Comme nous l’avions abordé dans un précédant article, le lien entre dégradation environnementale et conflit n’est pas une relation directe mais bien intermédiée par des facteurs institutionnels et socioculturels et renvoie donc à une analyse des situations au cas par cas. Le cas du lac Balkhash est à ce titre un laboratoire très intéressant, et ce pour plusieurs raisons : les négociations viennent de commencer, le processus implique des pays de puissance très diverses (Chine et Kazakhstan) et donc nous renseignera sans doute sur les capacités de dialogue de la superpuissance chinoise avec ses voisins. Enfin, ce cas nous rappelle également l’équation suivante = eau = agriculture = nourriture = indépendance et sécurité alimentaire.
Des négociations bloquées autour de l’avenir du partage des eaux en Asie centrale
D’après un article d’Ilan Greenberg, International Herald Tribune, 7 Mars 2007
Le lac Balkhash, situé au Sud-est du Kazakhstan, constitue le troisième plus grand lac d’eau douce au monde au cœur d’un bassin versant de la taille de la Californie. Plus de 20% de la population Kazakh s’y approvisionne pour son eau potable. Le lac et les zones humides voisines sont alimentés par des rivières transfrontalières venant principalement de la Chine et du Kyrgyzstan.
Or des années de détournement des eaux au profit des usines et des terres agricoles irriguées menacent aujourd’hui la pérennité écologique du lac, selon un schéma proche de celui de la mer d’Aral. Les rivières alimentant la mer d’Aral furent détournées pendant de longues années vers l’économie du coton et ont dramatiquement réduit le niveau de la mer. Aujourd’hui celle-ci ne représente plus que deux petits ilots anémiés, ruinant une pêcherie florissante et modifiant le schéma climatique local.
Pour éviter qu’un tel processus ne se reproduise jusqu’à son terme sur le lac Balkhash, la conférence internationale actuelle, a convenu d’introduire un plan de développement économico-environnemental, soutenue en ce sens par le Kazakhstan et la commission européenne. Cependant les désaccords demeurent. Ainsi la Chine a refusé la proposition du Kazakhstan de fournir à la Chine de larges stocks de nourriture (gratuitement ou hautement subventionnés) sur les 10 prochaines années, en échange d’un accord visant à laisser libre l’écoulement libre des eaux de la rivière Ili vers le lac. En effet, un barrage ou détournement des eaux de la rivière Ili amènerait rapidement à vider le lac d’une grande partie de ses eaux.
Mais dans sa politique d’aménagement du territoire « Go West », le gouvernement chinois encourage une migration massive de ses populations vers ses territoires de l’ouest (Xinjiang), zone qui représente une large part du bassin versant. A ce jour, les autorités chinoises locales anticipent que la population de la zone, aujourd’hui peu dense, devrait explosée à terme avec l’arrivée de 40 millions de nouveaux habitants. En plus de la pression des populations sur les besoins domestiques, le bassin hydrographique est également drainé vers les activités rizicoles et sucrières aux consommations très peu économes (estimées à 2 fois les normes US ou UE).
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