Des villes « hors-sol »
En 1950, environ 750 millions de personnes vivaient dans les villes. En 2000, ce chiffre s’était élevé à 2,9 milliards. Les Nations unies prévoient qu’en 2050, plus des deux tiers d’entre nous vivront dans des villes, soit environ 6 milliards d’urbain. Une telle urbanisation à pour conséquence d’entraîner une concentration sans précédant des ressources et des déchets sur de très petits territoires. Ainsi chaque jour un flux énorme de nourriture, d’eau, de matière et d’énergie doit être amené vers les villes. Dans la situation actuelle, les termes des échanges ville/campagne sont donc caractérisés par un transfert à faible valeur ajoutée (matière première) des campagnes vers la ville, un transfert à forte valeur ajoutée (produits et services) de ville à ville, un transfert de déchet, de sècheresse et d’inondations de la ville vers les campagnes.
Si les premières villes étaient fortement dépendantes des ressources en alimentation et en eau de leurs écosystèmes immédiat, les centre urbains actuels dépendent de plus en plus de sources éloignées, même pour des services de base comme l’alimentation et l’eau.
- Los Angeles tire l’essentiel de son approvisionnement en eau du Colorado, qui coule à environ 970 kilomètres de la ville. Mexico, situé à 2 300 mètres d’altitude, dépend d’un coûteux pompage situé à 150 kilomètres de la ville, 1 kilomètre plus bas. pour accroître un approvisionnement insuffisant.
- Pékin envisage de faire venir de l’eau du bassin fluvial du Yangzi Jiang, à près de 1 500 kilomètres.
En cas de pénurie d’eau, la disponibilité de l’eau et ses coûts de transport sur longues distances peuvent commencer à restreindre la croissance des villes. La nourriture vient d’encore plus loin, le cas de Tokyo en est une bonne illustration : son blé vient en grande partie des grandes plaines des Etats-Unis et du Canada, et d’Australie; son maïs vient essentiellement du Midwest américain; son soja provient Midwest et du Cerrado brésilien.
Dans un monde qui manquerait de terre et d’eau, la valeur de l’une et de l’autre pourrait augmenter considérablement, ce qui pourrait inverser les termes de l’échange ville/campagne. Depuis le début de la révolution industrielle, le commerce n’a cessé de favoriser les villes parce qu’elles contrôlent les ressources rares (capital, technologie). Mais si la terre et l’eau deviennent les ressources les plus rares, les habitants des zones rurales qui les contrôlent pourraient (sous condition) infléchir les rapports de force, et dans certains cas, inverser la tendance à l’urbanisation.
Prospective
Toute chose égale par ailleurs, quelle pourrait-être les projections en extrapolant les tendances actuelles ? Il s’agit ici de mettre en perspective les inévitables fractures territoriales induites par une rareté de la ressource en eau. Le poids économique des villes a rendu le rapport de force totalement inégal dans la « guerre » pour l’accès à une eau « propre », le partage de la ressource se faisant clairement au profit des villes, ce qui a pour conséquence d’entrainer dans certaines régions un nouvel exode rural venant grossir des banlieues en situation de précarité déjà avancée.
A titre d’exemple la baie de Sommes est sacrifiée, devenant une zone d’expansion les crue afin de protéger Paris. L’eau pour l’irrigation est redirigée en priorité vers la Beauce, les régions voisines sont rayées de la carte agricole. Au sud de Lyon, le réchauffement climatique a déjà éradiqué bon nombre de culture, réduit le tourisme alors que l’eau est majoritairement destinée au refroidissement des centrales nucléaires en été. Pour compenser les disparités de la ressource, se met en place au niveau européen de grandes infrastructures de transport de la ressource de métropole à métropole, excluant un peu plus les territoires ruraux.
Dans les campagnes les plus touchées on s’organise :
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Développement de nouveaux modes de vie adaptés au rationnement de l’eau.
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Emergence de leaders paysans prônant des raids sur les approvisionnements des villes (eau et nourriture) et s’attaquant aux infrastructures touristiques.
Dans les villes ont recherche une plus grande autarcie :
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L’augmentation des coûts de traitement, la nécessité de valoriser les ressources proches implique la fin du tout à l’égout, une collecte maximale des eaux de pluie, de nouveaux systèmes intérieurs, mobilier urbain…
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L’afflux de populations nouvelles en périphérie aggrave l’insécurité urbaine.
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Protection et sécurisation des approvisionnements – captage, stockage et infrastructures de transport sous la menace sont sécurisés par l’armée.
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