http://www.dailymotion.com/video/xbroqy Je pense donc je suis – Descartes. L’esprit c’est l’idée (des affections) du corps - Spinoza. Quelque chose pense - Nietzsche. Je est un autre – Rimbaud. Des choses pensent - Bateson —>
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A l’occasion de quelques vieux fragments-billets nous avions tenté d’esquisser quelques lignes autour d’un certain usage de Spinoza. Un usage avant tout méthodologique pour ce qui est de nourrir nos discours sur l’écologie : nettoyer nos pensées, faire « place à circuler » à du nouveau.
Le magazine littéraire de janvier 2010 nous proposant un dossier Spinoza, sautons donc joyeusement sur l’occasion d’un revenir par extraction de quelques fragments complémentaires.
La joie mode d’emploi, article de Maxime Rovere
« […] dans l’Ethique, Spinoza ne cherche absolument pas à décrire objectivement la réalité ; au contraire, il ne cesse jamais de déterminer des points de vue partiels. Fallait-il arriver à notre époque globalement relativiste pour s’en apercevoir ? Sans doute. Car nous sommes plus sensibles que jamais au fait que la réalité ne se totalise pas, et quelle s’exprime en une infinité de modes […]
[…] il s’agit en réalité [i.e. l’Ethique] d’un livre sans doctrine, qui ne vise à rien d’autre qu’à assurer une libre circulation entre les points de vue […] »
« […] la question n’est jamais de savoir ce qui est vrai ou faux, mais de comprendre pourquoi nous pensons ceci ou cela, et si nous désirons réellement continuer à l’affirmer ou à le nier. C’est ainsi que le problème de l’erreur se résorbe entièrement en une question éthique qu’est-ce que nous désirons réellement promouvoir ?
[…] la raison n’est qu’une manière de rechercher ce que veut le désir. »
« […] il [i.e. Spinoza] permet de substituer à la philosophie comme conçue comme une pensée théorique (quel est le meilleur système ?) une certaine pratique de pensée destinée à amender nos idées, quelles qu’elles soient. Des lors peu importe qu’elles soient les miennes, les tiennes ou les siennes, pourvu qu’elles fassent leurs effets. »
Je varie, donc je suis, article de Françoise Barbaras
« […] L’ambition de Spinoza est de produire une science des conduites humaines, et d’abord une science des formes de compréhension, de représentation de soi et de toute chose. La science des hommes, ce n’est pas une simple question de forme apparente de discours. C’est une étude qui doit avoir comme objet, au recto, les productions intellectuelles imaginaires elles-mêmes, au verso, mener l’examen critique de ce qui y conduit et précisément les engendre.
[…] l’entreprise de sape radicale de tout ce qui, dans la métaphysique ordinaire, entretien la maladie dans la pensée humaine et ruine la sagesse pratique […] pour aller à l’essentiel, ce qu’il faut faire sauter et remplacer dans l’ontologie ordinaire, c’est le couple clé de l’être et des propriétés d’un être.
[…] Cette perspective sur l’être de toute chose en fait un avoir, qui donne à l’appartenance, à la possessivité le rôle de catégorie fondamentale : un être quelconque est ce qu’il a […] l’idée de l’être est ici celle du » soi », de ce qui est à soi, et implique une clôture à l’égard d’un reste, et une stabilité dans cette clôture. […] Spinoza évacue tout cet échafaudage. »
« […] le mode d’être, c’est absolument cet être, et non une simple propriété possédée ; c’est cette être en tant qu’il est dans un certain état.
Mais les états sont variables, et chacun d’eux conservent pourtant la substance qui s’y exprime.
[…] Ce sont des variables fondamentales qui déterminent l’état de quelque chose […] De plus ces caractéristiques d’état, ces variables d’état ne varient pas n’importe comment : elles sont liées, elles dépendent pour leur variation propre, d’autres variations dont elles sont absolument corrélatives. Le concept de mode d’une substance permet à Spinoza de mettre au centre de l’ontologie l’idée d’interdépendance des choses selon tout un système de loi. La consistance d’une chose, c’est sa relation à autre chose avec quoi elle entretien une relation réglée […]
Les être sont […] des « lieux » de variation et non des causes absolues […] les êtres ne sont pas des foyers d’action, mais il y a toujours un foyer, un pôle, un pivot entre eux, autour duquel s’établissent des variations en jeu dans l’action des uns et des autres. Exactement comme les divers points d’un cercle ne peuvent être définis que par rapport à un unique foyer centre qui n’appartient pourtant pas à la ligne circulaire, et autour de quoi s’organise la variation qui constitue le cercle. »
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« Chaque génération se moque de la mode précédente mais suit religieusement la nouvelle » Henry David Thoreau
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LA MÉTAMORPHOSE DES PLANTES et autres écrits botaniques, Goethe, Éd. Triades.
» La parenté secrète des différentes parties externes de la plante, à savoir des feuilles, du calice, de la corolle, des étamines, qui se forment successivement et comme naissant les unes des autres, a été reconnue depuis longtemps par les savants. On a nommé métamorphose des plantes l’action par laquelle un seul et même organe se montre à nous diversement transformé (…)
Par le seul fait que nous disions du bourgeonnement qu’il est une reproduction successive, de la floraison et de la fructification qu’elles sont une reproduction simultanée, le mode de leurs manifestations est déjà caractérisé. Une plante qui bourgeonne s’étend plus ou moins, elle développe une tige ou un pied, les entre-nœuds sont généralement apparents, et ses feuilles caulinaires s’étendent de tous côtés. Au contraire, une plante qui fleurit s’est concentrée dans toutes ses parties, la longueur et la largeur sont en quel.que sorte supprimées, et tous ses organes se sont développés les uns au plus près des autres dans un état d’extrême concentration. Que la plante bourgeonne, fleurisse ou porte fruit, ce sont cependant toujours les mêmes organes qui, avec des destinations multiples et sous des formes souvent modifiées, obéissent à la prescription de la nature. Le même organe qui s’est étendu en tant que feuille sur la tige et a revêtu des formes très variées, se contracte maintenant pour donner un calice, s’étend à nouveau pour former un pétale, se contracte encore dans les organes sexuels, pour s’étendre une dernière fois dans le fruit. » Goethe
» Goethe se sentait habilité à considérer les idées qui se formaient en lui lorsqu’il regardait les choses de la nature comme un résultat de l’observation, au même titre que la couleur rouge d’une rose. Pour lui, la science était un résultat de l’observation empli d’esprit, et néanmoins objectif. Il se sentait vivre, avec son esprit, au sein même de la nature. Il n’a jamais douté du fait que c’est la nature elle-même qui exprime son essence en tant que contenu de l’esprit humain, pour peu que l’homme se place avec elle dans une juste relation. Pour Goethe, quand l’homme parvient à savoir, c’est alors l’être de la nature qui vit en lui. Dans le savoir humain, c’est donc l’être même de la nature qui se révèle. Le processus de la connaissance n’est pas, à ses yeux, la simple reproduction formelle d’une réalité qui se cacherait dans la nature. Non, connaître, c’est amener réellement à se manifester quelque chose qui, sans l’esprit humain, n’existerait pas. Et pourtant Goethe n’en conçoit pas moins l’esprit comme le véritable contenu de la nature, parce que la connaissance est pour lui une immersion de l’âme humaine dans la nature. Goethe voulait une science qui implique l’homme tout entier, comme l’art le fait aussi d’une autre manière. »
Introduction et notes de Rudolf Steiner
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*) Définition usuelle de la « nature » (et contre-définition) « La nature est considérée comme un milieu extérieur dont l’unique valeur est d’être un réservoir utile à l’homme. Or, si la nature est la source des ressources, elle n’est pas elle-même une ressource. » (Corine Pellucon, « L’homme et la nature, le moi et le non-moi : émoi, émoi, émoi… », in Libération, jeudi 19 novembre 2009, p. 16.)
**) Définition logique de l’identité, et (définition) hétéro-logique de l’identité « Si l’on pense que l’identité est logique, le moi existe en s’opposant au non-moi. Le rapport à l’autre homme, au vivant et à la terre est un rapport de domination. Si l’identité renvoie à mon rapport aux autres et à la manière dont j’habite la Terre, l’autre n’est pas un ennemi et je partage avec lui une communauté de destin. Dire qui l’on est, c’est dire ce qu’impliquent nos devoirs spécifiques envers tous les autres. Cette identité est narrative et suppose que nous explicitons nos valeurs communes et les confrontations aux priorités écologiques. » (Corine Pellucon, « L’homme et la nature, le moi et le non-moi : émoi, émoi, émoi… », in Libération, jeudi 19 novembre 2009, p. 16.)
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L’écologie dans la pensée contemporaine : enjeux philosophiques et politiques
Tous les idéaux de la modernité (le progrès, la croissance, la technique, la maîtrise de l’homme sur la Nature) ont contribué à imposer pendant plusieurs siècles un humanisme non écologique et un développement techno-économico-scientifique peu soucieux de la préservation des ressources naturelles de la planète. L’urgence environnementale et les débats autour du « développement durable » ont mis récemment l’écologie au cœur de l’actualité. Mais la question écologique ne peut se cantonner à la sphère restreinte des experts et des savants ni s’énoncer exclusivement dans un vocabulaire technocratique ; elle implique une nouvelle philosophie des rapports entre l’homme, la technique et la Nature, mais aussi de nouvelles orientations dans tous les champs de l’activité humaine (politique, économie et culture). Le séminaire se propose d’exposer les axes principaux de cette problématique transversale, à partir de l’analyse des travaux des philosophes (Félix Guattari, Edgar Morin, Bernard Stiegler, Peter Sloterdjik, Thierry Paquot), des économistes (Serge Latouche), des sociologues (Bruno Latour), des paysagistes (Gilles Clément) qui nous invitent depuis longtemps à bâtir une relation riche de sens avec toutes les composantes (naturelles, sociales, techniques, urbaines) de notre environnement.
Avec Manola Antonioli, philosophe – Enregistré le 9 novembre 2009.
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