http://www.dailymotion.com/video/x9uikt Le monde est démonté, comment remonter le monde ? Georges Didi-Huberman, entre autres …
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L’imagerie écologique, celle-ci a pour ambition de relier entre eux tous les points de l’univers. Dévoiler sans masquer, elle déborde des cadres. Hors-champ, elle appelle nécessairement à un certain type de (dé)montage « cinématographique ».
Remontage des coupes que nous faisons dans l’étoffe des choses, précisément afin de se dévoiler le tissu des relations qui porte tout existant, ces vastes parties du réseau de la pensée qui se trouvent situées à l’extérieur du corps. Se faire voir, jeu de miroirs, des différences et des connaissances, comment le dedans sélectionne et se tisse du dehors. Ce qu’il prend, ce qu’il laisse, comment il combine, digère, et à quels rythmes.
A côté de cette vision d’une certaine image écologique, [voir à la fois], advient également une affaire de technique. Technique de remontage et de position. Mettre en mouvement ses images, celles qu’on a imprimées du dehors, c’est vouloir (libère) se ressaisir des traces de quelque chose de soi et du monde.
Souligner ses vitesses et ses lenteurs, ses capacités d’affecter et d’être affecté. Mes prélèvements, mes transformations, mes pliages, mes collages du dehors. Je(u) de l’enfant qui se donne à voir comment et avec quoi il devient, il organise son monde. Je(u) de l’enfant qui regarde sa maison en simulant la sélection, la découpe permanente qu’il fait dans l’étoffe des choses. Je(u) de l’enfant qui se dédouble sous la forme d’un récit-remontage de ses propres archives pour rendre perceptibles à l’écran ces innombrables clichés qui restent inutiles parce que l’intelligence ne les a pas développés.
Plier des « forces-photons » dans des images, écologiques car inclusives, remonter un tissage, voilà des artifices, qui sans prétendre dire le vrai, nous permettent de saisir que nous n’avons pas du tout à choisir entre la technique et la nature. Nous habitons techniquement la nature, nous sélectionnons, et naturellement la technique, nous agençons.
L’écologie : un certain type de remontage du monde. Accès à la connaissance par ce montage qui fait voir le mouvements qui passent entre les choses. L’image, ou comment saisir les rapports inévidents entre les chose. Mettre en relation, dresser des ponts baroques.
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« Car c’est là [i.e. la durée] ce que notre représentation habituelle du mouvement et du changement nous empêche de voir. Si le mouvement est une série de positions et le changement d’une série d’états, le temps est fait de parties distinctes et juxtaposées. Sans doute nous disons encore qu’elles se succèdent, mais cette succession est alors semblable à celle des images d’un film cinématographique : le film pourrait se dérouler dix fois, cent fois, mille fois plus vite sans que rien fût modifié à ce qu’il déroule ; s’il allait infiniment vite, si le déroulement (cette fois hors de l’appareil) devenait instantané, ce seraient encore les mêmes images. La succession ainsi entendue n’ajoute donc rien ; elle en retranche plutôt quelque chose ; elle marque un déficit ; elle traduit une infirmité de notre perception, condamnée à détailler le film image par image au lieu de le saisir globalement. Bref, le temps ainsi envisagé n’est qu’un espace idéal où l’on suppose alignés tous les événements passés, présents et futurs, avec, en outre, un empêchement pour eux de nous apparaître en bloc (…) »
Henri Bergson, La pensée et le mouvant, Introduction, Ière partie (Paris, P.U.F. Quadrige, 1990, p. 9-10)
« (…) Il est vrai que, si nous avions affaire aux photographies toutes seules, nous aurions beau les regarder, nous ne les verrions pas s’animer : avec de l’immobilité, même indéfiniment juxtaposée à elle-même, nous ne ferons jamais du mouvement. Pour que les images s’animent, il faut qu’il y ait du mouvement quelque part. Le mouvement existe bien ici, en effet, il est dans l’appareil. C’est parce que la bande cinématographique se déroule, amenant, tour à tour, les diverses photographies de la scène à se continuer les unes les autres, que chaque acteur de cette scène reconquiert sa mobilité : il enfile toutes ses attitudes successives sur l’invisible mouvement de la bande cinématographique. Le procédé a donc consisté, en somme, à extraire de tous les mouvements propres à toutes les figures un mouvement impersonnel, abstrait et simple, le mouvement en général pour ainsi dire, à le mettre dans l’appareil, et à reconstituer l’individualité de chaque mouvement particulier par la composition de ce mouvement anonyme avec les attitudes personnelles. Tel est l’artifice du cinématographe. Tel est aussi celui de notre connaissance. Au lieu de nous attacher au devenir intérieur des choses, nous nous plaçons en dehors d’elles pour recomposer leur devenir artificiellement. Nous prenons des vues quasi instantanées sur la réalité qui passe, et, comme elles sont caractéristiques de cette réalité, il nous suffit de les enfiler le long d’un devenir abstrait, uniforme, invisible, situé au fond de l’appareil de la connaissance, pour imiter ce qu’il y a de caractéristique dans ce devenir lui-même. Perception, intellection, langage procèdent en général ainsi. Qu’il s’agisse de penser le devenir, ou de l’exprimer, ou même de le percevoir, nous ne faisons guère autre chose qu’actionner une espèce de cinématographe intérieur. On résumerait donc tout ce qui précède en disant que le mécanisme de notre connaissance usuelle est de nature cinématographique. »
Henri Bergson, L’évolution créatrice, chap. IV (Paris, P.U.F. Quadrige, 2001, p. 305)
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Extrait du manifeste de Dziga Vertov, ciné-oeil (1923)
Je suis un œil.
Un œil mécanique.
Moi, c’est-à-dire la machine, je suis la machine qui vous montre le monde comme elle seule peut le voir.
Désormais je serai libéré de l’immobilité humaine. Je suis en perpétuel en mouvement.
Je m’approche des choses, je m’en éloigne. Je me glisse sous elles, j’entre en elles.
Je me déplace vers le mufle du cheval de course.
Je traverse les foules à toute vitesse, je précède les soldats à l’assaut, je décolle avec les aéroplanes, je me renverse sur le dos, je tombe et me relève en même temps que les corps tombent et se relèvent…
Voilà ce que je suis, une machine tournant avec des manœuvres chaotiques, enregistrant les mouvements les uns derrière les autres les assemblant en fatras.
Libérée des frontières du temps et de l’espace, j’organise comme je le souhaite chaque point de l’univers.
Ma voie, est celle d’une nouvelle conception du monde. Je vous fais découvrir le monde que vous ne connaissez pas (…)
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http://www.dailymotion.com/video/x6t99s Commentaires de Pierre Montebello : Deleuze, Bergson et le cinéma.
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