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Archive mensuelle de décembre 2008

Points … hors la vue

Miro

[ Un environnement ? Une configuration dynamique, un organe sensoriel décentralisé: un modèle de danse qui capture d’autres modèles de danse. ] Gregory Bateson

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http://www.dailymotion.com/video/k3urLHLoGI73X0zTgG De l’art et de la science, ou des interférences. Jean Claude Ameisen.

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On me dit, très cher monsieur, vous mélangez tout sur ce blog.
L’écologie n’est sûrement pas ceci, mais sûrement cela.
Vous ne pouvez donc pas sérieusement écrire ceci autrement que comme cela : l’écologie est une science qui, tel le cosmonaute, entend piloter les choses du vivant, transferts des matières et des énergies, d’en haut.

Ceci ou cela répondons que notre récit du monde est simplement moniste, et qu’ainsi écologie des corps et des idées forment deux aspects parallèles d’une seule et même question « écologique ». Deux versants d’un même fait, où pour l’articuler autrement à la manière d’un Bateson : « Nos idées sont immanentes dans un réseau de voies causales (système d’information) dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience. »

Et après tout, pour le dire plus simplement, l’écologie est une pile de savoirs constituée du jeu des idées que nous nous faisons du monde, celles-ci exprimant bien plus une certaine perspective sur ce dernier, perspective née de l’histoire de nos rencontres avec, que les propriétés de ce monde. Parler d’écologie, c’est donc avant tout parler de celui qui en parle, sous la forme d’idées comme d’images, à savoir l’homme. De l’étude de la Nature, il ne peut tirer avant toute chose qu’une connaissance de sa propre nature.
Nous disons perspective car l’écologie plus qu’une science est avant tout une certaine manière de percevoir le monde. De le plier dans une représentation proprement écologique, des plis correspondant à certaines relations d’un type nouveau (rétroactions, coévolution, …).
A cette manière de voir correspond un mode d’existence, c’est à dire l’art de vivre en rapport avec cette représentation. Coprésence au monde et à soi, coévolution des rapports entre le monde et soi.

Perspective écologique dont nous essayons très maladroitement d’explorer ici quelques uns des contours, faute d’être satisfait par les propositions actuelles et les usages qui en découlent.
Les propositions actuelles, quelles sont-elles au fond ? Dualisme, happy triolisme, transcendance new age, sado anthropomorphisme, psychanalyse du pingouin et culte des manchots qui ne transforment pas le monde à coup de marteau ? Etc, etc, soit grosso-modo l’asile d’une flopée de superstitions savamment réactualisées dans les habits d’une nouvelle morale naturée. Morale qui, parlant au nom de la terre mère à la manière d’un coucou, colonisent le nid d’une science encore à venir pour en chasser les petits Fourrier.

Faire des arbres des puits à carbone à produire sur un même mode que celui des automobiles n’en est qu’un exemple assez facile. Ici l’absence de perspective nouvelle excuse de facto celle du projet pédagogique. On gère le carbone comme l’aluminium dans une même équation. Un des termes change, mais pas la nature des relations. Il en va de même de l’absence des singularités dans les discours. Pourtant, ceux-ci ne manquent pas de nous ceci, nous cela. 
En retour ? Toujours aussi peu d’autonomie dans le possible, et des grilles qui pleuvent sur des diagrammes qui s’assèchent. Mais quelle représentation du monde, quels hommes dedans, quels modes d’accès à la connaissance ? Des utilisations et captures individuelles aux sociabilités et ainsi de suite, nous ne repensons le monde que bien peu aujourd’hui. Question de vitesse, question de savoir plier (dans la complexité) plus que d’extraire également.
Mais quelles ontologie, anthropologieépistémologie et tous ces gros mots réunis pour l’agir écologique ? Celui-ci bénéficie-t-il d’un laisser-passer à ces endroits, ou bien l’homo ecologicus n’est-il finalement qu’un reflet inversé de l’œconomicus ? 

Miro

Filet à papillons et surface d’inscription, de nôtre petit côté, tâtonnant au fil des rencontres, insatisfait des représentations communément proposées au recyclage, et ne cherchant pas à séparer la question écologique de celle du bonheur humain (en tant que celui s’articule également autour des modalités sociales de cohabitation des joies individuelles dans les usages que nous faisons du monde des choses bien qu’habitant celui des hommes), nous avons ainsi pu capturer ici et là quelques fragments de code.

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http://www.dailymotion.com/video/k657hrwUlxdosMOROk Perspective esthétique et micropolitiques désirantes, Félix Guattari: « L’écologie est un grand tournant, à condition que cette écologie soit mariée à la dimension sociale et économique, avec toute forme d’altérité, pour former une idéologie douce, qui fasse sa place aux nouvelles connaissances. »

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Alors on touche et on expérimente là dedans des bidouillages partiels qui n’appellent qu’à leurs propres transformations, pour peut-être certains usages dans des ailleurs.
On tourne, on tourne autour. On se répète dans un mouvement centrifuge qui peut-être un jour fera apparaître une nouvelle poterie, par expulsion sélective des trops perçus.
En attendant, petite tentative de synthèse très incomplète et dans le désordre. 

arrow La perspective écologique, l’art des agencements ou des frontières mobiles. L’individu est une configuration singulière qui ne prend forme qu’en rapport à d’autres configurations singulières, lesquelles ne se comprennent que dans un contexte très dynamique.
L’homme, sous-système de systèmes, ne compose toujours qu’un arc dans un circuit plus grand qui toujours le comprend lui et son environnement (l’homme et l’ordinateur, l’homme et la canne…). Gregory Bateson : « L’unité autocorrective qui transmet l’information ou qui, comme on dit, pense, agit et décide, est un système dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience ». Alors de quoi je suis capable (mode d’existence) dans tel agencement, dans tel circuit ? Comment je m’insère dans ces réseaux de réseaux ? Soit la compréhension des différents circuits dans lesquels s’insère et racine l’âme humaine.
Comme ces relations et compositions sont plus ou moins inaccessibles à notre mode de pensé actuel (linéaire et séquentiel), notre hypothèse est bien que l’art en est l’une des principale portes d’entrée.
Coévolution, interaction, rétroaction, etc., autant de concepts issus de la systémique et qui forment aujourd’hui les bases de la pensée écologique scientifique. L’approche écosystémique est donc une façon de percevoir à la fois l’arbre et la forêt, sans que l’un ne masque l’autre. L’arbre est perçu comme une configuration d’interactions appropriée aux conditions de vie de la forêt, elle-même association d’arbres dont les interactions produisent leur propre niche écologique individuelle.
Tout système peut se représenter comme une différenciation interne entretenue par un flux énergétique (matière, information) externe qui le traverse. Ce flux détermine donc un intérieur différencié et un extérieur qu’on appelle environnement. C’est-à-dire un système plus ouvert à la circulation des flux et qui assure la régulation de l’ensemble. Tout système est donc relié à un environnement (à un autre système plus ouvert), à une écologie (à des relations entre systèmes). 
Nous ne pouvons donc pas donner à comprendre clairement l’écologie par des approches pédagogiques classiques, linéaires et exclusives.
Le projet de l’œuvre d’art est un projet intégrateur qui rencontre précisément cet objectif de la pensée écologique. Comme le disait Nietzsche, le corps dansant a le pouvoir d’unir les contraires et « nous avons l’art, afin de ne pas mourir de la vérité ». Une vérité entendue au sens d’un mode de pensée qui préfigure des frontières fixes (individu/collectivité, artificiel/naturel…), et épuise le réel à l’avance.

« La monstrueuse pathologie atomiste que l’on rencontre aux niveaux individuel, familial, national et international – la pathologie du mode de pensée erroné dans lequel nous vivons tous – ne pourra être corrigée, en fin de compte, que par l’extraordinaire découverte des relations qui font la beauté de la nature. » Gregory Bateson. 

Aujourd’hui, l’individu cherche à combiner et expérimenter les approches de toute nature dont il a les « échos » permanents dans la société informationnelle au sein de laquelle il pousse (scientifiques, industrielles, médiatiques, artistiques…). Mais sa conscience n’est qu’une petite partie systématiquement sélectionnée et aboutit à une image déformée d’un ensemble plus vaste, le réel. Gregory Bateson : « La vie dépend de circuits de contingences entrelacés, alors que la conscience ne peut mettre en évidence que tels petits arcs de tels circuits que l’engrenage des buts humains peut manœuvrer. » Ignorant ces circuits plus vastes, l’individu sample des entités à partir d’un mode de pensée atomiste. Le poulet en batterie est un sample du poulet naturel. C’est-à-dire une entité extraite de son environnement (circuit initial), tout comme on extrait un son d’un ensemble musical. Le sample n’a évidement plus les mêmes capacités que l’original dans son contexte, mais à en rester à la forme on dira que c’est toujours un poulet et on pourra le multiplier à l’infini (copier/coller…).
Dans un monde complexe, il ne s’agit plus de chercher à dénouer ou extraire, mais bien à nouer. L’ensemble de l’esprit est un « réseau cybernétique intégré » de propositions, d’images, de processus etc. etc…., la conscience, un échantillon des différentes parties et régions de ce réseau. Gregory Bateson : « si l’on coupe la conscience, ce qui apparaît ce sont des arcs de circuits, non des pas des circuits complet, ni des circuits de circuits encore plus vaste. ». Ainsi plier le papier, notre conscience, pour en rapprocher les bords.

arrow L’écologie, en tant que concept intégrateur, celle-ci vise à la cohabitation des perspectives et usages du monde, du poétique au productif, et s’occupe donc de la gestion du multiple bien plus que de la rareté. Le multiple étant ici entendu au sens d’une multitude de désirs singuliers, non comme des collectifs institutionnels ou des classifications.

arrow L’homme coévolue avec le naturel comme l’artificiel, cette distinction n’étant le fruit que d’une perception limité (prélèvement). Cette proposition pourrait également s’entendre comme suit : l’homme habite techniquement la nature et naturellement la technique sur un seul et même plan d’immanence qui est un plan de composition (un modèle de danse qui capture d’autres modèles de danse). Rencontre à ce stade avec Michel Puech, comme avec le Deleuze du petit texte intitulé  » Spinoza et nous  ».

Gilles Deleuze : « L’artifice fait complètement-partie de la Nature, puisque toute chose, sur le plan immanent de la Nature, se définit par des agencements de mouvements et d’affects dans lesquels elle entre, que ces agencements soient artificiels ou naturels [...] une composition des vitesses et des lenteurs, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté sur ce plan d’immanence. Voilà pourquoi Spinoza lance de véritables cris : vous ne savez pas ce dont vous êtes capables, en bon et en mauvais, vous ne savez pas d’avance ce que peut un corps ou une âme, dans telle rencontre, dans tel agencement, dans telle combinaison. »

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http://www.dailymotion.com/video/k3nS3J7O5wL1n2NBjR Michel Puech sur France Culture : « l’homme habite techniquement la nature et naturellement la technique ».

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arrow L’actuelle mise en réseau du monde implique un certain devenir végétal, à un certain niveau de nos stratégies organisationnelles : gestion du temps et occupation de l’espace en premier lieu, mais également à une plus grande fluidité des sujets, psychologique, voire même aujourd’hui génétique.
Car mise en réseau, c’est-à-dire modification des rapports des vitesses et des lenteurs de chacun, des modes d’individuations et d’affectation des corps sur ce même plan d’immanence, avec pour conséquence une croissance des surfaces d’échange et l’émergence de nouveaux collectifs fluides respectant les singularités. Soit de nouvelles sociabilités.
Dans la mesure où plus aucun des territoires de la planète ne porte pas une trace de moi-même (les mêmes pesticides dans les glaces polaires et dans mes testicules…), pulsion de fuite et mouvement perdent de leur intérêt stratégique. Dès lors, en pensant le rapport animal et végétal sur la base de stratégies de captation de l’énergie différenciées, l’une en mouvement, l’autre non, peut-on imaginer que le développement des humains adopte un modèle plus végétal ? Un mode où à l’image de la plante pour la lumière et l’eau, l’individu étendrait en surface ses capteurs d’information dans le réseau sociétal, à la recherche de sens composites (informations, énergie).
En contrepoint, il délaisserait la construction de son intériorité au profit d’un nouveau type de croissance : en extérieure, en surface, par réitération et redondance, en multipliant les chemins de circulation de l’information. Parallèlement, ce dernier ne pourrait plus se satisfaire du substrat traditionnel des connaissances : analytique, linéaire et séquentielle.
Rencontre ici avec Francis Hallé et Raphaël Bessis autour de la question de l’homme coloniaire.

arrow L’homme « photo-synthétiseur » est un producteur primaire (plus ou moins autonome, plus ou moins affirmatif) d’images à dédoubler, articuler et recycler collectivement dans des récits du monde. Littérature, poésie ou toute la question du rôle de l’art dans dans l’éducation, les fonctions de contrôle et de sagesse au sens d’un Bateson, la présence au monde d’un Thoreau.

« [...] L’art, à une fonction positive, consistant à maintenir ce que j’ai appelé « sagesse », modifier, par exemple, une conception trop projective de la vie, pour la rendre plus systémique [...] ce que la conscience non assistée (par l’art, les rêves, la religion…) ne peut jamais apprécier, c’est la nature systémique de l’esprit. » Grégory Bateson

Rencontre ici avec l’accès à la connaissance des devenirs du monde sur un mode cinématographique, Bergson (le cinéma fait voir le mouvement, les rapports de mouvement, les interactions qui passent – jaillissent - entre les choses).

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http://www.dailymotion.com/video/k5a8Z8wuAyBpnBM0Mg Bergson, image cinématographique, et appréhention de l’abondance des devenirs du monde.

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arrow Penser la diversité ne requière pas que les choses aient une valeur en elles-mêmes. L’attribution d’une valeur esthétique, d’un usage, etc, est avant tout fonction du déploiement d’un désir singulier. Ce n’est pas parce que cette chose est aimable que je l’aime, c’est parce que je l’aime que cette chose est aimable.
Ce que la diversité mets ainsi en jeu, ce sont donc des potentiels de liaison et de  déliaison dans le tissu du monde, ces agencements mobiles permettant des gains de puissance dans une communauté faite de multiples systèmes en coévolution. L’extinction d’un individu singulier est en ce sens la perte pour tous les autres d’une liaison, d’un mode de connexion possible, d’un modèle ou mouvement de danse dans lequel peut se glisser un moi. Soit une perte en conjugaison ou en grammaire du monde. Toujours Spinoza, toujours Deleuze et un zest de Misrahi aux commentaires.

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http://www.dailymotion.com/video/k5q5KaPOMSGW7arBNA Gilles Deleuze sur l’Ethique de Spinoza, lecture de « Spinoza et nous »

http://www.dailymotion.com/video/k6dBvXQ94T6qvyymWu Bodiversité, tissu du vivant et pouvoir de transformation (Elias Canetti)

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Pour décliner tout cela plus concrètement, d’un point de vu politique et quotidien, se pose donc la question de l’accès pour le plus grand nombre aux territoires, à ses flux de matières et d’informations avec lesquels il est nécessaire ou possible qu’ils se combinent pour devenir humain (l’eau, l’air, etc.) et plus encore (l’information, l’éducation, les surfaces d’écriture et de lecture que sont les arbres, les paysages, l’éthologie animale, etc.).

Mais une fois dit cela, constatons que nous n’avons rien inventé de bien nouveau. Tout juste actualisé quelques très vieilles questions : occupation des territoires, rémunération des équivalents travaux de chacun, etc. 
A ceci près, outre le cheminement personnel qui nous amène à réinterroger ces questions sous tel ou tel angle d’incidence, à ceci près donc que le capital énergétique d’un individu humain, c’est à dire son pouvoir de transformation mécanique du monde, est à présent à un niveau sans doute jamais atteint par l’espèce. On pourrait peut-être d’ailleurs imaginer qu’il en va de l’inverse quant à son pouvoir de transformation psychique.
A ceci près toujours que l’heure est à la maîtrise de notre propre maîtrise ou puissance, grâce aux connaissances aujourd’hui acquises sur les rapports entre les flux : cycles, transferts, conditions de reproduction des matières et des énergies.

Modification des vitesses et réactualisation des liens, tout cela nous ramène d’une certaine manière à la question éthique telle que posée par Spinoza : comment rendre désirables ou « activer » ces connaissances nouvelles, comment articuler autonomie individuelle et communauté de raisonnable ?

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http://www.dailymotion.com/video/k4BHxtdZ4qyPkhTwrz Robert Misrahi sur Spinoza. De la recherche de l’autonomie au « Rien n’est plus utile à l’homme qu’un autre homme vivant sous la conduite de la raison »

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Matisse

Faire de l’écologie à la manière des Zorba’s

Zorba
Zorba ? Une force de liaison comme de déliaison ?

Deleuze disait à ses élèves quelque chose du genre : « j’aimerai faire de la philosophie à la manière des vaches ». A savoir qu’elles ruminent et ruminent leurs herbes.
Echo certain au processus de digestion nietzschéen, à ce drôle bonhomme qui prétendait que les nuages étaient comme les vaches du ciel.

En rigolant, restons lucide, on pourrait se demander comment nous aimerions faire de l’écologie, de l’environnement et toutes ces choses. Peut-être là aussi à la manière des vaches ? Seulement celles-ci ne dégagent-elles pas dans leurs pets trop de méthane ? Ce CH4 qui risque d’altérer dangereusement le bilan carbone d’une telle proposition ?

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D’après Wikipédia :

 » L’équivalent CO2 est aussi appelé potentiel de réchauffement global (PRG). Il vaut 1 pour le dioxyde de carbone qui sert de référence. Le potentiel de réchauffement global d’un gaz est le facteur par lequel il faut multiplier sa masse pour obtenir une masse de CO2 qui produirait un impact équivalent sur l’effet de serre. Par exemple, le méthane a un PRG de 23, ce qui signifie qu’il a un pouvoir de réchauffement 23 fois supérieur au dioxyde de carbone. « 

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Non, impossible d’accentuer plus en avant les rejets carboniques de nos propos en fonctionnant à la manière de ces vaches qui libèrent un carbone, pourtant hautement séquestré dans les herbes, et tout ça pour nous faire boire et nous nourrir. Malthus n’aimait pas les vaches non plus, sauf sans doute à connaître ce facteur 23. Cherchons donc une autre figure.

Puisque tout est matériellement dégradé et perdu dans la Nature, ceci incluant également cette bonne folie qui fait danser nos antennes, et bien proposons nous de faire de l’écologie à la manière d’un Grec. Mais pas n’importe lequel, un certain Zorba.

Image de prévisualisation YouTube From 3’08 »
« You’ve got everything except one thing, madness. A man needs a little madness, or else, he never dares to cut the rope and be free … »
« Teach me to dance. Will you ? »
« Dance ? Did you say … dance? Come on my boy ! »

Cette madness, elle est peut-être par là, dans l’invention. Et celle-ci passerait par cette drôle de danse chaotique d’avec le monde des choses. Liaison et déliaison d’avec ses forces qui viennent dépoussiérer nos yeux comme nos oreilles, avant de retomber dans nos filets former une idée.

http://www.dailymotion.com/video/k5VgvBmYNBV5YQBWKD

Mais cette madness, autant qu’on pourrait la dire « active », celle-ci reste surtout à définir au singulier. Pour chacun au-delà de ses grilles, diagrammes, méthodologie passives, et tout autre outil dont il use et abuse afin de recopier/recoller le monde des choses à l’avance. Passer à côté.

Faute de quoi, nous continuons avec les mêmes schémas de pensée. Et sur cette ligne là, on ne fait que remplacer les poulets par d’autres artefacts. Et derrière, demeure toujours le même type de machine. Mais peut-être sommes nous déjà tous de trop vieux donneurs pour distribuer de nouvelles cartes à ce Descartes que nous imaginons là.

http://www.dailymotion.com/video/k7vJFogShKA1Rto78U

Nous aurons toujours besoin d’outils et de grilles de lecture. C’est-à-dire de produire des images du monde.
Or nous ne pouvons à l’heure actuelle visiblement que peu repenser ce monde. Nous n’arrivons pas à y intégrer ces nouvelles perceptions de la complexité, quelqu’en soit d’ailleurs les avatars (écologie, globalisation financière, développement urbain, etc.).

Alors dans l’intervalle, permettons-nous quelques danses joyeuses pour déplier les esprits. Invitons ce Zorba à notre table de travail, remède de l’excès à l’adaptation perpétuelle. Invitation l’espace d’un instant, et laisser retomber sur nos pieds.
Car le conformisme, qui consiste à évacuer des différences comme à se soumettre à certaines apparences, quand celui-ci se réfère à des catégories de pensées devenues inopérantes dans le réel, celui-ci devient alors une grande source de normopathie.

Dansons un peu pour donner de l’air. Le feu de la pensée y trouvera peut-être dans cet espace le combustible, les agencements dansant propres à forger ces nouvelles grilles de lectures, outils et images du monde dont nous avons aujourd’hui cruellement besoin.

You(r)Tube digestif est bien (con)stipé …

You(r)Tube digestif est bien (con)stipé ... dans -> ACTUS lievre

Comme on l’aura noté, la plupart des billets de ce blog se trouvent accompagnés – outre les fautes d’orthographe – de vidéos interférant plus où moins directement avec les textes proposés.
Celles-ci ont pour vocation de donner à voir autrement, multiplier ou agencer les perspectives possibles, car c’est un fait, on ne sait jamais à l’avance comment chaque individu dans toutes ses singularités va pouvoir aborder telle ou telle question. L’angle d’incidence propre à chacun, ou comment il rencontre ceci et cela, par quel média il comprend où devient conscient d’une certaine relation entre les choses.

Qui plus est, pour un blog souhaitant parler d’écologie, et par là-même tournant autour de notions aussi floues que celle de biodiversité, comment ne pas au moins tenter de diversifier contenu et contenant des messages. Respect de l’hétérogénéité des désirs, comme de l’éco-éthologie  …. de chacun.

Ces vidéos, à la production anonyme, composées d’extraits courts toujours sourcés, n’ayant aucune vocation à la reproduction et servant uniquement de support pédagogique, celles-ci viennent donc d’être entièrement supprimées par YouTube, sans avertissement aucun pour atteinte au droit d’auteur.

Peu importe dirons nous, aucune œuvre n’est ici en péril. Seulement, et c’est bien là le problème qui se pose au-delà d’une qualification pédagogique de ces petites vidéos, qualification toujours très subjective et questionnable, car au final c’est bien d’un nouvel empêchement dont il est question.

Il est ainsi une nouvelle fois proclamé l’interdiction pour tout un chacun de digérer ses impressions en réunion. Etre bombardé des images extérieures, oui, mais pouvoir les digérer ou en « photo-synthétiser » les traces autrement, voilà qui est donc impossible. Non, il n’y a qu’un montage possible, non, il n’y a qu’un sens possible que vous altérez dans vos recombinaison, etc, etc. Alors faites le si ça vous amuse, mais faites le tout seul dans votre cave.

La banque sociale des images est ainsi verrouillée, pas plus de crédit ici, et nous sommes tous à court de liquidité. Recyclage des herbes, oui car après tout ça ne fait de mal à personne même si nous aurons toujours moins de talent que les vaches, mais recyclage des images, non, et peu importe la destination !

Nous voilà donc privés d’une certaine technique digestive ou de méditation sur nos propres affects, c’est-à-dire du travail sur les traces ou impressions que laissent les images sur nos corps comme nos esprits. Alors vive les images étrangères qu’on bourre dans des natures incompatibles tout en les privant de certaines de leurs capacités d’incorporation les plus immédiates. Vivre la vie de tout le monde, la surpopulation qui va avec. Mais si, si, faite vos montages, rien ne l’interdit, mais que personne n’en sache rien. Monsieur, coupez votre connexion.

Un jour peut-être comprendrons-nous qu’il existe sans doute une écologie des idées (que celles-ci soit véhiculée par des images, des sons, des textes …) à respecter tout autant qu’une autre. Nous commençons de le comprendre dans la Nature, ses transferts de flux, de matières, et donc d’énergies, mais nous en sommes encore très loin en terme d’information, c’est-à-dire en terme d’énergie pliées dans des images, sons, textes, etc. 
Car là aussi existe des producteurs primaires, des producteurs secondaires, des consommateurs, des décomposeurs, etc., dans un cycle qui fait que chaque niveau nourrit le suivant. Et ainsi de suite dans la boucle, chacun se devant d’être rémunérer comme tel, c’est-à-dire de voir ses conditions de reproduction assurées.

On pourrait d’ailleurs se demander quelle place occupe les hommes dans ce cycle. Après tout les pingouins ne sont pas rémunérés en tant que freegurants du spectacle, ni ne nous attaquent pour diffamation dans les propos que nous leur prêtons. Dans la même idée, et plus sérieusement, suivons G. Bateson : «  [...] le système écomental appelé lac Erié est une partie de votre système écomental plus vaste, et que, si ce lac devient malade, sa maladie sera inoculée au système plus vaste de votre pensée et de votre expérience » Vers une écologie de l’esprit, tome2 

Notre hypothèse est ici la suivante, l’homme est un producteur primaire qui transforme dans et à partir des gratuités des images écomentales du monde. C’est-à-dire qu’il est capable, au sein de ce système écomental plus vaste, de plier celui-ci dans des récits qui sont autant de symptômes de l’histoire de ses rencontres avec. Pour ce faire, il produit des images, des sons que d’autres pourront déplier ultérieurement comme autant de matière première à leur propre production. Se faisant, l’homme dépense donc une certaine énergie de « pliage » dans cette activité que nous dirons « photo-synthétique ».

http://www.dailymotion.com/video/k3IvOzPgYl3oOEymWu Transformation, images et biodiversité …

D’un point de vue de l’équilibre, cette dépense d’énergie se doit d’être « compensée » par les recettes énergétiques qui permettent la reproduction ou la continuité de cette activité. Activité de transformation qui appartient peut-être à sa nature même, de sorte que l’en priver consisterait simplement à l’éliminer. Il est donc plus que nécessaire de pouvoir assurer la continuité de cette fonction. La rémunération énergétique pouvant ici être vue comme la création de liaisons sociales.
Tout comme, et parallèlement, il convient de pouvoir établir au sein de la cité un système de sélection des individus les plus capables pour ce faire. Vaste question, aller voir chez les Grecs.

Mais sans se déplacer beaucoup, constatons simplement que les droits d’auteurs, tout du moins tels que conçus à ce jour, ceux-ci ne sont pas adaptés à une telle écologie. Ils segmentent les flux, brisent la circulation des énergies d’une chaine dont la production est durablement empêchée de se boucler sur elle-même. Ainsi, et en retour, les productions primaires s’affaiblissent très logiquement du manque de leurs recycleurs, comme de l’absence des échelons intermédiaires. Ou comment ici aussi scier la branche sur laquelle …

Les protections, ou plutôt la continuité des actions de chacun se devrait donc d’être équilibrée et assurée. Le choix des « exécutant », sans doute assez dangereusement questionné. Un individu à la figure clairement identifiée ? Un collectif fluide et décentralisé ? Ou comment faire cohabiter les usages tout en respectant les mode de pliage et dépliage de chacun. 

Aujourd’hui, nous sommes encore assez loin de ces questions. Alors plus simplement, comment et pourquoi ne pas mieux préciser la notion d’extrait, ne pas affirmer plus en avant l’exception pédagogique ? Plus généralement, la notion de l’œuvre collective reste largement à introduire dans nos textes, sans doute sur le modèle ou les prémisses du logiciel libre. Nous sommes au XXIème siècle, et voilà beaucoup de travail en perspective face aux enjeux. Qui a parlé de fin de l’histoire ?

Pour conclure un commentaire du professeur Michel Vivant sur la loi DADVSI : « [l'exception pédagogique] permet l’exploitation  »d’extraits d’œuvres ». Expression nouvelle dont on sait simplement qu’elle fait allusion à un lignage plus important que la courte citation… Mais que représente-t-elle vraiment ? 4%, 5%, 10% d’une œuvre ? Ce pourcentage est-il relatif à la pagination totale ? La notion d’extraits manque de sens pour être opératoire»

Soyons malgré tout assez peu confiant … personne ne lâche rien gratuitement. Personne, mais qui ? Un écosystème totalement défaillant quant à son écologie de production immatérielle.

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http://www.dailymotion.com/video/k4oNulh3Di8bShSyFm Des armes qu’on croise ici et là … mais qui surtout ne s’échangent pas …

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Pascal et Spinoza – Pensée du contraste : de la géométrie du hasard à la nécessité de la liberté par Laurent BOVE, Gérard BRAS, Éric MÉCHOULAN. Extraits de la préface de l’ouvrage :

 » (…) chez Spinoza (…) l’aliénation ne se laisse pas penser comme un écart à une origine perdue, comme un écart à soi, mais par l’incorporation d’une puissance extérieure due à l’activité même du désir qui contribue à distraire l’individu de la recherche de son utile propre. L’imitation des affects est le concept clé qui, chez Spinoza, rend compte de cette contrariété par laquelle chacun se fait impuissant (…) 
La vie commune est une construction des sujets dans laquelle prennent sens les expériences de chacun, elle n’est pas simplement une coopération, mais un effort collectif. C’est le principe d’imitation des affects qui permet aux individus tout en affirmant leur ingenium propre de composer un ingenium collectif. L’action collective précède donc l’action individuelle, non en la causant, mais en constituant constamment sa référence en acte. »

Aux arbres et cætera …

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Arbres, le voyage immobile

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Dans la série - quels sont les « endroits » où les humains viennent pour devenir plus humain, quels sont les « matériaux » avec lesquels ils se combinent pour ? – après l’eau, petit tour du côté des arbres et de leurs « droits ».

Cas pratique. Visitant la Commune X dans le cadre de l’étude Y, on pourrait découvrir de magnifiques micocouliers de Provence centenaires, tous situés à proximité immédiate d’un centre-ville.

Manque de chance pour ces arbres offrant de nombreux axes de covisibilité, autant de joyeuses perspectives du fait de la taille des tiges comme du volume des canopées, le projet immobilier Z ne prévoit en rien la conservation des arbres sur ce site à lotir.

Aire de répartition Micocoulier de Provence France

Sauf cas exceptionnels – racines dans les eaux thermales chaudes de Rouen par exemple - le sud de la Loire constitue la limite de l’aire de répartition géographique du Micocoulier dit de Provence.

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Un grand arbre est un véritable livre ouvert sur l’histoire, pas seulement naturelle, d’un territoire. Grande surface d’inscription, il est fait de l’air du temps, il exprime les nombreux temps qu’il incorpore, attendant qu’on viennent les lire. Nous autres lecteurs, nous nous retrouvons pour jouer, participer à coécrire, avec et à la suite. Alors le couper, c’est aussi refermer un livre, c’est accepter de laisser se perdre beaucoup de traces.

Alors que faire pour préserver ces illustres témoins des tracto-pelles locales ?

Allons donc ouvrir « LES DROITS DE L’ARBRE AIDE-MÉMOIRE DES TEXTES JURIDIQUES », publication en date de juin 2003 éditée par la Direction de la nature et des paysages du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable (MEDD).

Phrase introductive de l’ouvrage : « L’arbre est un être vivant particulièrement longtemps et marquant dans les paysages. »
Nous voilà déjà tous rassurés sur nos propres qualités d’expression ! Il sera donc question de [en + an]
Suite des festivités … « En droit, l’arbre est un immeuble (Art. 518 du code civil), ce qui lui confère un statut particulier. L’arbre est un élément de paysage, à ce titre les dispositions juridiques qui peuvent participer à sa protection sont nombreuses. »
Un immeuble offrant de nombreuses possibilité de protection, très très bien ! Mais il est aussi vite précisé que : « La protection de l’arbre est un travail de fond qui se prépare, se vit et se défend. » Une bien jolie formule.

Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

Toujours en introduction, une méthodologie attaque-défense nous est proposée :

« 1. Organiser la protection de l’arbre
Protéger l’arbre c’est avant tout bien le connaître et organiser des mesures de protection adaptées à sa vie, à sa gestion et à son inscription dans les aménagements. Savoir pourquoi on protège et comment le faire. Cette phase est importante, elle conditionne les deux autres.
2. Intégrer la protection de l’arbre dans les décisions de gestion et d’aménagement de l’espace
Protéger l’arbre c’est savoir prendre des dispositions adaptées en matière de gestion ou d’aménagement de l’espace. Protéger l’arbre c’est aussi prendre des mesures de conservation.
3.
Défendre l’arbre quand il est menacé
Protéger l’arbre c’est aussi réagir. Négliger les deux phases précédentes c’est réduire l’efficacité des réactions possibles en cas de péril. »

Traduction rapide : commencez dès hier, car les projets de travaux, aménagements et ouvrages vont plus vite que vous ! Prendre des mesures de conservation appartient à la machine administrative, réagir, c’est donc déjà l’avoir activée. Nous voilà beaucoup mieux …

Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

On ne l’aura sans doute pas bien compris, et malgré l’abondance de la littérature encore à venir, il est jugé nécessaire de nous avertir à nouveau de la difficulté de la tâche …

«  AVERTISSEMENT
- La protection de l’arbre est un chemin semé d’embûches. Les réglementations sont nombreuses et souvent complexes.
- Il est nécessaire de procéder à une lecture croisée des différentes fiches.
- Le document ne procède pas à une analyse-bilan des différentes législations.
- La prévention limite toujours les conflits juridiques qui se révèlent souvent très longs et aléatoires. Dans le cas des arbres, les conséquences peuvent être irréparables.
- Si les questions de procédures sont fondamentales, le document n’entre pas dans le détail et se contente le plus souvent d’indiquer la juridiction compétente. Cependant, à tous les stades de la protection de l’arbre, la vigilance s’impose sur les questions de forme et de procédure : délais à respecter, autorisations à demander, avis conforme ou simple, obligation de notification, d’affichage… »

Bonne chance ! De toute façon, si vous n’étiez pas juriste, urbaniste, voire environnementaliste ou paysagiste, une simple lecture des différentes fiches qui constituent la suite de l’ouvrage est proprement impossible. Alors ne parlons surtout pas de lecture croisée !

De la lecture de l’ensemble, ressort assez clairement que vous n’avez plus qu’à prier pour qu’une éventuelle protection affecte déjà le patrimoine végétal en question. Malheureusement, et si c’était le cas, vous n’en seriez sans doute pas rendu devant ce genre de littérature … les protections quand elles existent sont le plus souvent respectées. Ceci expliquant aussi le peu de protections existantes.
Alors oui, les protections possibles sont nombreuses. Néanmoins si celles-ci n’existent pas à ce jour, alors vous n’avez à peu près aucune chance de préserver vos arbres au présent.

Notons au passage que les protections existantes concernent principalement des zones de peuplement remarquables, des sites d’intérêt communautaire (Natura 2000), des zones d’intérêts (ZNIEFF) et ainsi de suite (arrêté de biotope, etc.) … et qu’ainsi dans une très grande majorité des cas, les individus isolés sont condamnés (miter pour urbaniser).
L’arbre isolé est quant à lui le plus souvent protégé en vertu de ses qualités paysagères – le volume de l’immeuble occupant et délimitant l’espace – plus rarement pour ses qualités patrimoniales, et très rarement en fonction de ses fonctions écologiques (habitat pour la faune, phytosociologie, microclimat et cycle-de l’eau, micro formation des sols et cycle des matières organiques, etc.)

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 » Les articles L. 341-1 à L. 341-22 du code de l’environnement règlementent le classement ou l’inscription des « monuments naturels et des sites dont la conservation présente, d’un point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général ». Cette législation a permis de protéger des arbres par classement ou inscription. Cette pratique n’a plus cours mais environ 500 arbres restent soumis à ce régime. Cette législation présente aujourd’hui un intérêt pour la protection des arbres dans la mesure où un régime spécifique s’applique sur les espaces classés ou inscrits (qui peuvent être assez vastes). « 

 » La loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques protège des immeubles qui présentent un intérêt du point de vue historique ou artistique. Cette loi a permis de protéger par une inscription ou un classement quelques arbres remarquables. Aujourd’hui cette pratique n’a plus cours. Cependant, la législation sur les monuments historiques continue de présenter un intérêt pour la protection de l’arbre, grâce aux dispositions qu’elle prévoit pour la protection des abords des monuments inscrits ou classés. « 

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Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

Les protections dont il est question dans l’aide-mémoire du MEDD, celles-ci sont essentiellement mises en place dans le cadre de l’élaboration, la révision ou la modification des plans d’occupation des sols aujourd’hui dénommés PLU.

Pour le présenter très rapidement, un tel document d’urbanisme découpe le territoire communal en quatre types de zones : urbaines (U), à urbaniser (AU), agricoles (A) et naturelles (N). Chacune de ces zones est accompagnées d’un règlement écrit qui fixe les dispositions d’urbanisation applicables (constructions autorisées, implantation, hauteur, accessibilité aux réseaux, coefficient d’occupation des sols, and so on …)

Sur les 14 articles d’un règlement de zone, le numéro 13 concerne spécifiquement les espaces libres, les plantations et les espaces boisés classés (EBC).
Le classement d’un secteur en EBC a pour but d’interdir les changements d’affectation ou les modes d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements.
Un tel classement entraîne également le rejet de plein droit des demandes d’autorisation de défrichement, comme il entraîne la création d’un régime d’autorisation administrative avant toutes coupes et abattages d’arbres.

N’ayant pas de critère de surface minimum à respecter, voilà en théorie une belle protection pour ce qui nous concerne. Seulement, le régime des EBC ne s’applique uniquement que lorsque celui-ci a été délimité dans le document graphique du PLU. 
Or élaborer un PLU est une activité de longue durée. Elle dépend bien évidemment de la taille et des enjeux urbains de la commune, ainsi n’attendez pas moins de cinq ans avant de voir un tel document passer de la phase étude à l’approbation.
Mais, et c’est heureux, le plan existant peut-être révisé ou modifié selon les diverses procédures définies par le code de l’urbanisme. Comptez ici de 6 mois à 1 ans selon les cas. Cependant, et dans la pratique, si vos arbres ne sont pas déjà identifiés:
- dans le rapport de présentation du PLU au niveau de l’analyse de l’état initial de l’environnement (certains alignements peuvent être identifiés comme des éléments marquants du paysage à préserver);
- et/ou dans le rapport de présentation du PLU au niveau du diagnostic (synthèse et orientations paysagères);
- et/ou dans le document graphique du PLU s’ils ne sont pas inscrits dans une zone naturelle (N) ou un espace boisé classé (le règlement de la zone N est par nature très restrictif concernant l’abattage des arbres); 
- et/ou que le règlement écrit du PLU, pour les zones concerné, n’est pas assez restrictif en la matière (l’article 13 peut demander expressément la préservation des hautes tiges même en zone U ou AU);
… alors vous n’aurez que très peu de chance de voir aboutir votre demande de révision ou modification du plan au seul titre de la préservation de ces quelques arbres.

Conclusion, il n’existe à ce jour aucune possibilité juridique de préserver le patrimoine des grands arbres isolés à court terme.
- Sachant que: nombre des documents d’urbanismes actuellement en vigueur ont été élaborés à une époque où se négligeait la protection du capital environnemental et paysager des communes. 
- Sachant que: les projets d’aménagements, eux se réalisent aujourd’hui à court et moyen terme. Soit juste le temps d’arriver à la fiche 3 que nous propose le mémo juridique du MEDD.

Retenons donc que si personne ne s’est battu il y a dix ans pour préserver cet arbre, alors aujourd’hui, vous ne le pourrez très vraisemblablement pas, sauf à vous y attacher par d’autres moyens.

 Micocoulier de Provence à Beaucaire (30)
Micocoulier de Provence, ce livre bientôt refermé …

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Quelques arbres sur le web :

+ Blog Krapoarboricole, à la recherche des arbres vénérables (de France) …

+ Francis Hallé, botaniste auteur du livre « plaidoyer pour l’arbre«  
Extraits vidéos 1Extraits vidéos 2 - Entretien avec l’auteur - Site du projet du radeau des cimes

+ Fil de news du departement forestier de la FAO.




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