article 13 peut demander expressément la préservation des hautes tiges même en zone U ou AU);
… alors vous n’aurez que très peu de chance de voir aboutir votre demande de révision ou modification du plan au seul titre de la préservation de ces quelques arbres.

Conclusion, il n’existe à ce jour aucune possibilité juridique de préserver le patrimoine des grands arbres isolés à court terme.
- Sachant que: nombre des documents d’urbanismes actuellement en vigueur ont été élaborés à une époque où se négligeait la protection du capital environnemental et paysager des communes. 
- Sachant que: les projets d’aménagements, eux se réalisent aujourd’hui à court et moyen terme. Soit juste le temps d’arriver à la fiche 3 que nous propose le mémo juridique du MEDD.

Retenons donc que si personne ne s’est battu il y a dix ans pour préserver cet arbre, alors aujourd’hui, vous ne le pourrez très vraisemblablement pas, sauf à vous y attacher par d’autres moyens.

 Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

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Quelques arbres sur le web :

+ Blog Krapoarboricole, à la recherche des arbres vénérables (de France) …

+ Francis Hallé, botaniste auteur du livre « plaidoyer pour l’arbre«  
Extraits vidéos 1Extraits vidéos 2 - Entretien avec l’auteur - Site du projet du radeau des cimes

+ Fil de news du departement forestier de la FAO.

Variations agricoles

Variations agricoles dans -> ACTUS jidjugregogm 

Agriculture et écologie

L’écologie – science et(:)ou art des agencements -, celle-ci tente de nous présenter les dynamiques de notre monde du dedans : l’homme partie prenante d’un système complexe incertain fait de séquences entremêlées d’agencement (chemins), de potentiels de combinaisons (émergence). Avec elle nous définissons un écosystème comme une communauté d’êtres vivants composée d’équilibres délicats de dépendances et de compétitions entre les vivants:

- dans un espace donné (milieu) où s’entremêlent des relations réciproques entre les vivants qui le produisent (transformation et rétroaction), comme en sont le produit (production de niches écologiques);

- dans un temps donné, l’écosystème ayant comme une biographie, passant dans le temps d’une stratégie de reproduction quantitative à une stratégie de survie qualitative à mesure que celui-ci mature. Cette stratégie de survie qualitative s’opère par une complexification et hiérarchisation des relations, une multiplication des agencements entre les espèces et le milieu. Cette diversification fonctionne alors comme autant de possibilités ouvertes au développement de formes de vie nouvelles (biodiversité), comme elle garantie la stabilité de l’écosystème dans le temps (résilience et redondance des cheminements des flux de matière, énergie et information).

Or l’activité agricole consiste justement à stopper cette dynamique de maturation des écosystèmes. Le rajeunissement annuel opéré par la récolte ayant pour effet de les conserver dans une stratégie de reproduction quantitative, en ne sélectionnant et n’alimentant que très peu des agencements possibles.

Plus l’activité agricole se développe sur le globe, plus sa surface devient pauvre en agencements, en diversité du vivant, plus les écosystèmes sont jeunes, et donc vulnérables aux changements des milieux.

Concernant les biocarburants, la question n’est donc pas tant de savoir si ceux-ci sont bons ou mauvais « par essence », ou si nous devons attendre du mieux de la seconde génération, etc. Car au-delà de toute les évaluations quantitatives possibles des uns et des autres (SAU disponible, capacité de production, état des stocks et autres chiffres, voir ci-dessous), la question est bien de savoir où placer le curseur d’arrêt au défrichement des forêts – ces écosystèmes matures complexes à grande biographie -, donc à l’appauvrissement généralisé des agencements du vivant. La question agricole est d’abord une question de surface d’occupation, avant d’être une question d’usages.

A la question de savoir si nous avons le potentiel de terres pour assurer tel ou tel niveau de production de biocarburants tout en mangeant à notre faim, on peut sans doute répondre oui en dehors des cas de spéculation massive. Voir notamment  l’exemple mexicain ci-dessous, comme le rapport de la FAO concernant l’agriculture biologique et sécurité alimentaire ou encore l’article sur les 12 mythes sur la faim dans le monde .

Le plus inquiétant, c’est bien de commencer par formuler une telle question, celle-ci faisant implicitement l’économie des conséquences de la mise en culture du monde, sur le monde. Le problème des biocarburants n’est pas celui de la nourriture pour l’homme, mais bien plus celui de la nourriture des agencements potentiels de l’ensemble du système terre.

http://www.dailymotion.com/video/x59ilt

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 image0034 dans Biodiversité

Agriculture : chiffres et facteurs

Facteurs de pression sur l’offre agricole (capacités de production) :

–        conditions climatiques ;
–        subvention, rentabilité de l’activité (niveau de prix et répartition des profits entre producteurs et distributeurs) et incitation à la mise en culture ;
–        surface agricole utile, état productif des sols, potentiel de croissance des terres arables ;
–        stocks tampon disponibles ;
–        progrès technologique et productivité agricole ;
–        coût et disponibilité des moyens de production (intrants, eau et énergie, transport, …) ;
–        concurrence des usages du sol (tourisme, environnementalisme).

Facteurs de pression sur la demande agricole :

–        démographie ;
–        spéculation financière (libération des filières agricoles et abandon des stocks de régulation publics) ;
–        concurrence des destinations (agrocarburants et alimentation) ;
–       développement économique (Chine, Inde, etc.), modification des régimes et montée dans la chaîne alimentaire (consommation de calories animales).

prod dans Monde végétal

* En 2007, la hausse mondiale des prix agricoles a été de 40% en moyenne selon la FAO, tendance qui s’est exacerbée début 2008. Selon la Banque mondiale, le prix des produits de première nécessité a progressé de 80% depuis 2005. Dans les pays riches la part de l’alimentation dans les revenus se situe entre 10 et 20%, et atteint de 60 à 90% dans les pays en développement.

* Les stocks de blé étaient d’environ 200 millions de tonnes à la fin de la campagne 2000-2001, ils ne sont plus aujourd’hui que de 111 millions de tonnes. Si l’on compare le niveau du stock à la production annuelle de 614 millions de tonnes, cela correspond à 66 jours de consommation, si l’on compare avec les volumes du commerce mondial les stocks disponibles ne représentent plus qu’un an de marché.

* Le prix du riz a presque doublé sur les marchés internationaux au cours des trois derniers mois. La Chine, l’Inde ont augmenté les taxes à l’exportation ; le Vietnam et le Cambodge ont interdit temporairement toutes leurs exportations, le Brésil cherche à faire de même ; les Philippines ont, comme le Bangladesh, supprimé les taxes à l’importation et demandé en urgence la livraison de 1,5 millions de tonnes au Vietnam; la Thaïlande a décidé de vendre son marché intérieur du riz 40% moins cher que le prix mondial.

* L’agriculture manuelle représente encore aujourd’hui 1 200 millions de producteurs, l’agriculture attelée 300 millions, l’agriculture mécanisée, 50 millions.

* La Banque mondiale vient d’avouer n’avoir consacré que 12% de ses prêts à des projets agricoles en 2007, contre 30% dans les années 1980. Elle souligne également que 4% seulement de toute l’aide publique au développement va aujourd’hui à l’agriculture.

chiffres dans Oikos

* D’après l’UNCCD, un tiers de la superficie des terres émergées du globe - 4 milliards d’hectares, soit l’équivalent de la surface forestière – est menacé par la désertification. Plus de 250 millions de personnes sont directement affectées par ce problème. 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent chaque année. 

* D’après la FAO, la dégradation des sols s’étend chaque année sur 5 à 7 millions d’hectares de terres agricoles de plus. Près de 2 milliards d’hectares de terres agricoles et de pâturages souffrent d’une dégradation modérée à grave – soit une étendue à peu près égale à la superficie combinée du Canada et des Etats-Unis. Dans certains endroits, la couche superficielle fertile est épuisée 300 fois plus vite que la nature ne peut la reconstituer. Au Khazakstan, par exemple, près de la moitié des terres agricoles seront perdues d’ici à 2025, si on en croit l’Institut national de gestion des sols.

* De nouvelles surfaces ont été dédiées à l’agriculture en Amérique latine et en Russie, expansion compensée par l’urbanisation de l’Europe et de l’Asie. Dans les dix dernières années, 8 millions d’hectares cultivés ont ainsi disparu en Chine, soit les deux tiers de toute la surface arable de l’Allemagne. Nous venons tout récemment de franchir le seuil de 50% de la population mondiale vivant dans des villes. En 1950, le chiffre n’était que de 30%. 

* A l’échelle du globe, les pertes de surfaces arables (terre qui peut être labourée ou cultivée) sont estimées à une fourchette comprise entre 70 000 et 140 000 km2 par an (soit -à titre de comparaison entre 12 et 25% du territoire français). Ce chiffre est estimé à plus de 100 000 km2 par B. Sundquist de l’Université du Minnesota dans son étude synthétique publiée en 2000, Topsoil loss – Causes, effects and implications: a global perspective.

* En Europe, il est prévu que les combustibles issus de la biomasse couvrent 5,75 % des besoins en carburants routiers en 2010 et 20 % en 2020. L’Europe serait ainsi tenue de mobiliser 70 % de ses terres arables pour tenir cet objectif.

* L’irrigation agricole représente 70% des prélèvements mondiaux en eau douce, 90% de la consommation. On estime que la construction des grands barrages a permis d’exploiter de 30 à 40% supplémentaires des terres de la planète. Il n’y a pas de produit de substitution à l’eau dont il faut mobiliser en moyenne 1000T pour produire 1T de céréale.

* Dans le monde, 277 millions d’hectares sont irrigués (année 2002, source FAO) sur 1,4 milliard d’hectares de terres arables au total. Ils fournissent environ 1/3 de la production alimentaire mondiale. Trois pays (Inde, Chine, États-Unis) représentent 50 % des surfaces irriguées totales. 80 % de la nourriture produite au Pakistan provient de terres irriguées, 70 % pour la Chine, mais moins de 2 % pour le Ghana, le Mozambique ou le Malawi.

* Selon des estimations de la FAO, l’accumulation de sel dans le sol a gravement endommagé 30 millions d’hectares de terres irriguées. La salinisation, conjugée à la saturation par l’eau, affecte une autre tranche de 80 millions d’hectares.

* L’objectif des biotechnologies est d’obtenir des plantes capables de produire dans des situations de manque d’eau modéré, la perspective de plantes poussant sans eau restant illusoire.

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 marquagedunchampdemastr dans Ressource en eau

Cas d’école

Traduction anglaise d’un article de La Jornada de Mexico qui analyse les différents facteurs qui ont conduit à la crise mexicaine de la tortilla (http://mexfiles.wordpress.com/category/food-and-drink/tortillas/). Merci à Tilleul du forum effets de terre.

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Mexico is the fourth largest corn producer in the world. Last hear, it harvested 22 million tons, mostly – although not exclusively – white conn. The volume is much lower than the United States: 280 million tons in 2005, though most is yellow corn. That county controls 70% of the world market. One difference between the other major producers and Mexico, which is important in Latin America, is that Mexican corn is grown for human consumption. We are a culture born from corn.

The fall of Mexican corn

For decades Conasupo ( Compa ñía Nacional de Subsistencias Populares ) played a fundamental role in regulating the national market, stockpiling, importing and distributing grain. As a result of signing the North American Free Trade Agreement (NAFTA), the program was terminated.

Between 1994 and 1998, Conasupo was the seller of last resort. In 1998, Eresto Zedillo said that the major corporate sellers (Maseca, connected with ADM; MINSA, associated with Corn Products International, Arancia and Cargill, and merged with Continental) were in charge of the national market. The former state monopoly,which despite corruption functioned reasonably well, was transferred to private monopolies which had the objective of making rapid returns on their investments.
Dismantling Conasupo was an essential step in privatizing the corn and tortilla market. Other government measures were freeing the price of tortillas in 1999 and closing down Fidelist, a a subsidy program which provided food for 1.2 million families in poor urban areas. 

Another major change in production was to modify the form in which corn was processed. For many years, tortillas were made though a process of nixtamalization [mixing “cal” — limestone, which frees essential amino acids in the corn – in with the grain] which was an key process in milling producing tortillas. This started to change during Carlos Salinas de Gortari’s administration (1988-1994), when tortillas made with processed wheat flour were substituted for nixtamal.

Changing the method of production provoked a strong conflict between the economic actors involved, and was known as “the tortilla war.” Legal battles drastically reduced the importance of the mill and tortilleria owners. In 2003, 49% of tortillas were produced by the major industrial producer. Grupo Maseca had control of 70% of this market. An alliance of the major producers has, in the last five years, grown their market share significantly.

From a national to international price

Commercial producers in Mexico were simultaneously storing local grain and importing it. My controlling inventory, they could demand that prices be lowered or raised according to their needs. They acquired a substantial part of the spring and fall Sinaloa harvest (by far the most important in the Republic, accounting for almost 10 tons in the last spring and fall cycle) at a price of $350 pesos ($30 US Dollars) per ton per ton. They could already count on having nearly a million tons of corn, enough on hand to get into speculation, hold back supplies to articificially raise the prise. Those same ten tons from Sinaloa, sold for 3,500 pesos a ton (US$320) in Mexico City: 2,150 pesos (US$197) over what was paid.

True, the price of corn in the world market had risen in recent months, as a result of the use of corn for distillng ethanol But those increases had no relation to the price of corn in Mexico. On the Chicago Mercantile Exchange, bids reached almost US$ 144 a ton, but this is less than half the price corn was sold for in Mexcico City.

The costs of diesel, gasoline and electricity, the overhead costs for transport and processing, rose during the last months of the Vicente Fox administration. This affected the consumer price of tortillas, but overhead only accounts for 30% of the cost of production.

There was absolutely no justification for the jump in the price of tortillas. Neither rising energy costs, nor the jump in prices on the international market justified the consumer price. The central problem was speculation by the elevator owners.

Speculation is the favored market model of those that believe in fully bringing in the NAFTA regulations, dismantling the state development agencies and businesses though savage privatization. The result is a clearly inefficient market, for all intents and purposes, a speculative monopoly. Thanks to politicians like Luis Téllez y Santiago Levy, the Mexican government has cut off its hands when it comes to intervening to create order in the market.

Cargill can’t lose in México

When the price of tortillas goes sky-high, the multinational Carill wins. IF they import corn from the United States, they benefit. If, on the other hand, they export to other countries, they receive subsidies. When they seek approval for the use and explotation of grain terminals in ports, they maintain their profit margin.

Cargill, a 140 year old company, is the second largest privat ecompany in the world, and has 149,000 employees in 72 countries. Fortune magazine lists it as the 20th most important company on the planet. It buys, processes and distributes grain and other agricultural products, describing itself in its literature as: “the flour in your bread, the wheat in your noodles, the salt in your la harina en su pan, el trigo en sus tallarines, la flavor in your food. We are the corn in your tortillas, the chocolate in your dessert, the additives in your gasoline. We are the oil in your salad dressing, and the meat, pork or chicken you have at dinner. We are the cotton in your clothes, the stuffing in your sofa and the fertilizer in your field.”

The multinational has had a presence in Mexico for more than 80 years, beginning with forestry operations in the Northeast. In 1972 it opened it’s first office in the country with six employees. When NAFTA came in and after Conasupo ceased operations, there was a huge gap in the Mexican market, which the international giant was poised to fill. It’s presence in Mexican agriculture is overwhelming.

Under NAFTA, corn imports from the United States were subject to yearly caps, with imports over the yearly amount subject to tariffs. However, the Mexican government unilaterally eliminated this protection, permitting any amount of grain to come in without penalties. Between 1994 and 2001, the import quota rose to nearly 13 million tons. The two major agricultural corporations, Cargill and ADM sold most of the U.S. corn sold in Mexico, and benefited enormously from the end of tariffs. In addition, they also benefited from the indirect subsidy they received from Washington in the form of export credits.

Recources under the export credit program were for shareholder costs, storage, handling, transport and cabotage * for transporting Sinaloa grain, as permitted under the regulations of the time, were generous to Cargill. When, as it happened in 2006, the multinational exported hundreds of thousands of tons of grain to other countries, it received export subsidies from the government.

Commercial white corn producers in this country receive what is called an “objective price”. For most of the internatinonal market, the “indifferent price” is used, calculated on the international market by reference to the costs of storage and transport from grain elevators in New Orleans to the ultimate Mexican consumer. The difference between the “objective” and “indifferent” p[rice can fluctuate between 450 and 500 pesos (US$ 40-45) per ton, which is paid by the government, and not by the commercial enterprise, which only receives the “indifferent” price. Cargill, as one of the most important grain elevator operators, receives an important indirect subsidy this way.

En 2002 the Comisión Federal de Competencia [Mexican equivalent of the Federal Trade Commission] authorized Cargill to develop, use and exploit a private port in Guaymas, Sonora, together with Grupo Contri, whose main activity is buying, storing and selling other grains – mostly wheat, corn and sorghum. The giant company also controls the principal grain port in Veracruz.

Cargill was little known of in Mexico until in 2001 Congress approved a special tax on the production and importation of fructose, a corn-based sweetener. The multinational imports around 385,000 tons annually. The affair was a disaster in international commercial courts.

Mexico lost their case for the tax

Cargill is considered responsible for the rise in tortilla prices, having bought and stored 600,000 tones of Sinoloa corn for 650 pesos a ton (US$60) which it turned around months later at 3,500 pesos per ton (US$320). The response was to lift import caps on cereal grains, which is supposed to lower prices and bring benefits. Lorenzo Mejía, president of the Unión Nacional de Industriales de Molinos y Tortillerías (Milling and Tortilla Industrial Union) says: “the millers cannot import grain and use Cargill’s services“.The company has rejected the indignant wave of accusations it has faced. It denies being “the corn in your tortillas” – as it says in its consumer brochures – and, in a press release, claimed, like consumers, masa-produers and tortilla vendors, to be worried by the high price of corn. Cargill blames the price rise on the free market and tells the Mexican public that the rise is due to purchasing by pork producers.

The bankruptcy of a model

The rise in the price of tortillas has demonstrated the weakness of the Mexican state against the monopolies. They control the marketing and production of corn, and can set off a round of inflation without impunity. The Executive has no arms to fight this war.

The federal government’s response to the rise has been pathetic. It closed a few tortillerías, and made a media show of the offensive against abuse and blamed the vendors. It announced no measures to control the price of production, or to alter the basic rules. While the producers approve of the government’s response, claiming they are not responsible for the price jump.
The President has announced that it will allow white corn to be imported without tariffs. But those acquiring the cereal are the same ones responsible for the price increases, and who already control the inventory. And these imports are a blow to Mexican farmers, worried about the country being flooded with bad quality grain, likely to contaminate their seed with transgenetic varieties or seed infected with aflatoxina.

Of course, the Calderón administration has buried the information on the speculators. ASERCA 1 has a detailed report detailed. The present system, in which the federal government subsidizes commercial storage and sale of corn, requires accurate reporting and the ability to control reserves. In spite of this, we only hear of the governments inability to inject itself into the market. The President is not interested in the crisis, except that it gives his government a opening to project legitimacy to the poor. Or, to appear decisive if he steps in to control inflation.
Since the start of NAFTA in January 1994, tortilla prices have risen by 738%. The result has been less consumption, of worse quality.

Mexican food supply now depends much more on the United States. Native seeds have been infected with imported transgenetic varieties. Rural migration has left many rural communites deserted except for the old, woman and children. A substantial part of the cereal production region is at risk, or could be turned to other crops. These other crops will also face a price drop as corn fields are converted to more profitable harvests.

Today we are living through a new tortilla war, different than that in the 90s when different businesses faced off. Now, it is the big argo-businesses against the poor. In this war, the government of Felipe Calderón has clearly sided with the monopolies who helped him gain the Presidency.

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D’un agencement manioc/fourmis aux OGM mécaniques, en passant par l’eau…

D'un agencement manioc/fourmis aux OGM mécaniques, en passant par l'eau... dans -> ACTUS 1179502150

Petite compilation de ressources et rencontres diverses.

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Reproduction clonale (bouture) versus reproduction sexuée? Comment entretenir la diversité génétique chez les plantes afin de préserver leur « potentiel adaptatif » dans un environnement changeant? Entretient avec Doyle McKEY chercheur au centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) et récent lauréat du prix « Terra Ficaria » récompensant un travail de recherche portant sur une plante et sur ses effets positifs pour la société humaine. Autour du manioc s’établit tout un microcosme révélateur des interactions possibles entre plantes et animaux. Où comment des fourmis « semeuses » participent à la diversité génétique du manioc, contrebalançant ainsi les effets de la sélection humaine pour les cultures.

fm dans Biodiversité

Télécharger le podcast audio de l’émission (30.9 Mo) et visiter le site de Canal Académie.

Mes recherches [Doyle McKEY] portent sur les interactions entre plantes et animaux en milieux tropicaux, en particulier sur l’écologie évolutive des mutualismes de protection. J’étudie deux types de systèmes, qui diffèrent dans leur histoire naturelle mais qui se ressemblent à un degré frappant dans leur fonctionnement et dans leur dynamique évolutive : les mutualismes plantes-fourmis, dans lesquels les plantes offrent nourriture et sites de nidification contre la protection par les fourmis, et les mutualismes de domestication, dans lesquels les plantes offrent nourriture contre l’habitat et la protection fournis par les agriculteurs.

Mutualismes de protection plantes / fourmis. Dans le premier type de système, les myrmécophytes (« plantes à fourmis ») abritent des « fourmis à plantes » qui leur sont inféodées [...] Dans ces systèmes, les plantes qui investissent plus dans leur colonie de fourmis reçoivent plus de protection, et les fourmis qui protègent bien leurs hôtes reçoivent plus de nourriture et de sites de nidification. La coévolution a donc produit des symbioses très élaborées. Cependant, plante et fourmis se reproduisent et dispersent indépendamment, et la symbiose entre les deux est reconstruite chaque génération. La transmission de la symbiose est donc horizontale (à l’opposé de la transmission verticale, où les descendants héritent des symbiontes de leurs mères). Comme dans d’autres mutualismes à transmission horizontale, il existe le potentiel pour des conflits évolutifs entre les partenaires. Pour les fourmis, par exemple, l’investissement dans la protection (production d’ouvrières) puise dans le même pool limité de ressources que la reproduction (production de sexuées) [...]

Mutualismes de domestication plantes / hommes. Depuis Darwin, les plantes et les animaux domestiqués n’ont pas cessé de fournir un éclairage pour l’étude de l’évolution. J’analyse l’évolution des mutualismes de domestication dans le même cadre conceptuel coévolutif que j’applique aux systèmes plantes / fourmis : Les plantes qui apportent le plus de bénéfices aux agriculteurs, et les pratiques agricoles qui apportent le plus de bénéfices aux plantes, sont toutes les deux favorisées, conduisant à une coévolution entre gènes (de la plante) et culture (des agriculteurs), avec augmentation réciproque des bénéfices [...] La forte sélection exercée par l’homme conduit à une évolution rapide, ce qui fait que les plantes domestiquées sont des modèles pertinents pour l’étude de nombreuses questions générales en la biologie évolutive. J’utilise les plantes domestiquées comme systèmes modèles pour étudier l’évolution du sexe, en particulier chez les plantes propagées clonalement par les agriculteurs. Chez ces plantes, l’investissement dans la reproduction sexuée peut imposer un fort coût d’allocation, diminuant le rendement des tubercules ou d’autres organes récoltés. De plus, par propagation clonale, certains génotypes sont multipliés à très forte fréquence, conduisant à la limitation pollinique chez ces plantes majoritairement allogames et diminuant ainsi les bénéfices du sexe. La coévolution entre pratiques agricoles et système de reproduction de la plante peut conduire même à la perte de la sexualité, avec des conséquences durables pour la dynamique du système. Les particularités de ces systèmes en ce qui concerne les coûts et bénéfices du sexe en font un modèle précieux pour explorer l’évolution du sexe.

+ Coup d’oeil aux publications du CEFE 

+ A écouter en complément, Axel Kahn : Nature et humanité, qui contrôle qui ?

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jidjugregogm dans Entendu-lu-web

En complément du documentaire « le monde selon Monsanto » de Marie Monique Robin diffusé le 11 mars sur ARTE à 21h, l’émission du grain à moudre  du mardi 11 mars 2008 nous proposait l’interrogation suivante: Biotechnologie: les lobbies pèsent -ils sur les résultats de la recherche ? 

Autour de la table:
- Marie Monique Robin, journaliste réalisatrice du documentaire « Le monde selon Monsanto« .
- Pierre Henri Gouyon, ancien directeur du laboratoire UPS-CNRS-ENGREF d’Écologie, Systématique et Évolution et actuellement professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle.
- Christian Vélot, maître de conférence en génétique moléculaire à l’Université de Paris Sud.
- Michel Fok, agronome économiste Chercheur au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

Au delà des arguments déjà standardisés et re(dé)battus par chacun, soulignons ici un point plus rarement avancé. Les OGM révèleraient d’une vision tout à fait mécanique du vivant. A rebour des notion de cadre et d’interaction qui président actuellement aux démarches de la gestion environnement à l’écologie, le gène est ici pensé comme comme une pièce isolée de tout contexte, comme autonome. Le petit texte suivant illustre cette option. 

 » Aujourd’hui, plus on en sait sur les gènes, plus la notion de gène devient flou (Le Guyader, 2003). En effet, le génome semble fait de conflits entre gènes, des gènes qui changent de place (les transposons). En clair, les sélectionneurs qui introduisent des gènes étrangers dans une cellule ne savent pas où et comment le gène se place et fonctionne. Depuis la compréhension du fonctionnement de l’opéron lactose (une boucle de régulation constituée de plusieurs gènes), on sait que l’environnement de la cellule est déterminant pour l’expression des gènes. Le gène ne peut donc pas être considéré comme un élément isolé de son contexte. Voilà pourquoi, le transgène pour qu’il s’exprime est isolé du génome par des séquences non codantes (des « isolateurs » selon Frey, 2001) pour le préserver de son environnement chromatinien. La chose est claire : la transgénèse ne fonctionne bien que si le transgène n’est pas intégré fonctionnellement au génome de l’organisme. On voit là le côté artificiel et l’aspect « bricolage » de cette technique. Les OGM semblent plus être un bluff technologique (Larrère, 2001) qu’une technologie précise et maîtrisée. »
D’après source: http://pagesperso-orange.fr/agribio/ogm2.html

+ La dissémination des OGM est -elle un véritable danger ? Du grain à moudre, émission du mercredi 16 avril 2008.

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use dans Monde végétal

La gestion de l’environnement réside pour beaucoup dans la résolution des conflits d’usages pour une même ressources. Conflits d’usages entre les différents groupes humains en concurrence (l’eau pour l’urbain, l’agriculteur, le touriste, l’industriel…), mais aussi entre les humains et l’environnement (l’eau pour la bonne santé des écosystèmes). Bien des interactions sont encore à découvrir en la matière, bien des mécanismes de gouvernance encore à inventer. Deux émissions de Planète Terre abordaient ainsi et plus où moins directement cette question à l’occasion du débat sur les muniscipales et les enjeux locaux.

* L’émission du mercredi 5 mars 2008:
Série Les enjeux géographiques de la politique locale, n°1 : le fer, la terre, l’eau et le proprio. L
a pollution et les stratégies d’appropriation foncières et des sols au cœur des transformations territoriales des petites villes et des cantons ruraux et industriels. Avec: Romain Garcier (géographe à l’Université de Sheffield) et Sylvie Duvillard (Maître de Conférence à l’Université Pierre Mendes France de Grenoble).

* L’émission du mercredi 12 mars 2008:
Série Les enjeux géographiques de la politique locale, n°2 : rivalités pour les ressources : l’eau et l’électricité. Contraintes environnementales et gouvernance des territoires avec Guillaume Bouvier (chercheur à l’Institut français de géopolitique, Université Paris VIII) et Eric Grujard (chercheur à l’Institut français de géopolitique).

+ Signalon en complément le site de la revue de géographie et géopolitique Hérodote, le numéro du troisième trimestre 2003 Pouvoirs locaux, l’eau, les territoires, la Présentation du numéro et notamment l‘article Les pouvoirs locaux, l’eau, les territoires par Béatrice Giblin.

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+ Comment gérer les ressources en eau de la France ? Science publique, émission du vendredi 21 mars 2008.
+ Faut-il abandonner les biocarburants ? Science publique, émission du vendredi 15 février 2008.
+ La géographie des fleuves aujourd’hui. Planète terre, émission du mercredi 9 janvier 2008.
+ Les réfugiés climatiques. Planète terre, émission du mercredi 23 janvier 2008.

Sur le web: de la mort de l’environnement et autres rencontres

 Sur le web: de la mort de l'environnement et autres rencontres dans Biodiversité frog

Suite à certaines de nos dernières notes concernant le principe d’attention appliqué à l’écologie: l’appel aux sciences sociales et autres variations sur la mort de l’homme, voici quelques ressources, fragments et pistes de reflexions collectées sur le web autours de la question de l’homme dans l’écologie.

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Extraits du compte rendu de lecture de Gérard Chouquer de l’ouvrage de Frédéric Couston, L’écologisme est-il un humanisme ? 

 » [...] La thèse de l’ouvrage est, en effet, la suivante : pour changer et trouver un nouveau contrat, il faut adopter de nouvelles catégories. Or le concept d’environnement est trop lié à la crise de la modernité pour être retenu. Il faut donc se débarrasser de ce concept pour aller vers une politique écologiste, qui soit un « réformisme radical ».

Frédéric Couston établit tout d’abord le lien que la notion d’environnement entretient avec la crise de la modernité. Pour lui, la crise de la modernité est une des dimensions de la crise environnementale puisque c’est un effet de la séparation moderne entre nature et sociétés. Plus précisément, ce qui émerge avec la modernité c’est l’opposition entre un espace naturel à l’écart de l’histoire, et qui sera de plus en plus paré de qualités, et un espace environnemental voué au progrès et lieu de la déploration. La nature, c’est ce dont on ignore l’histoire et même ce dont on ne veut pas faire l’histoire. Idée qu’il résume en une formule forte : « Le concept d’environnement a donc le mérite, en se chargeant des basses œuvres de la modernité, de permettre à la notion traditionnelle de nature de revivre et d’être de nouveau ressentie comme un réservoir immatériel et imaginaire de valeurs. » (P. 63) La conclusion est que si l’on peut annoncer la mort de la nature - parce que « la nature n’est plus ce qu’elle était » (Cosmopolitiques 1, 2002) et qu’elle n’est plus l’autre de l’homme et de l’artificialisation -, il faut, paradoxalement, annoncer, dans le même temps, la mort de la notion d’environnement.

Les raisons sont multiples. Il y a contradiction à nommer environnement l’écosystème, c’est-à-dire ce qui n’est pas l’homme, surtout si c’est pour réinventer, ensuite, la part de l’homme dans l’écosystème. Mieux vaudrait prendre en compte le fait que l’environnement est une représentation culturelle, en outre récente. Il y aura donc mort du concept par absorption de l’homme en lui : un environnement qui absorbe ce qu’il est censé environner redevient un tout. Par ailleurs, si le mot désigne une extériorité statique, pourquoi le choisir pour qualifier un ensemble de relations dynamiques ? Il y aura donc une autre mort de l’environnement en ce que la suppression des problèmes d’environnement passera par la suppression de la notion elle-même au profit d’autre chose.

La crise de l’environnement n’est pas différente de la crise de la modernité parce que la pensée moderne ne parvient pas « à inscrire dans le réel son projet de séparation de la nature et de l’homme sans cesse contrarié par l’irruption de nouveaux hybrides, mi-naturels mi-artificiels » (pp. 85-86). Il faut donc abandonner ou, au moins, dépasser ce concept [...]

La troisième partie de l’ouvrage part à la recherche du nouveau contrat que l’homme doit envisager. Ce contrat est nécessaire, non pas, comme le suggère Michel Serres, parce qu’un nouveau contractant, la nature, doit être intégré mais parce que notre manière de nous considérer dans l’écosphère doit changer. Ce contrat, l’écologisme, ne peut être ni le contrat libéral, fondé sur l’individu, ni le contrat holiste, soumettant l’homme à un plan général qui le dépasse. Il s’agit par conséquent d’un nouveau type de contrat. Pour en discuter les fondements, Frédéric Couston entreprend de démontrer que l’écologisme n’est ni un totalitarisme ni un libéralisme. Il récuse le communisme écologique de Jonas, qui mène à une forme de totalitarisme. Il ne pense pas que soit concevable la notion d’aménagement écologique du capitalisme. Il explique enfin comment l’écologisme n’est ni une révolution ni une utopie, qui ne saurait être confondu avec la politique écologisée [...]« 

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http://www.dailymotion.com/video/x2xuzm

Michel Serres sur Bergson, illustrations sonores d’après extraits du dossier France Culture : Bergson, le cinéma de la pensée

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Sélection d’articles du dossier écologie de l’encyclopédie de L’Agora, première encyclopédie virtuelle, évolutive et participative en langue française née en 1998.

Qu’est-ce que l’écologie?

Humaniser l’écologie « L’écologie est surtout et avant tout une certaine «vision du monde», une sensibilité particulière, et non pas simplement une science. C’est un art qui nous apprend à vivre-avec, à vivre en symbiose, et non pas à manipuler; qui nous apprend à nous ajuster et à nous adapter, et non pas à contrôler; qui nous apprend à promouvoir la vie et non pas la mort, à voir ce qui nous entoure comme des organismes et non pas comme des machines. »

Les lois de l’écologie « L’écologie n’est pas une science nouvelle, même si le vocabulaire écologique est tout récemment passé dans l’usage commun. La science de l’environnement est née au sein de l’histoire naturelle, est passée de l’observation de la nature à l’expérimentation dès le siècle dernier. Ses origines dans les sciences biologiques ont doté l’écologie d’une méthodologie et d’un cadre conceptuel qui ont beaucoup influencé les formes nouvelles qu’elle se donne en s’appropriant les sciences de l’homme. Cette transition est encore très imparfaite. »

Pour une écologie de l’homme « L’écologie n’est réelle que lorsqu’elle est d’abord une écologie de l’Homme et non de la Terre. « Ce n’est donc pas en se niant lui-même que l’homme peut se rapprocher de la nature, car, en désavouant l’esprit qui le fonde, l’homme ne devient pas nature, mais débris de la nature… »

Pour un écologisme non intégriste « Réponse de Claude Villeneuve à l’article de Nicole Jetté-Soucy (ci-dessus). L’objectif de l’écologie, c’est de comprendre le fonctionnement des écosystèmes. »

Le paradoxe de l’arche de Noé « La perte de biodiversité est actuellement l’une des dimensions les plus à la mode dans l’étude des changements environnementaux à l’échelle du globe. Qu’en est-il en réalité et comment conserver les diverses formes de vie à l’échelle planétaire? La responsabilité de l’humanité passe par un changement de paradigme. »

La ressource en eau ? (visage, language, qualités et quantités)

L’eau et la vie « La vie sort de l’eau, mais l’eau ne sort pas d’elle. «Nous sommes des sacs d’eau de mer», disait Alain. En réalité, chacune de nos cellules évolue toujours dans un milieu aqueux, dont les conditions sont contrôlées par des mécanismes physiologiques souvent complexes qui reflètent notre évolution et notre adaptation à l’environnement. »

Plaidoyer pour les eaux oubliées « L’eau mythisée, voire sacrée, dévoile du même coup, d’une part, l’essence et la nature de l’eau, son être intime et originel, sa dignité et sa grandeur, sa plénitude et son sens, et d’autre part, sa puissance symbolique, son ouverture sur la transcendance, sa concordance avec l’être humain et sa capacité d’évoquer le cosmos et le divin. »

L’eau: problématique-clé « La question de l’eau, de ses usages et des abus que l’humanité fait subir à cette ressource essentielle n’a pas fini de nous inquiéter. Il s’agit probablement de la question qui nous rapprochera de la façon la plus tangible de notre environnement dans les décennies à venir. En effet, on peut penser vivre avec un air pollué, avec des sols contaminés, avec une faune et une flore raréfiées… mais l’eau doit être pure, exempte de bactéries nocives ou de substances délétères, sans odeur, sans saveur, sans couleur, pour rencontrer nos critères de qualité. L’accès à une source d’eau potable est probablement la préoccupation la plus ancienne qui confronte l’humanité à son environnement. »

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http://www.dailymotion.com/video/x2xtfh

Michel Serres sur Bergson, illustrations sonores d’après extraits du dossier France Culture : Bergson, le cinéma de la pensée

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La revue études rurales explore les nombreux aspects de la « ruralité » à travers les territoires, les activités, les genres de vie, les organisations politiques, les représentations, les croyances, les héritages et les perspectives. Grâce à la contribution d’auteurs venus d’horizons divers, la revue parle du monde en s’appuyant, pour toutes les disciplines (humaines, sociales et naturalistes), tant sur l’enquête scientifique que sur la réflexion, historique, philosophique ou anthropologique. Deux articles de la revue: 

Olivia Aubriot, L’eau, miroir d’une société. Irrigation paysanne au Népal central Paris, Éditions du CNRS, 2004, 321 p.

Gilles Tétart, Le sang des fleurs. Une anthropologie de l’abeille et du miel (préface de Françoise Héritier)

Conter et décloisonner

Conter et décloisonner dans Art et ecologie g

     C‘est avoir une vision bien limitée des problèmes de l’écologie que de croire que nous allons les identifier, pour y répondre, à travers les mesures physico-chimiques de machines qui après tout ne détectent que ce qu’on leur demande bien de detecter. Alors pour y arriver dans cette voie, sans doute devra-t-on nous démontrer que la solution existe en présupposant cette même solution…

http://www.dailymotion.com/video/x4blm8

C’est encore avoir une vision bien limitée que de croire que les arbres et autres végétaux feront le travail pour nous. Collecteur de CO2, et bien plantons ces nouvelles biomachineries et laissons faire la nature. Elle a toujours raison, comme on dira à l’occasion! Reste qu’assez loin de l’idée d’un végétal que nous dominerions du haut de nos multiples savoirs, observons simplement que nos société tendent à opter pour des stratégies organisationnelles (de type) végétales (réseau, rhizome, voir les travaux de R. Bessis). De sorte que le « dominé » n’est sans doute pas du côté que l’on pense tant notre dépendance vis à vis de la plante croît chaque jour un peu plus (nourriture, production d’O2, absorbtion de CO2, lutte contre l’érosion et la désertification, régulation climatique et hydrique, bois énergie, biocarburant, médicament…). N’oublions pas que la forme de vie végétale est la seule capable de puiser son énergie directement à partir du soleil. Le producteur primaire est ainsi le seul à tiré son énergie hors de la terre, les pieds pourtant fermement immobilisés dedans.

Mais bref, et les hommes dans tout ça ? Un simple pilote au-dessus de la mêlée ? Mais parmi toutes ces « solution-machines », ont-ils encore leur mot à dire une fois dit que la question écologique implique certainement de travailler directement l’étoffe même des choses dont ils sont faits ?

http://www.dailymotion.com/video/x3wsaw

Il y a de la résistance dans l’écologie. Résistance au dualisme, résistance à la tentation de se penser comme « un empire dans un empire« , résistance aux machines de la science et aux sillons des professionnels par une écologie capable de penser contre elle-même, résistance à un certain type de rapport de production and so on… En un mot peut-être, une résistance à toute formulation de type: « moi, j’ai la solution« .

danse1 dans Biodiversité

Alors à la suite de Deleuze et de bien d’autres, on s’insèrera par le milieu les pieds dans l’herbe pour chanter que: « créer c’est résister« . Si les arbres collectent et machinent le CO2, nous collectons des histoires, des perceptions et composons des oeuvres, des récits… Soit autant de graines englobant des modes d’existence passés et à venir. Pour notre conte, mais pas uniquement pour notre compte. Pour d’autres hommes, mais aussi comme un pont tendu vers et à destination de nouvelles formes de vie à venir. Cartographe, historien, poète, musicien, écrivain, écologue, banquier… nous participons tous par nos collectes à la diversité du phénomène du vivant. Alors l’écologie c’est aussi protéger ces espèces immatérielles nées de nos perceptions, et qui témoignent pour la vie dans son ensemble. Avec et sans nous, aux armes…surmonter ! 

Il ne s’agit donc pas de planter mécaniquement, partout et en tout lieu, des arbres pour une même fonction. Ils savent le faire tout seul, sous reserve de leur garantir les territoires et conditions pour se faire. Mais planter des récits comme autant de graines des nouvelles diversités et modes d’existence à produire, voilà peut-être bien une action humaine à replacer très haut dans la hierarchie de ce que pourrait-être une écologie étendue (?!)

http://www.dailymotion.com/video/x3w9xv

Parmi les récits de l’écologie, restent encore à bien des choses à écrire, créer, englober… intégrer. Qui sont, que deviennent nos personnages, où sont nos mondes ? Savoir conter tout autant que compter.

http://www.dailymotion.com/video/x3x1a6

Micro-tentative fantasmée d’auto-bio-récit-graphie sur lignes climatiques (:?! rassemblement de membres épars)

http://www.dailymotion.com/video/x3xay2

Eh bien ! dansez maintenant ?

http://www.dailymotion.com/video/3JB5SiXAEmODOpOUT

Source audio d’après : « Comment nourrir la planète« , du grain à moudre , France Culture
Source vidéo d’après : « Salomé« , de Carlos Saura

Fable

+ Ecouter en ligne : Comment expliquer la pénurie agricole ? Science publique du 14/12/2007 - France culture.

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