Un monde hétérogène
Les prélèvements d’eau sont fortement concentrés géographiquement, puisque les cinq pays les plus utilisateurs d’eau (Inde, Chine, Etats-Unis, Pakistan, Fédération Russe) cumulent 60 % du total au niveau mondial.
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L’Asie (61 % de la population mondiale), compte pour 68 % de l’eau consommée dans le monde. Facteurs explicatifs : densité de population très élevée et l’importance de la riziculture.
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Le continent américain (13 % de la population) représente environ 14% du total mondial. Total incluant les Etats-Unis, troisième au rang des plus gros consommateurs. Facteurs explicatifs : niveau de développement élevé et du recours très important à l’irrigation.
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L’Afrique avec une consommation de 9 %. Facteurs explicatifs : bas niveau de développement économique et rareté des ressources en zone aride.
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L’Europe, avec une consommation de 8 % (sensiblement 50% pour l’Europe de l’Ouest). En prélèvements par habitants, l’Italie, le Portugal et l’Espagne arrivent en tête, avec des niveaux de prélèvement d’eau par habitant bien supérieurs à l’Allemagne et à la France, les pays d’Europe du Nord (Danemark, Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Facteurs explicatifs : agriculture et irrigation.
La situation mondiale est don marquée par une forte hétérogénéité des situations d’un pays à l’autre, à l’intérieur d’un même pays, du fait de la distribution spatiale de la ressource, du fait de ses usages. Au final il ressort l’existence de zones « rouges » capables de faire basculer les équilibres mondiaux, comme parmi les cinq pays les plus utilisateurs d’eau (Inde, Chine, Etats-Unis, Pakistan, Fédération Russe), trois sont concernés par le surpompage de leurs nappes souterraines (Indes, Chine, Pakistan) soit 2.5 milliards d’individus.
Avec un ratio de dépendance de près de 77% (son approvisionnement en eau dépend à 77% d’une eau dont la source est extérieure), le Pakistan fait figure de véritable bombe à retardement au niveau de la gouvernance mondiale de la ressource en eau. En effet, la partition des Indes a laissé le basin de l’Indus divisé entre la république Indienne et le Pakistan, ceci n’etant pas sans poser de grave problème de répartition des eaux destinées à l’irrigation entre les deux pays, l’Inde détournant l’eau en amont. Un accord a été atteint en 1960 après 12 ans d’intenses négociations intermédiées par la banque mondiale, période émaillée par une multitude de conflits transfrontaliers.
Aujourd’hui le Pakistan est un pays de 160 millions d’habitant (305 millions en 2050), connaissant une grave diminution du niveau de ses eaux souterraines pour cause de surpompage des nappes afin d’irrigation; un assèchement sévère de ses eaux de surfaces pour cause de dérivation. A l’image de l’Egypte, le Pakistan est essentiellement une civilisation dépendante des eaux de surface et principalement de l’Indus. Originaire de l’Himalaya, dans sa course à l’Ouest vers l’océan Indien, ce dernier ne fournit pas seulement des eaux de surface, mais permet également la recharge des aquifères souterrains nécessaires à l’irrigation (forage) du pays entier. Aujourd’hui sont touchées :
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la pleine fertile du Punjab, partagée avec l’Inde et véritable grenier de la région, où les observations montrent un abaissement annuel du niveau des nappes dans la zone Islamabad compris entre 1 et 2 mètre annuel sur les 20 dernières années.
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dans la province du Balûchistân, près de la capitale Quetta, un abaissement de 3.5 mètres par an. Si rien n’est fait d’ici 15 ans la capitale n’aura plus d’eau tout comme la province dont 6 des bassins ont déjà épuisés toutes leurs réserves souterraines. A terme (10-15 ans) la région ne pourra plus compter que sur les canaux d’irrigation pour son approvisionnement en eau.
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l’Indus avec l’assèchement de son cours aval à la saison sèche, lui qui fournit l’essentiel de l’eau d’irrigation (idem pour le Ganges).
Prospective
Toute chose égale par ailleurs, quelle pourrait-être les projections en extrapolant ces tendances actuelles ? Face à la crise énergétique, l’UE intègre la Russie pour assurer son approvisionnement énergétique. Ce qui n’est pas sans poser de gros problèmes politiques au regards des diverses tensions sur les ressources qu’entretient la Russie sur ses frontières (Japon, Chine, Caucase…). Entre le Mexique et les USA, les tension sur les ressources en eau (Colorado, Rio Grande) se multiplient, entrainant des mouvements de migration massif et raid sur les ressources, des conflits intérieurs avec la population latino américaine. Asie…