Fragments de rencontres urbaines, suite …
Séminaire, les horizons de l’écologie politique.
Réseau des correspondances.
Pierre Zaoui …
Un spinozisme mélancolique.
L’eau coule, circule entre tous les plans.
Une contrainte pensée devient puissance.
Ou trouver de la joie dans le renforcement des forces écologiques ?
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Séminaire du Collège International de Philosophie, les horizons de l’écologie politique, séance n°4, Pierre Zaoui, notes incomplètes.
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Un constat initial …
L’émergence d’un tournant écologique, net, non orchestré, non idéologique. Un tournant qui emporte avec lui le politique.
Le sol de la politique, du local au global, se transforme, est travaillé par cette nouvelle nécessité : répondre aux enjeux écologiques.
Des questions …
Peut-on faire pivoter ce sol pour qu’il devienne un horizon, une visée ? Si oui, est-il encore souhaitable de penser la politique en termes d’horizon, d’idéologie ?
Par ailleurs, afin de constituer un tel horizon, une nouvelle forme de subjectivation politique, peut-on partir des menaces relevées par l’écologie scientifique (destructions des habitats, dégradations et modifications irréversibles affectant nos conditions de vie présentes et futures) ?
Comment au coeur de l’annonce de ces catastrophes faire émerger un nouveau principe d’espérance politique ? Peut-on sortir de l’heuristique de la peur pour promouvoir un gai savoir écologique ? (c.f. TRE Spinoza, mieux vaut gouverner par l’espérance que par la crainte).
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Transformer l’annonce des catastrophes en principe d’espérance
Quelques exemples historiques …
L’exode des Hébreux transformé/intégré par Moïse dans une nouvelle foi (c.f. TRE Spinoza). Un nouveau sol, le désert, sa transformation en une nouvelle espérance, l’horizon de la Loi.
La démocratie grecque, processus de transformation de la révolte de la plèbe, une construction sur le sol d’une guerre civile au sein de la Cité.
Le Christianisme, une transformation du texte de l’apocalypse, de la fin de l’empire romain et de l’état juif. L’articulation de la catastrophe annoncée et des décompositions en cours vers la constitution d’un message d’amour, l’annonce d’une bonne nouvelle (un sauveur).
Le tremblement de terre de Lisbonne, la saisie de la contingence et de la vulnérabilité de l’espèce humaine et leur transformation à travers la création de l’idée de progrès. La promesse d’un avenir fait de savoir, de paix et de fraternité (idée de perfectibilité de l’espèce humaine).
L’horizon communiste révolutionnaire qui pousse sur le terreau des catastrophes issues de la révolution industrielle, l’importante dégradation des conditions de vie conséquence de l’accumulation primitive (premier stade de développement du système capitalisme). De cela nait la promesse, l’horizon d’une société sans classe faite d’hommes désaliénés, hommes totaux libérés de la contrainte, du pouvoir, etc.
Une nouvelle bonne nouvelle ?
Un processus commun à l’œuvre : (se) saisir d’une catastrophe particulière, la transformer en une nouvelle espérance.
Une double problèmatique avec les catastrophes écologiques : celles-ci sont hyperboliques (disparition tendancielle de l’espèce humaine) et leur lecture n’est pas directement, n’est pas immédiatement donnée en tant que position politique. L’écologie politique regroupe des forces diverses et opposées.
Des problèmes et des promesses. Comment une autre politique (une nouvelle bonne nouvelle) est-elle possible dans ce cadre ?
Un gai savoir écologique, l’ivresse du convalescent, les puissances de libération dans la débâcle, où trouver de la joie (augmentation de ses capacités à affecter et être affecté, c.f. Spinoza) dans le renforcement des forces écologiques ?
6 nouvelles bonnes nouvelles ?
Après-vous le déluge ?
Il s’agirait d’inverser le principe de responsabilité proposée par Jonas. Jonas développe une responsabilité tournée vers l’avenir, pouvoir léguer aux générations à venir un monde encore vivable. Son option politique, faire de la loi une obligation de transmission (c.f. le Talmud).
Le problème de la position de Jonas ? Au final quelle différence entre culpabilité et responsabilité ? Il y a identité entre une responsabilité hyperbolique et une culpabilité infinie dans la mesure où celle-ci porte sur l’indéfinité des générations à venir.
Or le but de l’écologie politique n’est pas de prendre en charge cette nouvelle responsabilité, au contraire, il s’agit de nous en libérer au présent de l’action politique. A condition de sortir des horizons religieux et redonner du sens à la politique, précisément au sens de l’action collective, la politique peut agir positivement sur les menaces actuelles.
L’écologie politique visant à transmuer l’action individuelle en un horizon de l’action collective, son objectif est justement de faire sortir l’individu du poids de la responsabilité/culpabilité individuelle.
Les problèmes écologiques ne se règleront pas à travers la prise de conscience individuelle de chacun, contrairement aux modèles du christianisme ou du marxisme, mais par des accords collectifs ici et maintenant.
Il s’agit de ne surtout pas produire de la morale à partir de l’écologie scientifique. De ne pas fliquer les conduites individuelles, promouvoir le contrôle social et une écologie totalitaire.
La formulation d’un après-vous le déluge souligne ainsi la nécessité de sortir l’individu de la culpabilité. Celui-ci aura participé, se sera assumé pleinement comme actant politique.
Première bonne nouvelle : on n’a pas à se sentir coupable.
Une prise en compte effective du multiple ?
Le concept de multitude prend (enfin ?) un sens effectif avec l’écologie politique.
Le concept de multiplicité, la distribution sur un espace lisse d’éléments radicalement hétérogènes et sans identité (unité) préalable. Ici le un est produit par le multiple et non l’inverse.
Le concept de peuple, par exemple chez Machiavel, un ensemble homogène dans ses humeurs. Idem chez Marx, Lacan, voire même chez Deleuze avec son devenir imperceptible.
L’écologie politique, en tant qu’elle se fait d’une conjonction singulière de positions antagonistes, sans rapport et sans origine commune, travaille dans et avec le concept de multiplicité.
L’écologie politique, c’est un certain rapport à la science, la croyance dans la sphère technico-scientifique, son consensus climatique par exemple, et simultanément, une critique des effets de la sphère technico-scientifique sur la biosphère.
L’écologie politique réunit des multiplicités, sans position initiale requise, articule des positions. Elle part d’une multiplicité des pratiques sans promettre de synthèse finale. Elle est radicalement non programmatique, propose des rapports ouverts et contingents avec le dehors sur la base d’une réunion de singularités qui s’articulent pour agir, sans outils pensés à l’avance pour ce faire.
Seconde bonne nouvelle : un respect des singularités.
Une promesse d’abondance ?
La question de la frugalité. Dans nos sociétés de l’accumulation, c’est le productivisme qui produit le sentiment de rareté. Il s’agit donc de faire passer l’organisation économique au second plan, précisément parce qu’il n’y a pas de bonne organisation économique. L’économie se doit d’être soumise à un principe d’abondance en se débarrassant de la rareté.
Troisième bonne nouvelle : il n’y a pas de bonne organisation économique à rechercher.
Un nouveau cosmopolitisme ?
Quelques grandes formes de cosmopolitismes dans l’histoire. Celui des stoïciens, Épictète et la notion de citoyen du monde sous la condition de l’existence de l’empire romain. Suivent le cosmopolitisme des lumières, de l’internationalisme socialiste, du communisme et du tiers-mondisme. Les cosmopolitismes économiques, celui de la première mondialisation entre la fin du XIXème et le début XXème, aujourd’hui, celui de la seconde mondialisation.
L’écologie politique transforme le cosmopolitisme en faisant de cet horizon un sol. La terre espace clos, l’actualisation du « nous sommes embarqués » de Pascal. Soit un rêve qui peut se passer d’horizon, un rêve dans et sur le réel.
- Le rêve d’un cosmopolitisme expert. Un individu expert (partiel) de son environnement et qui témoigne pour tous et devant tous des modifications de son environnement.
- Le rêve d’un cosmopolitisme immobile. Des lenteurs dans les déplacements (c.f. Beckett, Kafka), un devenir végétal dans les stratégies d’occupation de l’espace.
- Le rêve d’un cosmopolitisme non-humain. Repenser une politique du lieu commun, l’ouvrir aux non-humains.
Quatrième bonne nouvelle : un rêve les deux pieds dans le réel.
Une nouvelle esthétique ?
Repenser l’art sous l’horizon écologique. Un nouveau sens et/ou rapport à la nature ? De nouvelles formes de représentation ou de non représentation (c.f. l’expérience des romantiques allemands).
Une esthétique du quotidien, un art brut, de nouvelles interactivités pour un nouveau spectateur.
Cinquième bonne nouvelle : de nouvelles formes de représentation à naître.
De nouvelles formes de conflictualité ?
Flottantes, transversales, à construire sur les ruines (recyclage) des anciennes formes de conflictualité (le syndicalisme, l’associatif, etc.)
Sixième bonne nouvelle : de nouvelles formes d’organisation à composer.
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Pour éviter une dérive religieuse à partir de ces différentes promesses, il est nécessaire de produire une philosophie.
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J’ai fait un petit peu le tour de ton blog, il a l’air super intéressant. Je vais m’y installer tranquillement. Je te félicite c’est bien d’avoir fait ce blog
merci beaucoup
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Effectivement! Bon texte, très informatif et explicite! Merci de partager vos conseils.
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