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La figure de Gaïa, Isabelle Stengers.

Gaïa et les satyres 

L’art de faire attention ? Voila qui demande de la pensée, de l’imagination … un art avec lequel il s’agit de renouer. Praxis pour une réflexion propre.
La figure de Gaïa ? Une fiction instauratrice pour nous donner matière à penser.

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(…) Ce que je nomme Gaïa fut baptisé ainsi par James Lovelock et Lynn Margulis au début des années 70. Ils tiraient les leçons de recherches qui concourent à mettre à jour l’ensemble dense de relations couplant ce que les disciplines scientifiques avaient l’habitude de traiter séparément – les vivants, les océans, l’atmosphère, le climat, les sols plus ou moins fertiles. Donner un nom, Gaïa, à cet agencement de relations, c’était insister sur deux conséquences de ces recherches. Ce dont nous dépendons, et qui a si souvent été défini comme le « donné », le cadre globalement stable de nos histoires et de nos calculs, est le produit d’une histoire de co-évolution, dont les premiers artisans, et les véritables auteurs en continu, furent les peuples innombrables des microorganismes. Et Gaïa, « planète vivante », doit être reconnue comme un « être » et non pas assimilée à une somme de processus, au même sens où nous reconnaissons qu’un rat, par exemple, est un être : elle est dotée non seulement d’une histoire mais aussi d’un régime d’activité propre issu de la manière dont les processus qui la constituent sont couplés les uns aux autres de façons multiples et enchevêtrées, la variation de l’un ayant des répercussions multiples qui affectent les autres. Interroger Gaïa, alors, c’est interroger quelque chose qui tient ensemble, et les questions adressées à un processus particulier peuvent mettre en jeu une réponse, parfois inattendue, de l’ensemble (…)

Que Gaïa ne nous demande rien traduit la spécificité de ce qui est en train d’arriver, de ce qu’il s’agit de réussir à penser, l’événement d’une intrusion unilatérale, qui impose une question sans être intéressée à la réponse. Car Gaïa elle-même n’est pas menacée, à la différence des très nombreuses espèces vivantes qui seront balayées par le changement de leur milieu, d’une rapidité sans précédent, qui s’annonce. Les vivants innombrables que sont les micro-organismes continueront en effet à participer à son régime d’existence, celui d’une « planète vivante ». Et c’est précisément parce qu’elle n’est pas menacée qu’elle donne un coup de vieux aux versions épiques de l’histoire humaine, lorsque l’Homme, dressé sur ses deux pattes et apprenant à déchiffrer les « lois de la nature », a compris qu’il était maître de son destin, libre de toute transcendance. Gaïa est le nom d’une forme inédite, ou alors oubliée, de transcendance : une transcendance dépourvue des hautes qualités qui permettraient de l’invoquer comme arbitre ou comme garant ou comme ressource ; un agencement chatouilleux de forces indifférentes à nos raisons et à nos projets.

L’intrusion du type de transcendance que je nomme Gaïa fait exister au sein de nos vies une inconnue majeure, et qui est là pour rester. C’est ce qui est d’ailleurs peut-être le plus difficile à concevoir : il n’existe pas d’avenir prévisible où elle nous restituera la liberté de l’ignorer ; il ne s’agit pas d’un « mauvais moment à passer », suivi d’une forme quelconque de happy end au sens pauvrelet de « problème réglé ». Nous ne serons plus autorisés à l’oublier (…)

Extrait de Au temps des catastrophes, Ed. Empêcheurs de penser en rond/La découverte. Plus sur le blog de Jean Clet Martin.

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Réinventer la ville ? Le choix de la complexité. Isabelle Stengers. Préface d’Alain Berestetsky et Thierry Kübler. Edité à l’occasion d’ »Urbanités » rencontres pour réinventer la ville, une initiative du Département de la Seine Saint-Denis organisée par la Fondation 93 dans le cadre de citésplanète, réalisée en collaboration avec l’ASTS.

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Extraits audios d’après : Terre à terre, France Culture, émission du samedi 2 mai 2009: Crise écologique avec Isablle Stengers.

http://www.dailymotion.com/video/x9lddo Des figures instauratrices …

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http://www.dailymotion.com/video/x9ldtu Suite … des montages …

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http://www.dailymotion.com/video/x9lexb Fin.

Carbone, des stocks en mouvement

http://www.dailymotion.com/video/x9uz17 CO2, perspective economique, quota et taxe, avec Christian de Pertuis.

Qu’est-ce que l’économie du carbone ?

Paul Virilio : la crise actuelle est sans référence

On ne peut pas déduire à partir d’un moment donné ce que sera le devenir de telle ou telle société, dans la mesure où celle-ci s’auto-institue elle-même nous dirait un Cornelius Castoriadis.
Variation et lecture des failles de la machine par Paul Virilio.

http://www.dailymotion.com/video/x82wi1 La crise actuelle est sans référence …

http://www.dailymotion.com/video/x82v9x Pensez la vitesse …

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Un paysage d’événements,
entretien avec Paul Virilio, la République des Lettres,

Extraits …

(…) Je vous rappelle l’exergue de La machine de vision: « Le contenu de la mémoire est fonction de la vitesse de l’oubli » dit Norman Speer. Quand on travaille sur la vitesse on travaille sur l’oubli. Or le révisionnisme lié à la négation de la Shoah est le centre de gravité de ce qui est devenu depuis l’industrialisation de l’oubli. Ce qui commence par un détournement de vérité devient une industrie de la négation, et cette industrie est parfois mise en oeuvre par des gens qui ne sont pas révisionnistes et ne sont pas apparemment négationistes. Les technologies du temps réel, les technologies de la mondialisation du temps dont on parlait au tout début, portent en elles-mêmes une puissance d’oubli, d’évacuation de la réalité, de toutes les réalités – pas seulement celle des camps. C’est une des menaces de l’avenir. La perte des traces: l’instantanéité et l’immédiateté, c’est la perte des traces et la perte de la mémoire. Au point qu’on peut se demander si le négationisme n’a pas été le commencement de la fin – fin de la vérité historique – et si aujourd’hui nous ne vivons pas la fin de ce commencement comme disait Winston Churchill à propos de la guerre (…)

(…) Il faut, il faudra demain faire une économie politique de la vitesse comme il y a une économie politique de la richesse – l’économie tout court -. Je crois qu’il faudra inventer une « rythmologie », je crois que le rythme de l’histoire du monde est en train de changer et que ce rythme n’est pas géré politiquement. C’est un peu comme dans la musique concrète : les harmoniques sont rares, non pas parce qu’on ne souhaite pas d’harmoniques, mais parce qu’on est incapable de juger de la rythmique sociétaire. Si on analyse l’histoire de la vitesse on constate que seule la musique et la danse prennent en compte la vitesse de manière politique : pour moi une chorégraphie, une symphonie, une danse, c’est d’une certaine façon une économie politique de la vitesse. Moderato cantabile, Allegro non troppo, c’est une rythmique du son et de même la chorégraphie est une économie politique du corps dans l’espace-temps de son rythme. Je crois, qu’on le veuille ou non, que l’accélération de l’Histoire dont parlait Daniel Halévy, est devenue telle qu’il faudra mettre en oeuvre une économie politique de la vitesse venant seconder l’économie politique de la richesse (…)

(…) Il faut devenir critique d’art de ces technologies. Si on considère que l’art et la technique sont une seule et même chose nous ne pouvons aimer la technique qu’à travers la liberté de la critiquer.

Copyright © Olivier Morel / La République des Lettres, mercredi 01 mars 1995

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Philosopher en marchant, Frédéric Gros sur France Culture

Image de prévisualisation YouTube  » Chacun de nous devient trop nombreux à l’intérieur de lui-même et pas assez à l’extérieur.  » J.L. Godard 

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Entre-deux mondes étrange, le temps où la fiction, l’imaginer, pourrait susciter ce dont nous avons besoin et que nous ne faisons juste que pressentir. Des intercesseurs dans le champ, nouvelles figures et fictions instauratrices dont la rencontre viendrait nous forcer à repenser le présent, réouvrir un dehors qui ne soit pas celui des images de la catastrophe, figures imposées et situées à l’avance.
Ce qui arrive, ce qui nous arrive, ce qui change et nous change. Faire l’expérience de son chez soi. Imager, fictionner, face à ce que nous ne pouvons pas encore dire, remettre de l’écrit dans les images.
Travailler les images. Marcheur, flaneur, baladeur, monteur, … ces figures qui se dévoilent leurs propres clichés. Remontage, détricotage, désynchroniser et resynchroniser, l’art de se fabriquer un drôle de miroir-regard sur les différentes « méduses » de nos temps, (se) faire voir ce qui passe entre, comment un « je » assemble.

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« La grandeur de l’art véritable, au contraire de celui que M. de Norpois eût appelé un jeu de dilettante, c’était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d’épaisseur et d’imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans avoir connue, et qui est tout simplement notre vie.

La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature. Cette vie qui en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. Mais ils ne la voient pas parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d’innombrables clichés qui restent inutiles parce que l’intelligence ne les a pas «développés».

Notre vie ; et aussi la vie des autres car le style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique, mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients de la différence qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s’il n’y avait pas l’art, resterait le secret éternel de chacun.

Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient encore leur rayon spécial. »

Proust, Le Temps Retrouvé

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marche et vitesse

Ainsi, et parmi, la figure du danseur chez un Gregory Bateson, du sculpteur chez un Jean-Claude Ameisen, de Gaïa telle que redéployée par Isabelle Stengers, et ici, la figure du marcheur chez F. Gros.

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« (…) Il faut du reste absolument alterner les promenades urbaines et campagnardes, et ne pas en privilégier une, car si leur fond est commun, un jeu libre de l’imagination composant ses propres impressions, leur vertu est différente. Marcher sur les allées publiques suppose une flânerie qui permet de faire sur la diversité du genre humain et le comportement de nos semblables, de micro-découvertes qui sont un enchantement pour l’esprit. Marcher seul en compagnie des ruisseaux et des arbres va plutôt entrainer une rêverie absolument éloignée des raideurs de l’introspection systématique, mais par là-même féconde. C’est comme si, doucement distraite par le spectacle des fleurs et des lignes d’horizon, l’âme s’oubliait un peu, et par là dévoilait à ses propres yeux certains de ces visages ordinairement masqués. Le secret de la promenade, c’est bien cette disponibilité de l’esprit, si rare dans nos existence affairées, polarisées, captives de nos propres entêtements. La disponibilité c’est une synthèse rare d’abandon et d’activités faisant tout le charme de l’esprit à la promenade. L’âme s’y trouve en effet disponible au monde des apparences. Elle n’a de compte à rendre à personne, n’a aucun impératif de cohérence, et dans ce jeu sans conséquence, il se peut que le monde se livre d’avantage au promeneur tout au long de ses déambulations fantasques, qu’à l’observateur sérieux et systématique. »

Extrait de : Marcher, une philosophie, Ed. Carnets Nord - 2009.

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http://www.dailymotion.com/video/x83r1j Paul Virilio. Face à la vitesse ? Remettre de l’écrit dans l’écran.

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Les vendredis de la philosophie, émission du vendredi 3 juillet 2009 : philosopher en marchant, avec Frédéric Gros.

Retranscription partielle et non exhaustive du début de l’entretien :

« Tout ce qui est du côté de la marche, et de la marche à pied, s’oppose à la quête de performance … à un certains nombre de valeurs qui représentent la modernité … tout ce qui va du côté de la vitesse, de la médiation, de la rapidité, de la communication, etc. … la marche à pied représente une résistance à tout cela. »

« Je voulais reconstruire un certain nombre de légendes et construire un certain nombre de mythes. De grandes figures comme celle de Rousseau, Nietzsche, Rimbaud … ont vraiment lié leur destin à l’expérience de la marche à pied … A chaque fois ce sont des styles de marche tout à fait différents » 

« Le grand style de marche chez Nietzsche est une marche soit dans les montagnes, soit qui suis toujours des sentiers ascendants, … l’idée qu’il faut s’élever au-dessus des grandes constructions ordinairement reçues … la construction en aphorisme souligne cet effort de la pensée qui gravit un certain point, et là se découvre un tout autre paysage … l’expérience d’un passage de col en montagne, qu’on fait par la marche, où se découvre quelque chose d’absolument nouveau, avec tout le problème de la perspective est au cœur de l’écriture aphoristique de Nietzsche … »

« Je pense que la marche permet de ne plus avoir d’image du monde … le rapport au paysage dans la marche n’est plus un rapport de représentation … on y lit un effort du corps, c’est le paysage qui insiste lentement dans le corps en marche … il écrit [Nietzsche] les sentiers sont méditatifs … il arrive un moment où c’est le paysage lui-même qui se rempli de la pensée du philosophe. »

« Si vous philosophez en marchant, la pensée est plus à la verticale d’elle-même … il y a une simplification … dans la marche, il y a une inversion des logiques habituelles dans lesquelles le point de stabilité repose sur un chez soi, un dedans, depuis lequel on visite des dehors. Dans la marche on va de gite en gite, et c’est précisément le dehors qui ne bouge pas. Ce que j’entends par dehors, c’est vraiment cette idée d’exposition … exposition entière du corps aux éléments, aux paysages, à la nature, etc. Et au fond ce serait ça le dehors, ce dont à quoi on s’expose … »

« La marche comme expérience de l’exténuation, non du retour à soi … » 

« Cette idée du rythme est essentiel dans la marche … celui qui vous correspond … » 

«  Pour Thoreau, le sauvage, ce sont les forces de l’avenir … la réserve de l’avenir, elle est dans le sauvage, elle et dans le primitif. Alors que pour nous européens … on renvoie toujours le sauvage à l’origine. C’est vraiment l’idée de l’Ouest, ce qui est le plus primitif, ce qui déborde de l’humain, représente la source de renouveau … »

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http://www.dailymotion.com/video/x910kh Nietszche, histoires 

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>> Frédéric Gros, professeur de philosophie à l’université de Paris 12, Marcher, une philosophie, Carnets Nord - 2009

4e de couverture : La marche à pied connaît de plus en plus d’adeptes qui en recueillent les bienfaits : apaisement, communion avec la nature, plénitude… Nous sommes très nombreux à bénéficier de ces dons. Marcher ne nécessite ni apprentissage, ni technique, ni matériel, ni argent. Il y faut juste un corps, de l’espace et du temps.
Mais la marche est aussi un acte philosophique et une expérience spirituelle. Allant du vagabondage au pèlerinage, de l’errance au parcours initiatique, de la nature à la civilisation, l’auteur puise dans la littérature, l’histoire et la philosophie : Rimbaud et la tentation de la fuite, Gandhi et la politique de résistance, sans oublier Kant et ses marches quotidiennes à Königsberg.
Et si l’on ne pensait bien qu’avec les pieds ? Que veut dire Nietzsche lorsqu’il écrit que « les orteils se dressent pour écouter » ? C’est ce que l’on cherche ici à comprendre. A la fois traité philosophique et définition d’un art de marcher, ce livre en réjouira beaucoup, qui ne se savaient pas penseurs en semelles.

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« (…) Je suis un indien
Je suis un apache
Auquel on a fait croire
Que la douleur se cache
Je suis un apache
Je suis un indien
Auquel on a fait croire
Que la montagne est loin (…) »
Alain Bashung, « Je tuerai la pianiste »

Scores

score ecologistes elections France
@ le monde.fr

-> Ecologie « défensive » : 1,57%

« C’est pourquoi, beaucoup, à l’âme trop impatiente et animés d’un faux zèle de religion, ont préféré vivre parmi les bêtes que parmi les hommes ; de même des enfants, des jeunes gens, incapables de supporter d’une âme égale les réprimandes de leurs parents, se réfugient dans le métier de soldat et choisissent les inconvénients de la guerre et l’autorité d’un chef de préférence aux avantages de la famille et aux remontrances paternelles, et acceptent n’importe quel fardeau, pourvu qu’ils se vengent de leurs parents. »
Spinoza, chapitre XIII de l’appendice de l’Ethique IV (Traduction Roland Caillois, Gallimard, 1954).

Mots-clés associés : économiser les ressources, orchestrer du ciel le manque dans l’abondance.

-> Ecologie « fictionnelle » : 16,8%

« La ville poreuse est une ville perméable et connecté, une ville des différents idiorythmes (…) Se substituant à une capitale traversée de fractures qui séparent les individus à toutes les échelles, la ville poreuse rétablit les connexions, facilite les échanges, mixe les populations »
Projet de l’équipe des architectes Bernardo Secchi et Paola Viganò pour le Grand Paris.

Mots-clés associés : imager, imaginaire, abondance, récit, montage, coupe et découpe, jeu des frontières mobiles.

Entre les deux, deux ans … la question de l’homme et de ses artéfacts dedans ???
Du changement … de la capture de l’air du temps.
Ouf, le retour des récits (images dedans).

Du mur dans le too « dur »

Du mur dans le too ACTUS vanneaux1" /> 

Petit blog machine dans un sursaut de réveil sur sa fonction : compilateur générateur d’occasions pour capillarisation. Parlant de quoi ? D’écologie et de style de vie, ou plutôt d’écosophie, l’art de faire entrer et cohabiter/coévoluer dans son champ perceptif des perspectives du monde, des rapports. Coprésence, cohabitation, coévolution, attention, présence, apparentement, …  » de quelle manière faisons-nous l’expérience du monde et comment l’exprimer ?  » David Rothenberg

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Deux articles du Monde, complémentaires, ont donc réveillé l’attention des antennes de la machine dormante.

* Extrait d’un article du Monde en date du 23.04.09 :  » La France pousse l’Europe à améliorer l’expertise sur les OGM « 

 » Les biotechnologies, la biodiversité et le vivant sont les sujets cruciaux du XXIe siècle. La société a besoin d’être extrêmement bien informée, de façon scientifique, mais pas seulement par les sciences dures « , estime M. Borloo.

* Extrait d’un article du Monde en date du 23.04.09 :  » La pollution de l’air freinerait le réchauffement « 

 » Dépolluer l’atmosphère peut-il aggraver le réchauffement du climat ? Il y a quelques semaines, des chercheurs avaient annoncé qu’un ciel plus clair, débarrassé de ses aérosols, pourrait contribuer à augmenter les températures au sol. Une équipe britannique décrit dans la revue Nature du 23 avril un autre phénomène, qui concourt au même résultat. Elle a ainsi calculé que les particules en suspension dans l’atmosphère, en contribuant à la diffusion du rayonnement solaire, ont tendance à accroître le processus de photosynthèse et, par conséquent, à augmenter l’absorption par le sol et les plantes du CO2, principal gaz à effet de serre. Quand l’air est pur, au contraire, le rayonnement est direct et les végétaux se font eux-mêmes de l’ombre, ce qui diminue leur capacité à capter le CO2 atmosphérique (…)

La pollution atmosphérique a cependant un autre effet, antagoniste :plus l’air est pollué, moins les rayons du Soleil parviennent à la surface de la Terre. C’est ce qu’on appelle l’obscurcissement global. Si l’on déduit la perte de stockage de CO2 causée par ce phénomène, les chercheurs estiment à 10 % l’augmentation nette du puits de carbone causée par la pollution atmosphérique (…)

 » L’effet de réduction de la pollution de l’air au cours du prochain siècle ne sera pas dramatique puisqu’il est impossible d’éliminer toutes les particules en suspension dans l’atmosphère « , estime Olivier Boucher (…) directeur de l’équipe climat, chimie et écosystèmes au Met Hadley Center (…) « 

vaches dans Entendu-lu-web

Mots pour le dire, fictions pour le sentir

Mots pour le dire, fictions pour le sentir dans Entendu-lu-web mythe 

Ici et là, naviguant dans nos fragments nous avons pu constater des incohérences ou des impensées gravitant autour de la perspective écologique. De celle que nous appelons moyenne pour le dire vite.
Derrière les slogans « sauver la terre et combattre cela », manque la question de l’homme alors même que c’est bien de l’intrusion des effets (des effets) de ses propres actions dont il est question au présent. Manque des mots pour le dire (l’intrusion),
de la fonction artistique pour donner à sentir, manque de circulation des affects, des productions désirantes et des occasions d’expérimentations collectives, etc. Alors comment donner à nos savoirs une puissance d’agir ?

Semblant interférer avec ces lignes, quelques fragments de paroles d’Isabelle Stengers, Yves Citton et Fréderic Neyrat issus de l’émission Les vendredis de la philosophie : « Vivons-nous une époque catastrophique ? », France Culture, le 27 Février 2009.

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Petite capture
(synthèse d’ecoute subjective) 

Du manque des mots pour le dire à l‘intérêt de pouvoir nommer. Certains de nos mots les plus lourds (risque, prévention) procèdent d’un devenir inaudible, en ce qu’ils participent à coaguler un continuum temporel artificiel qui nous fait manquer le présent, l’irruption. Du jaillissement d’une nouveauté radicale, leur usage, manière de désigner encombrée, ne relèvent que d’une stratégie d’accommodation visant à produire une continuité historique, outil dans lequel nous pouvons continuer de puiser les sources de nos prévisions, business as usual, d’alimenter des grilles de risques, de produire des dangerosités, de (re)édifier les mêmes politiques de préventions.
Ce faisant, nous pouvons toujours continuer à vivre de la même manière, à faire l’économie – par l’économie – de penser un rapport (une attention) au monde nouveau (nouvelle). Ou comment parler du changement (mon message concerne le changement) sans que rien ne change (le métamessage est que ceci n’est pas un changement).

Pour en sortir (de cette double contrainte), il conviendrait de pouvoir fabriquer les mots nous permettant de penser ce qui nous arrive (changement climatique, prise de conscience des boucles d’interactions qui passe entre les choses). Or dans cet entre-deux (épistémès ?) étrange, où toute formulation nouvelle est bien difficile, voilà le temps où fiction et imagination, en tant que créatrices de figures nouvelles, peuvent susciter ce dont nous avons besoin, et que nous ne faisons tout juste que pressentir.
Donner à sentir, donner à penser autrement. Sortir de ce qui est déjà donné, des catégorisations inattentives come inopérantes qui prétendent non seulement ne pas avoir participé au processus catastrophique, pire, à le guérir.

On ne protège pas sans transformer. Mais transformer quoi ? La catastrophe est moins située dans l’environnement que dans les esprits, la façon dont ils pensent et dont ils ne pensent pas au (le) présent. La fiction ouvre sur des choses qu’on ne peut pas constater dans le donné, fraie des possibles. Le dehors nous arrive, ses changements, mais qu’est-ce que nous en faisons ? La fiction ou la fabrique de figures instauratrices pour nous forcer à l’imaginer autrement. Figures ou fictions qui ne disent pas le vrai mais provoquent le sentir et le penser.
Ainsi, prendre en considération l’aspect transitoire des choses, transformer nos manières d’être et de vivre, nécessite de nouvelles fictions instauratrices. Se libérer des déluges et autres figures de la culpabilité pour avancer, produire du commun et activer les savoirs à travers les nouvelles formes d’expérimentations collective qu’elles permettent.

Ce petit blog s’arrête donc ici pour s’orienter autrement, vers ces nouvelles figures et fictions d’un principe d’attention dont nous n’avons finalement fait, en tournant sur nous-même, que pressentir la pleine et entière nécessité.

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Palabre2 dans Isabelle Stengers

Fragments de paroles
(dans l’ordre de l’émission, retranscription partielle par mots-clés)

- (Y. Citton) La vraie catastrophe c’est le processus qui mène à la catastrophe.

- (F. Neyrat) Nous sommes dans le fourre-tout. Les phénomènes que l’on peut penser disjoints se mettent en communication entre eux.
(…) Est-ce bien la question de la nature ? L’intrusion à laquelle on a à faire ça serait plutôt l’intrusion de l’homme, de l’humanité. De l’humanité vis-à-vis d’elle-même (co-intrusion avec Gaïa). Pas de nature pure. Un nuage radioactif, c’est-à-dire un mélange de technique et de nature. Ce à quoi on a à faire ce sont aux effets de nos propres actions. On ne s’attaque pas au changement climatique, on s’attaque aux causes, c’est-à-dire ce que nous produisons. Nous assistons à la montée sur scène de ce que nous faisons nous-mêmes.

- (I. Stengers) Le point nouveau ce n’est pas qu’il y ait des catastrophes, mais bien qu’il y ait une mise en communication des différents facteurs. Instabilité radicale, transition vers un nouveau régime de l’ensemble des processus, jamais maîtrisables, mais dont nous tirions profit.
(…)
 Qu’avons-nous fait ? Nous = culpabilité ? Gémissement du nous devrions tous payer. Mais la question que je voudrais poser, c’est qu’est-ce qu’on nous a fait ? Qui est-ce nous ? Qu’est-ce qui fait que l’art de faire attention ait été dévasté ? Qu’est-ce qui fait que nous avons appris à ne pas faire attention ?

- (Y. Citton) Que faisons-nous ? La catastrophe c’est aussi ce qu’on fait maintenant tous les jours. Ce qui ne se voit pas.

- (I. Stengers) Pharmacone. Drogue ou remède en fonction de la manière dont on l’utilise, une forme de l’art de faire attention qui consiste à ne pas demander de garantie à ce qui pourrait être important pour nous. Qu’avons-nous fait ? Au sens de généralisation culpabilisante qui ne communique pas beaucoup avec l’action.

- (F. Neyrat) Inscrire la catastrophe dans une continuité c’est rater la spécificité du présent (déjà vu, religiosité). Cohorte de concepts associés qui rendent insensibles à ce qui arrive. Rendre impossible de faire attention. Comprendre ce que nous n’avons pas fait (histoire négative pour sortir de la culpabilité).
(…)
Lacan. Ce n’est pas de notre faute, c’est de notre fait. Obsession de la protection. Double contrainte. Superposition des phénomènes, inextricabilité. Il faut distinguer différents type d’usage de la catastrophe. Prévention, dangerosité, risque et potentialité versus atteintes réelle dans le tissu de nos vies : les dommages.

- (I. Stengers) Sentiment d’impuissance, panique froide. Nous écoutons sans y croire. Pour en sortir, nommer les choses. Ce qui m’inquiète, me fait penser, c’est ce moment de panique froide. Alors que des choses devraient se produire, rien ne se produit que du cosmétique. Et on le sait, tout le monde le sait, le savoir est là. Parfaitement présent, le savoir est impuissant. Alors comment donne-t-on à ce savoir une puissance ? Avant qu’il ne soit trop tard, avant que le capitalisme ne soit réorganise la situation à son mode ? (…)
Gaïa célèbre le tenir ensemble actif, donc instable, de ce qui fait de la terre une planète vivante. Gaïa revenant parmi nous est revenue par les scientifiques. Ils ont ainsi crée au-delà de Prométhée une nouvelle figure qui peut nous forcer à imaginer autrement. Figure ou fiction, nommer Gaïa est une opération (fabrique) qui ne dit pas le vrai mais provoque le sentir et le penser. Nous ne pouvons rien sur Gaïa, mais Gaïa peut changer de régime, et c’est ce qui nous menace.

- (Y. Citton) Il est question de la fiction comme condition de survie, la fiction en ce sens où la fiction fraie des possibles, où la fiction ouvre des choses qu’on ne peut pas constater dans le donné, ouvre des possible. La catastrophe est dans le processus et non dont l’évènement. La catastrophe est moins située dans l’environnement (notion ?) que dans les esprits (la façon dont on pense et dont on ne pense pas maintenant) où se coagule le chemin de la catastrophe. De plus, la catastrophe est dans un certain réalisme. Celui des experts, de l’administration du désastre et de la soumission durable qui ne se base que sur du donné.

- (I. Stengers) Ce réalisme j’ai décidé de l’appeler bêtise. Les formules comme « les gens ne sont pas capables de », « ce serait la porte ouverte à » … La catastrophe de ce réalisme c’est l’impuissance. Quand est-ce nous seront capables de la faire balbutier cette bêtise ?

- (F. Neyrat) Il ne suffit pas de protéger. On ne protège pas sans transformer. La prise en considération d’une vulnérabilité (les choses tiennent à peu de choses) nécessite un changement radical, pas de vivre sous la menace. Pas plus qu’elle ne repose sur l’humilité, en rajouter sur les problèmes, ou la sacralité, façons de se rendre insensible à nous-mêmes. Mettre de l’intouchable alors que l’intouchable c’est nous.  Prendre en considération l’aspect transitoire des choses, transformer nos manières d’être et de vivre, nécessite de nouvelles fictions instauratrices (produire du commun).

- (I. Stengers) La question n’est pas « nous avons été arrogants soyons humbles à présent ». La question c’est qu’est-ce qui nous est arrivé ? Qu’est-ce qu’on nous a fait (pour perdre l’attention) ?

- (Y. Citton) Deux communautés. Premièrement, une communauté d’affections (air, eau, nous sommes tous affectés). Il y a du radicalement nouveau, on sait qu’on est sensible, on sait qu’on est exposé, mais on réfléchit aussi à la manière dont les affects passent dans cette mise en communication des différents facteurs (communauté d’affects, quelle modalités de transmission des affects, des motivations ? Quelle structure médiatique ?). Deuxièmement, une communauté d’expérimentation collective, l’appel à la fabrication d’expériences collectives. Que pouvons-nous faire. Communiquer, faire circuler.

- (I. Stengers) Il faut faire avec, l’intrusion, ça nous arrive, alors qu’est-ce qu’un fait avec. On accompagne ceux des mots qu’on a tenté de fabriquer. Fabriquer des mots qui nous permettent de penser ce qui nous arrive. Un moment bizarre où c’est seulement la fiction et l’imagination qui peut susciter ce dont nous avons besoin.

- (F. Neyrat) Comment on intervient là-dedans, la catastrophe, dans ce mot qui est donné, dans la circulation des discours courant ? Quelque chose nous oblige à penser. L’intérêt d’intervenir là où ça parle.

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diapo_catastrophe10 dans La contre marche du pingouin

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« Le prix Nobel d’économie Amartya Sen a consacré à cette question son dernier livre : Identité et violence. L’illusion d’une destinée. Nous sommes tous, rappelle-t-il, faits d’identités multiples et changeantes : familiale, culturelle, professionnelle, biologique, religieuse, philosophique, géographique, etc., dont la conjugaison fonde à la fois notre singularité et notre universalité. Enfermer une personne ou un groupe de personnes dans l’une de ces identités comme si c’était la seule est pour lui la source essentielle de discrimination, d’exclusion et de violence dans le monde. »
Propos de Jean-Claude Ameisen, exprimées lors de l’entretien mené avec Aliocha Wald Lasowski, intitulé : « Du vivant à l’éthique », in Pensées pour le nouveau siècle (sous la direction d’Aliocha Wald Lasowski), Ed. Fayard, 2008, pp. 282-283.

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