Dans un article du Monde intitulé « Sous l’effet du réchauffement, les sols rejettent du carbone« , Stéphane Foucart en date du 08.09.05, un petit encadré avait retenu mon attention: « Le péril du reboisement de la toundra« .
***
« Sous l’effet du réchauffement, la couverture végétale des régions arctiques du Canada, de l’Alaska et de la Russie augmente continûment. Comme l’ont montré plusieurs études, ce processus implique, via la synthèse de nouvelle biomasse, un important stockage de carbone. Des travaux publiés, jeudi 7 septembre, dans le Journal of Geophysical Research explorent un autre aspect de ces bouleversements. Selon cette étude, la croissance accélérée des arbustes de la toundra modifie l’enneigement hivernal de ces vastes zones. En retour, l’indice de réflexivité (ou albédo) de ces régions change : elles réfléchissent moins la lumière du Soleil et absorbent plus d’énergie. De quoi bouleverser un fragile équilibre énergétique, expliquent les auteurs de l’étude, et favoriser, plus encore, la pousse des végétaux.
L’excès d’énergie absorbée par la toundra au cours de l’hiver est également susceptible de libérer une part du carbone stocké dans les sols. Enfin, l’enneigement réduit de ces régions pourrait contribuer à modifier l’albédo moyen de la Terre et contribuer directement à son réchauffement.«
***
Le monde n’est pas transparent…
Cas d’école démontrant assez bien le peu de conscience que nous avons des multiples interractions et rétroactions à l’oeuvre entre et dans les différents systèmes et machineries naturels qui composent la biosphère. Il n’existe ainsi aucune « bonne » solution à l’avance. Planter des arbre pour séquestrer le carbone est ici une réponse, là-bas une intérrogation. Or voilà sans doute l’un des volets du principe de précaution bien souvent négligé dans les discours: le principe de contingence de toute nos solutions de tête, l’extrême prudence qu’il convient d’avoir en la matière avec toute position morale préconstituée, et par la même globalisante. Et finalement, on en revient toujours à la même question: quel segment du droit aura notre préférence dans la pratique, le texte de loi ou la jurisprudence?
S’il n’y rien de bien nouveau dans tout ça, n’en demeure pas moins l’occasion d’illustrer quelque peu la pensée d’un chercheur tel que Gregory Bateson. Pour ce dernier, l’ensemble de l’esprit est un « réseau cybernétique intégré » de propositions, d’images, de processus etc. etc…., la conscience, seulement un échantillon des différentes parties et régions de ce réseau. Ainsi, « si l’on coupe la conscience, ce qui apparaît ce sont des arcs de circuits, non des pas des circuits complet, ni des circuits de circuits encore plus vaste. »
De ce point de vue, on aura compris que notre conscience n’est qu’une petite partie du réel systématiquement sélectionnée et aboutissant à une image toujours déformée de l’ensemble plus vaste qu’est l’esprit. Esprit lui-même connecté à l’ensemble plus vaste qu’est l’environnement, de sorte que: « l’unité autocorrective qui transmet l’information ou qui, comme on dit, pense, agit et décide, est un système dont les limites ne coïncident ni avec celles du corps, ni avec celles de ce qu’on appelle communément soi ou conscience ».
Pour mieux saisir la chose, Bateson nous donne à voir l’exemple de l’iceberg. Si à partir de la surface visible de celui-ci nous pouvons deviner ou extrapoler le type de matière qui se trouve immergée, il n’en est pas du tout de même à partir du matériel livré par la conscience : « le système de la pensée consciente véhicule des informations sur la nature de l’homme et de son environnement. Ces informations sont déformées ou sélectionnées et nous ignorons la façon dont se produisent ces transformations. Comme ce système est couplé avec le système mental coévolutif plus vaste, il peut se produire un fâcheux déséquilibre entre les deux».
Ainsi une pure rationalité projective « non assistée » est nécessairement pathogénique et destructrice de la vie, pour la raison que : « la vie dépend de circuits de contingences entrelacés, alors que la conscience ne peut mettre en évidence que tels petits arcs de tels circuits que l’engrenage des buts humains peut manœuvrer. » Pour nos actions quotidiennes, les conséquences sont nombreuses. Elles ont toutes ceci de commun que : « les erreurs se reproduisent à chaque fois que la chaîne causales altérée (par la réalisation d’un but conscient) est une partie de la structure de circuit, vaste ou petit, d’un système. »
http://www.dailymotion.com/video/x2c131
Extrait audio d’après Gregory Bateson
Dès lors pour l’homme, la surprise ne peut alors être que continue vis-à-vis des effets de ses « stratégies de tête », et cela quelque soit la nature de ses intentions. Bateson prend l’exemple d’un territoire infesté de moustiques que nous souhaiterions asssainir afin d’y développer le tourisme ou l’agriculture, soit générer des revenus pour le monde rural, maintenir les populations sur le territoire tout en protégeant l’environnement des diverses formes de surexploitation possibles.
Nous utilisons alors un produit insecticide pour réduire la population de moustique. Se faisant, nous privons ainsi certains insectivores (les oiseaux par exemple) de leur nourriture, ce qui en retour à pour effet de multiplier d’autres populations d’insectes. Nous en sommes donc conduit à utiliser une plus grande quantité d’insecticide afin de neutraliser ces dernières, cela jusqu’à la possibilité d’empoisonner y compris les insectivores : « ainsi, si l’utilisation de DDT en venait à tuer les chiens par exemple, il y aurait dès lors lieu d’augmenter le nombre de policier pour faire faire face à la recrudescence des cambriolages. En réponse ces même cambrioleurs s’armeraient mieux et deviendraient plus malin…etc. etc…. ».
Si l’on souhaitait réactualiser cet exemple, imaginons juste que pour répondre aux mêmes objectifs de développement, nous produisions maintenant des moustiques équipés d’un gène qui les protège contre le paludisme, maladie transmissible dont ils sont l’un des vecteurs. Quid des effets d’une éventuelle propagation du gène aux autres insectes et à leurs prédateurs ? Quid des conséquences éventuelles de la prolifération de moustiques mutants sur les différentes niches écologiques des écosystèmes locaux? Et ainsi de suite… du DDT à l’OGM, cinquante ans, mais peu ou prou, subsiste toujours les même interrogations. Quelle question nous manque-t-il pour se sortir de là?
Besoins institutionnels…
Sans doute que nos connaissances des sciences dures, de la chimie et de toute mesure, sans doute que celles-ci doivent être complétées et accompagnées par de nouvelles formes d’organisations et pratiques sociales.
C’est à dire par tout un ensemble de nouveaux briquetages ou processus de gouvernance à même de renforcer la capacité d’expérimentation de chacun sur ses différents branchements possibles (aménager, protéger, construire, réguler…) avec l’environnement. Que ce dernier soit naturel ou pas, là n’est d’ailleurs pas la question. Individuellement et collectivement, comment devenir capable d’extraire et formaliser des expériences qui fassent sens? Un sens concurrent et complémentaire aux valeurs strictement quantitatives de la mesure.
Il est certain que cela nous engage à un principe d’attention vieux comme le monde, l’homme incertain, animal aux aguets soudain réactualisé de force par la crise écologique rampante. Des différentes techniques ou parcours individuels qui en découlent, du souci de soi au souci de la Terre, tous se devraient d’être accompagnés des processus de gouvernance à même de les soutenir.
http://www.dailymotion.com/video/x3f9b5
Extrait audio d’après Isabelle Stengers
Centraliser pour dispatcher, irriguer le corps social des différentes exépériences singulières, individuelles et collectives. Les gares de triage, les filets du panier percé de nos expériences multiples. La résistance contre la pollution née de la surinformation et de la désinformation, la passivité des récepteurs.
Pour que l’écologie tienne ensemble, de la chimie à la pratique, il devient nécessaire de combiner les approches et savoirs de manière dynamique : « [...] toute appréhension d’un problème environnemental postule le développement d’univers de valeurs et donc d’un engagement éthico-politique. Elle appelle aussi l’incarnation d’un système de modélisation, pour soutenir ces univers de valeurs, c’est-à-dire les pratiques sociales, de terrain, des pratiques analytiques quand il s’agit de production de subjectivité. » Félix Guattari « Qu’est-ce que l’écosophie ? »
http://www.dailymotion.com/video/x48fxs
Extrait audio d’après Felix Guattari
Produire de l’autonomie…
L’un des principaux dangers de la discipline hétérogène qu’on appelle écologie, de son versant scientifique au politique, c’est bien de vouloir se constituer en tant que discipline autonome à vocation transcendante. Là réside peut-être son principe d’attention tel qu’appliqué à elle-même: résister à la tentation isolationniste. Car à mesure que celle-ci se constitue et englobe des savoirs et compétences de plus en plus précis et multiples, l’écologie tend à oublier de faire appel aux autres disciplines. Sous le pretexte d’urgence, et principalement vis à vis des sciences sociales. Alors philosophe, anthropologue, sociologue, psychanalyste, linguiste, sémiologue, géographe, historien and so on… au secours, ne nous laisser pas dériver tout seul!
La question de l’homme dans l’écologie, telle que négligée aujourd’hui, appelle à de nouveaux branchements, de nouvelles passerelles transverses entre l’écologie et les différents points de vue et objets d’étude des autres disciplines. Faute de quoi, nous prendrons inévitablement ce nouvel édifice sur la tête…
http://www.dailymotion.com/video/x3kcoi
Extrait audio d’après Edgar Morin
***
Extrait de la production de soi, article de Jean Zin 31/07/01 sur Michel Foucault: [...] L’erreur ne vient pas de l’autre, le savoir n’est pas donné, le monde n’est pas transparent. Il faut reconnaître ses erreurs, notre ignorance, la fragilité de notre identité, notre inhabileté fatale. Le principe de précaution est le principe d’une liberté sans certitude, principe d’insuffisance de l’individu et du savoir comme produit de son temps et sans que cela empêche le sujet de se rebeller contre le monde qui l’a créé. Cette liberté n’est possible qu’avec le support des institutions (des discours), une sécurité sociale et la puissance du pouvoir politique sans lequel nous courrons à la catastrophe. Il nous faut un pouvoir collectif qui ne soit pas autonome mais réfléchi et produise de l’autonomie. Telle est la question qu’il nous faut résoudre, devant la précarité du mode de subjectivation moderne : produire les conditions de la liberté. « La liberté est la condition ontologique de l’éthique mais l’éthique est la forme réfléchie que prend la liberté« .
***
Coucou, votre blog est trop magnifique ! Je viens tous les jours et cela me plait beaucoup!!! Merci et bonne continuation !
Voyance gratuite discount
Thank you very much for all your suggestions on this site. Your sharing is very interesting and very enriching. Congratulations.
voyance mail rapide et gratuit