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Ampoule, chou, fil à plomb [un geste pour la planète®], qui parle à qui et de quoi ?

Ampoule, chou, fil à plomb [un geste pour la planète®], qui parle à qui et de quoi ? dans Ecosysteme TV.fr image0012

Lampe à basse consommation: un geste pour la planète®
N’imprimer ce mail que si nécessaire : un geste pour la planète®
Regarder Michel Drucker en mode Xanax sur canapé : un geste pour la planète®
Connaissance par ouï-dire : un geste pour la planète®
Eteindre les Lumières : un geste pour la planète®

Plus on parle et moins on sait de quoi on parle. Que veulent dire les mots ? « Pour la planète », ça veut dire quoi ?

Première option : « pour la » = au nom de

Révolution de la pensée, il n’y aurait donc qu’une seule planète possible, mieux, celle-ci parlerait à des Jeanne d’Arc de l’« avant moi le déluge ». Heureuses élues de la voie et des voix, charge à elles de relayer quelques certitudes labélisées en batteries « au nom de la planète ».
Si l’on regardait dans le rétroviseur de l’histoire, sans doute serait-on surpris du parcours de toutes ces « avant-gardes » autoproclamées ayant tour à tour de passe-passe copyrightées leurs discours « au nom » du grand Un. De la planète, de Dieu, du peuple, etc., et hop, d’un lit de l’Un à l’autre pour de beaux draps.

Au nom de, ce mode de communication [un geste pour la planète®] devient alors l’exact inverse de ce à quoi devrait nous conduire l’écologie : la reconnaissance d’un ensemble monde incertain, complexe et multiple, duquel émerge un homme qui ne lui est pas nécessaire. Un monde humain qui se proposerait d’éduquer à attention et non d’étouffer les siens par la diffusion en boucle ouï-dire de notions prescriptives. Un monde humain de liaisons et non d’opposition entre des « avant moi le déluge » sans histoire et des « après moi le déluge » qui eux en ont fait leur deuil. Pile ou face choisissez votre camp, comme noir s’exprime comme blanc.

Seconde option : « pour la » = à la place de

Si les mots ont encore un sens, peut-être qu’une certaine rigueur commanderait d’oser avancer « parler à la place de la planète ». Chose qui relève d’une activité d’écriture et de traduction des mondes que l’homme pratique depuis un peu plus hier, à ses façons. Mais on devine que celui qui entend « parler à la place de la planète » n’engage pas une même responsabilité que celui qui prétend bavarder « en son nom ». Ce dernier n’étant après tout qu’un praticien du buzz-relais des idées courantes.

Si vous prétendez parlez « à la place » de la planète, vous avez beaucoup de talents, une joyeuse science de l’attention. Si vous prétendez parlez « au nom » de la planète, le principe de précaution « commanderait » de vous taire, urgemment si vous prétendez incarner un changement de drap.

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http://www.dailymotion.com/video/x31hn7 La joie de celui qui ne croit en rien

http://www.dailymotion.com/video/x3k70s Intégration de la partie, récits et représentation, etc.

http://www.dailymotion.com/video/x49ieh Rabattage des moi, d’émoi …

http://www.dailymotion.com/video/x3im00 A la place de …

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Des pavés sur les plages

vitesse 
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En période estivale, c’est bien connu, la biomasse de l’écosystème presse s’allège lourdement pour se gonfler de people dans les branchages. Nouveauté des climats, s’en vient également à fleurir, ici et là de manière presque homogène, notes et billets verts d’orientation théorique entendant nous donner matières à écologiser sur les plages.

Est-ce la pauvreté des sols ou le déficit hydrique de la période, mais force est de constater d’un caractéristique commune : peu nous apprendre de la question présente. De bons bio-indicateurs symptômes du niveau de pollution des esprits lorqu’ils baignent dans de haute concentration de prêt à penser.

Prêt à penser ou recyclage d’oppositions standards entre des catégorisations floues et stérilisées par la flèche du temps, l’individuel et le collectif, l’homme et la technique, et l’on continue business as usual à lancer toute sorte d’absolus les uns contre les autres, mots de code de sa chapelle et autres rêveries jetés dans les mares.

L’un qui masque toujours l’autre garde bien au secret ce que devrait être la formule de base d’une vision écologique : ne percevoir et ne donner à percevoir jamais seulement ceci et rien d’autre. Si vous êtes incapable de percevoir l’arbre derrière la forêt, et inversement, passez à autre chose, vous ne donner rien à voir du nouveau de la question.

Parallèlement, c’est aussi cette formule d’un Socrate élevé à la soupe quantique, extraite d’un rapport de l’OMS de 1958 consacré au développement de l’énergie nucléaire et rapportée par Aurélien Boutaud dans un article sur les dangers de la «croissance verte», et que l’on pourrait amander comme suit : « Voir monter (faire émerger) une nouvelle génération (attentive) qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude (quant aux réponses du monde à nos actions). »

Petit montage des vues, du pire au meilleur.

vitesse optique

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Les absolus (ment) flous : le collectif versus l’individuel

Ecologie : tous ensemble, par Stéphane Madaule, essayiste, maître de conférences à Sciences-Po Paris.
Libération du 30/07/2009.

« L’avènement de l’écologie ne signerait-elle pas le retour d’une prise en compte du collectif, de l’intérêt général, face à un individualisme forcené qui nous était présenté comme la pente naturelle de notre évolution ? (…)
Or avec l’écologie, avec la prise en compte de l’environnement, il n’est plus possible de militer pour le chacun pour soi. De la consommation des uns dépend le bien-être des autres. Nos modes de vie sont interconnectés. Le collectif prend à nouveau le pas sur l’individuel et redonne à la politique un espace de liberté que l’on croyait perdu. La recherche de l’intérêt général ne passe plus par la somme des intérêts particuliers. Le marché, incapable d’intégrer les externalités négatives de nos consommations, incapable de réduire les inégalités entre les hommes, incapable de gérer nos ressources sur le long terme, n’est plus la solution unique. L’intervention de l’Etat, l’implication des citoyens, le retour de la politique sont à nouveau nécessaires pour reprendre le fil de notre avenir commun. Le succès d’Europe écologie, aux dernières élections européennes, témoigne de cette évolution. »

Individuel versus collectif. On se demande bien à quoi pourraient renvoyer aujourd’hui de telles catégories de pensée non questionnée. L’environnement c’est à la fois la condition d’existence des individus (là où ils racinent) et le produit des transformations que lui impose l’activité sociale de ces-mêmes individus (là où ils consomment). Le succès fictionnel et ponctuel d’Europe écologie, c’est d’avoir su donner à voir à la fois l’arbre et la forêt sans que l’un ne masque l’autre, à la fois la crise écologique et financière, à la fois la France et l’Europe.

Cette nouvelle articulation du à la fois, l’émergence d’un individu coloniaire en réseau, producteur et produit de transformations à haute vitesse, implique de porter son regard sur le singulier. Celui d’une attention individuelle à toujours (re)conquérir. Si solutionner des problèmes d’une nature globale requière une micro-politique de l’action quotidienne, alors il convient de ne surtout pas l’abandonner aux filets des héroïsmes institutionnels comme idéologiques. D’une et avec la matière première singulière, comment penser l’émergence de nouveaux types de collectifs fluides relationnels. Habiter naturellement la technique, notamment celle de l’internet, modèle de combinaison, de rencontre, de production libre et décentralisée (pour combien de temps ?). 

http://www.dailymotion.com/video/x874w9 Rythmes et biologie.

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Les absolus (ment) flous : l’humanisme versus les sciences et les techniques.

Contre Allègre : une écologie qui émancipe, par Denis Baupin adjoint au maire de Paris chargé de l’environnement, du développement durable et du plan climat.
Libération du 05/08/2009.

«  Fidèle à la stratégie de son nouveau maître – Nicolas Sarkozy -, Claude Allègre prétend, en s’appropriant indûment l’identité de ceux qu’il veut combattre- les écologistes -, se parer lui-même des habits de l’écologie, avec la création prochaine de sa Fondation pour l’écologie productive (Libération du 17 juillet). Venant d’un des principaux négationnistes du dérèglement climatique, y compris au prix du tripatouillage de travaux scientifiques, le propos pourrait faire sourire. Mais on aurait tort de se contenter de ce premier réflexe. Claude Allègre n’est que la figure la plus caricaturale d’une entreprise plus globale visant à se réapproprier le succès des écologistes pour mieux le dénaturer.
Cette entreprise utilise deux artifices. Le premier est un grand classique : faire passer les écologistes pour des passéistes, des opposants au progrès, etc. (…) Le second, plus nouveau, est devenu un passage obligé pour tout politique en panne de discours : repeindre en vert les politiques les plus productivistes et polluantes, afin de leur donner une nouvelle légitimité. (…)
(…)  il y a bien deux visions différentes de l’écologie. L’une, malgré les alertes alarmistes des scientifiques du climat et de la planète, prétend, sous couvert d’écologie, qu’il suffit de croire aveuglément aux avancées technologiques portées par quelques scientistes financés par les lobbys pour tout résoudre. L’autre préconise une approche lucide, laïque vis-à-vis du scientisme technologique, mais résolument émancipatrice, humaniste et optimiste parce que faisant confiance aux êtres humains – et pas qu’à quelques-uns – pour trouver démocratiquement la voie d’une civilisation écologique, sobre, juste et donc éminemment moderne. »

Action, réaction. Opposition sans cohabitation possible, toujours seulement ceci et rien d’autre des deux côtés (pub et anti-pub font pub). Où comment les excès des uns font le miroir des autres. Sans questionner ici la vision technophile de Claude Allègre, batteries de solutions clef en main parmi tant d’autres, arrêtons-nous un instant sur les propos de Denis Baupin.

Ce dernier s’interroge-t-il seulement sur le pourquoi et le comment de la récupération (si facile) de l’écologie normative ? Quels sont exactement les succès récupérables de l’armée verte de Denis Baupin ? Des individus bombardés d’images catastrophiques qui ne finissent plus par rechercher dans l’environnement que ce qu’on leur a mis dans la tête à l’avance : l’arbre sauveur, l’air chaud menaçant, etc.

« Un État qui rapetisse les hommes pour en faire des instruments dociles entre ses mains, même en vue de bienfaits, s’apercevra qu’avec de petits hommes rien de grand ne saurait s’accomplir. »
John Stuart Mill / 1806-1873 / De la liberté / 1859

Par ailleurs, qu’est-ce que l’identité écologique sinon une fixation de l’air du temps non écologique? Le principe de précaution ne devrait-il pas s’appliquer également dans le champ lexical quand on s’en vient à convoquer des mots aussi lourdement chargés que « négationniste ». Contrairement à ce qui est annoncé, les termes du discours nous renvoient à une écologie dure et défensive sur ses frontières. De toute sa hauteur, le pilote qui entend commander d’en haut l’ensemble des sciences du vivant. Sa mission ? Sauver le monde. Quel monde ? Qui parle ? La machine est en place, on n’en sait rien, ça vient sur moi d’en haut.

On est loin dans l’expression de faire émerger une «nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude». Le monde n’est pas donné transparent à l’avance, par l’écologie pas plus qu’un autre domaine ou dispositif des savoirs. Il n’y a pas de sauveur, il y à penser et expérimenter avec attention une co-présence (homme – nature – artefact) au monde.

Or la trajectoire de l’attention au monde se distingue de celle d’un savoir à conquérir. Ne s’attachant qu’à imposer (par les toujours mêmes méthodes dures sur le désir) la transparence de la seconde, la pratique écologique dominante oublie la figure poètique, sa capacité à diffuser et intégrer les artefacts dans une vision englobante et littéraire du monde. Les artifices, les jeux de l’esprit qui nous permettent de ne pas avoir à choisir entre la technique et la nature, de densifier sa présence à un monde compris comme un ensemble en coévolution, et dont nous portons des traces [à démonter, à remonter]. 

http://www.dailymotion.com/video/x71djv Homme – Nature – Artéfacts, coévolution.

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Pour finir sur une note optimiste, quelques extraits de l’entretien avec Marc Mimram paru dans le Monde du 04.08.09 sous le titre Le territoire est un bien précieux.

Petite remarque liminaire, il semble bien que l’écologie porte en son sein une profonde remise en question du levier vitesse (mode de transport doux, agriculture biologique et rythmes des sols, etc.), de cette accélération du rythme de l’homme joueur de tambour sur sa galère terre : circulation des marchandises, des flux financiers, de  l’information numérisée, des images et des virus, etc.

Si l’accélération produit de la valeur et du pouvoir temps par la rotation de l’ensemble des stocks possibles, elle décohabite les rythmes biologiques, brise les chaînes symbiotiques en imposant un tempo forcené à l’ensemble du vivant. L’homme dedans en devient inattentif, faute d’un esprit capable de tirer des ponts à haute vitesse entre les choses, le défilement du paysage n’étant plus adapté à ses capacités de traitement visuel en 24 images seconde. 

Il est donc tout à fait étonnant de constater qu’une certaine manière de faire de l’écologie, toute urgence tenante, cherche à s’arrimer à cette vitesse : production d’images catastrophiques intraitables et non cohabitables, machine à s’empresser de produire des normes, sans perspective, sans prospective, etc. Dernier point que relève Marc Mimram parmi d’autres contradictions de l’identité écologique successful si chère à Denis Baupin, en passant par les images-commandements qu’un bon YAB nous envoie du ciel.

« Etre attentif à l’économie de matière, être frugal, c’est une forme d’attention au monde, ce n’est pas produire des normes. Mais la machine est en place. On fabrique des normes à une vitesse phénoménale, des normes qu’on retrouve dans l’esprit des gens. Ne croyez pas que je suis hostile à l’écologie. Mais ce consensus généralisé m’inquiète. Si ça a pour seule vertu de réduire les fenêtres, d’ajouter des isolants, on s’éloigne des vraies questions. »

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Extraits de l’entretien :

 » (…) Dans la dimension territoriale, il y a la part de l’infrastructure, tout ce qui est routes, ponts, canaux, égouts, câblage… et celle des territoires. L’infrastructure n’est pas un mal en soi, on l’utilise tous, mais il faut considérer le territoire sur lequel elle s’inscrit comme un bien aussi précieux, et reconquérir les territoires qui ont été saccagés par ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, normalisent la verdure (…)
Le plus grand mal dans le développement urbain, en dehors des villes, c’est vraisemblablement les « gated cities » (regroupements de résidences protégés par des barrières et soumis à des règles de gouvernance territoriale privée) et les lotissements (…)

Qu’est-ce qui fait que les lotissements sont à vos yeux inacceptables ?

Tout. Le collage stylistique dans un abandon de la raison, de l’intelligence constructive, l’indifférence pour les ouvriers, l’oubli de la population déjà présente, du fleuve qui coule à côté, les ruptures d’échelle, les mégastructures qui s’appuient sur le quartier de la Défense, tout cela est terrifiant. C’est un problème de société, et de reconnaissance sociale. Le capitalisme trimballe avec lui une sorte de vision idyllique de l’architecture et de la ville : la maison, le lopin de terre et la façon dont il faut les arranger… Tous les signes de reconnaissance d’un goût et d’un modèle social obligés. Lorsque nous y échappons, c’est que nous avons acquis ou hérité d’une forme de culture plus large. En début d’année, je dis à mes étudiants : « Vous allez apprendre ici à aimer ce que votre mère déteste. » Posons la question du goût, qui semble relever du tabou. Elle renvoie à la question de la pensée un peu immanente de l’architecte. C’est vrai que l’art est aujourd’hui lié à une pensée conceptuelle, et que cette situation coupe de tout, y compris de la question du goût. Prenons les choses dans l’autre sens. Pensons à des architectes contemporains pour lesquels nous avons la même admiration, par exemple l’Australien Glenn Murcutt. C’est quelqu’un qui assemble parfaitement des éléments simples. Il n’y a pas chez lui de questions stylistiques très élaborées, simplement une manière directe d’aborder la question du rapport au sol, à la nature, à la fabrication, avec le souci précurseur du développement durable (…)

(…) Penser l’architecture, c’est penser une forme d’appartenance au monde (…) si on considère l’informatique comme un moyen de s’éloigner de la réalité, de transmettre des stéréotypes, là, on est dans le pire de la mondialisation. Toutes les villes peuvent devenir les mêmes, Pékin, Abou Dhabi ou Val-d’Europe (ville nouvelle de Marne-la-Vallée, à proximité immédiate de Disneyland Paris). Cette mondialisation est en fait une « dysneylandisation ». Nous sommes passés d’une architecture classique à l’architecture triomphante de la modernité, puis à ce qu’on a pu appeler la postmodernité ou ses divers avatars. Aujourd’hui, au terme de cette aventure, nous sommes arrivés au degré 0 de l’attention au monde.

 (…) Je ne connais pas un seul industriel aujourd’hui qui ne soit pas « vert », cela veut dire que quelqu’un ment ou je n’ai rien compris. Comment peut-on prétendre que l’aluminium, qui n’est que de l’énergie, du transport et de la bauxite de Nouvelle-Zélande, est écolo ? Autre exemple : le bois. Prenons une construction qui me touche de près. Quand j’ai construit la passerelle de Solférino, à Paris, j’ai dû mettre un plancher sur la passerelle. J’ai opté pour l’ipé, ce qui m’a valu les foudres de l’association écologiste Robin des bois.
Qui a raison, qui a tort ? On trouve ça sympathique quand c’est du pin, parce que le pin pousse en France, et que ça nous permet de valoriser la forêt landaise. Mais ce n’est pas très sympathique du point de vue du mec qui est dans le fin fond de l’Amazonie ou de l’Afrique, qui a un gros azobé dans sa cour et espère le vendre pour nourrir sa famille. Le vrai problème est celui du prix que nous sommes prêts à payer.
Pour changer la donne, il faudrait un regard plus attentif aux choses et aux gens, donc au moins des conditions économiques différentes. Or on va dans le sens opposé, et en particulier lorsqu’on passe à la très grande échelle : certains particuliers, et à travers eux des Etats, achètent des millions d’hectares de terre, notamment en Afrique, sans aucun souci des populations qui vivent sur place.

(…) Il faut prendre les questions un peu plus en amont. Je suis un peu énervé par l’histoire du film Home (du photographe Yann Arthus-Bertrand). Regarder la Terre depuis le ciel en imaginant qu’on va régler des problèmes. Souvenons-nous là encore de Paul Delouvrier dans son avion, qui photographiait les sites des futures villes nouvelles. Maintenant, c’est Arthus-Bertrand qui fait le Delouvrier du développement durable.
Evoquer l’inévitable déplacement des Bengalis face à la montée des eaux, c’est aussi une injonction à repenser l’architecture et la ville. En incluant la question de la nourriture. Ne faut-il pas réfléchir à la place possible de l’agriculture en ville ? Que faut-il protéger des territoires, peut-on continuer à lotir, à faire des maisons Phénix ? La macro-vision et la micro-vision ne sont pas si détachées que ça.
Il y a quand même un certain nombre de gens dont la pensée évolue. Restons attentifs. On m’a appelé pour faire un pont dans une ville nouvelle sino-singapourienne. Bien sûr, cette ville est « écologique ». Qu’est-ce que c’est une ville écologique au-delà de l’effet d’annonce ? Il y avait là des rizières et des paysans dans leurs petites maisons en terre tellement belles. Ne pas voir cela, c’est déjà avoir raté les premières marches.

C’est un peu comme la « haute qualité environnementale », la norme HQE. Etre attentif à l’économie de matière, être frugal, c’est une forme d’attention au monde, ce n’est pas produire des normes. Mais la machine est en place. On fabrique des normes à une vitesse phénoménale, des normes qu’on retrouve dans l’esprit des gens. Ne croyez pas que je suis hostile à l’écologie. Mais ce consensus généralisé m’inquiète. Si ça a pour seule vertu de réduire les fenêtres, d’ajouter des isolants, on s’éloigne des vraies questions. « 

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Normes

Fragments en vrac : grande santé et approche cinématographique

http://www.dailymotion.com/video/x9xdh9 La grande santé, Nietzsche, la souffrance et la vie.

Il n’y a pas de phénomène xxx, il n’y qu’une interprétation xxx des phénomènes. Faire sa santé, faire son écologie, à côté de l’Idée (images communes tombées administrées du ciel) de l’écologie.

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L’écologie, un métarécit complexe et hétérogène de notre temps ?

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L’incrédulité à l’égard des métarécits caractérise le postmoderne
Jean-François Lyotard – « La condition postmoderne« , Ed : Minuit, 1979, p.7

« Le postmoderne est l’état de la culture après les transformations des sciences et des arts constatées à partir de la fin du 19ème siècle. Il n’y a plus de critères universels de jugement. Les jeux de langage se diversifient. Les grands récits éclatent en éléments langagiers hétérogènes, et ne s’institutionnalisent que par plaques. Les valeurs de légitimité traditionnelles comme la justice ou la vérité scientifique sont remplacées par l’efficacité. Les idées de progrès ou d’émancipation apparaissent comme inconsistantes. L’invention se fait dans le dissentiment, sur un critère technologique, sans souci de vérité. Les croyances sont ébranlées.

Cette crise de crédibilité s’explique moins par le progrès des techniques et l’expansion capitaliste que par des raisons internes. Les différentes sciences se développent sur la base de leurs règles propres, sans règlementer le jeu pratique. Elles ne se réfèrent ni à une idée, ni à un principe universel. Leur engendrement n’est plus soumis à un mode général du savoir. Les investigations empiètent les unes sur les autres, de nouveaux territoires apparaissent, des disciplines disparaissent sans référence à une hiérarchie spéculative des connaissances. Les anciennes « facultés » éclatent en instituts. Ce sont des professeurs qui se reproduisent plutôt que des savants. Le sujet social lui-même (le peuple) semble se dissoudre dans cette dissémination.

La génération début-de-siècle à Vienne a été nourrie par ce pessimisme : artistes, scientifiques, philosophes. Elle a accompli un travail de deuil qui n’est plus à recommencer. Le monde postmoderne peut souscrire à d’autres formes de légitimation, par exemple celles qui lui sont proposées par le cinéma, avec ses récits complexes et hétérogènes. »

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Hors cadre de la perception, l’accès à la connaissance écologique passe par un certain type de montage du réel.

Pour le pire, les images-commandements qu’un bon YAB nous envoie du ciel, images qui se disent à l’avance jusqu’à en devenir totalement intraitables, non indiscutables. L’image de la catastrophe, extraite des esprits pensants pour délocalisation dans l’environnement, possède une qualité très efficace, celle de ne cohabiter avec aucune autre dans le milieu récepteur qu’est l’esprit humain. Elle sature et fixe en un temps record l’espace de perception de son spectateur. Incapable d’en faire son propre remontage, lui qui a bien malgré lui les pieds sur terre, en devient réduit à un comportement mimétique. Mimétisme sentimental d’une nature apparantes pour reprendre l’expression des futuristes italiens.

Pour le meilleur, un cinéma, comme un écologie, qui fait voir le mouvement, les rapports de mouvement, les interactions qui passent, jaillissent entre les choses. Donne à voir, à saisir des rapports, des correspondances inévidentes entre les choses. Des images qui nous donnent de la force de savoir – faire de la connaissance l’affect puissant.

Image de prévisualisation YouTube Dziga Vertov, l’homme à la caméra, introduction.

http://www.dailymotion.com/video/x6t99s Bergson, accès à la connaisssance sur un mode cinématographique, Vertov, le ciné-oeil.

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Poursuite des interférences. L’écologie et le cinéma, des interrogations communes ? Pouvoir penser et nommer ce qui arrive.

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Extrait de l’entretien avec Jacques Audiard, « Le cinéma sert à certifier le réel », Le Monde du 30.07.09.

Il y a actuellement un malaise dans le cinéma d’auteur en France, qu’un récent rapport rédigé par le Club des 13, à l’initiative de la réalisatrice Pascale Ferran, a tenté d’analyser. Qu’en pensez-vous ?

J’ai fait partie des cercles de réflexion qui se sont créés autour de ce rapport. Je m’y sentais à vrai dire comme le cousin de province, parce que je ne dispose pas de la connaissance des mécanismes techniques et administratifs qui permettent de comprendre comment cela fonctionne.
Mais ça a été un moment formidable pour moi parce que, tout à coup, il y avait là des gens qui avaient décidé que ça valait le coup de parler ensemble du cinéma. Tout cela va sans doute permettre d’améliorer les choses. Après, je pense fondamentalement que nous faisons tous semblant de parler d’une chose qui n’existe plus qui s’appelle le cinéma, ou qui existe sous une autre forme qu’il faudrait à la fois penser et nommer.

Que voulez-vous dire par là ?

Là, je vais être un peu chiant. Le cinéma, c’est quelque chose de très précis et de très simple. C’est aussi simple qu’un moteur de Mobylette, que vous pouvez démonter et remonter vous-même. C’est aussi simple que le fonctionnement d’une caméra analogique.
Le cinéma, ça sert d’abord à certifier le réel, à filmer comme on fait de l’ethnographie. C’est un système de validation qui produit des documentaires et des actualités sur le monde. Et le même système, le même outil rigoureusement, sert à filmer Lauren Bacall, pour produire le même effet de réel et le même rapport à l’image. Or à partir du moment où vous introduisez un calculateur dans la caméra, c’est fini, il n’y a plus cette certitude que ça a existé. On passe à l’ère numérique, c’est-à-dire à l’ère du soupçon.
Sans compter qu’il y a eu parallèlement une perte de la valeur de l’écriture critique sur le cinéma, qui pour moi a toujours été indissociable de sa pratique. Tout cela, pour moi, c’est un peu comme une douleur qu’on n’arrive pas encore à identifier.

Qu’est-ce que cela implique concrètement pour le cinéaste que vous êtes ?

Je ne cesse d’y penser. C’est une rupture fondamentale dont on n’a pas encore mesuré complètement les effets. Mais on n’est plus dans le même système. Seuls les insensés, les vierges folles, les ivrognes vous diront que rien n’a changé, qu’on aura toujours besoin d’histoires, d’images. Ils sont fous, il faut les faire piquer. Mais je suis peut-être un peu excessif là …

Imaginaire social

http://www.dailymotion.com/video/x9vpjt Cornelius Castoriadis, l’imagination créatrice.

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L’imaginaire selon Cornélius Castoriadis par Sébastien Chapel, www.laviedesidees.fr 

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Fabrication et auto-organisation. Une pratique ne peut jamais être l’application stricte d’une théorie … ou alors, ou alors, ou alors … 

Nos amis, nos amours, nos héros 

Fantasme de scientificité du déduire le cours de l’histoire. Les formes, les rapports de forces, un nous transparent réduit à quelques déterminations. 
Que l’état t+1 ne s’explique pas par le seul t … 

… souligner cela ???

Certains semblant se faire un devoir de piloter les sciences du vivant d’en haut, sciences dures exclusives.
D’autres, prédication d’un dix ans pour ce faire avant effondrement total d’un dehors bombardé d’une même hauteur … 

…. alors actualité, sûrement.

Il faut imaginer Sisyphe heureux …

…. il doit bien y avoir des manières de rouler …

... [à la fois]

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http://www.dailymotion.com/video/x9vtv6 Cornelius Castoriadis, l’imagination créatrice, suite.

La figure de Gaïa, Isabelle Stengers.

Gaïa et les satyres 

L’art de faire attention ? Voila qui demande de la pensée, de l’imagination … un art avec lequel il s’agit de renouer. Praxis pour une réflexion propre.
La figure de Gaïa ? Une fiction instauratrice pour nous donner matière à penser.

***

(…) Ce que je nomme Gaïa fut baptisé ainsi par James Lovelock et Lynn Margulis au début des années 70. Ils tiraient les leçons de recherches qui concourent à mettre à jour l’ensemble dense de relations couplant ce que les disciplines scientifiques avaient l’habitude de traiter séparément – les vivants, les océans, l’atmosphère, le climat, les sols plus ou moins fertiles. Donner un nom, Gaïa, à cet agencement de relations, c’était insister sur deux conséquences de ces recherches. Ce dont nous dépendons, et qui a si souvent été défini comme le « donné », le cadre globalement stable de nos histoires et de nos calculs, est le produit d’une histoire de co-évolution, dont les premiers artisans, et les véritables auteurs en continu, furent les peuples innombrables des microorganismes. Et Gaïa, « planète vivante », doit être reconnue comme un « être » et non pas assimilée à une somme de processus, au même sens où nous reconnaissons qu’un rat, par exemple, est un être : elle est dotée non seulement d’une histoire mais aussi d’un régime d’activité propre issu de la manière dont les processus qui la constituent sont couplés les uns aux autres de façons multiples et enchevêtrées, la variation de l’un ayant des répercussions multiples qui affectent les autres. Interroger Gaïa, alors, c’est interroger quelque chose qui tient ensemble, et les questions adressées à un processus particulier peuvent mettre en jeu une réponse, parfois inattendue, de l’ensemble (…)

Que Gaïa ne nous demande rien traduit la spécificité de ce qui est en train d’arriver, de ce qu’il s’agit de réussir à penser, l’événement d’une intrusion unilatérale, qui impose une question sans être intéressée à la réponse. Car Gaïa elle-même n’est pas menacée, à la différence des très nombreuses espèces vivantes qui seront balayées par le changement de leur milieu, d’une rapidité sans précédent, qui s’annonce. Les vivants innombrables que sont les micro-organismes continueront en effet à participer à son régime d’existence, celui d’une « planète vivante ». Et c’est précisément parce qu’elle n’est pas menacée qu’elle donne un coup de vieux aux versions épiques de l’histoire humaine, lorsque l’Homme, dressé sur ses deux pattes et apprenant à déchiffrer les « lois de la nature », a compris qu’il était maître de son destin, libre de toute transcendance. Gaïa est le nom d’une forme inédite, ou alors oubliée, de transcendance : une transcendance dépourvue des hautes qualités qui permettraient de l’invoquer comme arbitre ou comme garant ou comme ressource ; un agencement chatouilleux de forces indifférentes à nos raisons et à nos projets.

L’intrusion du type de transcendance que je nomme Gaïa fait exister au sein de nos vies une inconnue majeure, et qui est là pour rester. C’est ce qui est d’ailleurs peut-être le plus difficile à concevoir : il n’existe pas d’avenir prévisible où elle nous restituera la liberté de l’ignorer ; il ne s’agit pas d’un « mauvais moment à passer », suivi d’une forme quelconque de happy end au sens pauvrelet de « problème réglé ». Nous ne serons plus autorisés à l’oublier (…)

Extrait de Au temps des catastrophes, Ed. Empêcheurs de penser en rond/La découverte. Plus sur le blog de Jean Clet Martin.

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Réinventer la ville ? Le choix de la complexité. Isabelle Stengers. Préface d’Alain Berestetsky et Thierry Kübler. Edité à l’occasion d’ »Urbanités » rencontres pour réinventer la ville, une initiative du Département de la Seine Saint-Denis organisée par la Fondation 93 dans le cadre de citésplanète, réalisée en collaboration avec l’ASTS.

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Extraits audios d’après : Terre à terre, France Culture, émission du samedi 2 mai 2009: Crise écologique avec Isablle Stengers.

http://www.dailymotion.com/video/x9lddo Des figures instauratrices …

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http://www.dailymotion.com/video/x9ldtu Suite … des montages …

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http://www.dailymotion.com/video/x9lexb Fin.

Carbone, des stocks en mouvement

http://www.dailymotion.com/video/x9uz17 CO2, perspective economique, quota et taxe, avec Christian de Pertuis.

Qu’est-ce que l’économie du carbone ?

Paul Virilio : la crise actuelle est sans référence

On ne peut pas déduire à partir d’un moment donné ce que sera le devenir de telle ou telle société, dans la mesure où celle-ci s’auto-institue elle-même nous dirait un Cornelius Castoriadis.
Variation et lecture des failles de la machine par Paul Virilio.

http://www.dailymotion.com/video/x82wi1 La crise actuelle est sans référence …

http://www.dailymotion.com/video/x82v9x Pensez la vitesse …

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Un paysage d’événements,
entretien avec Paul Virilio, la République des Lettres,

Extraits …

(…) Je vous rappelle l’exergue de La machine de vision: « Le contenu de la mémoire est fonction de la vitesse de l’oubli » dit Norman Speer. Quand on travaille sur la vitesse on travaille sur l’oubli. Or le révisionnisme lié à la négation de la Shoah est le centre de gravité de ce qui est devenu depuis l’industrialisation de l’oubli. Ce qui commence par un détournement de vérité devient une industrie de la négation, et cette industrie est parfois mise en oeuvre par des gens qui ne sont pas révisionnistes et ne sont pas apparemment négationistes. Les technologies du temps réel, les technologies de la mondialisation du temps dont on parlait au tout début, portent en elles-mêmes une puissance d’oubli, d’évacuation de la réalité, de toutes les réalités – pas seulement celle des camps. C’est une des menaces de l’avenir. La perte des traces: l’instantanéité et l’immédiateté, c’est la perte des traces et la perte de la mémoire. Au point qu’on peut se demander si le négationisme n’a pas été le commencement de la fin – fin de la vérité historique – et si aujourd’hui nous ne vivons pas la fin de ce commencement comme disait Winston Churchill à propos de la guerre (…)

(…) Il faut, il faudra demain faire une économie politique de la vitesse comme il y a une économie politique de la richesse – l’économie tout court -. Je crois qu’il faudra inventer une « rythmologie », je crois que le rythme de l’histoire du monde est en train de changer et que ce rythme n’est pas géré politiquement. C’est un peu comme dans la musique concrète : les harmoniques sont rares, non pas parce qu’on ne souhaite pas d’harmoniques, mais parce qu’on est incapable de juger de la rythmique sociétaire. Si on analyse l’histoire de la vitesse on constate que seule la musique et la danse prennent en compte la vitesse de manière politique : pour moi une chorégraphie, une symphonie, une danse, c’est d’une certaine façon une économie politique de la vitesse. Moderato cantabile, Allegro non troppo, c’est une rythmique du son et de même la chorégraphie est une économie politique du corps dans l’espace-temps de son rythme. Je crois, qu’on le veuille ou non, que l’accélération de l’Histoire dont parlait Daniel Halévy, est devenue telle qu’il faudra mettre en oeuvre une économie politique de la vitesse venant seconder l’économie politique de la richesse (…)

(…) Il faut devenir critique d’art de ces technologies. Si on considère que l’art et la technique sont une seule et même chose nous ne pouvons aimer la technique qu’à travers la liberté de la critiquer.

Copyright © Olivier Morel / La République des Lettres, mercredi 01 mars 1995

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