Archive pour la Catégorie 'Francis Halle'

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Points … hors la vue

Miro

[ Un environnement ? Une configuration dynamique, un organe sensoriel décentralisé: un modèle de danse qui capture d’autres modèles de danse. ] Gregory Bateson

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http://www.dailymotion.com/video/k3urLHLoGI73X0zTgG De l’art et de la science, ou des interférences. Jean Claude Ameisen.

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On me dit, très cher monsieur, vous mélangez tout sur ce blog.
L’écologie n’est sûrement pas ceci, mais sûrement cela.
Vous ne pouvez donc pas sérieusement écrire ceci autrement que comme cela : l’écologie est une science qui, tel le cosmonaute, entend piloter les choses du vivant, transferts des matières et des énergies, d’en haut.

Ceci ou cela répondons que notre récit du monde est simplement moniste, et qu’ainsi écologie des corps et des idées forment deux aspects parallèles d’une seule et même question « écologique ». Deux versants d’un même fait, où pour l’articuler autrement à la manière d’un Bateson : « Nos idées sont immanentes dans un réseau de voies causales (système d’information) dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience. »

Et après tout, pour le dire plus simplement, l’écologie est une pile de savoirs constituée du jeu des idées que nous nous faisons du monde, celles-ci exprimant bien plus une certaine perspective sur ce dernier, perspective née de l’histoire de nos rencontres avec, que les propriétés de ce monde. Parler d’écologie, c’est donc avant tout parler de celui qui en parle, sous la forme d’idées comme d’images, à savoir l’homme. De l’étude de la Nature, il ne peut tirer avant toute chose qu’une connaissance de sa propre nature.
Nous disons perspective car l’écologie plus qu’une science est avant tout une certaine manière de percevoir le monde. De le plier dans une représentation proprement écologique, des plis correspondant à certaines relations d’un type nouveau (rétroactions, coévolution, …).
A cette manière de voir correspond un mode d’existence, c’est à dire l’art de vivre en rapport avec cette représentation. Coprésence au monde et à soi, coévolution des rapports entre le monde et soi.

Perspective écologique dont nous essayons très maladroitement d’explorer ici quelques uns des contours, faute d’être satisfait par les propositions actuelles et les usages qui en découlent.
Les propositions actuelles, quelles sont-elles au fond ? Dualisme, happy triolisme, transcendance new age, sado anthropomorphisme, psychanalyse du pingouin et culte des manchots qui ne transforment pas le monde à coup de marteau ? Etc, etc, soit grosso-modo l’asile d’une flopée de superstitions savamment réactualisées dans les habits d’une nouvelle morale naturée. Morale qui, parlant au nom de la terre mère à la manière d’un coucou, colonisent le nid d’une science encore à venir pour en chasser les petits Fourrier.

Faire des arbres des puits à carbone à produire sur un même mode que celui des automobiles n’en est qu’un exemple assez facile. Ici l’absence de perspective nouvelle excuse de facto celle du projet pédagogique. On gère le carbone comme l’aluminium dans une même équation. Un des termes change, mais pas la nature des relations. Il en va de même de l’absence des singularités dans les discours. Pourtant, ceux-ci ne manquent pas de nous ceci, nous cela. 
En retour ? Toujours aussi peu d’autonomie dans le possible, et des grilles qui pleuvent sur des diagrammes qui s’assèchent. Mais quelle représentation du monde, quels hommes dedans, quels modes d’accès à la connaissance ? Des utilisations et captures individuelles aux sociabilités et ainsi de suite, nous ne repensons le monde que bien peu aujourd’hui. Question de vitesse, question de savoir plier (dans la complexité) plus que d’extraire également.
Mais quelles ontologie, anthropologieépistémologie et tous ces gros mots réunis pour l’agir écologique ? Celui-ci bénéficie-t-il d’un laisser-passer à ces endroits, ou bien l’homo ecologicus n’est-il finalement qu’un reflet inversé de l’œconomicus ? 

Miro

Filet à papillons et surface d’inscription, de nôtre petit côté, tâtonnant au fil des rencontres, insatisfait des représentations communément proposées au recyclage, et ne cherchant pas à séparer la question écologique de celle du bonheur humain (en tant que celui s’articule également autour des modalités sociales de cohabitation des joies individuelles dans les usages que nous faisons du monde des choses bien qu’habitant celui des hommes), nous avons ainsi pu capturer ici et là quelques fragments de code.

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http://www.dailymotion.com/video/k657hrwUlxdosMOROk Perspective esthétique et micropolitiques désirantes, Félix Guattari: « L’écologie est un grand tournant, à condition que cette écologie soit mariée à la dimension sociale et économique, avec toute forme d’altérité, pour former une idéologie douce, qui fasse sa place aux nouvelles connaissances. »

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Alors on touche et on expérimente là dedans des bidouillages partiels qui n’appellent qu’à leurs propres transformations, pour peut-être certains usages dans des ailleurs.
On tourne, on tourne autour. On se répète dans un mouvement centrifuge qui peut-être un jour fera apparaître une nouvelle poterie, par expulsion sélective des trops perçus.
En attendant, petite tentative de synthèse très incomplète et dans le désordre. 

arrow La perspective écologique, l’art des agencements ou des frontières mobiles. L’individu est une configuration singulière qui ne prend forme qu’en rapport à d’autres configurations singulières, lesquelles ne se comprennent que dans un contexte très dynamique.
L’homme, sous-système de systèmes, ne compose toujours qu’un arc dans un circuit plus grand qui toujours le comprend lui et son environnement (l’homme et l’ordinateur, l’homme et la canne…). Gregory Bateson : « L’unité autocorrective qui transmet l’information ou qui, comme on dit, pense, agit et décide, est un système dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience ». Alors de quoi je suis capable (mode d’existence) dans tel agencement, dans tel circuit ? Comment je m’insère dans ces réseaux de réseaux ? Soit la compréhension des différents circuits dans lesquels s’insère et racine l’âme humaine.
Comme ces relations et compositions sont plus ou moins inaccessibles à notre mode de pensé actuel (linéaire et séquentiel), notre hypothèse est bien que l’art en est l’une des principale portes d’entrée.
Coévolution, interaction, rétroaction, etc., autant de concepts issus de la systémique et qui forment aujourd’hui les bases de la pensée écologique scientifique. L’approche écosystémique est donc une façon de percevoir à la fois l’arbre et la forêt, sans que l’un ne masque l’autre. L’arbre est perçu comme une configuration d’interactions appropriée aux conditions de vie de la forêt, elle-même association d’arbres dont les interactions produisent leur propre niche écologique individuelle.
Tout système peut se représenter comme une différenciation interne entretenue par un flux énergétique (matière, information) externe qui le traverse. Ce flux détermine donc un intérieur différencié et un extérieur qu’on appelle environnement. C’est-à-dire un système plus ouvert à la circulation des flux et qui assure la régulation de l’ensemble. Tout système est donc relié à un environnement (à un autre système plus ouvert), à une écologie (à des relations entre systèmes). 
Nous ne pouvons donc pas donner à comprendre clairement l’écologie par des approches pédagogiques classiques, linéaires et exclusives.
Le projet de l’œuvre d’art est un projet intégrateur qui rencontre précisément cet objectif de la pensée écologique. Comme le disait Nietzsche, le corps dansant a le pouvoir d’unir les contraires et « nous avons l’art, afin de ne pas mourir de la vérité ». Une vérité entendue au sens d’un mode de pensée qui préfigure des frontières fixes (individu/collectivité, artificiel/naturel…), et épuise le réel à l’avance.

« La monstrueuse pathologie atomiste que l’on rencontre aux niveaux individuel, familial, national et international – la pathologie du mode de pensée erroné dans lequel nous vivons tous – ne pourra être corrigée, en fin de compte, que par l’extraordinaire découverte des relations qui font la beauté de la nature. » Gregory Bateson. 

Aujourd’hui, l’individu cherche à combiner et expérimenter les approches de toute nature dont il a les « échos » permanents dans la société informationnelle au sein de laquelle il pousse (scientifiques, industrielles, médiatiques, artistiques…). Mais sa conscience n’est qu’une petite partie systématiquement sélectionnée et aboutit à une image déformée d’un ensemble plus vaste, le réel. Gregory Bateson : « La vie dépend de circuits de contingences entrelacés, alors que la conscience ne peut mettre en évidence que tels petits arcs de tels circuits que l’engrenage des buts humains peut manœuvrer. » Ignorant ces circuits plus vastes, l’individu sample des entités à partir d’un mode de pensée atomiste. Le poulet en batterie est un sample du poulet naturel. C’est-à-dire une entité extraite de son environnement (circuit initial), tout comme on extrait un son d’un ensemble musical. Le sample n’a évidement plus les mêmes capacités que l’original dans son contexte, mais à en rester à la forme on dira que c’est toujours un poulet et on pourra le multiplier à l’infini (copier/coller…).
Dans un monde complexe, il ne s’agit plus de chercher à dénouer ou extraire, mais bien à nouer. L’ensemble de l’esprit est un « réseau cybernétique intégré » de propositions, d’images, de processus etc. etc…., la conscience, un échantillon des différentes parties et régions de ce réseau. Gregory Bateson : « si l’on coupe la conscience, ce qui apparaît ce sont des arcs de circuits, non des pas des circuits complet, ni des circuits de circuits encore plus vaste. ». Ainsi plier le papier, notre conscience, pour en rapprocher les bords.

arrow L’écologie, en tant que concept intégrateur, celle-ci vise à la cohabitation des perspectives et usages du monde, du poétique au productif, et s’occupe donc de la gestion du multiple bien plus que de la rareté. Le multiple étant ici entendu au sens d’une multitude de désirs singuliers, non comme des collectifs institutionnels ou des classifications.

arrow L’homme coévolue avec le naturel comme l’artificiel, cette distinction n’étant le fruit que d’une perception limité (prélèvement). Cette proposition pourrait également s’entendre comme suit : l’homme habite techniquement la nature et naturellement la technique sur un seul et même plan d’immanence qui est un plan de composition (un modèle de danse qui capture d’autres modèles de danse). Rencontre à ce stade avec Michel Puech, comme avec le Deleuze du petit texte intitulé  » Spinoza et nous  ».

Gilles Deleuze : « L’artifice fait complètement-partie de la Nature, puisque toute chose, sur le plan immanent de la Nature, se définit par des agencements de mouvements et d’affects dans lesquels elle entre, que ces agencements soient artificiels ou naturels [...] une composition des vitesses et des lenteurs, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté sur ce plan d’immanence. Voilà pourquoi Spinoza lance de véritables cris : vous ne savez pas ce dont vous êtes capables, en bon et en mauvais, vous ne savez pas d’avance ce que peut un corps ou une âme, dans telle rencontre, dans tel agencement, dans telle combinaison. »

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http://www.dailymotion.com/video/k3nS3J7O5wL1n2NBjR Michel Puech sur France Culture : « l’homme habite techniquement la nature et naturellement la technique ».

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arrow L’actuelle mise en réseau du monde implique un certain devenir végétal, à un certain niveau de nos stratégies organisationnelles : gestion du temps et occupation de l’espace en premier lieu, mais également à une plus grande fluidité des sujets, psychologique, voire même aujourd’hui génétique.
Car mise en réseau, c’est-à-dire modification des rapports des vitesses et des lenteurs de chacun, des modes d’individuations et d’affectation des corps sur ce même plan d’immanence, avec pour conséquence une croissance des surfaces d’échange et l’émergence de nouveaux collectifs fluides respectant les singularités. Soit de nouvelles sociabilités.
Dans la mesure où plus aucun des territoires de la planète ne porte pas une trace de moi-même (les mêmes pesticides dans les glaces polaires et dans mes testicules…), pulsion de fuite et mouvement perdent de leur intérêt stratégique. Dès lors, en pensant le rapport animal et végétal sur la base de stratégies de captation de l’énergie différenciées, l’une en mouvement, l’autre non, peut-on imaginer que le développement des humains adopte un modèle plus végétal ? Un mode où à l’image de la plante pour la lumière et l’eau, l’individu étendrait en surface ses capteurs d’information dans le réseau sociétal, à la recherche de sens composites (informations, énergie).
En contrepoint, il délaisserait la construction de son intériorité au profit d’un nouveau type de croissance : en extérieure, en surface, par réitération et redondance, en multipliant les chemins de circulation de l’information. Parallèlement, ce dernier ne pourrait plus se satisfaire du substrat traditionnel des connaissances : analytique, linéaire et séquentielle.
Rencontre ici avec Francis Hallé et Raphaël Bessis autour de la question de l’homme coloniaire.

arrow L’homme « photo-synthétiseur » est un producteur primaire (plus ou moins autonome, plus ou moins affirmatif) d’images à dédoubler, articuler et recycler collectivement dans des récits du monde. Littérature, poésie ou toute la question du rôle de l’art dans dans l’éducation, les fonctions de contrôle et de sagesse au sens d’un Bateson, la présence au monde d’un Thoreau.

« [...] L’art, à une fonction positive, consistant à maintenir ce que j’ai appelé « sagesse », modifier, par exemple, une conception trop projective de la vie, pour la rendre plus systémique [...] ce que la conscience non assistée (par l’art, les rêves, la religion…) ne peut jamais apprécier, c’est la nature systémique de l’esprit. » Grégory Bateson

Rencontre ici avec l’accès à la connaissance des devenirs du monde sur un mode cinématographique, Bergson (le cinéma fait voir le mouvement, les rapports de mouvement, les interactions qui passent – jaillissent - entre les choses).

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http://www.dailymotion.com/video/k5a8Z8wuAyBpnBM0Mg Bergson, image cinématographique, et appréhention de l’abondance des devenirs du monde.

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arrow Penser la diversité ne requière pas que les choses aient une valeur en elles-mêmes. L’attribution d’une valeur esthétique, d’un usage, etc, est avant tout fonction du déploiement d’un désir singulier. Ce n’est pas parce que cette chose est aimable que je l’aime, c’est parce que je l’aime que cette chose est aimable.
Ce que la diversité mets ainsi en jeu, ce sont donc des potentiels de liaison et de  déliaison dans le tissu du monde, ces agencements mobiles permettant des gains de puissance dans une communauté faite de multiples systèmes en coévolution. L’extinction d’un individu singulier est en ce sens la perte pour tous les autres d’une liaison, d’un mode de connexion possible, d’un modèle ou mouvement de danse dans lequel peut se glisser un moi. Soit une perte en conjugaison ou en grammaire du monde. Toujours Spinoza, toujours Deleuze et un zest de Misrahi aux commentaires.

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http://www.dailymotion.com/video/k5q5KaPOMSGW7arBNA Gilles Deleuze sur l’Ethique de Spinoza, lecture de « Spinoza et nous »

http://www.dailymotion.com/video/k6dBvXQ94T6qvyymWu Bodiversité, tissu du vivant et pouvoir de transformation (Elias Canetti)

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Pour décliner tout cela plus concrètement, d’un point de vu politique et quotidien, se pose donc la question de l’accès pour le plus grand nombre aux territoires, à ses flux de matières et d’informations avec lesquels il est nécessaire ou possible qu’ils se combinent pour devenir humain (l’eau, l’air, etc.) et plus encore (l’information, l’éducation, les surfaces d’écriture et de lecture que sont les arbres, les paysages, l’éthologie animale, etc.).

Mais une fois dit cela, constatons que nous n’avons rien inventé de bien nouveau. Tout juste actualisé quelques très vieilles questions : occupation des territoires, rémunération des équivalents travaux de chacun, etc. 
A ceci près, outre le cheminement personnel qui nous amène à réinterroger ces questions sous tel ou tel angle d’incidence, à ceci près donc que le capital énergétique d’un individu humain, c’est à dire son pouvoir de transformation mécanique du monde, est à présent à un niveau sans doute jamais atteint par l’espèce. On pourrait peut-être d’ailleurs imaginer qu’il en va de l’inverse quant à son pouvoir de transformation psychique.
A ceci près toujours que l’heure est à la maîtrise de notre propre maîtrise ou puissance, grâce aux connaissances aujourd’hui acquises sur les rapports entre les flux : cycles, transferts, conditions de reproduction des matières et des énergies.

Modification des vitesses et réactualisation des liens, tout cela nous ramène d’une certaine manière à la question éthique telle que posée par Spinoza : comment rendre désirables ou « activer » ces connaissances nouvelles, comment articuler autonomie individuelle et communauté de raisonnable ?

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http://www.dailymotion.com/video/k4BHxtdZ4qyPkhTwrz Robert Misrahi sur Spinoza. De la recherche de l’autonomie au « Rien n’est plus utile à l’homme qu’un autre homme vivant sous la conduite de la raison »

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Matisse

Aux arbres et cætera …

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Arbres, le voyage immobile

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Dans la série - quels sont les « endroits » où les humains viennent pour devenir plus humain, quels sont les « matériaux » avec lesquels ils se combinent pour ? – après l’eau, petit tour du côté des arbres et de leurs « droits ».

Cas pratique. Visitant la Commune X dans le cadre de l’étude Y, on pourrait découvrir de magnifiques micocouliers de Provence centenaires, tous situés à proximité immédiate d’un centre-ville.

Manque de chance pour ces arbres offrant de nombreux axes de covisibilité, autant de joyeuses perspectives du fait de la taille des tiges comme du volume des canopées, le projet immobilier Z ne prévoit en rien la conservation des arbres sur ce site à lotir.

Aire de répartition Micocoulier de Provence France

Sauf cas exceptionnels – racines dans les eaux thermales chaudes de Rouen par exemple - le sud de la Loire constitue la limite de l’aire de répartition géographique du Micocoulier dit de Provence.

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Un grand arbre est un véritable livre ouvert sur l’histoire, pas seulement naturelle, d’un territoire. Grande surface d’inscription, il est fait de l’air du temps, il exprime les nombreux temps qu’il incorpore, attendant qu’on viennent les lire. Nous autres lecteurs, nous nous retrouvons pour jouer, participer à coécrire, avec et à la suite. Alors le couper, c’est aussi refermer un livre, c’est accepter de laisser se perdre beaucoup de traces.

Alors que faire pour préserver ces illustres témoins des tracto-pelles locales ?

Allons donc ouvrir « LES DROITS DE L’ARBRE AIDE-MÉMOIRE DES TEXTES JURIDIQUES », publication en date de juin 2003 éditée par la Direction de la nature et des paysages du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable (MEDD).

Phrase introductive de l’ouvrage : « L’arbre est un être vivant particulièrement longtemps et marquant dans les paysages. »
Nous voilà déjà tous rassurés sur nos propres qualités d’expression ! Il sera donc question de [en + an]
Suite des festivités … « En droit, l’arbre est un immeuble (Art. 518 du code civil), ce qui lui confère un statut particulier. L’arbre est un élément de paysage, à ce titre les dispositions juridiques qui peuvent participer à sa protection sont nombreuses. »
Un immeuble offrant de nombreuses possibilité de protection, très très bien ! Mais il est aussi vite précisé que : « La protection de l’arbre est un travail de fond qui se prépare, se vit et se défend. » Une bien jolie formule.

Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

Toujours en introduction, une méthodologie attaque-défense nous est proposée :

« 1. Organiser la protection de l’arbre
Protéger l’arbre c’est avant tout bien le connaître et organiser des mesures de protection adaptées à sa vie, à sa gestion et à son inscription dans les aménagements. Savoir pourquoi on protège et comment le faire. Cette phase est importante, elle conditionne les deux autres.
2. Intégrer la protection de l’arbre dans les décisions de gestion et d’aménagement de l’espace
Protéger l’arbre c’est savoir prendre des dispositions adaptées en matière de gestion ou d’aménagement de l’espace. Protéger l’arbre c’est aussi prendre des mesures de conservation.
3.
Défendre l’arbre quand il est menacé
Protéger l’arbre c’est aussi réagir. Négliger les deux phases précédentes c’est réduire l’efficacité des réactions possibles en cas de péril. »

Traduction rapide : commencez dès hier, car les projets de travaux, aménagements et ouvrages vont plus vite que vous ! Prendre des mesures de conservation appartient à la machine administrative, réagir, c’est donc déjà l’avoir activée. Nous voilà beaucoup mieux …

Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

On ne l’aura sans doute pas bien compris, et malgré l’abondance de la littérature encore à venir, il est jugé nécessaire de nous avertir à nouveau de la difficulté de la tâche …

«  AVERTISSEMENT
- La protection de l’arbre est un chemin semé d’embûches. Les réglementations sont nombreuses et souvent complexes.
- Il est nécessaire de procéder à une lecture croisée des différentes fiches.
- Le document ne procède pas à une analyse-bilan des différentes législations.
- La prévention limite toujours les conflits juridiques qui se révèlent souvent très longs et aléatoires. Dans le cas des arbres, les conséquences peuvent être irréparables.
- Si les questions de procédures sont fondamentales, le document n’entre pas dans le détail et se contente le plus souvent d’indiquer la juridiction compétente. Cependant, à tous les stades de la protection de l’arbre, la vigilance s’impose sur les questions de forme et de procédure : délais à respecter, autorisations à demander, avis conforme ou simple, obligation de notification, d’affichage… »

Bonne chance ! De toute façon, si vous n’étiez pas juriste, urbaniste, voire environnementaliste ou paysagiste, une simple lecture des différentes fiches qui constituent la suite de l’ouvrage est proprement impossible. Alors ne parlons surtout pas de lecture croisée !

De la lecture de l’ensemble, ressort assez clairement que vous n’avez plus qu’à prier pour qu’une éventuelle protection affecte déjà le patrimoine végétal en question. Malheureusement, et si c’était le cas, vous n’en seriez sans doute pas rendu devant ce genre de littérature … les protections quand elles existent sont le plus souvent respectées. Ceci expliquant aussi le peu de protections existantes.
Alors oui, les protections possibles sont nombreuses. Néanmoins si celles-ci n’existent pas à ce jour, alors vous n’avez à peu près aucune chance de préserver vos arbres au présent.

Notons au passage que les protections existantes concernent principalement des zones de peuplement remarquables, des sites d’intérêt communautaire (Natura 2000), des zones d’intérêts (ZNIEFF) et ainsi de suite (arrêté de biotope, etc.) … et qu’ainsi dans une très grande majorité des cas, les individus isolés sont condamnés (miter pour urbaniser).
L’arbre isolé est quant à lui le plus souvent protégé en vertu de ses qualités paysagères – le volume de l’immeuble occupant et délimitant l’espace – plus rarement pour ses qualités patrimoniales, et très rarement en fonction de ses fonctions écologiques (habitat pour la faune, phytosociologie, microclimat et cycle-de l’eau, micro formation des sols et cycle des matières organiques, etc.)

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 » Les articles L. 341-1 à L. 341-22 du code de l’environnement règlementent le classement ou l’inscription des « monuments naturels et des sites dont la conservation présente, d’un point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général ». Cette législation a permis de protéger des arbres par classement ou inscription. Cette pratique n’a plus cours mais environ 500 arbres restent soumis à ce régime. Cette législation présente aujourd’hui un intérêt pour la protection des arbres dans la mesure où un régime spécifique s’applique sur les espaces classés ou inscrits (qui peuvent être assez vastes). « 

 » La loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques protège des immeubles qui présentent un intérêt du point de vue historique ou artistique. Cette loi a permis de protéger par une inscription ou un classement quelques arbres remarquables. Aujourd’hui cette pratique n’a plus cours. Cependant, la législation sur les monuments historiques continue de présenter un intérêt pour la protection de l’arbre, grâce aux dispositions qu’elle prévoit pour la protection des abords des monuments inscrits ou classés. « 

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Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

Les protections dont il est question dans l’aide-mémoire du MEDD, celles-ci sont essentiellement mises en place dans le cadre de l’élaboration, la révision ou la modification des plans d’occupation des sols aujourd’hui dénommés PLU.

Pour le présenter très rapidement, un tel document d’urbanisme découpe le territoire communal en quatre types de zones : urbaines (U), à urbaniser (AU), agricoles (A) et naturelles (N). Chacune de ces zones est accompagnées d’un règlement écrit qui fixe les dispositions d’urbanisation applicables (constructions autorisées, implantation, hauteur, accessibilité aux réseaux, coefficient d’occupation des sols, and so on …)

Sur les 14 articles d’un règlement de zone, le numéro 13 concerne spécifiquement les espaces libres, les plantations et les espaces boisés classés (EBC).
Le classement d’un secteur en EBC a pour but d’interdir les changements d’affectation ou les modes d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements.
Un tel classement entraîne également le rejet de plein droit des demandes d’autorisation de défrichement, comme il entraîne la création d’un régime d’autorisation administrative avant toutes coupes et abattages d’arbres.

N’ayant pas de critère de surface minimum à respecter, voilà en théorie une belle protection pour ce qui nous concerne. Seulement, le régime des EBC ne s’applique uniquement que lorsque celui-ci a été délimité dans le document graphique du PLU. 
Or élaborer un PLU est une activité de longue durée. Elle dépend bien évidemment de la taille et des enjeux urbains de la commune, ainsi n’attendez pas moins de cinq ans avant de voir un tel document passer de la phase étude à l’approbation.
Mais, et c’est heureux, le plan existant peut-être révisé ou modifié selon les diverses procédures définies par le code de l’urbanisme. Comptez ici de 6 mois à 1 ans selon les cas. Cependant, et dans la pratique, si vos arbres ne sont pas déjà identifiés:
- dans le rapport de présentation du PLU au niveau de l’analyse de l’état initial de l’environnement (certains alignements peuvent être identifiés comme des éléments marquants du paysage à préserver);
- et/ou dans le rapport de présentation du PLU au niveau du diagnostic (synthèse et orientations paysagères);
- et/ou dans le document graphique du PLU s’ils ne sont pas inscrits dans une zone naturelle (N) ou un espace boisé classé (le règlement de la zone N est par nature très restrictif concernant l’abattage des arbres); 
- et/ou que le règlement écrit du PLU, pour les zones concerné, n’est pas assez restrictif en la matière (l’article 13 peut demander expressément la préservation des hautes tiges même en zone U ou AU);
… alors vous n’aurez que très peu de chance de voir aboutir votre demande de révision ou modification du plan au seul titre de la préservation de ces quelques arbres.

Conclusion, il n’existe à ce jour aucune possibilité juridique de préserver le patrimoine des grands arbres isolés à court terme.
- Sachant que: nombre des documents d’urbanismes actuellement en vigueur ont été élaborés à une époque où se négligeait la protection du capital environnemental et paysager des communes. 
- Sachant que: les projets d’aménagements, eux se réalisent aujourd’hui à court et moyen terme. Soit juste le temps d’arriver à la fiche 3 que nous propose le mémo juridique du MEDD.

Retenons donc que si personne ne s’est battu il y a dix ans pour préserver cet arbre, alors aujourd’hui, vous ne le pourrez très vraisemblablement pas, sauf à vous y attacher par d’autres moyens.

 Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

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Quelques arbres sur le web :

+ Blog Krapoarboricole, à la recherche des arbres vénérables (de France) …

+ Francis Hallé, botaniste auteur du livre « plaidoyer pour l’arbre«  
Extraits vidéos 1Extraits vidéos 2 - Entretien avec l’auteur - Site du projet du radeau des cimes

+ Fil de news du departement forestier de la FAO.

Free sex

jachère fleurie
Bordel à ciel ouvert

Beaucoup nous disent que le sexe occupe la place que la curiosité devrait tenir dans le cerveau humain. Ah ? Permettez-moi d’en douter quelque peu.
Car dans le cas où cette hypothèse devait se vérifier, comment expliquer que si peu se retrouvent promeneurs de prairie, spectateur de la gigantesque partouze végétalo-animale qu’offre le moindre carré de verdure ?
Il va de soi que le contenu comme les illustrations de cette note sont à conseiller au moins de dix ans.

colonisation végétale
Camp naturiste en érection

Mais il est vrai que l’agriculture intensive a clos nombre des maisons de passe naturelles ces dernières années, comme éliminée beaucoup de nos butineuses. Mais bref, il est quand même grand temps de parler cul dans la nature pour en faire monter l’audience. Ras le bol des discours monotypiques de curées verts accusateurs, alors place à la poésie !
Qui plus est au moment même où l’humanité se trouve à nouveau confrontée à une évolution de ses pratiques sexuelles, révolution qui cherche encore bon nombre de ses pratiques. Alors promenons nous dans les bois jeter un coup d’œil curieux aux pratiques des non-humains, certainement afin d’enrichir les nôtres de quelques gymnastiques nouvelles.
On notera d’ailleurs au passage l’usage croissant des techniques de rencontre arachnides chez les humains, de fil en fil, de Meetoc en toile d’Internet.

Coït
Coït en drap de soie

Commençons donc par la reproduction sexuée chez les plantes à fleur. Une modalité qui a ceci d’étonnant qu’elle fait non seulement se croiser deux règnes, mais qu’en plus elle utilise le leurre et l’illusion d’une manière qui n’est pas tout à fait sans rappeler les nôtres.
Plus généralement et par ailleurs, notons au passage qu’il existe également une reproduction asexuée chez les plantes, une multiplication végétative qui vient s’ajouter à la possibilité sexuée.

Papillon
Pomper le nectar

Complexe la question du sexe pour les vivants immobiles. Ainsi les plantes sont globalement hermaphrodites, c’est à dire équipées des organes et fonctions rendant possible une autofécondation. Système ancestral, peut-être la trace d’une époque où les insectes n’existaient pas et/ou le vent comme l’eau étaient trop violents.

antennes
Antennes érectiles

Seulement l’autofécondation, à l’image de la consanguinité chez l’animal, n’est pas une option du vivant très satisfaisante en termes de diversité génétique. D’autant plus quand ce dernier, immobile et donc privé de toute pulsion de fuite, doit sans cesse faire face à un environnement changeant. C’est donc en partie grâce à une certaine fluidité génétique, gestion des stocks des mutations génétiques hasardeuses au sein même de la plante, que celle-ci se complexifiant au fil de l’évolution est en mesure de répondre à moyen et long terme aux fluctuations de son environnement.
Notons que cette gestion de la diversité génétique interne est rendue possible par l’absence d’un système immunitaire tel qu’on le rencontre chez l’animal. Conséquence, le génome de la plante peut différer d’une cellule à l’autre, contrairement à l’animal chez qui une telle opération conduirait à l’élimination de la cellule mutante par le système immunitaire, voire en cas d’échec, au développement d’une tumeur cancereuse.
Dans les stratégies évolutives des deux règnes, la force des options des uns fait souvent la faiblesse des options des autres, et inversement.

Le besoin en diversité génétique de la plante, très fourmi en cette occasion, celle-ci l’oblige donc à tenter de se reproduire avec d’autres plantes distantes. C’est là qu’interviennent nos amis les insectes, petits couturiers rapiéçant sans cesse les petits « trous » du tissu de l’évolution.

Fourrure
Sous le manteau de fourrure

Une fleur, sauf individu spécialisé, celle-ci contient donc généralement des organes femelles et males.
Pour ce qui est des organes femelles ceux-ci se composent d’un pistil comprenant un ovaire dans sa partie creuse et contenant lui-même les ovules. Chaque ovule contient un gamète femelle qu’on appelle l’oosphère. Contrairement aux animaux, l’ovule n’est pas directement le gamète femelle mais contient ce dernier.

Pistil
Source graphique: http://sciences.ecoles48.net/fete_science/mise_a_niveau_scientifique_bis.pdf

Pour ce qui est des organes mâles, les étamines possèdent à leur extrémité des sacs polliniques contenant des grains de pollen, chacun de ces grains renfermant un gamète mâle.

étamines
Source graphique: http://sciences.ecoles48.net/fete_science/mise_a_niveau_scientifique_bis.pdf

lit de rose
Chambre rose

Ce qu’on appelle pollinisation n’est autre que le rapprochement des deux gamètes femelle et mâle. La plante étant immobile, et ayant donc une préférence pour le métissage, celle-ci se doit donc d’élaborer une stratégie fine afin de transporter ses grains de pollen dans des pistils distants.

Free sex dans -> PERSPECTIVES TRANSVERSES sex
Free sex

Une stratégie des plus simples, la plus hasardeuse également, celle-ci consiste à laisser transporter le pollen par l’eau, ou plus sûrement par le vent, en mode ave maria. Dans tous les autres cas, les grains de pollen se doivent de trouver un tiers transporteur. Et pour ce faire, il va falloir mettre en place tout un code.

Tout d’abord un code de formes et de couleurs afin de se signaler dans le décor. Pratique simple et tout à fait courante chez les humains. Les fleurs sont ainsi le plus souvent très colorées, aussi bien dans le spectre visible que dans l’ultra violet. Mais contrairement à nos yeux portés sur les robes de ces dames, certains des pétales qui nous apparaissent de couleur uniforme possèdent en réalité de véritables bandes d’atterrissages en lumière ultra violette. Celles-ci ont pour but d’attirer comme de guider l’insecte vers les organes reproducteurs de la plante.

Dans la nature, le hasard de l’évolution microscopique semble faire nécessité et fonction au niveau macroscopique. Parmi ces nécessités, l’échange. D’où le code gastronomique matérialisé par les glandes à nectar situées à la base des pétales au fond de la fleur. Pour y parvenir, ce qui est le but de l’insecte grand sucrier, celui-ci doit au passage se frotter sur les étamines pour y décrocher le pollen (celui-ci est hérissé de petits crochets qui se fixe aux poils de l’insecte), comme se frotter sur le pistil gluant pour y déposer le pollen précédemment attrapé.

Copulation en fleur
Fellation en plein air

Triolisme en fleur
A trois c’est encore mieux

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La figue est une fleur fermée. Tout comme la femme ses organes sexuels sont situés à l’intérieur d’une enveloppe charnelle. Ce qui au passage n’est pas le cas pour l’homme, la spermatogénèse requérant une température plus basse que celle du corps humain, d’où la nécessité d’extérioriser les testicules. La figue connaît une problématique commune avec la femme, elle se doit d’être pénétrée pour être fécondée. Il existe donc une minuscule ouverture dans la fleur, ouverture seulement réservée à un petit vers bien particulier dont les mouvements à l’intérieur de la figue feront se rencontrer gamètes males et femelles.

figuier
Femme et figue

Les orchidées ont quant à elles acquis un degré d’évolution tel qu’il leur a été possible de capturer des codes extérieurs. En l’occurence celui des formes, odeur et couleurs d’une guêpe spécifique dont le pétale inférieur de la fleur imite parfaitement la femelle, jusque dans l’émission même de phéromone. Le mâle ainsi attiré par le leurre se pose sur ce qui lui semble être une occasion de coït, c’est alors qu’un ingénieux système de balancier fait basculer les étamines de la fleur en le saupoudrant d’un pollen qu’il va transporter sur son dos vers d’autres orchidées.

Extasie
Orchidée coquine

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Qu’un grain de pollen se trouve déposé à l’entrée d’un stigmate, voilà qui n’est pas encore suffisant au bonheur de la plante. Celle-ci est sélective, et on ne rentre pas dans son club comme dans le premier moulin. N’importe quel grain de pollen ne peut s’y déposer. Les plantes ont ainsi des vigiles munis d’outils de reconnaissance moléculaires, et seuls les grains de pollen de la même espèce pourront former un tube pollinique à même de se diriger vers l’ovaire et les ovules.

Extasie
Orgasme aérien

Orgasme aérien
69

Orgasme aérien
Affichage publique

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Suite d’organes sexuels en bouquet

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partouse
Nuages éjaculatoire en graminés
fruit
Descendance possible

Fragments : screen, green, speeding-up and learning

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       Au-delà des réseaux/rhizomes (télécommunications, villes…) que nous construisons et dans lesquels nous nous diluons/lions à la manière d’une structure végétale qui bâtirait son propre terreau pour y vivre, l’évolution de nos techniques pourrait également répondre à une certaine forme de devenir végétal.

A des techniques visant autrefois à la maîtrise d’une nature « extérieure » afin de l’adapter aux besoins humains (mouvement et pulsion de fuite animale), se substitue aujourd’hui une nouvelle classe de techniques visant cette fois non plus à adapter l’environnement, mais l’homme lui-même. A lui permettre de gérer l’immobilité en tant que nouvelle réponse à un monde fait d’accélérations, de fluctations laissées de plus en plus libres. Comment ? Précisément grâce à la possibilité se reconstruire sur soi-même à travers la greffe de technologies/structures décentralisées et autonomes.

http://video.google.com/videoplay?docid=-202217044031625400

Alors peut-être retrouverait-on ici l’une des caractéristiques de la stratégie de construction végétale. Celle dont l’objet serait d’assurer une transformation intérieure, immobile, permanente et immanente. Transformation au nom de laquelle le végétal capture, extrait, construit et renouvelle sans cesse sa boîte à outil (ADN, structures) indispensable à son immobilité. C’est à dire à sa gestion spécifique du temps. Faute d’une capacité de mouvement, l’organisation végétale dilue, tamponne et absorbe les accélérations d’un environnement changeant. De son côté, l’organisation animale  parie sur le déplacement, la fuite, mode opératoire auquel l’organisation humaine ajoute la possibilité de création d’institutions extérieures de régulation sociale.

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Or nos sociétés modernes étant maintenant prises dans un tel niveau d’accélération de l’ensemble des échanges que le différentiel de « vitesse » devient peut-être à présent ingérable à la structure animale que nous sommes encore pour l’heure, tout comme nos institutions tampons semblent incapables de faire face. 

Accélérer l’évolution végétale à travers les OGM, accélérer la radioactivité naturelle à travers exploitation de l’énergie nucléaire, accélérer l’écoulement des eaux à travers l’imperméabilisation des sols, accélérer les variations climatiques, accélérer la circulation de la monnaie, accélerer la rotation des stocks de marchandise, accélerer notre propre évolution…

Alors arrivé à un certain seuil, peut-être que seules deviennent possibles les stratégies végétales de gestion du temps, c’est à dire certains modes de rapports de vitesse et de lenteurs avec son environnement. Le temps disponible à la rencontre « animale » étant aujourd’hui fortement « réduit », adviendrait alors le temps de la rencontre, d’une connexion au monde de type « végétale »…

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       Question connexe : quels rapports nouveaux à l’éducation ? Quelles conséquences de ces accélérations sur nos formes d’apprentissage ? Ici ferait place une certaine intuition. Les travaux de Bateson sur les catégories d’apprentissage pourrait peut-être nous aider à voir plus clair dans tout ça. Faute de temps, et plus générallement des capacités necessaires à traiter ce genre de problème, en voici quelques fragments.

Bateson proposait de distinguer une suite hiérarchisée de quatre catégories d’apprentissage classées le long d’une échelle de type logique. Il existe ainsi différents niveaux pour lesquels chaque niveau supérieur est la classe des niveaux subordonnés. D’une manière générale, plus le niveau est élevé et moins nous « comprenons » le processus de changement des contextes, plus il est difficile à l’esprit de  »manœuvrer » avec. Le changement implique un processus, mais les processus eux-mêmes sont soumis au changement. D’un point de vue pédagogique, pour comprendre l’idée de changement, il n’est pas inutile de se référer à sa forme la plus simple et la plus familière : le mouvement, .

  • L’apprentissage de niveau 0 correspond à la position d’un objet. Il correspond à l’arc réflexe, à savoir : un stimulus, une réponse possible.

  • Englobant le précédant, l’apprentissage de niveau 1 correspond à la vitesse de l’objet quand il bouge. Il correspond au conditionnement du chien de Pavlov, soit à un changement dans l’apprentissage de niveau 0.

  • Englobant le précédant, l’apprentissage de niveau 2 correspond à l’accélération ou à la décélération, soit au changement dans la vitesse de l’objet mobile. A ce niveau, il n’y a plus simple apprentissage d’une réponse systématique à un stimulus, mais transfert du même apprentissage à d’autres contextes. Le sujet apprend a apprendre et est capable de transposer ce qu’il a appris à d’autres contextes. 

  • Englobant le précédant, l’apprentissage de niveau 3 correspond à un changement dans le rythme de l’accélération ou de la décélération, soit un changement dans le changement du changement de la position de l’objet. D’après Bateson, l’homme peut parfois atteindre à ce dernier niveau, par surprise, rencontre ou intuition…Mais sûrement pas sans risque, le niveau 3 peut-être très dangereux. L’être vivant n’y etant amené que par des contradictions engendrées au niveau 2, y accéder relève necessairement d’une réinterprétation de la réalité interactionnelle des différents contextes de blocage. C’est à dire que ce niveau ne peut être atteint par un effort commandé par la seule volonté qui ferait l’économie d’une reconstruction de la réalité accompagnée d’une redefinition de soi-même en vue de réorienter ses comportements dans des contextes à présent reconnus comme plus appropriés. A ce dernier niveau, on rencontre des psychotiques incapales d’employer le mot « je », d’autres dont les apprentissages de niveau 2 se sont éffondrés – j’ai faim, je mange – et enfin les très rares qui arrivent à fondre leur identité personnelle avec l’ensemble des processus relationnels. Pour ces-derniers, chaque détail du monde est alors perçu comme offrant une vue de l’ensemble.

Bateson : « [...] La question relative à tout comportement n’est pas : « est-il appris ou inée? », mais plutôt :  »jusqu’à quel niveau niveau logique supérieur d’apprentissage agit-il ? », et, en sens inverse, jusqu’à quel niveau la gnétique peut-elle jouer un rôle déterminant ou partiellement efficace ? » Dans cette perspective l’histoire générale de l’évolution de l’apprentissage paraît avoir lentement repoussé le déterminisme génétique vers des niveaux supérieurs [...]« 

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Fragments : screen, green, speeding-up and learning dans Awareness screen magrittelittle

Compléments :

- Article de Jean-Jacques WITTEZAELE : L’écologie de l’esprit selon Gregory Bateson
- Article du Blog Chroniques d’un scybernéthicien sur les Eco-techno-logie des esprits

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The Century of the Self - Les machines du bonheur

http://video.google.com/videoplay?docid=-263763536519142817

The Century of the Self - L’ingénierie du consentement

http://video.google.com/videoplay?docid=-678466363224520614

Un « éloge de la plante » par Francis Hallé

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     A travers son ouvrage « l’éloge de la plante[1] », Francis Hallé, botaniste spécialiste des tropiques ayant dirigé les missions du désormais célèbre radeau des cimes, invite les animaux que nous sommes à une profonde méditation sur la puissance du règne végétal.

     Force est de constater avec l’auteur que notre connaissance du domaine végétal demeure encore très embryonnaire. La raison à cela ? Pour Hallé, celle-ci serait à rechercher du côté d’un sentiment de supériorité de l’animal, sentiment qui prendrait sa source dans sa capacité de mouvement ou de fuite, ainsi que dans la persistance d’un rapport mangeur/mangé.

Pourtant que de surprises quand nous découvrons l’hétérogénéité des génomes au sein d’un même arbre, l’existence de transferts d’information génétique entre espèces différentes par des voies non sexuelles, ou encore que  les arbres sont soumis à des marées d’amplitude mesurable ! Quand le génome humain, organisme que nous imaginons comme étant le plus évolué de tous, compte 26 000 gènes, celui du riz en contient 50 000.

Sur ce dernier point, écoutons le point de vue du généticien Axel Kahn tel que rapporté par Hallé : «essayez, de passer votre vie entière le pied dans l’eau, avec pour toute nourriture le gaz carbonique et la lumière solaire ; de toute évidence, vous n’y parviendrez pas. Le riz, lui, en est capable, grâce à son génome beaucoup plus complet que celui de l’être humain; ce dernier, comme les autres animaux mobiles, vit dans des conditions faciles et relativement à l’abri des contraintes. »

Ainsi : « la cellule végétale est probablement plus perfectionnée que la cellule animale. Elle réalise la quasi-totalité des fonctions en y ajoutant la clé de toute la biologie : la photosynthèse. » C’est en effet cette dernière fonction qui confère aux plantes leur rôle de producteurs primaires. A savoir qu’elles sont les seuls organismes capables de synthétiser de la matière organique à partir de l’énergie solaire, matière organique qui devient alors la base alimentaire de l’ensemble des espèces animales. Ces dernières ne sont quant à elles que des transformateurs secondaires qui capturent, digèrent et rejettent. En un certain sens, on pourrait dire que l’animal disperse, remet en circulation ce que la plante concentre.

Autre caractéristique fascinante de la cellule végétale, celle-ci conserve dans le temps la capacité de se différencier en tous les types cellulaires. Autrement dit, une seule cellule est capable de refaire la plante dans son intégralité, ce dont la cellule animale n’est évidemment pas capable. On appelle cette propriété la totipotence des cellules végétales. Celles-ci peuvent redevenir des cellules simples, non spécialisées et se différencier ensuite pour donner à nouveau les différents types de cellules spécialisées.

« L’éloge des plantes » est une invitation au voyage, à une immersion pas à pas dans cet univers méconnu du monde végétal. Une visite guidée très complète et toujours accessible. Si le livre n’est pas à conseiller aux seuls végétariens, sous peine de voir leur régime remis en question, il l’est sûrement à tous ceux qui souhaiteraient remettre à plat leurs connaissances en biologie végétale (histoire, concepts clés, axes de recherches actuel).  

« La plante est fixe, c’est un fait, et cela signifie qu’elle affronte l’adversité au lieu de la fuir, comme le fait si fréquemment l’animal. En conséquence, elle a dû développer d’énormes capacités de résistance, dont une bonne part lui vient de sa plasticité génétique. Organisme peu intégré, elle met à profit le fait qu’elle est, selon l’expression de Tsvi Sachs, de l’université de Jérusalem, une «population d’organes redondants qui sont en compétition les uns avec les autres », pour promouvoir le génome le mieux adapté aux conditions du moment; si les conditions changent, elle met en œuvre une variante du génome initial, mieux adaptée au nouvel environnement. »

 



[1] Édition du Seuil, collection sciences 1999

Rencontre Hallé / Bessis : de l’animal au végétal ?

http://www.dailymotion.com/video/6L9ozD0JFM9QLeSWd

l’homme coloniaire

     Chercher des lignes de capture, c’est commencer par rencontrer des différences. Si les stratégies de développement des plantes et des animaux s’opposent sur bien des points, peut-on penser que des variations dans l’environnement puissent impliquer des « échanges » de stratégies entre ces deux modes d’organisation du vivant ? Dans quel sens, à travers quelle frontière, à quelle échelle ?

Evaluation des différences d’après extraits du dialogue de septembre 2001 entre le botaniste Francis Hallé et le psycho-anthropologue Raphaël Bessis sur ce que pourrait-être un devenir végétal de notre société contemporaine.

Capter l’énergie

     Peut-être peut-on situer la première différenciation stratégique, celle qui conditionne toutes les autres, au niveau de la captation énergétique. « En somme, il y a deux manières de capter de l’énergie, et cela correspond aux plantes et aux animaux ». Pour ce faire l’animal utilise une bouche actionnée par tout un système musculaire et se doit d’être mobile pour capturer sa proie. Si l’on veut être mobile, il faut avoir une petite surface.

« Par contre, la plante a à faire à un mode de captation énergétique qui ne requiert en aucune façon le fait de privilégier un endroit plutôt qu’un autre (le rayonnement solaire étant le même où que l’on soit sur Terre). Vous voyez là que le mouvement perd beaucoup de son intérêt. En revanche, le niveau de flux énergétique étant assez bas, il faut en contre partie déployer des surfaces énormes, ce qui va encore dans le sens de rendre inutile, voire même impossible, le mouvement. » 

La compétition entre les plantes pour capter la lumière implique alors le développement vertical. Au final les plantes sont d’immenses surfaces de panneaux solaires et de pompe à eau, alors que les animaux seraient plutôt des volumes. « Je propose qu’un arbre – non pas un grand arbre comme il y en a dans les forêts tropicales, mais disons comme il y a dans les rues de Paris – cela correspond aisément à 100 voir 200 hectares. Mais il s’agit de bien comprendre que l’essentiel de ces surfaces sont souterraines. »

Stocker l’information

     Si les conditions lui déplaisent, l’animal a comme solution de se déplacer (pulsion de fuite, nouvelle occupation de l’espace) jusqu’à ce qu’il retrouve des conditions écologique satisfaisantes (nourriture, température,…). En ce sens, l’animal n’a pas besoin de se changer beaucoup lui-même. « La plasticité animale dans sa forme extérieure est faible, et il en va de même concernant son génome : il n’a aucune raison de se changer lui-même intérieurement, un seul génome lui convient. » 

A contrario, la plante étant fixe, si elle n’est pas capable de plasticité, elle meurt. On peut comprendre, alors, que des systèmes extraordinairement plastiques voire labiles ou fluides, se mettent en place, et cela est vrai aussi bien pour la forme externe (architecture de la plante, surface foliaire et racinaire…) que pour les comportements ou le génome (stockage des cellules mutantes). « La plante doit être capable, dans une certaine mesure, de se changer elle-même, faute de quoi, elle disparaît, elle n’est plus adaptée à un nouvel environnement. C’est la solution du végétal : puisque je ne peux pas fuir, je vais devenir quelqu’un d’autre… je suis alors condamné à la transformation, à la mutation. »

Coloniser l’espace et domestiquer le temps

     Un individu signifie avant tout indivisible, un être vivant que je ne peux pas couper en deux moitiés égales sans qu’il ne meure. Plus, l’individu est une structure qui ne possède à priori qu’un seul génome.

Chez la plante, chaque cellule est capable de refaire la plante dans son intégralité (totipotence). Il s’agit donc d’une structure dividuelle car divisible où il y a ici une sorte d’équivalence entre la partie et le tout (structure réitérative). Les plantes n’ont pas d’organes vitaux et connaissent une croissance indéfinie. Par ailleurs, plusieurs génomes coexistent au sein d’une même plante. Les animaux sont quant à eux incapables de  répéter leur séquence de morphogenèse, pas plus que de conserver une cellule mutante (cancer). Par ailleurs le règne végétal permet des coexistences possibles d’unités vivantes et mortes.

Les végétaux sont d’immenses colonies « potentiellement immortelles », ce qui signifie qu’il n’y a pas de sénescence. Elle n’existe qu’au niveau de l’individu constitutif, mais elle n’apparaît plus au niveau de la colonie elle-même. Si aucun événement extérieur massivement pathogène (toute mort vient du dehors) ne vient détruire la colonie, elle continuera à vivre indéfiniment : aucune « raison biologique » interne ne la fait acheminer vers la mort. S’il se met à faire trop froid, l’arbre meurt, mais cela ne correspond pas à une sénescence interne. Tant que les conditions resteront bonnes, la vie va durer ; c’est en ce sens que j’emploie l’expression d’une potentielle ou virtuelle immortalité.

F.Hallé : « Je pense que ces deux règnes se déploient dans des domaines différents. L’animal gère très bien l’utilisation de l’espace. Il est constamment en train de bouger. Le réflexe de fuite ou la pulsion de fuite dont vous parliez en témoigne. Les pulsions qui l’amènent à se nourrir ou à se reproduire correspondent toujours à des questions de gestion de l’espace. Leur adversaire, en l’occurrence la plante, n’a aucune gestion de l’espace, puisqu’elle est fixe. Mais par contre, elle a une croissance indéfinie, une longévité indéfinie, et est virtuellement immortelle ; ce qu’elle gère donc c’est le temps. L’animal va très vite se voir manipulé devant la puissance stratégique de la plante, et ce, parce qu’il n’a pas la patience : il faut qu’il bouge. Dans ce combat, la plante peut attendre le siècle d’après, ça ne la gêne pas, et finalement, elle aura le dessus. Ce qui est paradoxal à admettre et peut être un peu blessant, c’est que l’animal qui a un cerveau se fait, au final, ‘‘complètement rouler dans la farine’’, par la plante qui n’a pas de cerveau, mais qui gère le temps. C’est ainsi que je la vois. Prenons l’exemple de la pollinisation, de la dispersion des graines, l’animal le réalise sans même le savoir : ce n’est pas pour cela qu’il vient, il n’est même pas mis au courant et joue un rôle essentiel pour la plante à son insu. En somme, il est une sorte de larbin. »

R. Bessis : « Je finirai ce dialogue entre nous par la phrase la plus philosophique qui termine votre travail et votre éloge de la plante. Vous dites, en citant René Thom : « Une contrainte fondamentale de la dynamique animale, qui distingue l’animal du végétal est la prédation (…). La plante n’a pas de proie individuée, elle cherche donc toujours à s’identifier à un milieu tridimensionnel ». Chez le végétal, « on trouve une sorte de dilution fractale dans le milieu nourricier ambiant ». Vous rajoutez alors ceci : « Peut-être à la transcendance de l’animal et de l’être humain faut-il opposer l’immanence de la plante. » Comment entendez-vous, au juste, cette dernière phrase ? »

F.Hallé : « Si l’on se place sur le plan de l’évolution biologique, celle de Darwin, alors l’évolution de la plante et celle de l’animal, sont très différentes. Evoluer pour les animaux, c’est se dégager de mieux en mieux des contraintes du milieu, et en ce sens, l’homme est bien placé au sommet de la pyramide, parce que pour nous à la limite, on ne sait même plus ce qu’est le milieu. Evoluer pour une plante, c’est se conformer de mieux en mieux aux contraintes du milieu, cela consiste donc, non pas à échapper mais au contraire à se dissoudre dedans, à disparaître d’une certaine manière. C’est en quoi la plante m’est apparue immanente, alors que l’animal serait transcendant. »

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