http://www.dailymotion.com/video/2J18AEd9SYfLXlPjm
Au-delà des réseaux/rhizomes (télécommunications, villes…) que nous construisons et dans lesquels nous nous diluons/lions à la manière d’une structure végétale qui bâtirait son propre terreau pour y vivre, l’évolution de nos techniques pourrait également répondre à une certaine forme de devenir végétal.
A des techniques visant autrefois à la maîtrise d’une nature « extérieure » afin de l’adapter aux besoins humains (mouvement et pulsion de fuite animale), se substitue aujourd’hui une nouvelle classe de techniques visant cette fois non plus à adapter l’environnement, mais l’homme lui-même. A lui permettre de gérer l’immobilité en tant que nouvelle réponse à un monde fait d’accélérations, de fluctations laissées de plus en plus libres. Comment ? Précisément grâce à la possibilité se reconstruire sur soi-même à travers la greffe de technologies/structures décentralisées et autonomes.
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Alors peut-être retrouverait-on ici l’une des caractéristiques de la stratégie de construction végétale. Celle dont l’objet serait d’assurer une transformation intérieure, immobile, permanente et immanente. Transformation au nom de laquelle le végétal capture, extrait, construit et renouvelle sans cesse sa boîte à outil (ADN, structures) indispensable à son immobilité. C’est à dire à sa gestion spécifique du temps. Faute d’une capacité de mouvement, l’organisation végétale dilue, tamponne et absorbe les accélérations d’un environnement changeant. De son côté, l’organisation animale parie sur le déplacement, la fuite, mode opératoire auquel l’organisation humaine ajoute la possibilité de création d’institutions extérieures de régulation sociale.
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Or nos sociétés modernes étant maintenant prises dans un tel niveau d’accélération de l’ensemble des échanges que le différentiel de « vitesse » devient peut-être à présent ingérable à la structure animale que nous sommes encore pour l’heure, tout comme nos institutions tampons semblent incapables de faire face.
Accélérer l’évolution végétale à travers les OGM, accélérer la radioactivité naturelle à travers exploitation de l’énergie nucléaire, accélérer l’écoulement des eaux à travers l’imperméabilisation des sols, accélérer les variations climatiques, accélérer la circulation de la monnaie, accélerer la rotation des stocks de marchandise, accélerer notre propre évolution…
Alors arrivé à un certain seuil, peut-être que seules deviennent possibles les stratégies végétales de gestion du temps, c’est à dire certains modes de rapports de vitesse et de lenteurs avec son environnement. Le temps disponible à la rencontre « animale » étant aujourd’hui fortement « réduit », adviendrait alors le temps de la rencontre, d’une connexion au monde de type « végétale »…
Question connexe : quels rapports nouveaux à l’éducation ? Quelles conséquences de ces accélérations sur nos formes d’apprentissage ? Ici ferait place une certaine intuition. Les travaux de Bateson sur les catégories d’apprentissage pourrait peut-être nous aider à voir plus clair dans tout ça. Faute de temps, et plus générallement des capacités necessaires à traiter ce genre de problème, en voici quelques fragments.
Bateson proposait de distinguer une suite hiérarchisée de quatre catégories d’apprentissage classées le long d’une échelle de type logique. Il existe ainsi différents niveaux pour lesquels chaque niveau supérieur est la classe des niveaux subordonnés. D’une manière générale, plus le niveau est élevé et moins nous « comprenons » le processus de changement des contextes, plus il est difficile à l’esprit de »manœuvrer » avec. Le changement implique un processus, mais les processus eux-mêmes sont soumis au changement. D’un point de vue pédagogique, pour comprendre l’idée de changement, il n’est pas inutile de se référer à sa forme la plus simple et la plus familière : le mouvement, .
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L’apprentissage de niveau 0 correspond à la position d’un objet. Il correspond à l’arc réflexe, à savoir : un stimulus, une réponse possible.
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Englobant le précédant, l’apprentissage de niveau 1 correspond à la vitesse de l’objet quand il bouge. Il correspond au conditionnement du chien de Pavlov, soit à un changement dans l’apprentissage de niveau 0.
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Englobant le précédant, l’apprentissage de niveau 2 correspond à l’accélération ou à la décélération, soit au changement dans la vitesse de l’objet mobile. A ce niveau, il n’y a plus simple apprentissage d’une réponse systématique à un stimulus, mais transfert du même apprentissage à d’autres contextes. Le sujet apprend a apprendre et est capable de transposer ce qu’il a appris à d’autres contextes.
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Englobant le précédant, l’apprentissage de niveau 3 correspond à un changement dans le rythme de l’accélération ou de la décélération, soit un changement dans le changement du changement de la position de l’objet. D’après Bateson, l’homme peut parfois atteindre à ce dernier niveau, par surprise, rencontre ou intuition…Mais sûrement pas sans risque, le niveau 3 peut-être très dangereux. L’être vivant n’y etant amené que par des contradictions engendrées au niveau 2, y accéder relève necessairement d’une réinterprétation de la réalité interactionnelle des différents contextes de blocage. C’est à dire que ce niveau ne peut être atteint par un effort commandé par la seule volonté qui ferait l’économie d’une reconstruction de la réalité accompagnée d’une redefinition de soi-même en vue de réorienter ses comportements dans des contextes à présent reconnus comme plus appropriés. A ce dernier niveau, on rencontre des psychotiques incapales d’employer le mot « je », d’autres dont les apprentissages de niveau 2 se sont éffondrés – j’ai faim, je mange – et enfin les très rares qui arrivent à fondre leur identité personnelle avec l’ensemble des processus relationnels. Pour ces-derniers, chaque détail du monde est alors perçu comme offrant une vue de l’ensemble.
Bateson : « [...] La question relative à tout comportement n’est pas : « est-il appris ou inée? », mais plutôt : »jusqu’à quel niveau niveau logique supérieur d’apprentissage agit-il ? », et, en sens inverse, jusqu’à quel niveau la gnétique peut-elle jouer un rôle déterminant ou partiellement efficace ? » Dans cette perspective l’histoire générale de l’évolution de l’apprentissage paraît avoir lentement repoussé le déterminisme génétique vers des niveaux supérieurs [...]«
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Compléments :
- Article de Jean-Jacques WITTEZAELE : L’écologie de l’esprit selon Gregory Bateson
- Article du Blog Chroniques d’un scybernéthicien sur les Eco-techno-logie des esprits
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The Century of the Self - Les machines du bonheur
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The Century of the Self - L’ingénierie du consentement
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