Machines that feed us, and that we feed…

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Il apparait assez évident que les auteurs du blockbuster « The Matrix » ont bien dû visiter une usine de fabrication/abattage de poule avant d’être en mesure d’imaginer leur monde.  

Monde de machines où vivotent des hommes Duracell dont les affects sont seulement maintenus par une projection d’images, finalement tout comme nos poulets dont on inhibe la peur par la projection de lumières UV. Alors on aura beau nous dire que leur concept est sortie tout droit d’un rêve, on n’aura bien du mal à y croire en jettant un coup d’oeil à la petite rencontre qui suit. L’hypoyhèse d’une surconsommation de poulet industriel comme élément déclencheur du film Matrix n’est donc pas à exclure (:)

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Le poulet moderne, sample du poulet tel qu’il pouvait exister dans les fermes.org des années .50, n’est plus aujourd’hui qu’une sélection/maximisation d’une certaine quantité de chair. Extraction réalisée avec et par des machines. Tant est si bien qu’on pourrait se demander à raison s’il faut continuer à appeler cette forme de vie à basse intensité « poulet ». Car ce poulet est bel et bien programmé pour n’être en rien capable des actions du poulet d’antant. Optons donc pour la dénomination pouleX faute de mieux.

Machines that feed us, and that we feed... dans -> PERSPECTIVES TRANSVERSES poulex3

PouleX vit et meure dans une matriX qui s’étend de nos rapports imaginaires au monde à la réalité de nos intestins. Un drôle d’ensemble qui se matérialise dans un agencement de machines d’apparence assez effrayantes, mais qui, chemin faisant, n’est certainement pas dénué de toute proposition esthétique.

Et c’est bien là la force de certaines scènes du film « We feed the world« . Aller chercher la petite trace de vie résiduelle, le petit bug au coeur des machines qui nous laisse encore à voir la fragilité de cet univers, rien qu’un possible parmi d’autres, une invention baroque qui n’est sûrement pas la fin de l’histoire. Dit autrement, comme on me le souffle à l’oreille:  » le tournecou, seul vestige rassurant de présence humaine !  »

De ce système qui déborde largement le champ de la caméra et dont les échos sonores nous renvoient à l’image d’une surface monde, le zoom que le réalisateur opére sur un minuscule point de félure nous donne soudainement à voir cet ensemble comme inquiet de l’intérieur. Stupéfiant, déroutant, presque encore vivant! 

poulex dans Art et ecologie

Encore plus petit et fragile que le pouleX, un tout petit bug, une sorte de tournevis rajouter à la va vite par un opérateur anonyme. Un détail sinistre qui nous renseigne. Son but : s’assurer que la tête de poulet X soit entièrement détachée de son corps (propreté cartésienne avant tout!). Car même la tête sectionnée, un ligament peut encore venir perturber l’ensemble du système, dans un rapport qui nous rappellera celui de la mouche et de la machine à écrire du film Brazil.

Horreur, la tête de pouleX tient encore ! Idée géniale et artisanale d’une autre époque, hybridation du système. Rajoutons vite à la va vite une sorte de tire bouchon non alcoolique qui fera que si la tête tient encore à un fil (toujours bêtement codé dans l’ADN pré-machine de pouleX), et bien au niveau du passage de la chaîne de « démontage pouleX » à cette endroit précis où le code se ramolit, le fil de l’angoisse viendra alors s’enrouler et se prendre autour de la spirale pour être définitivement arraché au corps. Ouf ! Sauvés, nous le sommes, la continuité fonctionne ! Et merci au passage à la bonne vieille mécanique classique.

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Identifier cette petite pièce de rien du tout qui représente « sans doute approximativement » 1/10000000000ème de la taille de l’ensemble du système révèle immédiatement le talent de l’observateur et de la qualité du réalisateur. Donner à voir ! On ne peut filmer l’ensemble, il est impossible de filmer l’ensemble des machines de ce système monde, alors sélectionnons les fragments les plus parlants, les plus révélateurs. Ceux qui font directement sens.

Une fois fait, explorons alors l’éthologie minimaliste et l’intériorité zéro de pouleX. Au hasard des rencontres, il ne cesse pas de subir les chocs extérieurs des machines, forcé qu’il est à boire, à manger, à mourir à telle heure…véritable machine vivante à l’emploi du temps millimétré. Mais dire que tout cela ne tient qu’à un fil, alors il faut bien un film ! Enfin un petit bout de film…plastique.

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