Introduction à l’éco-éthologie

     Extraits d’après article « Les comportements et l’écoéthologie animale et humaine » de la base de données « le labyrinthe de la vie » disponible sur le site de l’école spéciale d’architecture. Conçue par le Dr Claude Leroy, ce dernier définit son travail comme suit: « il s’agit de recherches et d’observations en tant qu’expérimentateur dans mon laboratoire d’écoéthologie humaine, clinicien dans ma pratique de neuropsychiatre, et l’application de ces connaissances au fonctionnement des écosystèmes urbains. » Voir la préface en ligne.

 » […] Depuis un peu plus d’un siècle, les chercheurs se sont affrontés entre une étude objective des comportements et l’analyse subjective des motivations, avec des oppositions et des rapprochements entre l’homme et l’animal, entre l’esprit et le corps, entre le langage verbal et les langages non-verbaux, entre l’inné et l’acquis, entre le sujet et son environnement. Ce n’est que très récemment que l’on s’oriente vers une conception plus globale du comportement humain.

On considère maintenant l’homme dans son milieu, communiquant avec les êtres et les choses de son environnement, par les gestes, la mimique et le langage verbal, dans un système en réseaux, en fonction de ses désirs, de ses craintes, de son imaginaire, de son histoire, de ses buts, du contexte ici et maintenant.

[…] Il est en effet essentiel de rappeler ici que c’est l’action sur le monde qui va permettre aux représentations de s’organiser et d’évoluer. Le corps est ainsi un outil dont l’instrument privilégié est la main ; Leroi-Gourhan avait bien démontré que les outils qu’utilise l’homme sont un prolongement de sa main. Dans cette acception, le comportement devient le seul lien entre toutes les sciences humaines et toutes les sciences biologiques.

[…] En dehors des systèmes volontaristes européens, d’autres systèmes de l’action existent ; par exemple, « en Chine, on s’appuie sur le potentiel de la situation. Il convient de capter l’efficacité à même le cours des choses et c’est cette logique de l’immanence qui amène à comprendre le grand thème chinois du non-agir. Un non-agir qui ne signifie en rien désengagement à l’égard du monde ou passivité. Pour le penseur de la Chine ancienne, moins vous intervenez, plus vous laissez agir, plus vous captez ce qu’il y a de porteur dans la situation et plus cela vous permet de réussir sans avoir à intervenir. L’agir conduit à l’échec. Mieux vaut aider le processus à se développer en favorisant ses conditions ». L’intérêt de ce texte est de montrer encore une fois, l’importance des conditions environnementales dans le processus de décision et l’action.

[…] On peut, pour simplifier, situer le début de l’éthologie moderne avec John Watson en 1913, mais son véritable manifeste se situe en 1931. Il défendait une théorie dite S-R, c’est à dire qu’un stimulus pertinent causal (S) déclenche chez l’être vivant une réponse (R). Très vite, on s’est aperçu que ce schéma simpliste était faux.

Vers la même époque (1909 et 1920) Jakob von Uexküll va situer les relations entre l’environnement dans sa partie concernant l’être, les données et le sujet. Il montre qu’il y a une relation bouclée entre ce qui intéresse le sujet vivant dans le milieu et celui-ci. Cette boucle se fait par la perception du monde par les récepteurs sensitifs et sensoriels  du sujet  qui va agir sur le monde par ses effecteurs de comportement, cette action s’exerce sur le monde, résout le problème posé  par une certaine action.

C’est une modélisation complète de la relation d’un sujet (et non d’un automate) et d’un environnement qui lui est propre. Ainsi, chaque être vivant est dans une sorte de « bulle de savon » personnelle et spécifique, où il choisit ce qui lui importe ; de plus, chaque environnement est associé à un temps propre avec des rythmes spécifiques à chaque espèce. Toute sa théorie est fondée sur une comparaison musicale du point et du contrepoint comme dans le cas des abeilles et des fleurs. Il y a là une règle de complémentarité.

L’intérêt de ce modèle est de montrer qu’on ne peut séparer l’écologie (étude des écosystèmes, biotopes, biocénoses) et l’éthologie (étude des comportements) et qu’il faut se centrer sur cette interaction et donc parler d’éco-éthologie ou d’éthoécologie.

[…] A chaque étape de l’évolution de la connaissance, on a vu s’affiner la relation sujet / milieu. Y-a-t’il une prise directe entre entrée (perception) et sortie (comportement) ? Par exemple, quelle relation entre la chute du sucre dans le sang, la faim, la recherche de la nourriture, la consommation ? Dans cette relation Dehors / Dedans / Dehors, on fut amené à postuler une variable intermédiaire (la faim par exemple) pour expliquer ces relations ; ce sont alors des théories qui font intervenir les représentations. Mais les problèmes les plus intéressants sont liés à l’évolution des comportements en fonction du temps, qu’il s’agisse de l’enfant ou de l’adulte.

« L’éthologie est donc pour une grande part, une biologie de l’interaction… Tout comportement possède une fonction homéostatique et peut être évalué dans le sens de l’adaptation phylogénétique (optimisation comportementale) » Jacques Cosnier.

« L’intérêt de parler d’éco-éthologie est qu’il faut rappeler en permanence aux décideurs politiques et sociaux que l’anthropologie est la référence nécessaire pour l’organisation du champ spatial de la société, et aux psychiatres et travailleurs sociaux que le meilleur traitement d’un malade ne permettra aucune réadaptation si le milieu dans lequel il retourne est inadéquat… Le schéma œdipien montre bien comment l’enfant va ouvrir les « valences » du couple pour s’attribuer une partie des communications. Ainsi diminue la clôture des deux partenaires, en interaction pour se stabiliser au prix de conflits multiples entre les trois protagonistes et par rapport aux objets. » Cl. Leroy.

« [...] On ne peut guère parler que d’éthoécologie ou d’écoéthologie, tout comportement se modifiant quand le milieu change. Mais l’ambition d’origine d’une étude « objective » du comportement dégagée de toute subjectivité ou tout au moins essayant de ne pas en tenir compte, s’avère un échec total, surtout chez l’homme, comme d’ailleurs la tentative de s’intéresser à une éthologie purement non verbale (au plan méthodologique, cependant, il apparaît que couper tel ou tel canal de communication permet de mieux saisir ce qui revient à tel ou tel autre canal). Chez l’homme comme chez tous les « autres animaux », il semble que l’on n’ait pas le droit d’éliminer un système de communication, ainsi du langage et du symbolique, des représentations, du métalangage chez l’homme. Dès lors, on doit se demander si l’éthologie existe en tant que telle. Quelle place occupe-t-elle par rapport à la linguistique, la biologie, la psychologie expérimentale, la physiologie, la psychanalyse, l’anthropologie culturelle, la sociologie, l’ethnologie, la psychiatrie, voire l’histoire et la géographie humaines, ou encore la paléontologie ? Une des plus grandes avancées du colloque a été probablement de refuser de séparer l’éthologie humaine de ces sciences. En fait l’éthologie apparaît comme une méthodologie d’observation des comportements humains qui n’a d’intérêt que si elle permet d’enrichir les disciplines qui la sollicitent, sans exclusive ni opposition. La plupart des experts étaient d’ailleurs à la fois éthologues et spécialistes d’une autre science. …De même, il est illusoire d’opposer expérimentation et étude dans le milieu, les deux types d’approche s’enrichissant l’une l’autre. Quelle définition donner alors de l’éthologie humaine ? Dans une perspective œcuménique, on pourrait dire que l’éthologie étudie l’enchaînement des actions de comportements : actes en déroulement temporel, séquentiel, d’un individu en communication avec lui-même, le milieu, les autres êtres qui y réagissent et le régulent. Ces actes ont un but conscient ou non, expecté par le sujet en fonction de son histoire. …la spécificité de l’éthologie réside dans la rigueur d’une méthodologie appliquée à l’analyse des comportements… Certes, dans le milieu naturel, tous les paramètres ne pourront être fixés, mais (d’une manière assurément utopique) on devra en tenir compte dans une approche globalisante des interactions du sujet et de son environnement. ». Cl. Leroy. »

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